Pour Macron, c’est Marseille en grand et en silence

Actualité
le 16 Oct 2021
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En déplacement durant deux jours à Marseille, Emmanuel Macron n'a pas fait de premier bilan public de son plan "Marseille en grand". Mais tous les dossiers ont été abordés vendredi 15 octobre au cours d'un dîner de travail de quatre heures.

Photo : JML
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L'enjeu

Benoît Payan pour la Ville et Martine Vassal pour la métropole négocient pied à pied sur les sujets qui les concernent, avec des fortunes diverses.

Le contexte

Les modalités concrètes de mise en œuvre du plan "Marseille en grand" porté par le président de la République ne sont pas encore connues.

Un petit tour rapide et muet et puis s’en va. Emmanuel Macron a pendant deux jours joué le contraste avec le lancement de son plan “Marseille en grand” début septembre. Cette fois, pas de grand discours pluvieux, pas de petite déclaration à la presse, pas même d’éléments de langage distillés par l’Élysée. Le temps est au silence, car au travail, répète-t-on sur tous les tons parmi celles et ceux mis au parfum. La seule apparition publique consacrée à ce fameux plan aura donc eu lieu au Cloître (13e) vendredi 15 octobre et concerné l’insertion professionnelle des jeunes. Emmanuel Macron y a retrouvé les accents de la start-up nation vantée en 2017. Il propose notamment un “capital jeune créateurs” qu’il souhaite mettre en place. Mais juste après ce rendez-vous, c’est un dîner de travail de quatre heures qui l’attendait avant de se rendre ce samedi au congrès national des sapeurs-pompiers pour une séquence de communication totalement nationale.

Le point central du déplacement était donc le fameux dîner de travail en comité restreint. En préfecture, le président de la République avait convié les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin et de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault ainsi que les responsables politiques locaux. Le maire de Marseille Benoît Payan, la présidente de la métropole et du département Martine Vassal et Jean-Pierre Serrus, vice-président de la région représentant Renaud Muselier, toujours convalescent, étaient présents. Autour de la table, on trouvait aussi Laurent Carrié, nouveau préfet délégué pour l’égalité des chances chargé de la mise en œuvre du plan “Marseille en grand”, et Jean-Marie Caillaud, le conseiller territoires du président. À leurs côtés, le préfet, le directeur de l’agence régionale de santé, le recteur d’académie ou encore Pierre Moscovici, le président de la Cour des comptes.

Le menu était composé de douze points visant à passer en revue les annonces. Gouvernance de la métropole, éducation, logement, mobilité, rénovation urbaine, sécurité… À l’arrivée, ceux qui attendaient des signatures sur les chèques en sont pour leurs frais. “En quatre heures, on a le temps de parler chiffres évidemment, mais ce n’est pas pour cela qu’ils sont arrêtés”, confie un participant. “On n’est pas sur le grand soir, mais sur du step-by-step”, commente le macroniste Jean-Pierre Serrus qui loue “un président qui suit les dossiers et une méthode qui permet d’aller beaucoup plus vite”.

Derniers ajustements sur le plan de rénovation des écoles

Côté mairie, on pourra regretter qu’il n’y ait pas encore de montant fixé sur la participation nationale au plan de rénovation des écoles. “On connaît les positions de départ. La mairie a présenté un plan à 1,2 milliard d’euros et le président a parlé de 800 millions, résume le recteur d’académie Bernard Beignier. Ensuite il y a une négociation sur ce montant et les participations de chacun, mais elle est très sereine, car tout le monde est d’accord sur le but à atteindre.” Benoît Payan qui avait rappelé en préambule qu’il espérait connaître le niveau du financement de l’État, escompté en centaines de millions d’euros, devra donc encore attendre. Mais le dossier devrait aller vite : d’ici à la fin d’année, une société regroupant les deux acteurs doit être créée. “La fin de l’année c’est le maximum, il nous reste deux conseils municipaux, le 10 novembre et le 17 décembre pour avancer sur ce dossier”, précise-t-on dans l’entourage du maire.

Vu du siège de la métropole au Pharo, on attend aussi l’argent. Le milliard d’euros pour les transports, dont les trois-quarts remboursables, n’est toujours pas versé. Il faudra d’abord passer par une évolution institutionnelle qui se cherche toujours, même si le temps presse. Une feuille de route sur les compétences des communes et de l’intercommunalité est demandée pour dans trois semaines et Jacqueline Gourault se présentera le 25 octobre devant les maires de la métropole. “La signature, je l’espère est bien proche si nous arrivons – et j’ai bon espoir – à faire passer dans la loi 3DS qui arrive au Parlement début décembre des modifications structurelles pour la métropole et la mettre enfin sur de bons rails”, assure Martine Vassal.

Peut-on décorréler financement de l’État et réforme budgétaire à la métropole ?

Le nœud financier de la métropole, que Pierre Moscovici était venu rappeler, n’est pas encore tranché et Martine Vassal espère toujours ne l’aborder qu’en 2022 au cours d’une conférence fiscale. Dans sa tête, c’est bien après avoir déterminé les compétences de chacun que les conséquences financières des transferts de charge pourront être évaluées. La ligne a l’avantage de calmer les maires de la majorité, à l’image de celle d’Aix, Sophie Joissains, qui se dit “d’accord pour une évaluation de ces transferts de charge sous la présidence de la chambre régionale des comptes”. L’État acceptera-t-il ce jeu en deux temps ? Dans une interview accordée à La Marseillaise, la ministre Gourault a donné une réponse bien plus floue que la parole présidentielle sur la réforme des attributions de compensation (AC), les reversements aux communes :

“On ne les supprime pas ni ne les rabote. Si on redescend des compétences aux communes ou si on conforte certaines compétences à la métropole, ça jouera sur les AC. Il va falloir être juste pour que les collectivités qui ont les compétences puissent les exercer. Mais pour avoir une métropole qui marche, il faudra les revoir.”

L’objectif ici est de dégager une marge d’investissement de 100 millions d’euros supplémentaires par an, mais à la métropole, on continue de porter d’autres alternatives. Il s’agirait notamment d’une hausse du versement transports ou d’une taxe sur les entreprises de plus de 10 salariés, que rejettent déjà le patron du Medef local et le président de la chambre de commerce et d’industrie.

Les parties prenantes doivent aussi se mettre d’accord sur le contenu. Alors que son plan est jugé peu ambitieux du côté de l’État, Martine Vassal continue de flécher le milliard attendu vers l’extension des lignes existantes au détriment de la création souhaitée par le président de la République d’une quatrième ligne de tram. Celle-ci devant partir des réformés vers la Belle-de-Mai et symboliser le rééquilibrage souhaité entre le Nord et le Sud de la ville. Une autre question qu’il faudra régler avant la création d’un groupement d’intérêt public qui aura la charge de mener à bien la modernisation de l’offre de transports.

Actualisation le 17 octobre : ajout d’une citation de l’entourage de Benoît Payan

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Commentaires

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  1. Alceste. Alceste.

    Nous verrons si la montagne va ou non accoucher d’une souris,mais ce qui est sûr c’est que Vassal n’a rien compris au sujet de la mobilité. Être obtue à ce point relève d’une pathologie ou bien d’une bêtise incurable.
    De la mobilité et au reste d’ailleurs, cette métropole doit être réduite au néant.

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  2. Patafanari Patafanari

    Emmanuel, Martine, Benoît et les autres…
    Serez-vous vous encore là quand sera inaugurée la moindre extension d’une ligne de transport ?

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    • Alceste. Alceste.

      Soyez sympathique, souhaitez le moi.
      Mais j’ose espérer que nous n’aurons pas un téléphérique, au dessus d’un tramway qui lui même est déjà au dessus d’un métro.
      Mais avec Martine,si elle est toujours aux manettes,elle en est vraiment capable.

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    J’observe le tour de bonneteau proposé par Mme Vassal qui consiste à ne pas affecter le milliard “promis” par l’Etat pour les transports à de nouveaux projets d’extension, mais au financement de projets déjà existants et, pour certains, déjà en cours de réalisation. Y compris le renouvellement du matériel roulant du métro.

    Ce serait proprement scandaleux : ce serait une façon, une nouvelle fois, d’éviter de remettre en cause le fonctionnement financier actuel de la métropole, qui privilégie le financement de micro-projets communaux aux projets d’intérêt métropolitain. J’espère que personne ne tombera dans ce piège grossier.

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    • Alceste. Alceste.

      Comme vous le soulignez par ailleurs, il faudrait savoir où sont passés les sous prévus initialement pour la mobilité.D’ailleurs les forces soit disant “vives” de la Cité, soutiens ‘inconditionnels” de la première heure se posent et posent la question de savoir où est passé le grizbi ?.Si même le MEDEF local se pose la question,cela interpelle.
      Vont’ils apparaître comme les résistants de la 25 ieme heure?

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  4. fondationabbepierre fondationabbepierre

    Le territoire meurt de son manque de solidarité. On crée une métropole. Les égoïsmes locaux l’empêchent de fonctionner (les ACs, la SRU etc ). Du coup, on défait la métropole. Mais qu’a t on régler ?
    Le 13003, centre ville, est le plus pauvre de France. Si on ne le desenclave pas par un tramway réformés/belle de mai, on assassine l’intérêt général. Et s’il faut revoir les AC pour que les villes périphériques financent ce tramway, imposons le !

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  5. Stéphane Coppey Stéphane Coppey

    Sans nier la vertu d’une ligne de tramway pour requalifier le bd National (et surtout desservir la nouvelle gare souterraine de Marseille, projet poussé par la SNCF et l’AGAM), ne nous trompons pas : cette ligne desservira St-Mauront à peine mieux que ne le fait déjà le métro et ne desservira pas vraiment La Belle de Mai, contrairement à une station de tram-train sur la voie ferrée existante pour relier tous les 1/4h ce quartier non seulement au centre-ville mais aussi aux zones d’emploi des quartiers nord (dont le port).
    Deux (vraies) autres lignes de tramway rapides (ou tram-trains) seraient bien utiles : le tramway des collines, reliant les 15è, 14è, 13è, 12è et 11è arrondissements sur le tracé de la feu Linea, et le tramway du Prado réutilisant un tronçon de voie ferrée peu utilisé et reliant la Blancarde (5è) à La Capelette (10è), au Parc Chanot requalifié et à Bonneveine et/ou Pointe Rouge (8è).
    Sans parler du prolongement du métro à St-Loup et La Pomme, et du RER Aix-Aubagne sur les voies ferrées existantes.
    Cessons de jouer “petits bras” et projetons enfin Marseille et sa Métropole dans le 21ème siècle, avec moins de voitures et de pollution !

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    • Alceste. Alceste.

      D’où la création du GIP ,qui est une mise sous tutelle ,ni plus ni moins,de la métropole en matière de transports qui est incapable de réaliser sa mission.

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    • Andre Andre

      En effet, le tramway bd National serait un mieux et préférable à une ligne sur Corderie qui n’aurait d’autre intérêt majeur qu’électoral. Mais il ne desservira la Belle de Mai que tangentiellement. Il ne réglera pas le problème de transport majeur pour ce quartier qui est que les bus des lignes historiques qui le traversent, comme le 31, arrivent dejà bondés depuis le 14me, en raison de la grande concentration urbaine de cet arrondissement.
      Le tram-train sur la voie SNCF de rebroussement qui traverse la Belle de Mai est un vieux projet qui s’impose comme une évidence et qui aurait dû être réalisé depuis longtemps, mais il ne réglera pas mieux la question.
      Alors, on demande juste un peu d’ambition et de réflexion à l’échelle de cette ville et qu’on cesse de faire des tramways électoraux !

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    • Kitty Kitty

      Tout à fait d’accord M. Coppey, Marseille possède 8 gares qui sont sous-utilisées alors qu’elles pourraient doter Marseille d’un réseau de tram-train très dense. Pourquoi n’en parle t-on jamais ?

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    • Thauvinus Thauvinus

      Le GIP, pour moi, est une Société du Grand Paris au rabais, avec une part de privé importante car l’Etat ne veut pas investir à la même échelle que pour la SGP, tant dans les moyens financiers qu’institutionnels (pas d’EPIC avec des prérogatives foncières élargies et une fiscalité propre)…

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  6. Richard Mouren Richard Mouren

    Il semblerait que le tram soit toujours proposé comme solution miracle. Il coûte “un pognon de dingue” car il oblige à une restructuration complète du sous-sol des voies, sa mise en oeuvre est tellement longue qu’elle entraîne la faillite de magasins riverains au chantier (cf:Rue de Rome) et les rames coûtent très cher. Pourquoi ne pas installer des bus électriques articulés en réel site propre, comme les tramways, ce qui leur donnerait une célérité similaire? Je pense qu’une telle ligne Réformés-La Belle de Mai pourrait être opérationnelle en un an ou guère plus. Si la métropole est démunie, osons des solutions à sa portée financière.

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    • Andre Andre

      Un trolley bus modernisé. Nous en avions des quantités à Marseille. Mais on a préféré supprimer les câbles et remplacer les trolleys par des bus diésel plutôt que réfléchir à leur évolution. Ils offriraient les avantages d’un tramway sans l’infrastructure lourde. Ce peut être une excellente solution dans certain cas.
      Mais sans doute ne présente-t-elle pas pour nos édiles la devanture moderniste qu’ils souhaitent afficher… En attendant, rien n’avance.

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    • Thauvinus Thauvinus

      En même temps, à parti Lyon, je ne connais pas beaucoup d’autres villes d’Europe occidentale qui ont conservé les trolleys

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  7. MarsKaa MarsKaa

    Des plans, des études, des projets, des solutions, il y en a. Du financement il peut y en avoir. Ce qui manque c’est la volonté politique d’agir là où il y a de vrais besoins, dans une vision globale du territoire, y compris dans toute la partie de la ville complètement négligée jusque-là, pourtant la plus peuplée (14-15-16, et 3e arrdt), et y compris dans les liaisons intercommunales jusque-là réalisées par la seule route (Vitrolles etang de Berre, Pays d’Aix, Pays d’Aubagne). Un peu d’ambition pour notre territoire, et pour tous ses habitants. C’est cela qui a manqué jusque-là. Va-t-on enfin avancer ?

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  8. Mars, et yeah. Mars, et yeah.

    Et si on commençait par arrêter d’élire à chaque élection tous ces baltringues qu’on se traine depuis 40 ans ?

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  9. soli007 soli007

    le tram vers les Catalans…. Je rêve? mais non , on continue les programmes anciens alors que le quartier ne manque pas de transports, n’est pas excentré, que les travaux vont créer des nuisances pas possibles dans un centre ville qui commence à peine à prendre une physionomie plus apaisée . ( Je dis bien à peine ) . C’est à désespérer !!!

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  10. Oreo Oreo

    Je lis plus d’intelligence dans la perception du territoire, ainsi que de vision prospective de son aménagement à l’échelle appropriée, dans les commentaires des lecteurs de Marsactu que dans les propositions hors-sol, absurdes ou bâclées à la va-vite des élus et des grands-techniciens ! Il me semble que c’est idem à l’échelon national. Y aurait-il un fossé cognitif qui s’est creusé entre le “peuple” de ceux qui vivent et construisent la réalité du quotidien, et les “zélites” qui nous gouvernent et qui semblent perdus entre l’abstraction de leurs tableurs excel et leurs conseillers en communication pour la course à l’échalote électorale ? Il faudrait envoyer tout ce beau monde dans un ashram pour qu’ils alignent leurs chakras et retrouvent le sens commun !

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