Marseille : après Cohn-Bendit, la mise au point de la patronne d'Europe Ecologie-Les Verts

Marseille : après Cohn-Bendit, la mise au point de la patronne d'Europe Ecologie-Les Verts

La réponse de la bergère au berger. La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Cécile Duflot a pris le TGV moins d’une semaine après Daniel Cohn-Bendit pour venir à la rencontre des militants marseillais. Normal, en pleine campagne pour le congrès de La Rochelle – du 3 au 5 juin – où se définira l’orientation et la direction du parti. Mais la visite semble surtout une manière de se faire entendre après les critiques et les prises de position de « Dany« , qui emmène « Construire », la principale motion concurrente à celle de la patronne, « Maintenant ».

Dans ses déclarations à la presse puis aux militants, puis à travers les interventions des élus locaux, le message émerge rapidement : la motion de Duflot se pose en garante du « rassemblement », de la « durabilité » du mouvement qui ne doit pas être un « feu de paille », rappelant les « crashes » du NPA et du Modem.

Secrétaire nationale qui « ne s’interdit pas » de prendre position « en tant que militante » pour l’autre échéance d’EELV – la primaire qui oppose principalement Nicolas Hulot à Eva Joly – elle a précisé être avant tout là en chef de file de « Maintenant », s’accordant à ce titre « une liberté de parole plus grande ». Habile, elle a estimé qu’il n’était « pas utile d’utiliser certains mots blessants, en tout cas ce n’est pas dans ma démarche » et que « ce n’est pas avec des invectives qu’on progresse ». Une manière mine de rien d’envoyer quelques piques à son principal adversaire, qui dénonçait jeudi le caractère « bureaucratique » d’EELV.

« Instrumentalisation »

« Je ne suis ni bureaucrate, ni autocrate mais démocrate », a-t-elle répondu. La « collégialité » réclamée par Marie Bové, fille de José désormais prétendante officielle au poste de secrétaire nationale si la motion Construire arrive en tête, « existe déjà » selon elle. Et EELV compte « deux fois plus d’adhérents qu’au dernier congrès des Verts », avance-t-elle en guise d’ouverture. La coopérative, qui ne bénéficierait selon Dany de pas assez « d’autonomie » ? Elle rappelle le « principe de perméabilité entre le parti et la société civile. Si on fait un parti politique parallèle, cela n’a aucun sens », lance-t-elle, fustigeant « l’instrumentalisation de la coopérative contre le parti ».

Bref, tout cela ne serait que « querelles byzantines sur les formules qui relèvent de la démagogie de congrès ». Une rhétorique appuyée par Pascal Durand, proche de Hulot et l’un des fondateurs d’Europe Ecologie qui a lourdement appuyé sur sa proximité à ce titre avec Cohn-Bendit et son histoire associative : « J’ai vu arriver le moment où on allait nous dire « Europe Ecologie c’est le gentils associatifs et les Verts c’est les méchants apparatchiks. On est en train de pervertir l’idée de coopérative en en faisant le lieu où on cogne sur le parti ».

Ambiance… De quoi rassurer au moins le PS, dont les primaires virent à la course à l’échalote suite à la défection de DSK avec les tentatives de plomber Hollande ou encore la déclaration de candidature de Manuel Valls : EELV compte aussi son lot de divisions, que Cécile Duflot – pour qui « les gens sont fatigués des organisations qui se subdivisent, c’était ce message qui était porteur » avec Europe Ecologie – le veuille ou non.

Tentation de l’autoritarisme du PS

Après la cuisine interne, la mayonnaise externe : faut-il un candidat en 2012 ? Pour Cohn-Bendit – qui avait défendu sans succès l’idée d’un pacte avec le PS soutien contre 50 députés – la question se pose en cas d’incertitude quelques semaines avant la présidentielle sur le passage au second tour de Le Pen. « C’est le meilleur moyen d’offrir à Marine Le Pen le statut d’alternative politique » répond Cécile Duflot qui y voit le « risque de tuer le débat démocratique ». Nouveau venu, le patron de la RTM Karim Zeribi abonde : « où va-t-il ? Comment voulez-vous que nous soyons respectés si nous nous bradons ? »

Sur l’accord que devra de toute manière ficeler EELV avec le PS, les avis sont similaires à ceux exprimés jeudi : il y a des choses qui, comme « la question du productivisme » ne passent encore pas. Mais c’est surtout sur la nature des relations que les discours se sont étendus. A l’évocation du cas de Philippe Gardiol, adjoint à Vitrolles qui a été démis de ses fonctions faute de soutien au second tour des cantonales au maire socialiste Loïc Gachon, la patronne écologiste tance une « conception totalement erronée. Le maire n’a pas été élu seul mais avec une équipe dont les écologistes faisaient partie. Il faut que les socialistes rompent avec la tentation de l’autoritarisme ».

Le mot est lâché et le porte-parole du parti à Marseille Sébastien Barles ne se fait pas prier pour pointer la nécessité de « l’autonomie de l’écologie politique qui ne souhaite plus faire allégeance à un grand frère qui a des pratiques hégémoniques souvent très fortes ». Suivez les regards vers le bateau bleu, siège du CG13… Mais, dans la foulée de ses résultats aux européennes, régionales et cantonales, EELV semble espérer que les lignes aient bougé. Pascal Durand se félicite que « pour la première fois le PS ne nous regarde pas comme des supplétifs à qui si on gagne on va balancer le ministère de l’Environnement ». Il faudra pour cela faire mieux aux présidentielles qu’en 2007, où les Verts de Dominique Voynet s’étaient effondrés à 1,57 %…