Face aux appétits de deux milliardaires, les salariés de La Provence veulent être entendus

Actualité
le 27 Jan 2022
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Rodolphe Saadé (CMA-CGM) et Xavier Niel (Free) se livrent une bataille pour la reprise du quotidien régional, bataille dont les salariés se sentent exclus. Leurs représentants souhaitent une prise en compte des critères sociaux dans le choix du vainqueur.

Dans la salle des rotatives de La Provence. (Photo : JML)
Dans la salle des rotatives de La Provence. (Photo : JML)

Dans la salle des rotatives de La Provence. (Photo : JML)

Ils ont choisi les rotatives du journal pour se présenter face au reste de la presse locale. Les représentants des salariés de La Provence ont tenu une conférence de presse mercredi 26 janvier pour dénoncer les conditions de désignation du nouveau patron du groupe, qui englobe aussi Corse-matin. Depuis le décès de l’ancien actionnaire majoritaire Bernard Tapie à l’automne, les 89 % de l’entreprise que détenait l’homme d’affaires via sa société GBT sont à vendre et aiguisent les appétits.

Deux milliardaires, le patron de Free Xavier Niel déjà actionnaire minoritaire d’un côté et Rodolphe Saadé, le patron de la CMA-CGM de l’autre, ont déposé une offre en novembre dernier. Une compétition dont les salariés se sentent exclus, ont tenu à rappeler leurs porte-parole. “Les gens sont inquiets pour leur avenir. Donnez-nous accès aux offres pour que les salariés puissent se prononcer par un vote !”, implore le secrétaire du comité social et économique de la régie publicitaire Jean-Paul Frauziol. Tous ses collègues présents sont sur la même longueur d’ondes et ont mandaté leurs avocats pour obtenir en justice communication des écrits des deux candidats. Depuis des mois, ils naviguent à vue et souhaitent que cela cesse. La procédure du tribunal de commerce de Bobigny qui doit attribuer les parts de la société GBT, elle-même en liquidation, a connu plusieurs calendriers. L’ouverture des offres des deux candidats un temps attendue mi-décembre n’est toujours pas placée sur le calendrier.

Vers une nouvelle procédure ?

Pour de nombreux acteurs du dossier, celle-ci pourrait même n’avoir jamais lieu puisqu’un nouvel appel à candidatures pourrait être lancé dans les jours qui viennent. Alors, les salariés ont planché pour ajouter à la balance économique des critères sociaux et ont établi leur cahier des charges. “Nous demandons des garanties en termes d’emploi et d’amélioration des acquis sociaux”, explique Pascale Brand, la nouvelle avocate du CSE de La Provence.

Reste que la procédure est juridiquement très encadrée et les salariés doivent encore faire admettre qu’il ne s’agit pas de vendre un actif comme un autre mais bien de décider de l’avenir d’un groupe de 800 salariés environ. “Si on applique le gré à gré, à la limite, cela peut quasiment être mis aux enchères. Or, on parle d’une entreprise particulière, La Provence, c’est un pilier régional, et ça ne peut pas se passer comme ça”, veut convaincre Pascale Brand qui confirme qu’il s’agit bien de “peser sur la teneur des offres elles-mêmes”.

Risque d'”explosion sociale”

Cette modalité serait clairement contraire aux intérêts de Xavier Niel, que Bernard Tapie voulait comme successeur, a rappelé son fils Stéphane, administrateur de La Provence, dans La Marseillaise. Le patron de Free souhaite depuis le début utiliser ses droits d’actionnaire minoritaire pour récupérer à prix minime les parts qui lui manquent. L’option a été mise à mal par le tribunal de commerce de Marseille qui a suspendu son principal levier, le droit d’agrément, au début du mois. Mais le magnat des télécoms contestera cette décision devant la cour d’appel d’Aix le 28 mars, comme l’a révélé Le Monde.

Ce nouveau rendez-vous judiciaire ajoute encore du flou sur le calendrier. Dans ce contexte, les ouvriers du livre de la Filpac-CGT ont indiqué vouloir “essayer de rencontrer le président lors de sa venue en février”. Le symbole d’un risque d’“explosion sociale” évoqué par Pascale Brand dans un journal depuis longtemps sous cloche. “Il n’y a d’investissement dans rien, cingle Carole Barletta du Syndicat national des journalistes. Le virage internet n’a pas été pris. Il y a en fait une inertie depuis que l’actionnaire principal [GBT, ndlr] est arrivé.” C’était il y a neuf ans.

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Commentaires

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  1. TINO TINO

    La féodalité moderne. Le salarié de l’entreprise n’est qu’un bien meuble donc sans voix au chapitre au même titre qu’une rotative. Alors une petite jacquerie pour mettre un peu de bon sens dans la cervelle du seigneur ???

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    • Patafanari Patafanari

      Huit cents salariés environ…Le saigneur quel qu’il soit, va faire un bain de sang.

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  2. Marc13016 Marc13016

    Le tribunal de commerce doit choisir un repreneur …
    Les 2 candidats ont une offre à formuler …
    Les salariés doivent être consultés …
    Et si les lecteurs de La Provence avaient également leur mot à dire ?!
    Moi, si il y a une émission d’action pour recapitaliser notre bonne vieille feuille, j’en achète.
    ça me donnera l’impression de lire “mon” journal !

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