Menace sur les terres agricoles provençales

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le 13 Avr 2011
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Menace sur les terres agricoles provençales
Menace sur les terres agricoles provençales

Menace sur les terres agricoles provençales

Les Bouches-du-Rhône sont le premier département producteur de fruits et légumes. Pour son congrès « Plus verte la Pac », consacré à l’avenir de la politique agricole commune, France Nature Environnement avait choisi Marseille. Mais c’est un rouge alarmant qui colore la métropole, comme toute la bande littorale de la région, dans une étude publiée mardi par l’Insee Paca et la direction régionale du ministère de l’agriculture (DRAAF). Rouge pour marquer une « forte pression de l’urbanisation » sur les terres agricoles, qui touche dans une moindre mesure la vallée du Rhône (orange) et l’arrière pays provençal (jaune).

Spéculation foncière

Et s’il y a bien un indicateur qui n’est pas au vert, c’est celui des transactions : seules 44% des terres agricoles vendues conservent leur usage, le reste étant converti en pavillons, centre commerciaux, zones d’activités ou de loisirs… La conséquence directe d’un autre chiffre édifiant : dans la zone rouge, les terres promises à un logement collectif se négocient 130 fois plus cher que celles qui restent agricoles…

« La tentation est forte de céder aux sirènes de la spéculation foncière », résume Renan Duthion, directeur régional de l’Insee, qui met notamment l’accent sur les nouveaux arrivant en quête de logements. « Si l’on se place du point de départ, le pôle urbain, on peut essayer d’y améliorer l’offre de logements. Là, la difficulté est la question des prix pour les ménages. »

Une prise en sandwich entre la quête du logement le moins cher, souvent situés loin des centre-ville, et celle d’une vente au meilleur prix du côté des agriculteurs, qui s’ajoute à la relative rareté de l’espace vu la présence de massifs classés. Projection de l’étude si les tendances démographiques se poursuivent : la disparition en 20 ans de 10 500 hectares dans cette zone, soit 8% de la surface agricole. « C’est un document d’alerte pour ceux qui sont en responsabilité », lance le directeur de la DRAAF Jean-Marie Seillan. Un appel aux politiques évident car les terres agricoles ne seront pas sauvées par la logique économique… « Un hectare, même de Châteauneuf-du-Pape, ça ne fera jamais que 35 hectolitres. Cela n’a rien à voir avec le chiffre d’affaires du même hectare si on y installe une grande surface », lâche-t-il. Mais à quoi ressemblerait le Lubéron sans la main des paysans ?

Prise de conscience des maires

Si les SAFER (des sociétés qui disposent de droits de préemption) et l’établissement public foncier régional peuvent intervenir via des préemptions, ils « ne peuvent pas renverser des montagnes », prévient-il, ce sont avant tout les communes et agglomérations qui « ont la main ». Celles-ci « peuvent limiter les nouvelles surfaces ouvertes à la construction, en s’appuyant par exemple sur les plans locaux d’urbanisme », confirme Renan Duthion. Des documents, qui découpent le territoire en zones, et dont beaucoup ont été révisés ces derniers mois pour les communes de Marseille Provence Métropole (MPM).

« L’idée qu’une fois que les terres arables sont bétonnées c’est irréversible et qu’à la fois pour des questions de paysage ou d’autosuffisance, y compris à l’avenir avec les problèmes d’énergie, il faut les préserver, a bien avancé chez les maires », assure Patrick Magro, vice-président de MPM délégué à l’aménagement. Et de citer les hectares gagnés lors des révisions à Plan-de-Cuques, Septèmes-les-Vallons ou Carry-le-Rouet, malgré des cas plus difficiles comme Allauch et Gémenos.

Appel aux agriculteurs et citoyens

La ville de Marseille semblant sensible aux quelques fermes restantes et les vignobles de Cassis et Roquefort-la-Bédoule étant loin d’être menacés, pour lui « l’enjeu principal ce sont les 400 hectares de la plaine de Gignac et Châteauneuf, qui peuvent être notre grande zone agricole de maraîchage » et dont seulement un tiers est cultivé aujourd’hui. Et là, comme pour ailleurs, « les documents d’urbanisme peuvent beaucoup mais ne peuvent pas tout. Il faut aussi des projets et que la profession joue son rôle ». La Chambre d’agriculture est sur le point d’être saisie officiellement de la question, pour mettre en place des outils de protection et monter des projets.

Mais outre des difficultés d’installation pour des agriculteurs aux parcours atypiques ou l’idée bien ancrée dans la tête de nombreux aînés que leurs terres sont vouées à l’urbanisation, pour Jean-Marie Seillan, « la protection des terres agricoles, en Provence comme ailleurs, est entre les mains de tout le monde » et notamment des « associations et citoyens car il faut savoir dans quel pays ils veulent vivre ». Entre vigilance sur les projets des élus et coopératives de consommateurs, les possibilités sont aujourd’hui ouvertes. Patrick Magro rêve d’ailleurs pour Châteauneuf de circuits courts, de cantines alimentées localement… Une idée pour les 45 000 repas de Marseille, un marché qui est en passe d’être renouvelé ?

Un lien Plus verte la Pac, l’avenir de l’agriculture en débat à Marseille, sur Marsactu

 

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Commentaires

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  1. liseron duveteux liseron duveteux

    Julien,
    Félicitation, de proposer un sujet qui nous éloigne des turpitudes,
    politico-marseillo-corsico-guériniene.

    Il est pas interdit de penser que la création du parc des Calanques,ne rentre pas dans cette logique de bétonnage du littoral.L’avenir le dira,mais il sera trop tard.

    Or la prétendue misère de la condition paysanne,n’est qu’une escroquerie supplémentaire,dans l’escroquerie généralisée de notre époque.
    J’ai le regret de vous affirmer que je ne connais pas de paysans propriétaire de ses terres pauvre,au sens littéral du terme,ce serait plutôt le contraire.

    Il en est tout autre du paysan fermier.
    Qui lui est soumis à la loi du marché.
    Il n’a pas la possibilité,en cas de problème de vendre un bout de terrain.

    Or force est de constater,que cette perte des terres agricoles,a été organisée par les paysans eux-mêmes.
    En revanche,c’est n’est pas eux qui ont déclassés les terres,c’est bien le pouvoir politique.

    Pour prendre un exemple,Plan de Campagne,Barnéoud,au départ.
    Ce monsieur Barnéoud paysan de son état dans le années 60,au retour d’un voyage aux Etats-Unis,à eu l’étincelle,vous connaissez le résultat mieux que moi.
    Mais déja au même endroit,des industriels étaient installés,il en reste un qui est énorme qui est un fabricant de produits en béton.

    Suite au prochain épisode.

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  2. Gari Gari

    J’invite marsactu à se renseigner sur l’Etablissement Public Foncier PACA, qui est un outil régulateur de la pression foncière, qui existe depuis une dizaine d’années, doté d’un budget étourdissant qui devrait lui permettre d’aider les communes à mieux maitriser la surenchère foncière effrenée… mais qui, comme le montre cette étude, ne sert quasiment à rien !

    A creuser !!!

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  3. Marius Marius

    Marseille a bétonné d’excellentes terres agricoles d’alluvions, qui assuraient une partie de l’approvisionnement de la ville sans frais de déplacement et gaspillage d’énergie.

    Actuellement la ville laisse encore bétonner à coup de Loi Scellier, pour des appartements trop chers dont une partie reste sans locataires.

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  4. villageois villageois

    La pression immobilière est une honte, on détruit nos paysages nos villes et village notre
    bien vivre,on s’entasse tous dans le sud ça devient invivable on ne peux plus se garer plus circuler,on ne peux pas marcher ou faire du vélo c’est dangereux.
    Concernant les agriculteurs nous avons de bonne terre des exploitations viables qui font
    de très bons produits mais l’immobilier pour faire de l’argent gache tout.
    A chateauneuf du pape même le maire qui est président de la chambre d’agriculture veut
    débloquer des vignes aoc en constructible pour son nouveau PLU, pourquoi doit on
    céder à cette pression ? ce n’est pas parce que les gens veulent venir vivre dans le sud de la France et que certaines personnes veulent en profiter pour faire de l’argent que l’on dire “amen”.

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  5. liseron duveteux liseron duveteux

    Dans le siècle à venir,on va peut-être se rendre compte que faire partie d’un grand pays,qui somme toute n’est pas si grand que ce que l’on pense,peut avoir des inconvénients insoupçonnés.
    Aprés une immigration principalement africaine,qui ne se tarit pas,allons nous être confrontés à une migration franco-française du nord vers le sud?
    Car cette menace sur les terres agricoles,est principalement dû à ce phénomène.
    Phénomène qui tend à prendre un rythme de croisière qui ne fléchit pas bien au contraire.
    Comment notre pays si fier,de ses traditions,et de ses particularités régionales va t-il réagir,et notamment le sud en géneral si tout le monde revendique sa part de soleil d’une manière permanente en y résidant.
    Il y a une très belle chanson de Charles Aznavour qui peut à la fois expliquer et resumer cet état de fait.
    Est-ce que l’acquisition par le département, les communes ,d’immenses térritoires(le conseil general est le plus gros propriétaire foncier du département),n’est pas la préparation à l’accueil de ces nouveaux arrivants qui vont être assimilés à des envahisseurs,le mot n’est pas trop fort,le Breton en bretagne,le Parisien à Paris,etc,etc.
    Outre le fait d’une explosion de l’immobilier,qui va rendre impossible pour nos enfants de se loger.
    les fameux enjeux que l’on dit mondiaux,mondialisés,pour le siècle à venir pourraient être beaucoup plus prés de nous que l’on ne croit.
    Le chiffre qui est admis est de 20% de la population française qui devrait habiter le sud de la France,dans les 30 ans à venir.
    Mais personne ne peut dire,si ce ne sera pas 30%,voire plus.
    Déja une activité très ancrée dans ce département,qui est la chasse ,est chaque année plus compliquée à exercer,du fait de cette urbanisation.
    Les pros de l’immobilier,ne vont pas se priver,de cet Eldorado qui se prépare.

    Mais peut-être que cela ne posera pas plus de problèmes que ça ,aux generations futures.

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  6. Marius Marius

    @ liseron duveteux : l’attrait de PACA n’explique pas tout, pour la bonne raison que les emplois se trouvent à Toulouse, dans la région lyonnaise, et en Ile-de-France.

    Comme je l’ai signalé, des kilomètres carrés d’appartements très chers et de bureaux restent sans locataires en PACA. Certains businessmen de l’immobilier font beaucoup d’argent en refilant les “Lois Scellier” (loi de droite) à des gens fortunés qui ensuite ne trouvent pas de locataires, mais à qui cela fournit une réduction d’impôt allant jusqu’à 90 000 euros (vous avez bien lu).

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  7. Tresorier Tresorier

    Sujet intéressant.

    Contrairement à que prétend Liseron Duveteux, on ne peut parler d’invasion des nordistes. La moitié des provencaux actuels déja ne sont pas nés en Provence. Il aussi arrêter cette xénophobie anti nordiste. C’est la France. On ne peut parler d’invasion interrégionale.

    Les CR et CG sont propriétaires de réserves écologiques. Il ne s’agit pas d’y batir (même si Vauzelle et Guérini ne sont pas ma tasse de café).

    Oui, le prix du foncier gène l’installation de nos jeunes et brime notre attractivité en terme de migration (migration plus au profit de l’Ouest que du Sud désormais).

    Le problème posé dans l’article est plutôt celui de la perception du non bati actuellement. Nos élus veulent lotir à tout prix, surtout des maisons individuelles, et encore plus dans des patelins paumés et sans emplois. Les gens s’y installent, intéressés par le prix moindre du foncier et le fait d’acheter des maisons, alors que ni les moyens de transports, ni les services publics ni les emplois ne s’y trouvent. D’ou une explosion des mouvements pendulaires.

    On a trop favorisé les maisons individuelles en France au dépend du collectif. On en paye le prix en termes de pollution, destruction des termes agricoles et espaces naturels, embouteillages, bruits, frais de la collectivité pour créer des infrastructures immédiatement saturées et déplacer les services publics de centre ville désertés vers la marée périurbaine des lotissements, déstructuration des centre ville, ….

    Pas vraiment une réussite, à l’image de Los Angeles !!!!

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  8. Tresorier Tresorier

    Liseron duveteux,

    Je pense avoir expliqué mes idées et argumenté mon raisonnement. Je n’ai pas besoin de me faire engueuler (“faché”) par quelqu’un pour cela.

    On ne peut mettre sur le même niveau l’immigration (étrangère) et les migrations interrégionales.
    Vous n’avez pas cité cela comme une explication complémentaire mais sous entendu que c’était la plus importante dans l’urbanisation de nos campagnes. eci est faux. Il y a périurbanisation, baisse du nombre de personnes par logements, divorces. C’est le changement de mentalité et de comportement de la population locale qui est le facteur principal..

    Je fais partie des marseillais qui prennent le TGV pour aller travailler hors Provence et rentrent le week end rejoindre leur moitié. Je n’ai jamais pris le temps de nous compter (je précise que je suis d’origine marseillaise).

    Je citais Genève et Sophia Antipolis comme démonstration que l’on peut avoir beaucoup d’emplois sans avoir énormément de population, les emplois ne se limitant pas aux emplois de services.

    Le TGV a clairement favorisé les mouvements pendulaires.

    J’aime beaucoup Aznavour et sa chanson “Le sud”.

    Je vois que nos positions se sont rapprochées. J’en suis très content.

    Bon week end !!!!

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  9. Titoune Titoune

    Mr Julien VINZENT: d’abord bonjour et félicitations pour le boulot que vous faites.
    Je ne suis pas Marseillais,mais je consulte toujours avec intérêt
    les reportages que vous nous offrez sur Marsactu.Et surtout ,la possibilité aux
    internautes de s’exprimer..Je ne sais pas comment vous le ressentez,mais ce qui
    me surprend ,c’est la vitesse à laquelle les gens surfent sur une information,pour
    tres vite sauter sur une autre ,après bien sûr avoir donné un avis!
    A tel point que lorsque deux jours après on s’exprime sur
    le mème sujet,ça glisse dans le vide.C’est fou ça! Il n’y a qu’a voir: les pays Arabes,
    c’était il ya trois minutes,le Japon deux minutes,DSK,on regarde encore un peu,mais
    avec les elections à venir,et le César des politiques à la télé??? Il va falloir leur faire
    un (spécial festival de Cannes),ça se calme,..
    Bref,,tout va tellement vite aujourd’hui, qu’à la télé comme dans le journal,on
    dénonce des affaires,et à croire que les responsables ne les voient pas,rien n’est fait
    et on passe à autre chose!
    voila, ceci dit vite fait,j’aimerais avoir la possibilité de vous contacter.
    Je pense que nous pourrions aborder quelques sujets interressants.Ce n’est qu’un souhait bien sûr. Salut.

    Signaler

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