Marseille veut que le tourisme lui rapporte 2,5 milliards d’euros en 2025

Info Marsactu
le 24 Sep 2019
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La Ville vient de lancer un marché pour l'aider à définir sa stratégie de développement touristique entre 2020 et 2025. Parmi les objectifs que la Ville se fixe sur cette période : doubler, voire tripler les retombées, attirer la clientèle de luxe et éviter le sur-tourisme.

Aux pieds des paquebots, jusqu
Aux pieds des paquebots, jusqu'à 50 cars peuvent attendre les croisiéristes. (Photo: Violette Artaud.)

Aux pieds des paquebots, jusqu'à 50 cars peuvent attendre les croisiéristes. (Photo: Violette Artaud.)

2,5 milliards. Le chiffre est posé au détour du cahier des clauses techniques d’un marché que la Ville de Marseille a lancé au cœur de l’été, alors que les touristes baguenaudaient d’un chantier à l’autre autour du Vieux-Port. La consultation vise à aider la Ville et la métropole à définir leur stratégie de développement touristique 2020-2025, le tout pour un montant maximal de 70 000  euros.

Une drôle de façon de faire ses devoirs avant les grandes vacances, même si Dominique Vlasto, adjointe au tourisme, n’y voit rien de paradoxal : “Au contraire, ce n’est pas parce qu’il y a des élections dans quelques mois qu’il faut s’arrêter de travailler. Ce genre d’étude ne sert pas que la Ville. Elle est destinée à tous les acteurs et partenaires qui travaillent avec nous”.  Elle vise en particulier la métropole Aix-Marseille-Provence qui partage cette compétence et l’office du tourisme, commun aux deux institutions.

Parmi les objectifs fixés, un seul fait valser les zéros : “Multiplier par deux ou par trois la consommation touristique actuelle qui est de 620 millions d’euros par an. À l’horizon 2025, elle souhaite parvenir à 2,5 milliards d’euros.”

Le flou des chiffres

L’objectif est ambitieux même s’il est flou dans ce qu’il désigne. En effet, le document lui-même cite plusieurs chiffres contradictoires sur le niveau des retombées économiques. On peut lire ainsi, quelques lignes plus haut dans le même document, qu’en 2017, “les recettes directes dépassent 1,2 milliard d’euros”. Un chiffre légèrement supérieur à ce qu’annonce la mairie sur son propre site, puisque pour cette même année, elle “compte 1 milliard d’euros de retombées économiques pour la ville”.

En avril 2019, le calcul de ces retombées connaissait une brusque flambée puisqu’en réponse à la remise du prix France Congrès, l’adjointe chargée du développement touristique, Dominique Vlasto, se félicitait de la bonne santé du secteur :

“Marseille reçoit 800 opérations de tourisme d’affaires par an, ce qui représente plus de 1,5 milliard d’euros de retombées économiques pour le secteur tourisme qui emploie 15 000 personnes”.

Difficile d’y voir clair, dans cette avalanche de chiffres. Un flou qui ne surprend pas Laurent Lhardit, élu socialiste dans les 4e et 5e arrondissements et cofondateur du Mouvement, “laboratoire d’élaboration de solutions politiques” qui a sorti, cet été, une note sur les retombées des croisières. “Nous avons eu le plus grand mal à trouver des données fiables sur les dépenses réalisées à Marseille par les passagers qui y font escale, explique-t-il. Par exemple, nous ne savons pas précisément combien de personnes descendent réellement du bateau en escale. Or, ce que l’on sait, c’est que sur ce type de prestation all inclusive, les compagnies font tout pour inciter les croisiéristes à rester à bord“.

En tout cas, pour lui, l’objectif fixé de doublement des revenus touristiques “n’est pas réaliste”. “Au-delà de la quantité, il faut se poser la question de la qualité. Comment faire dépenser plus et faire dépenser mieux aux gens qui viennent visiter Marseille ?, pose-t-il. Le tourisme de masse provoque un nivellement par le bas qui peut avoir des effets négatifs avec des gens qui restent peu et dépensent peu.

Attirer la clientèle de luxe

Une ambition que dit partager Dominique Vlasto qui, elle aussi, entend attirer une autre clientèle à Marseille : “Contrairement aux villes de la Côte d’Azur, Marseille est perçue comme une ville historique. On vise donc une authenticité qui peut séduire la clientèle russe par exemple. Nous avons récemment inauguré une ligne directe avec la Russie qui peut nous aider à faire connaître la destination“.

Ce segment est clairement visé dans les objectifs de la consultation :

À ces ambitions déjà décrites, il faut ajouter le segment du luxe qui jusqu’alors était réservé à la Côte d’Azur ou à Paris. Désormais, une offre nouvelle s’inscrit dans le paysage de la deuxième ville de France, offre qui mérite d’être amplifiée, tant la demande des clientèles étrangères est pressante, notamment en provenance d’Asie, d’Europe de l’Est et des Amériques. Ce segment du luxe sera appuyé sur le développement d’une offre de bien-être qui est la nouvelle exigence des touristes d’aujourd’hui.

En revanche, pour attirer ces nouvelles clientèles russes, chinoises ou américaines, Marseille s’appuie sur les mêmes fondamentaux : l’événementiel avec Manifesta en 2020, les jeux olympiques en 2024 et le grand prix de F1 au Castellet.

“Un tourisme de masse incontrôlé”

Enfin, pour la première fois, la Ville évoque dans sa documentation les effets induits par le sur-tourisme : “Venise, Barcelone, Dubrovnik…” Ces trois cités ont récemment été le théâtre de réactions de rejet de la population, parfois relayées par les autorités. Désormais le danger de retour d’image est pointé dans le document :

“Ces villes acceptent un tourisme de masse non contrôlé qui oppose parfois violemment les habitants et les excursionnistes. Et les retombées économiques et d’image liées à ce sur-tourisme sont toujours négatives.”

Je crois qu’il faut surtout étendre la zone touristique qui est aujourd’hui trop confinée au centre-ville, estime l’élue au tourisme. Il faut sortir de la trilogie château-d’If, Vieux-Port, Bonne-mère, en attirant les gens vers d’autres endroits de la ville qui sont tout aussi emblématiques d’un certain art de vivre comme le bord de mer, par exemple.

En revanche, pas question pour elle de revenir sur le projet avorté d’une extension de la zone touristique au sud pour lequel la préfecture a demandé à la Ville de revoir sa copie (lire notre article sur la demande du préfet) avant d’accorder l’ouverture dominicale des commerces. “Ce n’est pas une zone touristique, il faut être clair, tacle l’adjointe, opposée de longue à date ce projet. Le jour où les touristes y iront, nous pourrons envisager une extension de la zone et donc de l’ouverture des commerces. Pour l’instant, ce n’est pas le cas“.

Actualisation le 24 septembre à 11h : Laurent Lhardit est élu d’arrondissement (PS) dans les 4e et 5e arrondissements.

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Commentaires

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  1. barbapapa barbapapa

    Et pourquoi pas une étude à 70000 € pour savoir combien coûtent les croisiéristes aux marseillais ?
    – Occupation d’immenses zones portuaires à bas coût, énorme pollution atmosphérique, pollution sonore et visuelle de hordes de touristes qui ne dépensent pas un sur le Vieux Port ou à Notre Dame de la Garde…

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  2. Alceste. Alceste.

    De toutes les façons , vous pouvez diviser au moins pas dix tous les chiffres annoncés par la mairie et la mère VLASTO. Il faut simplement qu’elle’ s’agite dans le bocal en ce moment. Mais les élections n’ont rien à voir bien sûr avec cette annonce de chiffres fantaisistes.

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  3. julijo julijo

    J’aime pas le titre !!!!!
    “marseille” veut….. et ben non, moi je veux pas !!!! et nombre de marseillais ne veulent pas non plus.
    Je soutiens la réflexion de barbapapa !
    Et puis pourquoi elle ne prend pas sa retraite vlasto ???? il lui manque des trimestres ?

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  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Au fond, l’économie vue par l’équipe nullicipale, c’est simple : de l’immobilier débridé et du tourisme. Sont-ce les caractéristiques d’une économie dite “développée” ?

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  5. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Quand on entend certains élus marseillais, à commencer par leur chef de file GAUDIN féru de pagnolades, on ne peut s’empêcher de penser à ce qu’a écrit, certes méchamment Alphonse DAUDET : «L’homme du Midi ne ment pas, il se trompe… Il ne dit pas toujours la vérité, mais il croit la dire… Son mensonge à lui (…) c’est une espèce de mirage.»

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  6. MarsKaa MarsKaa

    Ah les chiffres ! Pour chaque sujet, les zelus gaudinesques sortent d immmeeeenses chiffres, c est leur parade… mais ces chiffres n ont aucune réalité ! C est pas grave, on assene des chiffres, parce que ça fait serieux, ca fait on maîtrise le sujet, ca fait on ne menage pas notre peine, ca fait on fait beaucoup pour Mareuseilleu… pffff…

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