Sauvée de la liquidation, La Marseillaise change de patron

Actualité
le 12 Nov 2018
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Les dirigeants du journal ont cédé les manettes fin septembre à Jean-Marc Béhar, dont le Groupe Médias a apporté 1 million d'euros pour son sauvetage. Une nouvelle gouvernance, associant aussi les Amis de La Marseillaise pourrait voir le jour, sous réserve d'une approbation du promoteur Quartus, lui aussi rentré au capital.

Sauvée de la liquidation, La Marseillaise change de patron
Sauvée de la liquidation, La Marseillaise change de patron

Sauvée de la liquidation, La Marseillaise change de patron

Elle a eu pour président Pierre Dharréville, alors secrétaire départemental du Parti communiste, aujourd’hui député. Ancien journaliste, c’est lui qui incarnait l’offre de reprise du journal, portée en avril 2015 par les Éditions des fédérés et acceptée par le tribunal de commerce. Puis La Marseillaise a vu arriver deux dirigeants, Alain Hayot et Audrey Garino, eux aussi encartés au PCF, lorsque le “patron” est parti en campagne législative. Depuis fin septembre, le journal a un nouveau PDG, Jean-Marc Béhar, patron du Groupe Médias.

Comme le détaillait Marsactu en mai, les fondateurs des Fédérés ont progressivement laissé la main sur le capital, dont plus de la moitié est désormais détenue par deux associés : le Groupe Médias et le promoteur Quartus. Interrogé par Marsactu, Alain Hayot, souligne que son départ est “avant tout une décision personnelle” mais fait le lien avec le nouvel actionnariat :

On m’a confié une mission il y a un peu plus d’1 an, celle de contribuer à sortir La Marseillaise du redressement. Je l’ai fait, avec un nouvel actionnariat qui est celui que j’ai mis en place. Je n’ai pas vocation à être président d’une société de presse, et c’est l’actionnaire de référence qui assez logiquement prend la suite.

Jean-Marc Béhar PDG de La Marseillaise, c’est une “suite logique”, abonde Émilie Parente, secrétaire du syndicat CGT des personnels, qui “ne considère pas cela comme un rachat”. Le Groupe Médias, “c’est lui qui a apporté le fameux million qui nous a permis de sortir du redressement. Jean-Marc Béhar a participé à toutes les dernières audiences du redressement judiciaire. Le projet présenté à la barre du tribunal, c’est le projet qu’il met en œuvre.”

Une agence de communication liée au PCF

Pour autant, comme son nom ne l’indique pas, le Groupe Médias n’est pas un groupe de presse, mais “un petit groupe de communication (…) qui œuvre dans les domaines de la régie publicitaire, de l’événementiel et du conseil en communication”, comme le définit Jean-Marc Béhar, dans un entretien paru fin octobre dans les pages de son journal. “J’ai commencé ma carrière professionnelle comme journaliste localier dans un hebdomadaire régional que j’ai eu ensuite l’honneur de diriger. Je connais bien les problématique de la presse”, glisse-t-il toutefois dans ce qui fait figure d’annonce publique.

Il faudra s’en contenter, car il a décliné notre demande d’entretien. À cette présentation, on ajoutera que la filiation avec le PCF est préservée. Le Groupe Médias travaille avec plusieurs collectivités dirigées par le parti, dont il emploie plusieurs élus ou anciens élus.

Malgré ce changement de majorité, “c’est toujours La Marseillaise indépendante que l’on connaît, qui ne dépend pas des puissances financières, avec une rédaction indépendante”, maintient Alain Hayot, qui souligne la part importante du capital détenue par l’association des Amis de La Marseillaise.

Un directoire pour l’an 3 des Fédérés ?

Selon nos informations, celle-ci devrait même participer à la nouvelle gouvernance, qui doit prendre la forme d’un directoire, pour la gestion opérationnelle, contrôlé par un conseil de surveillance, pour les grandes orientations. “Notre souci majeur, c’est de sauver le journal, c’est le renouvellement des adhésions à l’association, c’est la campagne de financement participatif, c’est le passage devant le tribunal le 21 novembre. Tout cela capte beaucoup plus notre attention que la répartition des parts ou la gouvernance”, nous a éconduit son président Serge Baroni.

Problème, “cette forme de gouvernance ne convient pas dans l’état au nouvel associé Quartus”, apprend-on dans le procès-verbal d’assemblée générale au cours de laquelle Jean-Marc Béhar a été nommé président. Contacté, le promoteur a refusé de commenter l’affaire. “Nous n’avons pas à nous exprimer sur la gouvernance du journal et n’avons pas vocation à influencer la ligne directrice de ce dernier de quelque manière que ce soit.”

Dans un communiqué démentant un article de La Lettre A sur son entrée au capital de Nice-Matin, motivée par un intérêt pour son patrimoine immobilier, il livre cependant une piste : “La réhabilitation du siège de La Marseillaise passait par une prise de participation compte tenu de la situation juridique de ce bien immobilier”, est-il précisé. Dit autrement, le promoteur ne serait là que pour une opération immobilière et ne souhaite donc pas s’impliquer dans la gouvernance ?

De ce point de vue, la prise en main de l’immeuble historique du cours d’Estienne d’Orves par Quartus, qui souhaite y implanter son propre siège, est plutôt bien accueillie par les salariés. Le journal conservera en effet des locaux, à la mesure de son équipe actuelle, qui a fondu au fil des années de plus de 200 salariés à une cinquantaine. “Les travaux ont commencé, nous allons bénéficier de locaux plus sympas, de nouveau matériel informatique”, se félicite Émilie Parente. Dans un communiqué, son syndicat et le Filpac-CGT renouvelle toutefois sa vigilance sur “les engagements pris par les directions successives depuis la reprise du journal par les éditions des Fédérés et notamment la poursuite du rattrapage salarial pour tous”. De son côté, Serge Baroni pose un unique garde-fou à Jean-Marc Béhar : “le respect de la ligne éditoriale”.

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Commentaires

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  1. Savon Savon

    Si ça pouvait redevenir un vrai journal tant qu’on y est. La presse à scandale, c’est pas ce qui manque…

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    • Germanicus33 Germanicus33

      C’est un bon journal avec des chroniques culturelles et régionales d’un bon niveau.
      Le drame de la rue d’Aubagne est en effet un sacandale, et il fallait en parler n’en déplaise au maire…

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  2. Nona Nona

    Quand on dynamite les fondations et qu’on vend son âme au diable, ne reste que les “rats” affamés prêts à tout pour défendre un bout de gras. De plus, ceux qui, avertis de la situation prévisible pourtant, osent faire miroiter aujourd’hui le rattrapage salarial, sont les mêmes qui l’ont dénoncé il y a peu. C’est un “ventre creux de l’information” qui n’est plus une presse, mais un “pressoir humain”…

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  3. Tarama Tarama

    Vendre son siège, vendre son âme, se vendre à un promoteur, pour bénéficier de “locaux plus sympas”.

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  4. barbapapa barbapapa

    Il ne faut pas se leurrer, le patron éditorial est toujours le même, place du Colonel Fabien. Le promoteur est là pour faire du blé, et le groupe Médias se remboursera avec l’argent du concours de boules, des annonces légales, et de la pub des mairies PC, de la Région, du Conseil départemental et de la métropole.

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    • ALAIN B ALAIN B

      Si cela suffisait pour le financement le journal La Marseillaise aurait pu continuer sans capital supplémentaire
      Le problème c’est comment un journal comme la Marseillaise et même le Provencal peuvent vivre de la vente, aujourd’hui tout le monde connait les nouvelles par les médias le soir même
      Bon courage

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  5. Germanicus33 Germanicus33

    L’essentiel est d’éviter d’avoir un Tapie comme principal actionnaire !
    Il faut que la Marseillaise conserve ses locaux en pleine ville, avec une diffusion plus large, d’ailleurs en progrès grâce aux Amis de la Marseillaise entre autres…
    Le Mondial à pétanque est une énorme machine qui joue en faveur du titre !
    Espérons que Monsieur Béhar fasse ravaler cette belle façade contemporaine des Arcenaulx, et bonne continuation à ce journal indépendant dans lequel la place à la culture est remarquable.

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