Gaston-Defferre, éternel redoublant du plan de rénovation des collèges du département

Actualité
le 31 Août 2022
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Attendue depuis dix ans, l'installation du collège du 7e arrondissement dans l'ancienne caserne d'Aurelle se précise, mais avec un nouveau délai. L'opération fait figure de caillou dans la chaussure dans l'avancée du plan Charlemagne, qui connaît ses premières grandes inaugurations en cette rentrée.

Si les grues s
Si les grues s'activent pour le projet d'un promoteur privé voisin, le chantier du collège Defferre n'a, lui, toujours pas démarré. (Photo : JV)

Si les grues s'activent pour le projet d'un promoteur privé voisin, le chantier du collège Defferre n'a, lui, toujours pas démarré. (Photo : JV)

Les grues sont là, les murs montent, mais ce n’est qu’un trompe-l’œil. Avenue de la Corse, les promoteurs ont été plus véloces que le conseil départemental. Alors que le projet immobilier pousse déjà, la délocalisation du collège Gaston-Defferre, en bonne place dans les priorités du plan d’ensemble de rénovation des établissements, semble ne jamais devoir démarrer. L’établissement de Saint-Lambert (7e), à l’étroit dans ses locaux actuels, l’attend depuis l’annonce du président (ex-PS) Jean-Noël Guérini en… 2012. Las, si les derniers signaux apparaissaient en vert, après de premières démolitions préalables qui ont permis de faire place nette, la date d’ouverture prévisionnelle est de nouveau repoussée de six mois, pour la rentrée 2025.

Situé sur l’ancienne caserne d’Aurelle, au pied du fort d’Entrecasteaux, monument historique, le projet “a nécessité de nombreux ajustements préalables avec la Ville de Marseille et les services de l’État”, résume la collectivité. Les explications du département attribuent en effet à la municipalité, propriétaire du terrain, une part non négligeable des glissements de calendrier depuis 2020. “Il n’y a aucun délai volontairement rallongé par la Ville”, conteste Mathilde Chaboche, adjointe au maire de Marseille à l’urbanisme, qui s’étonne de cette présentation.

Après quatre ans de retard, “on est près du but”

2021 puis 2023, 2024, 2025… Les enseignants du collège, qui accueille environ 550 élèves, ont déjà vu passer de multiples reports depuis le lancement du concours d’architecture. Nous sommes alors début 2018 et la majorité départementale de Martine Vassal (ex-LR) pose un premier acte concret pour honorer la promesse de son prédécesseur. Il faudra deux ans pour choisir le lauréat et ainsi entrer dans le dur de la conception du futur établissement, calibré pour 720 élèves.

Le collège actuel, situé sur une propriété municipale. (Photo : JV)

Cet été, le dossier a franchi une étape importante avec la validation de l’avant-projet définitif. Cela signifie que les architectes ont tracé le chemin pour un lancement des marchés de travaux avant la fin de l’année. “On est près du but même si on reste vigilants, car il y a eu tellement de retards”, commente Aurélie Pioch-Galibert, membre du collectif des parents d’élèves.

Il faut encore passer l’obstacle de l’archéologie préventive, dans ce périmètre où des vestiges antiques et médiévaux ont déjà été mis au jour. L’Inrap doit rendre fin octobre son diagnostic sur la base des fouilles réalisées cet été. Autre sésame nécessaire, le permis de construire, déposé en avril auprès de la Ville, après l’accord de l’architecte des bâtiments de France. “J’ai émis des avis favorables de la mairie de secteur sur le permis initial et le permis modificatif. J’ai participé en personne à la Commission de sécurité en Préfecture le mardi 23 août, qui a rendu un avis unanime favorable”, précise la maire des 1/7 Sophie Camard (Printemps marseillais). “Le délai légal court jusqu’au 15 novembre, si tout est complet dès le début, ce qui est rare pour ce genre d’établissement important“, commente Mathilde Chaboche. Mais l’élue se dit choquée d’un dépôt du dossier “tout cru, sans présentation préalable auprès de la ville d’accueil. Bien sûr, nous instruisons, mais c’est étonnant pour un projet sur un site emblématique, qui doit faire consensus.”

Deux premiers gros rubans

Ce nouveau délai ternit un peu l’éclat des premières inaugurations du plan Charlemagne. Cinq ans après avoir sonné le cor avec huit chantiers de création, reconstruction ou extension et treize opérations de “rénovation lourde” dans des collèges, Martine Vassal coupera deux rubans avant la fin de l’année. Ce jeudi 1er septembre, un nouvel établissement accueillera ses premières classes de 6e et 5e à Lançon-Provence. Et, après les vacances de la Toussaint, c’est un collège Versailles reconstruit qui attendra les élèves dans le 3e arrondissement marseillais. Dans les deux cas, le montant des travaux dépasse les 25 millions d’euros.

Le nouveau collège Versailles accueillera ses élèves après la Toussaint. L’ancien bâtiment doit toujours être démoli.

À l’image du collège Defferre, ce dernier projet a été repris de l’ère Guérini, pendant laquelle il n’avait pas abouti. Dans ce secteur qui concentre une grande précarité, la majorité départementale a dû composer avec une vigilance acharnée des parents d’élèves et enseignants, inquiets des impacts du chantier sur les conditions d’apprentissage et la santé. La tâche n’est d’ailleurs pas finie, puisque l’ancien bâtiment doit désormais être démoli pour laisser la place à un plateau sportif.

Les derniers budgets départementaux témoignent de cette montée en puissance du plan. Tournant autour des 30 millions d’euros pendant les cinq premières années de la présidence de Martine Vassal, le montant annuel dédié à ces grands travaux dépasse les 50 millions d’euros depuis 2021. Après l’inauguration de chantiers moindres en 2020 (Tarascon, 4,4 millions d’euros) et 2021 (Miramas, 6 millions d’euros), le département annonce l’atterrissage de deux autres avant la fin de l’année et encore deux en 2023. Du côté des reconstructions et extensions, Martigues, Châteauneuf-les-Martigues, Aix et Trets sont promis pour 2024, non sans retard pour certains projets.

Manet rétrograde, Miramas se rajoute

Si les huit gros morceaux de la première phase du plan Charlemagne seraient ainsi livrés, douze opérations de ce type devaient aussi être lancées dans la deuxième phase (entre 2021 et 2027). À Marseille, les premiers échos penchent vers une décélération. La délocalisation d’Édouard-Manet (14e) “envisagée initialement à la demande de l’ANRU, n’a pu aboutir faute de foncier et ne s’avère plus aujourd’hui nécessaire. Le département prévoit sa rénovation”, nous indique-t-on. Du côté de la construction d’un nouveau collège dans le 12e arrondissement, elle “requiert la mise à disposition d’un terrain par la Ville de Marseille qui n’est pas encore concrétisée à ce jour”. Quant à Clair-Soleil (14e), notre demande de précisions n’a pas abouti.

L’année dernière, Martine Vassal a cependant démontré que la liste n’était pas figée : après l’inauguration d’un gymnase au collège de Miramas, elle a annoncé que l’établissement marseillais serait reconstruit et s’est engagée “à tout faire pour assurer une ouverture à la rentrée 2027”.

Actualisation le 31/08 à 10h43 avec la position de Sophie Camard, maire des 1/7

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Commentaires

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  1. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Avant, quand un chantier du département ou de la métropole avait du retard, c’était la faute à pas de chance, à la pluie, à “c’est compliqué” ou, plus rarement, de l’Etat.
    Maintenant quelle aubaine pour les bras cassés de la Vassalie : c’est la faute à la mairie. Le retard du plan trasports ? La faute à la mairie. Le retard du collège Defferre (de 2021 à 2025 tout de même) : la faute à la mairie.
    Vassal devrait remercier le Printemps marseillais d’avoir gagné.

    “Cinq ans après avoir sonné le cor avec huit chantiers de création, reconstruction ou extension et treize opérations de “rénovation lourde” dans des collèges, Martine Vassal coupera deux rubans avant la fin de l’année.”
    Comme d’habitude avec Vassal, c’est tambours, trompettes, effets d’annonce et à la fin pétard mouillé. Sur 21 chantiers inaugurés en 2017, deux ont abouti en 2022. Et pas d’excuse covid en plus : le btp est un des rares secteurs à s’être maintenu en activité.

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  2. Coquelicot Coquelicot

    2012 ?
    Quand mon fils est entré en 6ème, en 2007, on nous a déjà annoncé que le collège qui avait alors 600 élèves bien que construit pour 400, allait bientôt déménager. On a l’espérait pour sa petite soeur 3 ans de moins. Mon fils a fini ses études (bac +5) depuis près de 3 ans et ce n’est toujours pas commencé! Combien de générations d’élèves se sont entassés dans la cours trop petite, relayés dans la cantine exigüe ? Et combien de promo encore ?

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  3. Clément Clément

    Sait-on ce que va devenir l’actuelle collège Gaston Defferre ?
    J’avais entendu parler d’une médiathèque… mais c’était il y a quelques années.

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  4. Clément Clément

    *actuel … 😅

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