Dans la poussière et les gravats, le collège Versailles s’offre une rentrée à haut risque

Actualité
le 2 Sep 2019
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Après 15 ans d'attente, le collège Versailles entre enfin en chantier. Mais les enseignants continuent de militer pour que l'établissement soit délocalisé durant les trois ans de travaux. Ils pointent en particulier le risque amiante qui pourrait être présente dans les poussières de chantier.

Dans la poussière et les gravats, le collège Versailles s’offre une rentrée à haut risque
Dans la poussière et les gravats, le collège Versailles s’offre une rentrée à haut risque

Dans la poussière et les gravats, le collège Versailles s’offre une rentrée à haut risque

L’impasse s’entrouvre, rue de Versailles. Le mur surmonté d’une lourde grille qui fermait cette voie décatie du 3e arrondissement a laissé place à une barrière de chantier et un champ de gravats que vont découvrir ce lundi les élèves du collège Versailles. Après 15 ans d’attente, celui-ci entre enfin en phase de travaux. Une perspective qui est loin de réjouir l’équipe éducative qui milite depuis des mois pour que le collège soit entièrement délocalisé durant les trois années de ce chantier (lire notre article).

Maître d’ouvrage de cette démolition-reconstruction, le conseil départemental a écarté toute délocalisation lors d’une réunion en préfecture fin juillet. Ses services rappellent que la présidente du département, Martine Vassal est venue présenter le projet trois fois au collège sans rencontrer d’opposition avant le début de l’année.

Depuis les engins de chantier ont démarré leur ballet, soulevant une poussière envahissante qui couvre la cour réduite de 30%. “Même dans les couloirs et les salles du bâtiment principal, les personnels s’acharnent à tout nettoyer d’ici la rentrée, mais ce n’est pas gagné”, peste Sophie Biétrix, prof de sciences de la vie et de la terre.

“Même avec un micro, on ne s’entend pas”

Sans parler du bruit du chantier qui va venir s’ajouter au ronron continu de l’autoroute A7 sur laquelle les collégiens ont une vue imprenable. “Vendredi, à la réunion de pré-rentrée, il a fallu fermer les fenêtres, reprend l’enseignante. Même avec un micro, on ne s’entend pas.” Une perspective qui ne réjouit personne alors que l’été ne veut rien céder au rafraîchissement automnal.

Mais ce ne sont pas le bruit et les poussières qui inquiètent le plus les enseignants mobilisés mais ce que ces dernières contiennent. En effet, la présence d’amiante a été diagnostiquée dans plusieurs bâtiments du collège, aux dires des enseignants. Notamment ceux qui ont été récemment détruits, dont les vestiges subsistent sous forme de gravats, en tas ou en champ, comme à l’entrée du collège où plusieurs centaines d’élèves vont passer ce lundi. Pour le département, ces gravats ont vocation a être confinés dans une zone de chantier inaccessible aux élèves. Il précise d’ailleurs que le seul bâtiment détruit à ce jour ne contenait pas d’amiante. Cela n’est pas le cas aujourd’hui. Les barrières étant très facilement franchissables.

“Nous avons eu une réunion de suivi de chantier, début juillet, qui ne nous a absolument pas rassurés sur la manière dont ils allaient prendre en compte le risque amiante, souligne Jeanne Robert, professeur de lettres classiques qui y assistait. On nous a affirmé que les poussières soulevées par le chantier feraient l’objet d’un arrosage et que les jours de mistral, le chantier serait mis à l’arrêt”. Une solution qui fait rire jaune les enseignants.

De l’amiante dans les poussières ?

“Le problème est qu’il se base sur un rapport d’expertise basé sur 60 prélèvements. Pour nous, c’est nettement insuffisant”, reprend la latiniste, qui estime que les entreprises en charge du chantier ne respectent pas les procédures en vigueur en matière de prévention. En effet, le collège est organisé en plusieurs bâtiments, dont plusieurs préfabriqués qui accueillent personnels et élèves.

“Même si on nous dit qu’il s’agit d’amiante inerte comme le fibro-ciment, au moment de la démolition, il y aura forcément des fibres d’amiante dans l’air”, estime Georges Pitois, professeur d’anglais. Or, les premiers travaux de démolition se sont déroulés sans même que les riverains soient prévenus de la teneur du chantier. “Là encore, le département avait évoqué une étude d’impact du chantier sur les immeubles qui l’entourent et, à notre connaissance, rien n’a été fait”, souligne l’enseignant.

Mobilisation à venir

Du côté du département, on assure que tout a été réalisé dans le respect de la réglementation amiante. “Le département a fait établir des diagnostics en 2008, 2014 et de nouveau en 2019“, indique-t-on en soulignant par ailleurs qu’un plan de désamiantage et une étude des sols seront soumis aux autorités compétentes. “Là aussi, sera pleinement garantie la sécurité sanitaire des personnels exécutant les travaux, et  a fortiori de ceux situés à l’extérieur du périmètre des travaux :  les élèves, la communauté éducative et, bien sûr, les riverains”.

Le rectorat, quant à lui, reconnaît les difficultés attendues par les enseignants et les élèves. “Côté Éducation nationale, nous avons tout fait pour maintenir les effectifs et éviter que les classes soient surchargées, maintient Dominique Beck, le directeur académique. Côté bâtimentaire, le conseil départemental nous assure, études à l’appui, que les conditions sont réunies pour que les élèves et les enseignants soient accueillis dans de bonnes conditions malgré les travaux. Je ne dis pas que ça sera facile, mais les conditions de sécurité sont réunies“.

Une affirmation qui ne convainc pas l’équipe enseignante qui ne désarme pas. “Nous allons commencé par informer nos collègues enseignants qui arrivent, reconnaît Sophie Biétrix. Il faut aussi sensibiliser les parents dont une partie découvre l’établissement.” Cela pourrait déboucher sur de nouvelles mobilisations. Une nouvelle réunion de suivi de chantier est prévue dès la semaine de la rentrée. Et face au risque amiante et au silence de leur hiérarchie, les enseignants ont pris contact avec un cabinet d’avocats spécialisés pour une éventuelle riposte juridique.

Actualisation le 2 septembre 2019 à 16 h 08 : précision sur l’absence d’amiante dans le seul bâtiment détruit.

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Commentaires

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  1. Lecteur Electeur Lecteur Electeur

    La gestion de ce chantier par Mme Vassal, présidente du Conseil général, préfigure la gestion qui sera la sienne à la Ville de Marseille si elle est élue : des études qui nient la réalité et des pseudos réunions de concertation.

    C’est du Gaudin du pareil au même avec peut être de nouveaux alliés LREM.

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  2. ALAIN B ALAIN B

    Mme VASSAL confond volontairement le désir de tous de la reconstruction du collège avec le désir de tous (un conseil d’établissement a voté à l’unanimité la délocalisation des élèves pendant les travaux) de délocaliser les élèves
    A cette rentrée ce matin on sentait l’inquiétude des enseignants sur le danger et le bruit des travaux et du danger de l’amiante

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  3. leravidemilo leravidemilo

    Le gestion de cette affaire par la Madame Vassal, présidente du C.D, comme par le ministère de l’éducation dite “nationale” (qui joue au ponce pilate grâce aux lois Deferre de décentralisation) témoigne bien de sa filiation directe à Gaudin, et elle réussit même à faire pire!. Aucune excuse, ni l’urgence d’un effondrement, ni même celle de la pluie…. pour un chantier attendu/ annoncé depuis plus d”une décennie.
    Si l’on veut bien se donner la peine d’aller voir in situ les conditions d’études (hors chantier) que subissent les élèves de ce collège, on ne peut que constater à quel point ces enfants font, très précocement, connaissance avec des conditions cumulées et massives, et combien explicites, de ségrégation et de relégation sociales et spatiales . La seule décision de reconstruire ce collège sur le même site relève d’ailleurs de la pure infamie, les études aujourd’hui existantes, sur les effets de l’autoroute, dans une telle proximité, étant sans appel… Rajouter à cela trois ans de chantier et de ses effets délétères est un comble; le risque amiante une cerise sur gâteau bien pourri!
    Les solutions alternatives proposées par les parents d’élèves et, au moins une partie, du corps enseignant, ont été repoussée dans des semblants de concertation, sans aucun argument plausible ni crédible (notamment pour celles concernant les casernes de la belle de mai, dont il y a très fort à parier que la démolition n’aura pas commencé lors de l’achèvement du chantier.)
    Ces enfants auront bien entendu droit aux mêmes cours d’instruction civique que ceux de Monticelli ou d’autres quartiers sud, et seront d’ici quelque temps sollicité de la même manière sur les devoirs, la civilité, et autres sursauts dominicaux, électoraux, et néanmoins républicains, mais c’est peine perdue, et s’avèrera tout aussi efficace que l’apprentissage de “nos ancêtres les gaulois” aux enfants camerounais ou sénégalais durant le début du 20ème siècle; Comment voulez vous que ce cours puisse prévaloir de quelque sorte sur l’expérience éducative pleine et entière qu’ils vivent en terme de discrimination, de ségrégation… d’autant qu’ils continuent à la vivre , en rentrant dans les improbables appartements qui leur servent de “maison”. Outre l’injustice sociale totale et massive qui est leur pain quotidien, et celui de cette ville, comment voulez vous faire cité, former des citoyens (ha la belle mission) dans de telle conditions.
    Ceux qui crèchant ou nichant ailleurs, ne se sentiraient pas concernés on bien tort; Les injustices touchant à la formation sont, par nature, les plus durables et les plus couteuses pour une société. Notre pays, dans lequel vivront leur propres enfants, payera cela très cher, et il est bien sur que Marseille payera bien plus cher encore; ce n’est que justice!
    Il est plus que temps de renvoyer Vassal, Blanquer, les gaudinesques et Micronnniennes équipes à …leurs (très) chères études, que nous avons financés en tant que contribuables… ( Je veux bien modérer cette dernières phrases si on me dit qu’un communiqué outré et dénonciateur des quatre députés en marche qui parcourent Marseille, a échappé à ma sagacité! Mais que fait … , je ne me souviens plus de son nom et ne veux pas l’écorcher- son nom- le “député qui comprend les quartiers nords?).

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  4. Alceste. Alceste.

    Bizarre à Provence ou Lacordaire il n’y a pas ce genre de problème. Le hasard sans doutes.

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  5. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    Certes et par ailleurs la dame Vassal a trouvé 1M/€ (nos sous ) pour permettre à ses clients de planter des tomates à St Victoret Les gaudinistes ont comme toujours la notion des priorités et le sens de l’interét général !

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