Marseille, Aix et Aubagne vers un pôle métropolitain en 2013

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le 20 Fév 2012
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Marseille, Aix et Aubagne vers un pôle métropolitain en 2013
Marseille, Aix et Aubagne vers un pôle métropolitain en 2013

Marseille, Aix et Aubagne vers un pôle métropolitain en 2013

"Si vous voulez que les hommes s'entendent, faites leur bâtir quelque chose ensemble". La citation de Saint-Exupéry, prononcée samedi au Silo lors du 2e forum des conseils de développement, avait rarement pris un sens aussi littéral. Ces assemblées composées représentants des syndicats, entreprises et associations poussaient une nouvelle fois « pour une approche métropolitaine des territoires », titre de leur manifeste publié en juillet 2010.

Un document qui avait à l’époque une caractéristique pas anodine : montrer que Marseille, Aix et Aubagne pouvaient parler d’une seule voix, via les conseils de développement de leurs agglomérations. Depuis, l’Ouest Etang de Berre (l’agglo de Martigues et le San Ouest Provence) a rejoint la démarche et Arles devrait suivre prochainement. Le premier forum de mars 2011 avait par la suite transposé l’image symbolique au sommet des exécutifs : le président par interim de l’agglo d'Aubagne Daniel Fontaine avait accueilli dans son Agora ses homologues du pays d’Aix et de Marseille Provence Métropole (MPM), Maryse Joissains (UMP) et le socialiste Eugène Caselli.

Un peu moins d’un an plus tard, on a donc retrouvé la même affiche à la tribune – mis à part Fontaine remplacé par Magali giovannangeli. Et les conseils de développement attendaient désormais des actes. Plus précisément des réponses aux propositions qu’ils ont préparé ces derniers mois sur la coopération à l’échelle de la métropole, ainsi que sur le thème des transports et de l’innovation économique.

Coopération à reculons ?

"Comme tout le monde, nous nous sommes posé la question de la traduction administrative", a entamé Jacques Boulesteix, président du conseil de développement de MPM. A qui il n’a pas échappé que le collectif « Mon entreprise ma ville » distribuait des tracts à l’entrée reprenant son antienne : "osons la métropole", l’alternative du pôle métropolitain étant pour eux "un leurre".

A la différence de la métropole, qui équivaut à une fusion de leurs collectivités respectives, le pôle métropolitain fonctionne selon une logique de projets partagés – "faites leurs bâtir quelque chose ensemble" – de dimension métropolitaine. Et dépend donc de la bonne volonté de chacun, d’où les craintes de « Mon entreprise ma ville ». Une future "coquille vide" le pôle métropolitain ? Des "clichés" pour Magali giovannangeli : "quand Eugène est venu à Aubagne parler de la connexion entre nos tramways, on n'était pas dans l'incantation".

"C'est vrai que les maires [du pays d’Aix] sont venus vers le pôle métropolitain dans une position défensive pour éviter la métropole", a cependant reconnu Maryse Joissains. Pour mieux souligner que cet esprit a évolué, tout comme l’idée de coopération s’est développée au fil du temps depuis 2001 et le regroupement des 34 communes qui composent le pays d’Aix :

J'avais 33 Napoléon dans mon intercommunalité, il fallait voir les conseils, on était dans l’opposition systématique. Aujourd’hui, cela s'est réduit à deux ou trois maires, qui continuent à donner de la voix plus par coquetterie que par conviction.

Accélérer pour ne pas être distancés

Pôle métropolitain ou métropole, le débat est désormais "moins d’actualité" estime Jacques Boulesteix : "D'abord l'un n'est pas exclusif de l'autre. Et on compte une vingtaine de pôles métropolitains en réflexion en France (voir la carte ci-contre) pour une métropole sur un périmètre restreint (Nice, ndlr)". Il n'empêche, le trio doit "accélérer le processus et ne pas attendre encore un an alors que d'autres sont déjà né ou très avancés".  Eugène Caselli les a cités dans son discours de bienvenue : le Sillon Lorrain, premier né qui associe Metz et Nancy ; Lyon et Saint-Etienne : Grenoble et sa région…

A Jacques Boulesteix qui demandait un "calendrier précis, resserré et public", Maryse Joissains a livré quelques indications. Le 28 mars, un protocole d'accord sera signé, servant de base à des discussions en juillet avec les conseils général et régional et le préfet. Puis à l'automne la version finale sera soumise aux communes et intercommunalités. Avec vraisemblablement uniquement Marseille, Aix et Aubagne. La porte restant ouverte par la suite pour Martigues et Ouest Provence dont les élus, absents samedi à la tribune, doivent par ailleurs se prononcer sur une fusion.

2012 sera donc "une année de travail, de réflexion. Le pôle métropolitain mérite ce temps pour fixer les statuts, faire du benchmarking, élaborer la gouvernance, discuter du financement. Mais le pôle métropolitain est lancé et on fêtera sa naissance au 1er janvier 2013", a ajouté Eugène Caselli.

A cette réflexion, les conseils de développement ont apporté quelques contributions : une grille de critères pour définir ce qui relève de l’échelle métropolitaine ; un schéma de gouvernance axé autour des projets, qui seraient chacun menés par un "chef de file" ; un nombre de voix au conseil du pôle qui ne serait ni égal ni proportionnel au nombre d’habitants mais pondéré par plusieurs éléments.

Structure légère et démarrage anticipé

Objectif général : qu'il ne soit pas, dixit Jean-Louis Urbain (du groupe de travail «Un pôle métropolitain opérationnel» ), "une énième institution avec des voitures noires et un grand chef à plume". Magali giovannangeli acquiesce  : "Plus l'organisation sera légère, mieux ce sera. I Il faut fonctionner avec ce qui existe déjà".

Côté financement, ils appellent à évaluer les retombées à moyen terme. Au lieu des comptes d'apothicaires comme ceux de Marseille-Provence 2013… "Si l’Etat a face à lui un regroupement d'intercommunalités avec des projets partagés", le territoire pourrait être un peu moins oublié, a aussi souligné Jean-Claude Juan à propos des transports, sur lesquels il a planché. La nouvelle université unique l'a prouvé en touchant de gros chèques…

"Il est plus facile de répondre non à Marseille et non à Aix que non à Marseille et Aix".

Mais le message le plus fort est de ne pas attendre la naissance officielle pour mettre l’ouvrage sur le métier. Autrement dit de commencer à sélectionner et faire avancer quelques projets évidents et prioritaires. Histoire d’éviter les interférences d’une possible évolution après les élections de la réforme des collectivités de décembre 2010. "Tout le travail qui aura été fait sera un acquis quelle que soit la grille des compétences qui en sortira", justifie Jean-Louis Urbain.

Ces projets, les conseils de développement en ont quelques uns en tête sur leurs deux thèmes de travail. Côté transports, ils ont arrêté un schéma de cinq métro-corridors (voir ci-contre) "où se concentrent les déplacement quotidiens et où l'offre de transports en commun est faible", a expliqué Jean-Claude Juan. Cette échelle devant être gérée par une autorité unique.

Sur ces lignes, ils ont identifié quelques projets prioritaires allant du "doublement intégral de la voie Aix-Marseille" à la "réouverture des voies Rognac-Les Milles-Aix-en-Provence". A plus court terme, ces chantiers pouvant prendre du temps, ils préconisent "une offre de navettes express de cars, sur le modèle de la navette Aix-Marseille", qui seraient opérationnelles rapidement, peu coûteuses et adaptables aux évolutions futures. Le document cite "l’A7, l’A8, la D6 en direction de Gardanne, la D9 (les Milles-Marignane), la N658 (Martigues-Marignane) et la D5 (Istres-Martigues)".

Et comme, rappelle Jean-Claude Juan, ces métro-corridors "ne peuvent fonctionner que s’ils sont connectés par les points stratégiques que sont les pôles d'échanges", ils ont aussi listés ceux qui devront être réorganisés ou créés.

Côté innovation, on rentre là aussi dans le concret avec la détermination de neuf "filières porteuses" (micro-électronique, chimie, science de la lumière…) à soutenir, l’idée d’un fond de capital d’amorçage de start-up, sur le modèle de celui du pays d’Aix, d’une mini-cité des Sciences et de l'Industrie de la Villette pour mettre en valeur les réalisations du territoire et servir de lieu d’échange…

Prochains gros morceaux : le logement, la démarche inter-Scot (c’est-à-dire les schémas de développement à long terme des différentes collectivités) et le port. D'autres points plus épineux, comme les centre commerciaux, demanderont encore du temps, comme le montrent les déclarations régulières du maire de Marseille sur la nécessité de concurrencer Plan de Campange et les zones d'Aubagne. En attendant, les conseils de développement attendent des réponses sur les projets prioritaires. Histoire de faire mentir ce dessin projeté pendant le forum :

En période électorale, les transports sont gratuits : on se fait balader tous les jours par les beaux discours.

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Commentaires

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  1. Tresorier Tresorier

    Pendant que Lyon fait sa métropole (Nice c’est déjà fait), et construit un pôle métropolitain avec Vienne et Saint Etienne, Marseille fait un pôle métropolitain avec Pennes Mirabeau et Pennes sur Huveaune.

    Pas le même niveau… En fait, au niveau de stupidité et d’incompétence notoire de nos élus. On cherche vainement ce qu’ils ont réussi : chômage, destruction des paysages, non protection de l’environnement, ségrégation sociale, problème de sécurité, problème de logement, tarif ahurissant des loyers, détournements de fonds, impôts astronomiques pour des services inexistants,….
    On ne fait pas d’union sans projet commun. Ca tombe bien, il n’y en a pas. On ne fera donc rien avec ce nouveau machin, nouvel empilement administratif dans un contexte typiquement français alliant déjà trop plein et inefficacité. Mais clairement le but recherché.

    On fait un truc pour ne rien faire. Comme Marseille et MPM se sont saignés aux quatre veine pour construire des infrastructures qui profitent aux EPCI à la con qui ne les payent pas et font profiter leurs exilés fiscaux d’impôts ainsi allégés, on n’est pas prêt de voir un projet commun.

    Mais ça garantira à nos CHERS édiles de nouvelles indemnités.

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  2. chris chris

    Pas de métropole à Lyon.

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  3. Carnap Carnap

    Il n’y a pas encore de projets mais il y en aura bientôt c ‘est pas les idées ni les besoins qui manquent. Les élus communiquent et pensent à mettre en place des projets communs : c’est déjà bien, on ne part pas du même niveau que le Grand Lyon, on a des spécificités locales et il faut faire avec. La gouvernance PAR PROJETS permet d’éviter les transferts de compétences globaux (qui seraient inutiles comme vous le soulignez très bien). Concernant le fonctionnement de la structure, relisez l’article :
    “Objectif général : qu’il ne soit pas, dixit Jean-Louis Urbain (du groupe de travail «Un pôle métropolitain opérationnel»), “une énième institution avec des voitures noires et un grand chef à plume”. Magali giovannangeli acquiesce : “Plus l’organisation sera légère, mieux ce sera. Il faut fonctionner avec ce qui existe déjà”.”

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  4. chris chris

    De toute manière, à partir du moment où les collectivités ne sont pas d’accord pour regrouper leurs compétences dans une même structure, il n’y-a que deux solutions possibles :

    – soit faire en sorte de répondre aux besoins à l’échelle de l’agglomération par des coopérations, logique de projet;
    – soit un regroupement par la loi, ce qui avait été fait dans les années 70, donnant naissance au Grand Lyon par exemple.

    Sachant que cette dernière démarche n’est absolument pas envisagée, plaider la création d’une métropole à l’échelle de l’agglomération serait un cas flagrant de démarche autistique ou de polémique politicienne stérile.

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  5. Ricou 24. Ricou 24.

    Je ne suis d accord avec les esprits critiques,notre territoire,nos communes ont un passé,une histoire politique qui font que les choses ne pouvaient pas se faire comme à Lyon par exemple.
    Le temps,les hommes et femmes politiques avancent,les communautés ,les epci, donnent le mouvement.
    Caselli est d ailleurs le partenaire idéal pour faire avancer le sujet,un autre bien plus politique,trop marqué ou avec une vision d hégémonie aurait fait capoter tout projet.
    Profitons de la sagesse de Caselli,du charme de la Présidente du Pays d Aubagne et de la bonne volonté actuelle de la Mairesse d Aix pour travailler,nous avons aussi actuellement un bon préfet,à l écoute.
    Demain les choses changerons,et tout risque d être que politique et pouvoir et les discussions bloquées.

    Ricou 24.

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  6. Frédéric Le Levier Frédéric Le Levier

    Bonjour,
    Primo je trouve que les commentaires anonymes ne devraient pas etre acceptés….
    Bien moi je conseille atous d’allez le rapport d ela cour des comptes concernant les regroupements de collectivités et ce que cela implique…l’augmentation des impots entre autres ….
    F.LE LEVIER

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