“La Marseillaise ne demande pas l’aumône mais le pluralisme de l’information”

Interview
le 14 Nov 2016
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Le patron de La Marseillaise a lancé récemment un appel qui s'adresse notamment aux pouvoirs publics. Le journal qu'il tente de relancer depuis un an et demi peine encore à atteindre l'équilibre malgré une progression des abonnés. Derrière les questions économiques et sociales, il souligne l'enjeu en terme de concentration de la propriété des médias.

“La Marseillaise ne demande pas l’aumône mais le pluralisme de l’information”
“La Marseillaise ne demande pas l’aumône mais le pluralisme de l’information”

“La Marseillaise ne demande pas l’aumône mais le pluralisme de l’information”

“Nous revendiquons le droit à une vraie chance pour réussir, un droit que d’autres ont acquis en bourse, mais cela ne saurait être le seul modèle pour les journaux de demain.”

Photo Jean-Marie Leforestier.

Photo Jean-Marie Leforestier.

Un an et demi après avoir repris La Marseillaise à la barre du tribunal de commerce, son patron Pierre Dharréville lance un appel à mobilisation pour que “les efforts consentis ne soient pas réduits à néant”. Publié samedi 5 novembre dans les colonnes du quotidien, cet appel en rappelle un autre, en avril, lancé à l’intention des lecteurs. Mais celui-ci s’adresse aussi aux pouvoirs publics.

Signe que l’heure est grave ? Contacté par Marsactu, le président des Éditions des fédérés ne souhaite pas en dire plus sur la situation économique de l’entreprise. Depuis le lancement de sa nouvelle formule en mars, La Marseillaise avance une progression des abonnements – + 15 % – dont “peu de journaux peuvent se targuer”. Mais ces recettes supplémentaires ne suffisent pas pour l’instant à équilibrer les comptes. La Marseillaise subit le contexte morose du marché de la publicité et des annonces légales.

Concentré sur la “bataille” pour la survie du titre, Pierre Dharréville ne souhaite pas plus s’étendre sur les questions sociales. Après le vote d’un droit d’alerte économique cet été, le comité d’entreprise a fini par temporiser après la signature en septembre d’un accord de revalorisation progressive des salaires, attendu depuis des années. Celui qui est toujours secrétaire départemental du PCF 13 préfère insister sur l’enjeu politique, la nécessité du pluralisme et le danger de la mainmise des groupes industriels sur les médias.

Marsactu : En avril, le journal expliquait avoir besoin de 300 000 euros d’ici fin mai. Dans quelle perspective êtes-vous aujourd’hui ?

Pierre Dharréville : Nous sommes toujours dans cette même bataille. Chaque jour sortir ce quotidien, c’est une bataille. On n’est pas Patrick Drahi, à qui les banques prêtent des millions quand il rachète des journaux. Ce n’est pas notre cas.

Cette fois-ci, à côté des lecteurs qui ont largement participé aux précédentes campagnes, vous lancez un appel aux collectivités locales et à l’État…

Je me suis adressé à un ensemble de responsables d’institutions dans notre zone de diffusion et à Paris pour insister sur la nécessité de soutenir le pluralisme de l’information. On est dans une situation où on voit bien que les démocraties sont fragiles et je crois que ce pluralisme, la liberté de la presse, sont indispensables pour affronter les difficultés qui sont devant nous. Il me semble qu’on ne peut pas laisser aux forces de la finances la décision de savoir si un titre doit vivre ou non. À horizon de dix ans il peut ne plus y avoir que trois ou quatre grands quotidiens nationaux adossés à des grands groupes industriels. C’est un paysage qui n’est pas si éloigné de nous. Les pouvoirs publics peuvent choisir de s’en désintéresser et d’accepter cette situation. Ce n’est pas mon cas.

Dans un contexte pré-électoral, cela ne fragilise-t-il pas votre situation de devoir dépendre de ce soutien public ?

Vous sous-entendriez que notre indépendance serait en jeu… Je pense que nous démontrons chaque jour qu’elle ne l’est pas. D’autant plus que les appels que je fais sont publics. Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. On ne demande pas l’aumône, on demande le maintien du pluralisme de l’information. Période pré-électorale ou pas, il me semble que c’est un sujet. D’autant plus que nous sommes à la fois un journal et une entreprise. De nombreuses entreprises font appel aux pouvoirs publics. Les aides publiques, notamment à des grandes multinationales, se sont pas mal développées ces derniers temps donc je n’ai aucun souci à poser cette question là. Il y a des emplois, il y a une activité économique, je me bats aussi pour ça.

Cette situation économique a fait l’objet d’un droit d’alerte du comité d’entreprise cet été. Dans la même période, le SNJ a lourdement critiqué des “irrégularités” sociales. En parallèle de la situation économique, avez-vous avancé sur ce volet social, qui est difficilement dissociable ?

Des réponses ont été apportées dans les instances concernées. Pour moi le moment n’est pas à les commenter, nous sommes dans une bataille. On essaie de la mener avec l’énergie nécessaire. Je pense que les salariés sont mobilisés également dans ce même objectif. Des choses qui étaient écrites dans notre projet se mettent en œuvre, elles ont obtenu l’accord des organisations syndicales et des salariés, on est toujours dans cette optique.

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Commentaires

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  1. reuze reuze

    La Marseillaise aurait plus de chances de s’en sortir si elle prenait un minimum de distance avec la ligne du PCF ou de la CGT, selon les sujets.
    Ce serait déjà un beau défi de faire vivre un titre de Presse Quotidienne Régionale qui s’adresse à un lectorat toujours de gauche, mais un peu plus large qu’actuellement.

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    • Cabri Cabri

      C’est juste

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    • julijo julijo

      peut être…
      Il n’empêche que la “ligne du pc et de la cgt” ne remplissent pas toutes les colonnes (et c’est souvent intéressant de s’informer).
      Par contre c’est le seul journal qui rend compte le plus fidèlement possible de l’activité des associations, toutes diverses et dans tout le secteur géographique et sans a priori (à moins que le pc et la cgt ne les contrôlent aussi…mais je ne crois pas).
      Je déplore le manque de journalistes qui ne permet pas toujours de couvrir tous les évènements.
      Je les soutiens, comme je soutiens Marsactu et le Ravi… Ce pluralisme de l’information est essentiel.

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  2. Nic Onico Nic Onico

    Je soutiens la marseillaise. Seul bémol il me semble en effet que la ligne éditoriale, tout en restant solidement ancrée à gauche pourrait être moins systématiquement unanime avec les positions de la cgt lorsque celle ci est citée ds les articles.

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