Financement du plan cinéma de Marseille en grand : gros sous et petites radineries

Décryptage
le 29 Fév 2024
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Le financement par les collectivités de l'école CinéFabrique et de l'antenne marseillaise de la cinémathèque a donné lieu à des échanges acides lors d'un comité de pilotage en préfecture. Montrant qu'il y a parfois loin entre les discours où virevoltent les millions et la signature du chèque.

Signature du protocole d
Signature du protocole d'accord entre les collectivités locales et l'Etat, en présence de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, pour le développement de la filière cinéma à Marseille dans le cadre du plan "Marseille en grand", le 9 janvier 2023. (Photo C.By.)

Signature du protocole d'accord entre les collectivités locales et l'Etat, en présence de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, pour le développement de la filière cinéma à Marseille dans le cadre du plan "Marseille en grand", le 9 janvier 2023. (Photo C.By.)

Rencontre au sommet ce jeudi 29 février. Martine Vassal, présidente (divers-droite) d’Aix Marseille Provence métropole ainsi que du département des Bouches-du-Rhône et Benoît Payan, maire (divers-gauche) de Marseille doivent se voir. Le rendez-vous fait suite à la copieuse passe d’armes entre eux lors du conseil municipal du 16 février dernier, autour des dotations du département pour Marseille au titre de l’aide aux communes. Montant de l’enveloppe agitée par Martine Vassal ? Deux cents millions d’euros. Des gros sous, donc. Mais ces montants, substantiels, n’écartent pas pour autant la tentation de petits pinaillages.

Illustration de cet esprit boutiquier : le 31 janvier dernier se tient le comité de pilotage qui doit décortiquer l’avancée des projets du volet cinéma du plan Marseille en grand. Les ambitions présidentielles en matière de filière audiovisuelle – dévoilées lors du discours prononcé par Emmanuel Macron, le 2 septembre 2021 – doivent notamment prendre la forme de la création d’une école CinéFabrique, sur le modèle de celle de Lyon, et d’une antenne de la cinémathèque française, à Marseille.

Le 31 janvier, donc, les différents partenaires locaux et l’État font un point sur ces projets. Des mois durant, les collectivités – région, département, métropole et Ville – ont affiché, dans un bel unisson, leur désir de voir émerger ces initiatives. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur, surtout. Qui, avec force tambours et trompettes, se pose alors en chef de file dans l’éclosion de cette “cité régionale et méditerranéenne du cinéma”. Installée au Dock des Suds, moyennant un coût d’investissement de 59 millions d’euros, la CinéFabrique et la cinémathèque y trouveraient leur place.

La métropole et le département à reculons

Mais ce 31 janvier, patatras !, ça s’écharpe un brin autour de la table en préfecture. “Ce comité a montré un engagement faible de la part de la métropole et du département dans les montants accordés au fonctionnement de CinéFabrique notamment”, assure Jean-Marc Coppola, adjoint (PCF) au maire de Marseille, chargé de la culture. Pour les investissements, après plusieurs mois de flou, le tour de table semble relativement bouclé. Selon le protocole d’accord signé en janvier 2023 lors de la venue de Rima Abdul Malak, ministre de la Culture d’alors, les quelque 60 millions du projet seront portés par l’État pour 20 millions. La région devrait débourser 13 millions auxquels se greffera l’achat du foncier du Dock des suds, et les autres collectivités autour de six millions chacune.

Mais une fois cet équipement sorti de terre, au mieux fin 2028, il conviendra ensuite de le faire fonctionner. C’est donc là que le bât blesse. Selon Jean-Marc Coppola, les deux collectivités présidées par Martine Vassal “ne respectent pas le protocole signé début 2023”. La réunion du 31 janvier, en présence du préfet et de représentants du Centre national du cinéma (CNC), a tourné à l’aigre sur les subventions accordées à compter de 2026 au plus tard, en termes de fonctionnement.

Pour tourner, l’école CinéFabrique et la cinémathèque devraient percevoir annuellement 100 000 euros et 250 000 euros de la part de la Ville, et tablaient sur des sommes d’ordre similaire du département et de la métropole. Or les mises de départ avancées lors de ladite réunion se sont avérées plus faibles. Autour de 30 000 euros, pour CinéFabrique, confirment plusieurs sources. 

“Faut y aller, car c’est soutenu par le président”

Pas de gros sous, donc. Mais des sommes qui, même modestes, au regard des budgets des collectivités engagées, donnent lieu à de petits bras de fer. Se joue là un énième épisode de la réticence de la métropole et du département à financer des projets dont le portage politique est municipal, en contradiction avec les effets de manches dans les hémicycles locaux. “La cinémathèque ça va profiter à la Ville et CinéFabrique se rattache à une compétence régionale [la formation ndlr], donc il n’y rien de surprenant au fait qu’on ne soit pas leader là-dessus”, peste l’entourage de Martine Vassal, pour expliquer ce financement à reculons. Et d’embrayer : “Ce n’est pas parce qu’un projet se fait sur un territoire que toutes les collectivités doivent mettre la main au portefeuille. Il faut regarder ce que chacun fait. La Ville de Marseille participe-t-elle en fonctionnement au nouveau tramway ? Non.”

Une source reconnaît des échanges serrés. Mais tempère : “Rien ne s’est dit qui viendrait remettre en cause une issue positive, rien qui n’entraverait la bonne marche du projet”. Reste que la séquence révèle aussi une forme de tiédeur à payer pour un plan conceptualisé au national, tout en haut de la pyramide, sans véritable discussion préalable avec les acteurs locaux. “Ça a un peu un côté : il faut y aller et faire vite, car c’est soutenu par le président. Or les budgets semblent bouclés un peu au doigt mouillé”, regrette un observateur.

“Il faut consolider la filière cinéma, ce sera bénéfique pour tout le territoire”, martèle Jean-Marc Coppola qui veut croire que les échanges du 31 janvier feront évoluer la situation. “Les discussions sont encore en cours, tout cela est évolutif. Sur le fonctionnement, on ira au maximum que l’on pourra”, promet-on du côté de Martine Vassal. Est-ce que Benoît Payan et Martine Vassal évoqueront le dossier lors de leur rencontre d’aujourd’hui ? Peu de chance. Il y a tant d’autres sujets qui fâchent.

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Commentaires

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  1. Moaàa Moaàa

    Le but de vassal est de nuire à la ville à tous les niveaux et uniquement par intérêt électoraliste, c’est flagrant, si elle avait un temps soi peu de l’égard pour les marseillais et marseille les rues seraient pavées d’or. Elle et muselier utilisent l’argent public comme si c’était leur argent, quelqu’un peut leur expliquer ?

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    La bêtise de l’argumentation de Mme Vassal atteint des sommets qui semblaient inaccessibles à l’être humain. “La Ville de Marseille participe-t-elle en fonctionnement au nouveau tramway ?”, feint-elle de demander. Mais, Martine, l’autorité organisatrice qui finance les transports est, et est exclusivement, la métropole : c’est la loi. Que viendrait y faire la ville, qui n’a aucune compétence en cette matière ?

    Franchement, on n’a pas le cul sorti des ronces avec de tels branquignols au plus haut niveau. Évidemment, c’est plus facile de faire le procès de la ville de Marseille que de demander aux petits maires de renoncer aux versements indus qui leur sont faits au détriment des projets métropolitains : quand on a acheté son élection, on est un peu faible politiquement.

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Oui, Marseille participe au fonctionnement du nouveau tramway par les cotisations foncières de ses entreprises et de ses habitants perçues par la Métropole (comme toutes les autres municipalités).

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  3. Félix WEYGAND Félix WEYGAND

    Le problème de cet article c’est que l’on cite bien JM Coppola, qui peut donc confirmer ou corriger les citations de ses propos, mais l’autre protagoniste “l’entourage de Martine Vassal”, on ne sait pas qui c’est. Peut-être que des éléments provenant du représentant de Martine Vassal à cette réunion auraient été bienvenus… Il me semble bien que le M. Cinéma de la Métropole c’est le Maire de Martigues et VP de la Métropole, Gaby Charroux, lui aussi membre du PCF comme JM Coppola. Que dit-il lui ?

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  4. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    “La Ville de Marseille participe-t-elle en fonctionnement au nouveau tramway ? Non”
    Ben dans ce cas que la Métropole renonce à sa prorogatives en matière de transport…
    Vassal et ses zouz sont d’une nullité abyssale

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      prérogative*

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  5. MarsKaa MarsKaa

    C’est consternant. Le discours de l’entourage de Vassal est d’une bêtise crasse. Pendant ce temps, les acteurs de la filière cinéma attendent… les marseillais, sur ce sujet comme sur d’autres, désespèrent, se résignent. Ou croient sur parole ces petites phrases debiles.

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  6. Alceste. Alceste.

    Je viens de regarder le site cinefabrique, Lyon a encore 10 années d’avance sur Marseille, soit disant seconde ville de France.

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  7. julijo julijo

    ils sont impressionnants, vassal, ses copains, muselier et les siens….
    cela fait maintenant environ 3 à 4 mois, qu’ils ont décidé de taper sur marseille, et le printemps marseillais, et ils n’arrêtent pas, sans aucune décence, ni bon sens. on peut comprendre le début de cette campagne (électorale) mais tant de bétise est sidérant.

    par contre, je trouve dommage que la mairie ne communique pas davantage sur ces sujets.
    je trouve toujours autour de moi des gens qui déclarent : la ville est sale, c’est la mairie, les poubelles, c’est la mairie, les transports, c’est la mairie !! or, ce n’est pas réellement la mairie !
    mairie qui n’est pas exempte de responsabilités, mais quand même !

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    • Alceste. Alceste.

      Vous êtes dans le vrai, mais quand même, comment se fait t’il que le maire de la deuxième ville de France ou du moins présentée comme telle ,ne génére pas plus de respect à son égard.
      Avouez qu’il y a un léger soucis.

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Cher Alceste, c’est un argument ni valable ni même valide. Quel respect pour Madame Vassal et pour Monsieur Muselier, autocrates au petit pied et girouettes politiques, dont le but est surtout de chercher à exister par des coups politiques et des déclarations tonitruantes?

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