Martine Vassal, adjointe aux relations avec elle-même

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le 9 Mar 2016
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Après son élection à la tête du conseil départemental en avril 2015, Martine Vassal a abandonné sa délégation aux Relations internationales à la ville de Marseille. Mais elle reste adjointe, sur une mission aux contours flous de "développement des relations entre les collectivités".

Martine Vassal, adjointe aux relations avec elle-même
Martine Vassal, adjointe aux relations avec elle-même

Martine Vassal, adjointe aux relations avec elle-même

Que fait Martine Vassal de ses journées ? Facile : elle est présidente du conseil départemental, une collectivité qui emploie plus de 5000 agents, pour 2,5 milliards d’euros de budget. Mais l’élue est par ailleurs toujours adjointe au maire de Marseille. Selon le site de la Ville, elle est chargée des “relations internationales et européennes”. Un problème de mise à jour, puisque ce portefeuille est désormais détenu par Jean Roatta. Ainsi, l’ancien député et maire du 1/7 était il y a quelques jours au Liban, pour clôturer le projet isi@med, consacré à la réduction de la fracture numérique. “Je n’avais que la Méditerranée, sujet qui me passionne. Mais elle ne pouvait pas cumuler, j’ai donc récupéré ce que Martine avait commencé à faire”, glisse l’élu, tout juste de retour de Tunisie.

Photo issue d'un communiqué de la ville de Marseille.

L’adjoint Jean Roatta au Liban. Photo issue d’un communiqué de la ville de Marseille.

Dans l’entourage de Martine Vassal, on confirme que cette “délégation lourde, qui nécessite beaucoup de temps” lui a été retirée après son élection à la présidence du CD13 en avril 2015. Dans le détail, la bascule a été opérée par le truchement de trois arrêtés du maire de Marseille en date du 22 juin par lesquels ses attributions lui sont retirées pour être confiées à Jean Roatta (Relations internationales et coopération euroméditerranéenne) tandis que Maliza Saïd Soilihi conserve la gestion des crédits européens. Mais, dans le même temps, une nouvelle mission est confiée à la deuxième adjointe : “le développement des relations entre collectivités”.

Il faut reconnaître qu’elle est au minimum bien placée pour développer les relations entre la Ville et le conseil départemental. C’est d’ailleurs l’argument surprenant opposé à Marsactu. On pourrait ajouter la métropole puisqu’elle est également conseillère métropolitaine… Mais on est bien en peine de donner plus de corps à son action. Les communiqués de presse de la mairie ne sont pas plus diserts : depuis juin 2015, la seule occurrence de Martine Vassal est une invitation concernant la rénovation urbaine à la Soude… où elle était présente en tant que présidente du conseil départemental.

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Capture d’écran de communiqués reçus par Marsactu.

“Elle vient de s’installer dans un département détenu par le même parti depuis 1946, cela ne fait pas longtemps, laissez-lui du temps”, plaide Jean Roatta. Pour l’heure, ses interventions au conseil municipal sont en général l’occasion de développer l’action de “sa” collectivité, comme en février lorsqu’elle a annoncé une aide pour les écoles de la ville. “Quand Martine Vassal parle aujourd’hui, c’est la présidente du conseil départemental qui parle”, reconnaît son entourage au bateau bleu. Avec le poids politique correspondant, bien supérieur à celui d’un adjoint.

Dans ce contexte, quel besoin a-t-elle de conserver un poste d’adjointe ? On pourrait penser à un motif financier : un adjoint touche 4134 euros par mois contre 1967 pour un “simple” conseiller municipal. Mais avec sa fonction de présidente du conseil départemental et de conseillère métropolitaine, Martine Vassal atteindrait de toute manière le plafond autorisé pour un élu (8272 euros).

La raison serait donc “politique”, comprenez d’affichage et de prestige. C’est qu’avec le rôle de premier plan qu’elle joue désormais, elle fait partie des candidats naturels à la succession de Jean-Claude Gaudin. “Elle a progressé depuis 2001 dans le rang protocolaire. Elle est aujourd’hui 2e adjointe”, note encore un proche. Le premier adjoint n’est autre que Dominique Tian, autre postulant putatif, tandis qu’Yves Moraine est patron de la majorité municipale. Il aurait été dommage de dégringoler. Même si cela aurait permis à un conseiller municipal délégué de prendre du galon.

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Commentaires

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  1. reuze reuze

    La loi sur le cumul des mandats aurait dû aller plus loin et interdire de cumuler des responsabilités dans les différentes collectivités locales.
    L’empilement des niveaux de collectivités locales rend d’autant plus urgent de clarifier les relations entre celles-ci.

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  2. José2016 José2016

    Interdire les fonctions et mandats publics cumulés concomitamment MAIS AUSSI cumulés dans le temps : voilà une excellente mesure de salubrité politique que “Moi Président” aurait pu faire. Hélas, le forcing éternel des élu(e)s de tout bord a de beaux jours devant lui…

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Après la création de la métropole, on peut tout de même se demander si, d’ici quelques années, les pouvoirs du patron du département ne deviendront pas proches de ceux de la reine d’Angleterre…

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    • reuze reuze

      En théorie, je suis d’accord ; en pratique, la métropole sera ce que les élus locaux en feront et le précédent MPM n’incite pas à l’optimisme.

      Entre le conseil départemental qui s’empare des problématiques d’aménagement et de transport (on peut lire les récentes prises de position médiatiques de Martine Vassal sous cet angle), les conseils de territoire qui ont récupéré pas mal de prérogatives et les maires qui gardent le reste, il est possible que la métropole soit essentiellement une instance de vague coordination avec quelques traces de péréquation budgétaire.

      Dans ce cas, c’est le patron de la métropole qui se retrouverait avec autant de pouvoirs que la reine d’Angleterre.

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    • Cabri Cabri

      Espérons que la Metropole ne soit pas la chambre d’enregistrement des différentes décisions des différentes collectivité, comme Gaudin avait réduit MPM à validé les décisions des différents maires et particulièrement Marseille avec son pacte de gouvernance.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      @Reuze. Le fonctionnement de MPM, mis en place à l’origine par Gaudin (on se souvient du beau titre de Marsactu : Marseille Provence métropole, “ça a bien fonctionné car on n’a jamais appliqué la loi” – https://marsactu.fr/marseille-provence-metropole-ca-a-bien-fonctionne-car-on-na-jamais-applique-la-loi/), n’incite certes pas à un optimisme débridé. Le même Gaudin ne manquera pas d’être tenté de reproduire ce mauvais exemple à la métropole.

      Mais il faudrait vraiment s’asseoir bien profondément sur la loi pour que le département continue de s’occuper de transport et d’aménagement. Ce sont des compétences qui ont été réservées par les récentes lois de réforme territoriale à la région et à la métropole.

      Cette précision mise à part, je suis malheureusement plutôt d’accord avec le scénario que vous esquissez… Nos chers élus ne se gênant pas pour nous dire que, sur tant de sujets, la loi est inadaptée au “cas particulier” marseillais et que, par conséquent, il est “normal” de ne pas la respecter, on peut s’attendre à tout…

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    • reuze reuze

      @Electeur du 8e: a priori, la loi NOTRe n’interdit pas explicitement à la région de déléguer une ou plusieurs de ses compétences au département.

      Pour les transports, j’ai trouvé une analyse d’avocats qui va dans ce sens: http://web.lexisnexis.fr/newsletters/avocats/10_2015/pdf6.pdf (notamment p.2, remarque en bas à droite).

      J’attends de voir ce qui va se passer…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      @Reuze. Je suis bien d’accord avec vous mais, sans faire ici un débat juridique, cette possibilité de délégation de la région au département ne s’applique pas dans le cas particulier des métropoles : celles-ci se substituent aux départements dans lesquels elles sont situées pour la gestion des transports publics sur leur territoire.

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    • reuze reuze

      @Electeur du 8e: merci de la précision. On va croiser les doigts pour que la métropole joue pleinement et efficacement son rôle.

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  4. LaPlaine _ LaPlaine _

    Existe-t-il un poste de “responsable des relations entre les structures existantes et les structures à venir dans un monde plus ou moins lointain” ou un truc dans le genre, çà pourrait m’intéresser… On continue encore et toujours de se moquer du bon peuple.

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    • José2016 José2016

      MDR ! Cette judicieuse délégation est à proposer à une immense partie de l’échiquier politique local mais… sans indemnité bien-sûr ! Il est fort à parier que sans les espèces sonnantes et trébuchantes liées à un tel mandat, beaucoup de candidat(e)s vont certainement se bousculer au portillon politicien ! MDR (bis)

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