La fédération des parents d’élèves des Bouches-du-Rhône FCPE 13 en plein chaos

Enquête
le 26 Mar 2018
8

Dans le département des Bouches-du-Rhône de nombreux adhérents de la fédération de parents d’élèves ne cachent pas leur colère : interdictions bancaires, défaut d’assurance, hiérarchie aux abonnés absents… L’association nage en pleine confusion. Un congrès extraordinaire devrait bientôt se tenir pour assainir la situation.

Photo : DR
Photo : DR

Photo : DR

Que se passe-t-il au sein de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves (FCPE) des Bouches-du-Rhône ? Depuis leur élection, à l’automne dernier, les élus des conseils locaux des écoles, collèges et lycées du département vont de déconvenue en déconvenue : impossibilité d’accéder aux comptes bancaires, organisation administrative chaotique et communication inexistante avec la hiérarchie départementale… La page Facebook où les adhérents faisaient part de leurs questionnements a été désactivée et les locaux de l’association (dans le 13e arrondissement), fermés. Le site internet de la FCPE13 et la boite vocale de Jean-Philippe Garcia l’annoncent toujours président de la FCPE départementale. Ce dernier, pourtant actif dans la sphère politique et volontiers médiatique par le passé, dit avoir “passé la main” à Allan Barbusse, son vice-président. “Depuis 2012, je gère la FCPE en toute indépendance. Là, j’ai pris de nouvelles fonctions professionnelles et le temps me manque”, explique celui qui en mai 2017 avait édité une “profession de foi” en soutien à deux candidats Les républicains aux législatives.

“On est littéralement abandonnés !” Isabelle Bernard, présidente de la section locale de la FCPE à l’école Plan-de-Cuques centre, ne décolère pas. “C’est comme si nous étions un bureau factice. Les parents élus au sein de l’école ne sont même pas connus au national. Cela fait deux ans que rien n’a été mis à jour par les instances départementales.” Comme elle, de nombreux parents se plaignent d’une gouvernance totalement défaillante de l’échelon départemental. “À chaque élection de bureau, la FCPE 13 doit renouveler la police d’assurance et réaliser des procurations afin que les nouveaux élus puissent accéder au compte bancaire dont dispose chaque section dans chaque école, détaille Isabelle Bernard. J’ai contacté M.Garcia, dès octobre 2017 pour obtenir ces papiers. Je l’ai relancé à de très très nombreuses reprises. J’attends toujours… “ Le bureau qu’elle préside n’a donc pas accès à l’argent collecté via les adhésions et les actions des années précédentes. Et la section FCPE de son école n’est pas assurée. “Vous imaginez la catastrophe, s’il arrive quelque chose à un gamin lors d’une animation que nous organisons ?”, s’étrangle la mère de famille.

“Notre crainte ? Qu’il y ait eu des malversations”

Même situation pour Sandra Malerba, nouvelle trésorière de la FCPE de l’école Mazargues-Vaccaro, à Marseille. “Les soucis ont commencé en novembre dernier lorsque j’ai contacté la banque pour obtenir un chéquier. Nous nous sommes alors rendu compte, avec le président du bureau, que nous n’apparaissions pas sur les documents bancaires”, souligne-t-elle. Membre du bureau du lycée Thiers, depuis plusieurs années, Cathy Bellan confirme : “Notre compte chèque est bloqué. Ce que nous dit la FCPE 13, qu’on a énormément de mal à joindre, est en contradiction avec ce que nous dit la FCPE nationale. Nous fonctionnons en autonomie, en bricolant, mais nous restons avec nos adhésions sur les bras et certaines de nos activités sont empêchées.”

À l’école de Plan-de-Cuques comme à celle de Mazargues, dans ce lycée du centre-ville marseillais et dans de nombreux établissements du département, les représentants de la FCPE ont eu une autre surprise fin janvier dernier. Un courrier du Crédit Mutuel leur a appris que la fédération départementale avait ouvert, en plus des habituels comptes à la Banque Populaire (BPPC), des comptes au Crédit Mutuel dont tous ignoraient l’existence. “Et ce courrier nous apprenait que nous étions frappés d’interdit bancaire !”, s’indigne Isabelle Bernard. De son côté, Sandra Malerba indique avoir cherché à obtenir les relevés de deux comptes bancaires, l’ancien et le nouveau, rattachés à son école. Peine perdue : “Pour les avoir, il faut être titulaire. Or le seul titulaire est la FCPE13.” Un autre adhérent formule ses inquiétudes sans détour : “C’est quoi ces comptes ? Une double comptabilité ? Notre crainte, c’est qu’il y ait pu y avoir des malversations…”

Face à la montée de la grogne, Jean-Philippe Garcia plaide la surcharge de travail. “Cette fédération, c’est un truc de fou à gérer. Si les gens qui se plaignent veulent la place qu’ils la prennent !”, s’agace-t-il. Il balaye les suspicions : “L’organisation est défaillante, peut-être. Mais les finances sont saines.” De son côté, Allan Barbusse, le vice-président explique que l’antenne départementale a connu une baisse de financements publics. “Nous n’avons plus les moyens d’avoir deux salariés permanents comme auparavant et nous avons dû fermer nos locaux. Le Conseil départemental a amputé notre subvention annuelle des trois-quarts : nous n’avons touché que 20 000€ l’année dernière, contre 70 000 précédemment “, défend-il. Contacté, le Conseil départemental précise toutefois que l’association a perçu 70 000€ en 2014 au titre de sa subvention annuelle et pour des frais de rénovation ponctuels. Et qu’elle reçoit depuis 2016, 40 000€ annuels de l’institution départementale. Les soucis bancaires ? Allan Barbusse les attribue au choix de la FCPE 13 de basculer tous ses comptes vers un établissement bancaire “plus souple” à utiliser pour les représentants des écoles. En reconnaissant, néanmoins, que ceux-ci n’en ont pas été informés.

Un congrès extraordinaire et un audit

“On est face à une vraie carence de responsabilité de l’équipe en place”, pose une membre du conseil d’administration de la FCPE 13. Depuis le début de l’année scolaire 2017-2018, aucune adhésion n’a été prise en compte dans les Bouches-du-Rhône (elles doivent passer par la case départementale avant d’être validées par le national). “Ce qui veut dire, en clair, que la FCPE 13 compte officiellement aujourd’hui… zéro adhérents”, explicite l’administratrice. Quant au budget 2017, il n’a pas été présenté en Assemblée générale, donc pas approuvé par les administrateurs de l’association.

Le chaos qui règne au sein de la fédération de parents d’élèves est favorisé par des relations franchement tendues entre l’antenne départementale et les instances nationales. “La communication est très dure du fait que nous n’avons pas les mêmes points de vue sur les réformes des rythmes scolaires et des collèges. Et si vous n’êtes pas d’accord avec eux, pour parler crûment, ils vous cassent les couilles… “, lâche Allan Barbusse avant d’ajouter : “Leurs prises de positions pro-socialistes ont entraîné une très importante fuite d’adhérents.”

Voilà qui irrite Liliana Moyano, la présidente nationale de la FCPE. “La politique n’a rien à voir là-dedans ! Conformément à nos statuts, chaque conseil départemental est indépendant, autonome et fonctionne de manière décentralisée. Nous n’avons pas la main sur leur organisation. Les dysfonctionnements de la FCPE13 ne viennent pas du national”, argue celle qui dit ne rien ignorer “d’une situation chaotique” et reconnaît une “rupture de continuité” entre les échelons départemental et national.

Si Liliana Moyano se garde de “faire tout procès”, elle concède néanmoins que la fédération nationale soutient la démarche entreprise par plusieurs administratrices du conseil départemental de la FCPE. Leur ambition ? “Essayer de reconstituer les listes de conseils locaux pour convoquer un congrès extraordinaire. Il faut tout remettre à plat, repartir à zéro”, précise l’une d’elles. Une fois le nouveau bureau élu, “la première urgence sera de demander un audit.” Le congrès extraordinaire pourrait intervenir d’ici à deux mois.

Dans le département, plusieurs administrateurs ont, ces derniers mois, fait le choix de démissionner. Nombreux sont les parents très investis qui, comme Isabelle, Sandra ou Cathy le regrettent :”La FCPE, c’est une association de bénévoles. Ce genre d’affaire rejaillit sur des parents qui payent de leur temps personnel et de leur énergie un engagement progressiste. Ce n’est pas juste pour eux !”

 

 

À nos lecteurs : Conformément aux règles de transparence que nous nous sommes fixées, nous précisions que la journaliste auteure de cet article est adhérente à la FCPE13.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    Lu dans Marsactu le 5 Juin 2017 :

    “Jean-Philippe Garcia – président départemental de la Fédération des conseils de parents d’élèves et ex-militant socialiste – soutient, via des mails à en-tête de l’association, Richard Miron et Yves Moraine.”

    Signaler
  2. Benoit Campion Benoit Campion

    En tant qu’ancien administrateur de la FCPE 13, puis démissionnaire, je ne suis pas du tout étonné à la lecture de cet article.
    Jean-Philippe Garcia est un incompétent (il l’avoue lui même par ses propos), qui n’a pas hésité il y a quelques années à essayer de casser la mobilisation des parents d’élèves dans les écoles de Marseille pour d’obscures motivations politiciennes…
    De même que ses prédécesseurs n’avaient pas hésité à freiner les actions des parents ou signer des accords avec le Conseil Général contre l’avis des Conseils Locaux pour des raisons financières…
    La FCPE 13 est une structure à la dérive, qui d’années en années a été dévoyée par des dirigeants politiciens qui n’ont jamais vraiment défendu les valeurs de la FCPE.
    Il n’y a pas lieu de s’en réjouir, car c’est bien triste. La FCPE était autrefois un bel outil.
    Mais pour les parents d’élèves volontaires, il n’y a qu’une seule alternative : rejoignez le Mouvement des Parents d’Elèves du 13 (MPE 13), comme d’autres l’ont fait avant vous.

    Signaler
    • julijo julijo

      Vraiment tristement d’accord. Fcpe pendant plus de 20 ans… et plus du tout -heureusement- parent d’élèves depuis une dizaine d’années, J’ai assisté à une époque (début des années 2000) ou le CA était dirigé très autoritairement par des PS Guérinistes (qui ont tous obtenus des postes d’éluE régionalE, ou de membres de commissions diverses largement rémunérés) à une lente dégradation des objectifs de cette fédération. Les élèves devenant des accessoires pratiques à un souci de pouvoir et d’une espèce de lobbying très inquiétants, surtout en contradiction notoire avec le but de défense d’une scolarité apaisée de nos enfants.
      C’est triste, dommage et dommageable. c’était un bel outil.
      Là encore à s’approcher trop près du pot de confiture…..on plonge.
      Que sont devenus les caciques de cette époque ????? dans les mêmes oubliettes de l’histoire qu’un guérini ????
      Garcia, c’est un problème, mais la dérive est évidemment antérieure.

      Signaler
  3. Tarama Tarama

    Le MPE 13 a été créé en réaction à toutes ces dérives non ?
    Décidément, rien ne se passe comme ailleurs à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône.

    Signaler
  4. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Cette affaire lamentable m’évoque furieusement celle de la fédération des chasseurs, dont quelques individus se sont servis à des fins éloignées de son objet social. Le “pouvoir”, se résume-t-il à un simple titre de président d’association, rend dingue.

    Signaler
  5. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    Il faut mettre la Fcpe 13 sous tutelle, à l’instar de la fédération du Ps. Logique, puisque cette association est le terrain d’affrontement des socialistes de toutes obédiences (les guerinistes et les autres) depuis des années. Pour preuve les nombreuses procédures judiciaires initiées sans succès (mais avec courage) par Annie Levy Moziconacci pour tenter d’en prendre le contrôle. Résultat : un champ de ruines et une association dissidente, MPE13. Bravo les artistes..

    Signaler
  6. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Le philosophe algérien Malek Bennabi utilisait dans les années 1940 le terme « boulitique » pour évoquer la pratique politicienne de la politique, sans enracinement dans un socle de valeurs éthiques.

    Servir les Autres, essence de l’action politique, devient alors un slogan creux qui cache l’acharnement à mettre la main sur le pouvoir et jouir des privilèges qui vont avec.

    Cet acharnement conduit souvent à la compromission morale et à sacrifier certains principes auxquels on croit, voire au comportement frauduleux, au nom du pragmatisme politique.

    Signaler
  7. marseillais marseillais

    Mais à ce que je sache, Garcia, cet incompétent, avait été placé par Guérini pour vé
    vérouiller cette fédération influente….et qui ne l’est plus

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire