Repris en main par Ravier (FN), l’Espace culturel Busserine vivote dans le brouillard

Actualité
le 28 Sep 2016
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L'Espace culturelle Busserine fait sa rentrée à petits pas et sous le contrôle de la mairie de secteur Front national des 13e et 14e arrondissements. Le collectif de défense dénonce les choix faits par le maire.

Les représentants du collectif lors du point presse du 26 septembre. (LC)
Les représentants du collectif lors du point presse du 26 septembre. (LC)

Les représentants du collectif lors du point presse du 26 septembre. (LC)

L’hiver et le printemps avaient été tourmentés pour l’Espace culturel Busserine (ECB) et la rentrée n’augure rien de bien mieux. Les soutiens du lieu interpellaient ce mardi la presse lors d’une réunion où l’inquiétude et la méfiance vis-à-vis de la mairie de secteur FN étaient évidentes. D’emblée le constat est posé : l’ECB n’est plus que l’ombre de lui-même.

Retour en janvier dernier : le maire de secteur Front national Stéphane Ravier demande aux 10 employés de cette structure d’en quitter les locaux pour venir s’installer dans les bureaux de la mairie en raison de travaux. Levée de boucliers du côté des salariés et des usagers, très vite renforcée par la découverte que les travaux ne sont pas prévus avant au moins un an. Le maire reconnaît l’erreur mais affirme sa volonté de “reprendre en main” l’ECB et de le consacrer uniquement à la programmation enfants. “Celui qui paie l’orchestre peut choisir la musique”, estime-t-il alors.

Ces péripéties hivernales ont laissé des traces : seulement deux spectacles enfants seront accueillis entre janvier et juin. Quant aux manifestations organisées en partenariat avec l’association de promotion de l’Espace culturel Busserine, elles seront maintenues à bout de bras. Le “Printemps de la danse” sera délocalisé vers le théâtre du Merlan. La “Guinguette” estivale réussit toutefois à se tenir en juillet.

La commission de validation ne s’est jamais réunie

En ce mois de septembre, les effets de la “reprise en mains” sont là. La mairie a fait son choix dans les propositions de spectacles à programmer. Sur dix spectacles suggérés par l’équipe de l’ECB, 3 ont été refusés par la mairie dont Roms, paroles vivantes. Sous quel motif ? C’est là le mystère. Car fin mars, Stéphane Ravier promettait “la mise en place d’une commission d’étude et de validation de la programmation culturelle associant le personnel municipal de l’Espace culturel Busserine et les élus de secteur concernés”. Une instance qui n’avait certes rien pour rassurer les programmateurs quant à leur totale liberté artistique… si seulement elle s’était réunie.

Car personne, du côté des salariés, n’a reçu d’invitation. “En mai, plusieurs salariés ont présenté des propositions de programmation. Ils ont été reçus en mairie par des représentants de l’administration. Et ensuite ils n’ont plus eu aucun écho. On leur a dit “la semaine prochaine, les élus vont se décider”, puis la suivante, puis rien. C’était un leurre, de la poudre aux yeux”, déplore Maryvonne Bellec. La seule information finalement transmise est que trois spectacles proposés ne seront pas programmés. Mardi, le cabinet du maire de secteur n’a pas donné suite à nos appels.

Ainsi que le précisait la Marseillaise plus tôt ce mois-ci, les trois créations écartées sont des spectacles “tout public” abordant des thématiques plus ou moins politiques et sociétales. Parmi les sept spectacles retenus, six sont destinés aux jeunes publics et un seule sera ouvert à tous. En clair, sur sept spectacles joués dans l’ECB d’ici à décembre, six seront dédiés aux scolaires et un seul le sera en soirée, ouvert à tous les habitants. “Quel sens ça a d’avoir des enfants qui vont à l’ECB mais qui ne pourront plus y aller une fois adultes ?”, s’interroge Sébastien Fournier, instituteur et militant du collectif de vigilance contre l’extrême-droite. “Les écoles peuvent y aller mais pour nous ce n’est plus possible. Tout le monde ne peut pas aller dans le centre et payer un billet plus cher pour aller au théâtre”, dénonce à ses côtés une habitante du quartier, Djalila Moustefa.

Le seul spectacle tout public, un concert de jazz manouche, aura lieu ce samedi 1er octobre. Dans un geste dont on devine mal s’il relève d’une volonté d’apaisement ou d’ironie, Stéphane Ravier l’a voulu gratuit. “Offert par la mairie de secteur”, est-il inscrit sur les flyers.“Ce sera bien quand même”, glisse une salariée en les distribuant.

“Un flou, non pas artistique mais politique”

Pour l’heure, le lieu vit donc en plein brouillard et au ralenti. “Il n’y a plus d’ateliers de pratiques artistiques à l’ECB”, dénonce le collectif, pas plus que des résidences d’artistes. Comme tout établissement public, la structure dépend des bons de commande que les services de la mairie veulent bien signer, au compte-gouttes. “Un flou, non pas artistique mais politique”, constate Patrick Loir, l’ancien directeur aujourd’hui à la retraite et toujours pas remplacé.“Le navire prend l’eau”, souffle Maryvonne Bellec qui en profite pour glisser que ce désordre se retrouve selon elle dans les services de la mairie de secteur.

“Gaudin où est-il ?”, interroge une habitante qui prend la parole pour afficher son soutien à la structure. Chacun autour de la table est d’accord pour noter le silence pesant de la mairie centrale depuis le début du conflit avec le maire de secteur. “Jean-Claude Gaudin voudrait-il récupérer l’ECB pour le transformer en un théâtre spécialisé jeune public ?”, demande Maryvonne Bellec. Amère, elle note qu’en revanche, pour sanctionner le refus de Patrick Loir de quitter les locaux de l’ECB en février dernier, la mairie a été très réactive en lui retenant 15 jours de traitement. Le directeur retraité a déposé un recours en annulation devant le tribunal administratif. Lui a une analyse de la situation politique beaucoup plus cynique : “L’intérêt de Gaudin, c’est que Ravier se casse la gueule, de prouver qu’il est incapable de gérer une mairie de secteur, et encore moins une mairie centrale. C’est un abandon après d’autres abandons.”

Le collectif de soutien entend toutefois éviter de laisser mourir le lieu à petit feu. “Bientôt va se poser de nouveau la question des travaux”, prévient Maryvonne Bellec qui a entendu la date de mars 2017. “On demande l’ouverture au monde, et on nous la refuse. Nous allons nous battre pour que l’ECB redevienne ce qu’il était. Nous le méritons”, promet une habitante du quartier.

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Commentaires

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  1. Ismaël Ismaël

    Bonjour, si on fait abstraction des fautes de frappe (quand même, relisez vous, y compris les titres) cet article très intéressant permet de voir ce que ça donne le fn aux commandes…

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    • Benoît Gilles Benoît Gilles

      Bonjour
      merci de vos critiques et de votre compliment. Nous nous relisons mutuellement mais malheureusement, des fautes de frappe passent le filet. Nous nous en excusons.

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  2. julijo julijo

    Franchement, avait on besoin que le fn soit aux commandes?….on savait parfaitement comment tout ça allait se dérouler, et on était encore en dessous de la réalité si on tient compte du départ de certains élus, fn à l’origine.
    Je dis toujours qu’on a les élus qu’on mérite. Ce n’est pas forcément une vérité, mais sérieusement, il y a vraiment des gens, lecteurs, électeurs, habitants de ces quartiers, qui sont étonnés ?????

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