Roucas blanc, les premiers pins sont tombés aux Alpilles

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le 14 Mar 2013
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Roucas blanc, les premiers pins sont tombés aux Alpilles
Roucas blanc, les premiers pins sont tombés aux Alpilles

Roucas blanc, les premiers pins sont tombés aux Alpilles

De prime abord, une résidence haut de gamme sur la corniche. A l'entrée, trois panneaux blancs sont accrochés sur la grille. En s'approchant, on lit : "Autorisation de défrichement d'un bois d'une collectivité". Tout en haut de la colline, au début de la pinède, des tractopelles s'activent sur une parcelle en triangle.

Les travaux ont commencé il y a dix jours, les barrières de sécurité installées hier. Depuis, la centaine de pins présents sur le terrain de trois hectares ont été abattus. Une dizaine de copropriétaires déplore la scène. Ils regrettent le temps où la mairie de Marseille était encore propriétaire de la parcelle incluse ce périmètre privé. Parmi eux, une femme d'une cinquantaine d'années, coupe au carré et manteau de fourrure constate par la fenêtre de sa Mini Cooper l'ampleur du chantier. Son appartement donne sur la parcelle concernée. Fini la double vue mer/pinède.

Vue imprenable

"Ils ont abattu des pins en pleine santé", lui dit sa voisine, dans la voiture et dans la vie. "Heureusement qu'ils nous ont laissé les trois oliviers comme prévu" répond alors la conductrice. Ni l'une ni l'autre ne voudra donner son nom, "de peur des menaces". Pendant ce temps-là, les engins de chantier chargent et déchargent des tonnes de gravats, tentant de rendre le terrain un peu moins pentu. Ils empruntent la petite route habituellement d'autant plus tranquille qu'elle est gardée par la grille en contrebas.

Le sort de la végétation préoccupe également les élus Europe Ecologie les Verts qui avaient fait le déplacement pour la cause. "Ce problème d'abattage des arbres concerne toute la corniche, si l'on ne laisse pas les arbres, tout va s'effondrer"  faute de végétation pour retenir les sols, s'insurge Nicole Hugon, conseillère municipale EELV. Elle compte bien surveiller de près le respect à la lettre des permis de construire qu'elle considère déjà bien trop permissifs. Sébastien Barles, autre élu écologiste était également de la bataille au nom du collectif des Gabians.

Les copropriétaires présents, environ une dizaine, font part de leur désarroi. André Dahan, qui dirige le collectif, montre des signes évidents d'inquiétude mais se montre évasif une fois devant les caméras. "On se pose des questions sur les autorisations des travaux" explique-t-il, "nous avons observé plusieurs irrégularités". Quelle coïncidence, Nexity avait justement dépêché un huissier ce jour pour effectuer une visite de chantier, et surveiller que les "manifestants" ne perturbent pas le déroulé des opérations.

Un recours au tribunal

Avant que le terrain ne soit vendu, des propositions avaient été faites. Les Verts avaient proposé de faire un parc, ou de faire passer le GR13. Finalement c'est un peu plus haut qu'il passe. Ce qui préoccupe le plus les copropriétaires et les élus écologistes, ce sont les gravats que les engins emmènent un peu plus au-dessus. Car si le terrain en construction ne bénéficie plus de la protection d'un espace boisé classé, ce n'est peut-être pas le cas de ceux où sont emmenés les déchets.

Que vont-ils faire maintenant que les travaux ont commencé ? Si la situation les ulcère, peu se montrent téméraires. Une habitante clamait que "jamais on accepterait qu'un copropriétaire lambda fasse des travaux dans ces conditions !" déclarant que Nexity n'était même pas encore propriétaire au cadastre. Une autre se plaint que "le projet initial présenté en 2006 était très différent. Tout a tellement été changé qu'on ne sait plus à quoi s'attendre". Une partie des copropriétaires a cependant entamé un recours devant le tribunal de grande instance sur les conditions de détachement de la parcelle.

Franck-Michel Martin de Champagnac, Modem et Christian Pellicani, PCF élus à la mairie du 1/7 parlent avec les riverains mais restent un peu démunis. Quant à Sébastien Barles, il annonce que la question sera abordée au prochain conseil municipal. Mais on voit mal la mairie reculer alors que le terrassement a déjà commencé. Dans une fourchette tournant autour de 10 000 euros le mètre-carré, la peau de l'ours est vendue depuis longtemps.

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Commentaires

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  1. pmo pmo

    Cette concentration de HLM dans les quartiers sud est tout simplement scandaleux !!!!! N’ y a-t-il plus de fonciers disponibles dans les quartiers Nords ?

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  2. Céhère Céhère

    Pitoyable, à l’image de la politique menée par la ville depuis plus de quinze ans. Le béton et le fric avant tout.

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  3. Anonyme Anonyme

    un peu d’ironie … dans ce monde de brute

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  4. jml13 jml13

    Et la résidence où habitent ces personnes quand même très privilégiées, elle a été construite sur quoi ? Ce n’était pas un terrain boisé avec une maison dessus ?

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  5. Gabriel Fouquet Gabriel Fouquet

    Tiens, un espace boisé classé… déclassé. Ce serait intéressant de connaître les conditions de ce déclassement. Ainsi que les “principes” qui guident le découpage de ces zones dans l’élaboration d’un document d’urbanisme…

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  6. Picard Picard

    Qu’en pense Mr Mennucci ? On ne l’entend pas sur ce sujet contrairement au tram du 4 septembre et aux horodateurs des Catalans !

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  7. MP MP

    Le terrain de 3 hectare est vendu par la ville 4M8. Le SHON est à 5917m2. Si ils construisent à 3000€ le m2.
    Cela fait 17+5 soit 23M la construction et le terrain et si ils vendent à 10 000€ le M2 cela fait 59€.
    Soit un bénéfice de 36M€, ça vaut le coup de quelques menaces bien senties, le bijoutier a été tué pour moins que ça.

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  8. chris chris

    Question : Savez-vous ce que devient la villa Talabot ?

    A une époque c’était un lieu de réception, j’ai toujours trouvé regrettable qu’une aussi belle et grande bâtisse et son parc de plus d’1 ha, me semble-t-il propriété municipale, ne soit pas plus ouvert au public.

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  9. Anonyme Anonyme

    Pourquoi les riverains n’ont pas achetes le terrain.
    S’ils l’avaient achetés, l’auraient t-ils gardés en espace vert.

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  10. Trésorier Trésorier

    Plusieurs commentaires :

    – si ces propriétaires voulaient garder leur espace vert, ils n’avaient qu’à l’acheter ;
    – pendant 30 ans, ils ont profité de cet espace qui appartenaient à la collectivité publique sans rien payer, alors même que les citoyens n’e avaient pas accès ;
    – il convient de densifier la ville. Ça rentabilise les réseaux publics ;
    – Ça ne sera en aucun cas du social !!!

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  11. Ro g Ro g

    Bah, les résidents des Alpilles ne sont pas vraiment intéressés par leurs espaces verts, malgré leurs moyens financiers (j’y ai travaillé). Des plus “Riches” s’installeront et ce sera de même .Et ne rêvez pas de social sur la Corniche, inutile !

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  12. Anonyme Anonyme

    Si vous ne construisez pas à ces endroits là, ou voulez vous construire, dans les calanques.

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  13. marseillais furax marseillais furax

    Le fléau de Marseille maintenant c’est le béton avant tout !

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