Fermeture de la centrale à charbon de Gardanne : l’État prépare la reconversion des employés

Actualité
le 24 Juil 2020
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Ce mardi 21 juillet, une table ronde en prefecture a présenté une première mouture du "contrat de transition" du territoire de Gardanne-Meyreuil pour préparer l'après charbon. Marsactu a eu accès à ce document qui veut accompagner les salariés "vers de nouveaux emplois".

La centrale de Gardanne. (Photo : Clémentine Vaysse)
La centrale de Gardanne. (Photo : Clémentine Vaysse)

La centrale de Gardanne. (Photo : Clémentine Vaysse)

L'enjeu

En préparation d'ici à l'automne, le "pacte pour la transition" de Gardanne-Meyreuil envisage d'accompagner les salariés de la tranche charbon de la centrale thermique "vers de nouveaux emplois".

Le contexte

Le gouvernement a choisi de bannir le charbon pour la production d'électricité au 1er janvier 2022. Les mesures d'accompagnement sont toujours en cours d'écriture.

La feuille de route se précise, mais rien n’est encore acté définitivement pour l’avenir du bassin d’emploi de Gardanne, après l’arrêt du charbon à la centrale thermique de Provence. Le gouvernement a décidé de ne plus recourir à cette énergie pour la production d’électricité en France au 1er janvier 2022.

D’ici à la fin de l’année, un “pacte de transition” devrait être finalisé, pour lequel l’État s’engagerait à hauteur de 10 millions d’euros. Ce mardi 21 juillet, élus, représentants de l’État, de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) et du propriétaire du site, Gazel énergie, se sont réunis en préfecture pour élaborer une première version du document. Marsactu a pu la consulter.

“Un accompagnement spécifique pour les salariés”

Cette ébauche de 23 pages décrit les mesures qui pourraient être mises en place “pour accompagner les salariés vers de nouveaux emplois”.  Ses initiateurs imaginent un “accompagnement spécifique pour les salariés des entreprises exploitant les installations de production d’électricité, les personnels portuaires, et pour les salariés de l’ensemble de la chaîne de sous-traitance”, dans le but de “favoriser leur maintien en emploi, avec un soutien financier important de l’État”, assure le texte. D’une part, les salariés pourraient trouver des passerelles et bénéficier de formations pour postuler dans d’autres unités du secteur de l’énergie comprises dans un rayon de 60 kilomètres. D’autre part, ils pourraient être accompagnés dans des projets de reconversion. Enfin, les entreprises sous-traitantes feraient l’objet d’une attention particulière par “une enquête afin de définir les besoins de soutien de leur activité dans un objectif de maintenir au sein même de ces entreprises les emplois.”

Ce document, qui confirme l’imminence d’un plan social, n’est pas du goût de la puissante CGT du site qui mène un mouvement social depuis décembre 2018 pour conserver les 180 emplois de la tranche charbon. “Nous voulons la préservation de l’intégralité de nos emplois et de nos statuts”, maintient le délégué CGT Nicolas Casoni. Les salariés de la centrale disposent du statut de branche des industries électriques et gazières (IEG), aux conditions sociales bien protégées. En outre, les syndicalistes ne souhaitent pas abandonner la vocation énergétique du site. La CGT évalue que 1000 emplois indirects seront également impactés. C’est en particulier le cas des dockers, puisque le transit du charbon représente 30 % de l’activité du terminal minéralier de Fos.

“Valorisation énergétique des déchets” et “captation du CO2” écartées

La CGT pense que son salut passe par la réalisation de son propre projet, que Marsactu avait détaillé. Les grands traits de celui-ci n’ont pas été retenus dans le “pacte de transition”. Le document rejette la possibilité d’une “unité de valorisation énergétique des déchets, autres que les déchets issus de la biomasse”, que les élus locaux avaient perçu comme un incinérateur aux conséquences sur la pollution atmosphérique. La proposition de captage du CO2 issue de la combustion du charbon pour le stocker dans des “couches géologiques profondes” est également écartée pour des raisons tant financières qu’écologiques. L’étude financée par l’État à hauteur de 120 000 euros, “identifie un investissement considérable (de 1,2 à 1,4 milliard d’euros) pour une mise en œuvre s’étalant a minima sur une dizaine d’années. Les impacts environnementaux liés au transport sur une centaine de kilomètres et au stockage dans des sites sensibles (Camargue, golfe du Lion) apparaissent très importants”, rend compte le document.

L’avenir des emplois du bassin industriel devrait donc se construire autour de la valorisation d’une filière bois en remplacement du charbon. Il passerait aussi par la poursuite des activités de l’usine d’alumine d’Alteo avec un meilleur traitement et une meilleure valorisation des effluents. La mise en œuvre de la filière bois irait bien au-delà de la seule unité biomasse de la centrale thermique. Il est envisagé la création d’unités pensées en économie circulaire qui permettrait plusieurs valorisations du bois (scierie, usine à granulés pour les chaudières, biocarburant…). Ce grand axe a déjà été acté à l’occasion de la visite, en janvier, de la secrétaire d’État à la transition Emmanuelle Wargon.

Contactée, l’élue EELV Rosy Inaudi se dit “plutôt satisfaite” du document qui lui semble donner des gages suffisants en terme d’emplois tout en allant dans le bon sens d’un point de vue écologique. La conseillère départementale avait elle-même porté un projet basé sur “la restructuration de la filière bois et l’unité de gazéification”. Elle pose néanmoins un bémol concernant le maintien de la tranche biomasse de la centrale. Avec ses 850 000 tonnes de bois amenées à être consumées par an, cette activité est décriée par les écologistes car elle aggraverait la déforestation. Contactés, d’autres élus, dont les maires de Gardanne et Meyreuil (également conseiller métropolitain à l’industrie) n’ont pas répondu aux sollicitations de Marsactu avant publication.

Ce dossier comportent encore beaucoup d’inconnus. Comme l’a révélé Marsactu en février 2019, la tranche biomasse ne fonctionne pas en raison de grosses difficultés techniques. Dans le document, Gazel énergie affirme que sa “première priorité est de pérenniser l’activité biomasse.” Mais sa mise en route effective ne devrait pas pouvoir se faire sans un investissement important pour changer une bonne partie des installations. Enfin, à une poignée de kilomètres, l’avenir de l’usine d’alumine, actuellement exploitée par Alteo, est incertain. L’entreprise est placée en redressement judiciaire avec recherche de repreneurs potentiels. Du papier à la réalité, beaucoup d’interrogations persistent quant à la vivacité future de l’industrie gardannaise.

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Commentaires

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  1. Rémy Bargès Rémy Bargès

    Vous auriez pu demander l’avis du député écologiste de Gardanne François-Michel Lambert et vous auriez eu une toute autre lecture de ce pacte de transition écologiste qui ne répond pas du tout aux enjeux du territoire.

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