Les produits toxiques ? Attention aux "chiffons de toréador qui nous détournent des vrais problèmes"

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le 8 Fév 2011
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Les produits toxiques ? Attention aux "chiffons de toréador qui nous détournent des vrais problèmes"
Les produits toxiques ? Attention aux "chiffons de toréador qui nous détournent des vrais problèmes"

Les produits toxiques ? Attention aux "chiffons de toréador qui nous détournent des vrais problèmes"

Les PCB ? Il a fait sa thèse sur ce sujet en 1974. Son prof de toxicologie ? Henri Pezerat, l’homme qui a lancé l’alerte sur l’amiante. Autant dire cela fait un moment que Jean-François Narbonne barbote dans la santé environnementale. La foule n’était pourtant pas en masse pour sa conférence lundi soir, à l’invitation du Mouvement national de lutte pour l’environnement (ceux qui veulent se rattraper pourront le voir ce mardi). Avec sa faconde du Sud-Ouest, ce chercheur à l’université de Bordeaux n’est pourtant pas du genre à endormir son auditoire, alternant jeux de mots et déclarations tonitruantes. Un bon client diraient nos confrères de la télé.

Paradoxes et faux semblants

Habitué des plateaux télé, celui qui est aussi expert auprès des agences sanitaires françaises s’élève contre « l’exploitation politicienne », les « eco-tartuffes » et les « émissions qui en rajoutent parce que ça fait du buzz ». A ceux qui craignent d’être massacrés par les dioxines des incinérateurs, il assure que la France s’est enfin mise aux normes en les équipant de filtres et qu’il faudrait plutôt s’inquiéter de chaudières au bois qui n’en ont pas et surtout des autoroutes. A ceux qui louent le bonus écologique pour les voitures faiblement émettrices de CO2 il cite l’exemple d’un diesel équipé de filtre à particules qui n’en bénéficie pas car il consomme un peu plus que la version sans. Et à ceux qui ne rêvent que de lampes basse consommation, il rappelle qu’elles contiennent du mercure et émettent des ondes électro-magnétiques.

Bref, il veut sortir de « la démagogie politicienne, qui est de dire « ça c’est bien et ça c’est mal ». En matière de santé, il insiste ainsi sur la différence entre danger, risque et impact : « une voiture est dangereuse puisqu’elle peut provoquer un accident et on voit l’impact, qui est le nombre de morts par an. Mais le risque dépend de la vitesse, du nombre de kilomètres, de l’alcoolémie… Pour les toxiques c’est pareil : la probabilité dépend de la dose et du temps d’exposition. »

Et d’avertir : « ce n’est pas parce qu’on détecte plus de substances, à des doses plus faibles et que l’on connaît mieux les mécanismes d’action que le risque est de plus en plus grave ». Autre problème de perception : « au cours des 30 dernières années, le nombre de cancers et de problèmes de reproduction a explosé. Mais les maladies d’aujourd’hui sont les polluants d’hier. » Conclusion : « il faut se détourner des faux problèmes qui, comme le chiffon du toréador, nous empêchent de voir les vrais. »

Détergents sur les tables d’écoliers

Exemple : « les gens se focalisent sur l’environnement industriel, mais l’air de la maison est plus pollué que l’extérieur. Tout ne vient pas des grands lobbys : qui nous oblige à acheter des détergents industriels, des crevettes bourrées d’antibiotiques ? » Tout est question de priorité, comme le montre le cas du Bisphénol A (BPA), récemment interdit dans les biberons par le Parlement. Chiffres à l’appui, il montre que ce sont surtout les conserves qui constituent l’exposition majeure à ce produit, qui mime les hormones sexuelles. « Les politiques parlent des biberons car là ils peuvent avoir une action. Si on avait dit qu’il faut interdire les boîtes de conserve… » Et encore, « on s’occupe du BPA mais tous les matins dans les écoles la femme de ménage passe des produits d’entretien qui contiennent des perturbateurs endocriniens sur les tables. On dit que c’est pour désinfecter, mais on intoxique ! »

Idem avec les pesticides dans les fruits et légumes, ou les PCB dans le poisson : sans aller jusqu’à dire que ces substances sont inoffensives, « si on recommande d’en manger, c’est parce que le bénéfice est plus fort que le risque. Et on se fait peur avec ce qu’il y a dans la bouffe alors que vous en prenez plein la figure en mettant de la colle au mur, tout ça parce que le propriétaire vous dit de ne pas faire de trous. Et j’aime bien l’idée de réduire l’usage des pesticides de 50%, mais je voudrais bien que l’on fasse de même pour les médicaments qu’on prescrit à Médiator et à travers » Difficile à suivre ? Certes, et des matelas en mousse à mettre à l’abri après achat le temps qu’ils exhalent leurs PBDE aux phtalates des cosmétiques « où il est marqué en grand sans paraben », c’est toute une gymnastique qu’il faut réaliser.

Mais reste une constante : chasser les « mauvaises pratiques », qui nous exposent à des toxiques par souci « d’économie, par ignorance ou à cause de la pub ». Amateurs de lingettes et de parfums d’ambiance… Et de dispenser ce conseil de base, après avoir évoqué les phtalates contenus dans certaines barquettes micro-ondables : « remettez vous à la cuisine. Vous allez reprendre la maîtrise de tout ce que vous avez abandonné à l’industrie agro-alimentaire, parce que c’était bien pratique ».

Un lien Pratique : Jean-François Narbonne participe ce mardi à un débat aveec Aldo Naouri sur la « panique verte » organisé par le magazine Parents à 18h au World Trade Center. 2 Rue Henri Barbusse.

Un lien Le livre Sang pour sang toxique, où il développe ces thèmes

Un lien OGM, médicament, produits toxiques en débat à Marseille, sur Marsactu

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Commentaires

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  1. pellicani Christian pellicani Christian

    Nous avons passé un bon moment tout en parlant de problèmes graves et sérieux.
    Enfin un discours qui nous sort de la langue de bois verte !

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