Logement : en grève de la faim face à la mairie de Marseille

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le 6 Juil 2010
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Logement : en grève de la faim face à la mairie de Marseille
Logement : en grève de la faim face à la mairie de Marseille

Logement : en grève de la faim face à la mairie de Marseille

Au bout du rouleau. Depuis 24 jours, elle est en grève de la faim et dort dans sa voiture garée devant la mairie de Marseille. Ce mardi, avec une dizaine de proches et de sympathisants de son combat, Emma Franceschi a de nouveau manifesté pour récupérer ce qu’elle a perdu il y a plus de deux ans et demi : un toit. Le 8 octobre 2007, son logement du quartier de Saint-Henri (16e) est soufflé par une explosion. Un sinistre provoqué par des bouteilles de gaz laissées ouvertes par son voisin reconnu irresponsable pénalement. Depuis, c’est Kafka : « l’enquête judiciaire a duré deux ans » et  »les assurances se font la guerre » autour du dossier. Bref, elle n’a toujours pas pu récupérer le moindre centime.

Sauf qu’en attendant, cette éducatrice spécialisée a bien dû trouver une solution de remplacement. Pour elle, pour son frère, et pour sa mère octogénaire. « Après l’explosion on m’a emmenée dans un hôtel avec 5 nuits payées dans le cadre de l’assistance. C’est tout. Après quand on m’a présenté la note pour les trois nuits suivantes, je n’ai pas pu rester plus longtemps… J’ai trouvé à me loger à droite à gauche, dans un Formule 1 puis chez différentes amies. Puis j’ai loué un logement aux Chutes-Lavie« , raconte-t-elle.

Spirale du surendettement

Et ce alors qu’elle est toujours théoriquement co-propriétaire de la maison de Saint-Henri. « Je me suis retrouvée avec 837 euros de loyer, 680 euros pour le crédit de la maison et deux assurances à payer. Le 17 mai, j’ai dû partir, surendettée« , poursuit-elle. Quant à sa mère, « elle a été placée d’urgence dans une maison de retraite qui a accepté de la prendre en charge sans qu’il y ait quoi que ce soit de payé« , complète Frédérique Coibion, présidente de l’Association de soutien à Emma Franceschi (ASEF).

Pire, pendant ce temps, la maison sinistrée est rasée à la demande du syndicat de copropriété. Et « le 17 juin ils ont voté la mise aux enchères de mon terrain car je n’ai pas les 120 000 euros nécessaires pour les travaux de reconstruction« , s’insurge Emma Franceschi, qui précise que l’avocat de l’association va déposer un recours contre cette décision. « Je suis victime, pas responsable, pourquoi est-ce moi qui devrait payer ? »

Sourde oreille

Mais à quoi bon faire une grève de la faim devant la mairie ? Tout simplement car celle-ci « s’était engagée à la reloger« , explique son amie de 12 ans. Sauf que la commission d’attribution des logements sociaux « est restée sourde » devant ce cas. Cette dernière se réunit ce mercredi une dernière fois avant la trève estivale. « Je pense qu’elle le prendra extrêmement mal, mais si rien ne se passe, nous demanderons aux pompiers de l’emmener à l’hôpital. Emma est en danger« , alerte Frédérique Coibion.

Injoignable malgré les interventions appuyées du chef du protocole de la Ville, Arlette Fructus, adjointe chargée du Logement, n’a donc pas reçu les manifestants. Mais elle a de toute manière expliqué à France 3 que si la Mairie fait tout ce qu’elle peut pour appuyer le dossier, elle n’est pas directement concernée et n’est donc pas tenue de reloger Emma Franceschi.

Une SDF médiatique

Devant le porche de la mairie, un homme s’approche d’Emma. Georges l’a connue il y a quinze ans au centre de rééducation où il était brancardier et elle patiente. « Je suis venu après la diffusion d’un reportage il y a deux semaines. Ca m’a bouleversé. On nous parle de solidarité et de partage dans les médias, mais j’aimerais bien le voir de manière concrète. Il faut lui tendre la main. Il ne doit pas y avoir de cas par cas. Mais après c’est mon avis personnel », témoigne-t-il. Idem pour Frédérique Coibion :  »je suis en colère, car c’est une amie, mais aussi parce qu’il y a plein de gens dans cette situation« .

Mais tous les autres SDF disposent-ils d’une association pour les soutenir, d’une page Facebook pour témoigner de leurs difficultés, de médias pour les relayer ? « Le souci, c’est que les SDF sont souvent exclus ou se sont exclus du système social. Ils ont encore moins de chance qu’Emma » pour trouver une solution, reconnaît-elle. « Mais regardez autour de vous, on n’est pas nombreux« .

Bonne conscience

Car, pire que l’immobilisme administratif, il y a l’indifférence. « J’ai l’impression que les gens passent devant comme si de rien n’était. Aujourd’hui, ce sont avant tout des amis d’Emma qui sont présents, à part deux collègues de travail et la femme de l’un d’eux », commente-t-elle.

Visiblement déçue par la maigreur du cortège, elle lâche quelques sentences bien senties. « S’il suffit de cliquer sur une page Facebook, il y a 120 personnes. C’est bien aussi de faire des dons, car on en a besoin. Mais quand il s’agit de venir pendant une heure… C’est comme pour l’Unicef : on envoie des cartes en fin d’année pour se donner bonne conscience, mais je trouve que pour les gens c’est un peu une vitrine, une apparence. » Ceux qui veulent la faire mentir en auront peut-être l’occasion jeudi et vendredi : dans le cas d’une décision défavorable de la commission d’attribution, « on squattera, avec des tentes ou des parasols« .

Un lien Presque un banal fait divers dans La Provence du 9 octobre 2007

Un lien Le groupe Facebook de l’ASEF pour suivre l’évolution du dossier

Un lien La pétition de soutien

Mairie de Marseille
Quai du Port, 13002 Marseille, France

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Commentaires

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  1. cornil cornil

    tu va t en sortir cherie car tu est forte

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