Le patron du salon des vins doit se défendre d’un “emploi fictif” à la mairie d’Istres

Enquête
le 12 Juin 2019
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Philippe Colonna a été entendu pendant près de huit heures par la gendarmerie le 14 mai. L'entrepreneur, ancien fonctionnaire, est soupçonné de recel de détournement de fonds publics. La mairie d'Istres lui aurait offert un emploi de complaisance.

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Photo d'illustration – Flickr/Miguel Discart – CC BY-SA 2.0

Photo d'illustration – Flickr/Miguel Discart – CC BY-SA 2.0

“Emploi fictif”. Au parquet national financier chargé d’une large enquête sur le fonctionnement de la mairie d’Istres, le soupçon est inscrit noir sur blanc. Il vise Philippe Colonna, connu pour être le fondateur de la Savim, le salon des vins et de la gastronomie marseillais, toujours actionnaire à parts égales avec son fils de la société organisatrice de l’événement à succès depuis près de 25 ans. Dans la foulée de la chambre régionale des comptes, les enquêteurs se demandent comment celui-ci a pu cumuler durant les dernières années de sa carrière et jusqu’à sa retraite en mai 2016 cette activité avec son emploi permanent à l’hôtel de ville, successivement au cabinet du maire Nicole Joulia (2006-2008) puis au service communication sous François Bernardini (depuis 2008).

La qualification retenue pour l’heure est celle de recel de détournement de fonds publics même si “le dossier est encore loin d’être bouclé”, indique une source proche du dossier. Alors que l’enquête préliminaire progresse sur plusieurs fronts, cette attention portée à son parcours professionnel a valu à l’intéressé de passer huit heures à la gendarmerie d’Istres le 14 mai dernier, comme l’a relevé le Ravi.

“Il a pu apporter des précisions sur sa longue carrière au sein de la fonction publique territoriale (1976-2016), et confirmer qu’il y a effectivement travaillé jusqu’à sa prise de retraite, affirme son avocat Nicolas Milanini. Il s’est par ailleurs expliqué sur la réalité de son rôle au sein de l’organisation du salon des vins de Marseille et contester les conclusions hâtives de la chambre au sujet de sa prétendue “‘intense activité privée” au sein de celui-ci.”

Une “intense activité privée” ?

L’avocat refuse d’entrer dans des détails supplémentaires du dossier en raison du secret de l’enquête. Les éléments relevés par la chambre régionale des comptes (CRC) sont pourtant troublants. Elle avait en effet dénoncé son “intense activité privée [qui] explique sans doute sa présence erratique depuis de nombreuses années, […] la nature de ses différentes affectations depuis 2006 ayant largement contribué à le libérer de ses obligations de présence” Comme Marsactu a aussi pu le constater, Philippe Colonna n’apparaissait pas dans l’annuaire interne de la Ville en 2015. Les magistrats financiers ajoutaient que sa signature n’apparaissait pas davantage dans les principaux vecteurs de communication municipal, Istres mag et Entressen info.

La mairie d’Istres semblait alors en difficultés pour apporter des éléments probants quant à la participation effective de Philippe Colonna hormis comme délégué syndical à 11 réunions sur 17. Celui-ci n’utilisait pas la badgeuse, admettait par exemple le maire dans sa réponse officielle à la CRC : “son poste nécessitait une autonomie d’action et une disponibilité en dehors des horaires d’ouverture de l’hôtel de ville. Son activité n’était plus compatible avec l’utilisation d’un badge”. Mais il l’assurait : “À aucun moment, il a été constaté que cette activité privée empiétait sur son temps de travail“.

Les maires successifs ont-ils détourné des fonds publics ?

Plus largement, il s’agit aussi pour les enquêteurs de comprendre comment, en 2006, le gardien de gymnase de La Bayanne – où il connaissait de nombreuses absences selon la CRC – a pu connaître une promotion fulgurante et devenir d’abord chargé de communication de l’office de tourisme puis membre du cabinet de l’éphémère maire et aujourd’hui première adjointe Nicole Joulia, avant d’intégrer la communication de la Ville.

La date de ce spectaculaire bond correspond, comme nous l’avons déjà raconté, au moment où Philippe Colonna, secrétaire de section socialiste opposé à Bernardini en est devenu un soutien. Selon nos informations, les enquêteurs ont été destinataires d’un témoignage précis d’une personne qui relie l’obtention de cet emploi à la mise sous le boisseau d’un différend politique entre les deux hommes.

Contactés, ni Nicole Joulia ni François Bernardini n’ont retourné nos demandes d’entretien. Ces derniers pourraient être visés par le “détournement de fonds publics” que Philippe Colonna est soupçonné d’avoir recelé.

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Commentaires

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  1. vékiya vékiya

    si maintenant on ne peut plus travailler plus pour gagner plus où allons nous ?

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