Patrick Mennucci en campagne sur la corde raide de la continuité socialiste

Actualité
le 7 Juin 2017
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Patrick Mennucci a accueilli ce mardi l'ancien premier ministre Bernard Cazeneuve. Il entend ainsi incarner la continuité du quinquennat socialiste dont il vante et s'approprie en partie le bilan à Marseille.

Patrick Mennucci en campagne sur la corde raide de la continuité socialiste
Patrick Mennucci en campagne sur la corde raide de la continuité socialiste

Patrick Mennucci en campagne sur la corde raide de la continuité socialiste

Il a à sa gauche le super-opposant Jean-Luc Mélenchon, à sa droite l’hyper-macroniste Corinne Versini présentée comme “une candidate de droite, issue du Medef”. Coincé entre les deux, le député socialiste sortant Patrick Mennucci veut croire que la 4e circonscription peut choisir la continuité. Ce mardi, c’est le dernier premier ministre de François Hollande, Bernard Cazeneuve, qui s’affichait à ses côtés, en terrasse quai de Rive-Neuve pour les images, en intérieur pour le discours. “Entre les sondages et les scrutins, il y a les campagnes qui permettent parfois de faire mentir les prévisions”, affirme-t-il. Deux études d’opinion ont écarté Patrick Mennucci du second tour il y a trois semaines.

Pac à l’eau, visite faussement impromptue de la mère de Patrick Mennucci – un fidèle soutien – celui qui est resté cinq ans au gouvernement a vite été plongé dans le bain marseillais. L’image est évidemment pensée en contraste avec le néo-arrivant Mélenchon. Mais le discours de Bernard Cazeneuve reste bel et bien national. “Il faut des députés socio-démocrates d’expérience pour ne pas laisser le président de la République en tête à tête avec la droite”, plaide-t-il.

“Je ne serai pas dans la majorité”

Patrick Mennucci n’est pourtant pas sur cette ligne. Lui se voit comme un futur opposant constructif au président. “Je ne dis pas comme Cazeneuve que je serai dans la majorité”, réaffirme-t-il en marge de la conférence de presse. Il a démarré sa campagne en rappelant ses réticences sur la loi travail, inspirée par Emmanuel Macron et finalement adoptée par le mécanisme du 49-3, mais sans qu’il ne vote la censure du gouvernement.

Ce positionnement, réel, visait aussi à durcir le trait contre Mélenchon qui arrivait sur des terres de gauche. Mais le principal objectif pour Mennucci reste de ne pas se laisser submerger par la vague Macron annoncée dimanche. Cela passe sûrement par un débat réussi ce mercredi soir sur France 3. “Cela a beau être le débat national de la chaîne, je ne parlerai qu’aux électeurs de la 4e circonscription. Il y en aura 30 000 qui voteront, s’il y en a 3000 qui regardent, il faudra leur parler et les convaincre”, explique-t-il. Sa principale adversaire sera Corinne Versini : “Je lui dirai : “vous voulez dédoubler les classes à l’école primaire, très bien, mais comment vous trouvez les salles””, annonce-t-il.

Le bilan comme programme

Tant au niveau du programme que du travail de terrain, c’est sur la continuité qu’il entend miser. Patrick Mennucci défend son bilan plutôt qu’un programme socialiste inexistant. Bernard Cazeneuve salue donc, c’est son job du jour, “un parlementaire remarquable qui a notamment produit un rapport parlementaire sur la lutte contre le djihadisme d’où ont été tirées une grande partie des mesures prises par le gouvernement. Il a aussi été le rapporteur d’un texte de loi sur l’asile qui a augmenté les moyens et les centres d’accueil pour demandeurs d’asile. Il a encore produit un travail remarquable sur les questions métropolitaines.”

Ces derniers jours, Patrick Mennucci a aussi ressorti des tracts vantant sa distinction de député de l’année en 2016 par le jury du Trombinoscope, justement pour son rapport sur le djihadisme. Il décline cette logique à l’échelon local et présente un nouveau bilan. “Avec Marie-Arlette Carlotti, c’est nous qui avons mis Jean-Marc Ayrault [premier 1er ministre de François Hollande, ndlr] dans la voiture pour lui montrer ce qu’était la L2, cette route que nous attendions depuis 50 ans et qui était en train de se transformer en un rallye des sables. Deux milliards après, la L2 [Est] a été ouverte, inaugurée par le président de la République et elle rend beaucoup de services aux Marseillais”.

A notre connaissance, la visite sur la L2 dont parle le député est celle de Frédéric Cuvillier, alors ministre des transports. C’est lui qui signe le contrat de partenariat public privé en 2013, lancé en son temps par le gouvernement Fillon. Quant à Jean-Marc Ayrault, il a effectivement pris l’engagement de finir le chantier lors d’un conseil des ministres consacré à Marseille. 

Le bilan des écoles

Même logique sur les écoles où il explique avoir poussé le gouvernement à débloquer “dix millions d’euros” (sur 3 ans et avec des crédits de la politique de la ville) pour les améliorer. “Nous étions les seuls à proposer un inventaire exhaustif de l’état des écoles dans notre circonscription”, se félicite Nassera Benmarnia, suppléante et assistante parlementaire du député.

Suivront la future gare Saint-Charles ou les efforts sur la politique du logement. Ce sont ces points concrets qu’il porte sur le terrain pour convaincre les habitants de prolonger son bail à l’Assemblée. “Ils nous connaissent, ils ne nous ont pas perdus de vue pendant cinq ans et ça, ils vont le reconnaître”, veut croire Nassera Benmarnia.

Patrick Mennucci ne dira en revanche rien du plan Marshall-Ayrault censé accompagner le lancement de la métropole et dont il n’est finalement pas resté grand chose, une fois l’effet d’annonce évanoui. Il ne citera pas – et Bernard Cazeneuve pas davantage – le nom de François Hollande, trop impopulaire pour se représenter. Il a bien en tête que c’est un frondeur – ce qu’il n’était pas – qui a gagné la primaire socialiste et que, malgré cela, il n’a ensuite réalisé que 9 % à la présidentielle sur sa circonscription marquée à gauche, quand Mélenchon s’envolait à 38 %. “On n’a pas fait comme d’autres à mettre des bandeaux “majorité présidentielle” sur nos affiches à la place du poing et la rose. On reste fidèles à nos idées”, conclut Nassera Benmarnia. En ce moment, quand on est socialiste, c’est audacieux.


Candidats, enjeux, résultats : notre dossier sur la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône

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Commentaires

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  1. vékiya vékiya

    tous les ps dehors…

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  2. barbapapa barbapapa

    Rares sont les députés qui comme Menucci ont autant bien travaillé à l’assemblée pour Marseille et pour le pays. Ce serait dommage de se prier de ses capacités.

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    • julijo julijo

      Oui, oui il a travaillé à l’assemblée.
      Mais de quel côté ? la loi travail l’a gêné, mais pas plus…..le Cice, l’a gêné, mais pas plus…..etc.
      Mennucci a bossé comme un bon petit soldat de hollande, et de la hollandie…..il n’a jamais “gêné ” la politique libérale du gouvernement hollande.

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  3. leravidemilo leravidemilo

    Et bien, oui, topons là! Pour une fois qu’un député socialiste veut bien assumer le bilan d’un quinquenat cata, nous voila bien d’accord pour le juger sur ce bilan: C.I.CE qui a bien gavé les dividendes sans créer aucun des emplois promis par le pins’ , made in china, de gattaz (un million sinon rien), pacte d’irresponsabilité, loi dite travail, 49,3 à tous les étages, travail le dimanche dans les zones baptisées touristiques, aventures militaires décidées dans l’instant sans consultation du parlement, pour les beaux yeux de la françafrique, et conduisant aux impasses que l’on commence à voir, traitement à la grenade de l’affaire sivens et au gaz des manifs, multiplication des “P”PP (l’exemple local de la L2 est même cité), réforme territoriale gribouillée à la hâte sur un coin de table et jouant à table ouverte avec les “économies”, grooossseu métropole déjà bien mal barrée et nous avec, isolement de la politique étrangère de la france confinant à l’impuissance… n’en jetez plus la cour est pleine.
    Et pour l’avenir, le député local parle de continuité quand le parrain du jour cause déjà de ne pas laisser ce pauvre Macron dans un tête à tête délétère avec les méchants défenseurs d’une politique de droite…ça promet!
    Tant qu’à vouloir se réfugier dans le “local” (la proximité de Jibrayel?) M Mennuci pourrait nous parler de l’utilisation de sa réserve parlementaire, hors de sa circo semble t il, et pour le bonheur d’un club de foot d’endoume, au détriment de ceux de son “local”…mais c’était visiblement en 2014, année de municipales… toujours le genre mélange des genres… Peut être abordera t il le sujet lors du débat de ce soir?

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    • barbapapa barbapapa

      C’est petit petit l’histoire de la réserve parlementaire pour le club de foot qui serait peut-être de l’autre côté de la rue de la limite de la circonscription !!! Pour info, faute de terrains de jeu, les gamins du centre ville qui jouent au foot vont jouer pour Endoume ou pour Belsunce quand ce dernier club n’était pas dissous.

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    • leravidemilo leravidemilo

      Vous avez bien tort. L’examen des utilisations de réserves parlementaires par des élus locaux, en particulier à l’approche des élections locales, est un vaste continent permettant de voir ce qu’il en est du mélange des genres, de la constructions de potentats locaux, et en cas de réussite de baronnies; Vous devriez vous y intéresser.
      Par ailleurs, votre avis sur l’opportunité du choix de ce club, ne semble pas partagé par les associations de la circo, et notamment par celles qui s’occupe de foot; car quand on “arrose”, on ne vise pas souvent ceux qui en ont le plus besoin (“il pleut toujours où c’est mouillé”).
      Et donc ce n’est pas si petit que ce vous semble. Bien sur, cela dépend aussi à quoi on le compare. En l’occurrence, et parlant seulement des échanges sur ce forum, me voir mener un procès en petitesse par vos soins c’est, il faut en convenir, quelque peu grandiose.

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