Un local loué à Numéricable pousse une classe loin de son école

Actualité
le 5 Sep 2016
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Dans le 5e arrondissement, une classe de CP/CE1 a été contrainte de déménager sur un site voisin faute de locaux disponibles. Or, sur place, la Ville loue une des salles à l'entreprise Numéricable qui y a installé un local technique.

Un local loué à Numéricable pousse une classe loin de son école
Un local loué à Numéricable pousse une classe loin de son école

Un local loué à Numéricable pousse une classe loin de son école

C’est un des couacs de la rentrée marseillaise. Au cœur du 5e arrondissement, non loin du boulevard Chave, les parents d’élève d’une classe de CP/CE1 ont découvert la veille de la rentrée que leurs enfants allaient apprendre à lire et à compter non pas dans l’école de rue de l’Olivier qui accueille justement les CP et CE1 mais sur le site de la rue Gillibert, à quelques centaines de mètres, et qui accueille les plus grands du CE2 au CM2.

Or, il existe bien une salle libre dans l’école rue de l’Olivier mais elle est occupée depuis des années par Numéricable. L’opérateur internet l’utilise comme local technique, au grand dam des parents d’élèves et des professeurs qui préféreraient qu’elle ait un destin plus scolaire.

“Nous sommes liés par convention à l’entreprise Numéricable, constate Danièle Casanova, l’élue aux écoles de la Ville. Nous sommes en discussion avec eux depuis longtemps. Visiblement, le déménagement poserait de vrais problèmes techniques et risquerait de priver d’internet de nombreux habitants du quartier.”

“Dossier ouvert et connu”

Du côté de l’antenne Méditerranée de la filiale de SFR, on assure que le dossier est connu. L’histoire est fort ancienne. L’installation de locaux techniques liés au déploiement de la fibre optique date… de 1987. À l’époque, la Ville avait passé une convention avec France Télécom pour déployer la fibre optique dans le cadre du plan Câble. C’est ce qu’on peut lire dans une délibération de 2009 :

Ces conventions ont permis à France Télécom d’installer des centres de distribution dans différents locaux appartenant à la Ville de Marseille. Ces conventions prévoyaient la mise à disposition à titre gracieux de ces locaux.

En 2005, France Télécom a cédé son réseau à Numéricable et c’est avec cette dernière entreprise que la Ville a passé convention en 2009 “pour une occupation du domaine public non routier” de la ville. Mais sa présence n’est pas éternelle. “Le dossier est ouvert et actif, affirme-t-on chez Numéricable. L’évolution technique aidant, nous n’avons plus besoin d’un local de cette taille. Nous sommes à la recherche d’un emplacement extérieur où placer ce que nous appelons une armoire de rue. La rue de l’Olivier est étroite et nous cherchons activement un emplacement dans les rues adjacentes. Nous déménagerons dès que nous aurons le feu vert des services municipaux.”

Dans la cour des grands

En attendant, faute de salle disponible et adaptée, les 30 CP et CE1 ont été conviés à faire leur rentrée chez les grands. “Cela ne ferait donc que 12 CP environs et à peu près autant de CE1 face à un flot de grands, s’inquiète Jean-Baptiste Imbert, parent d’élève. Petite angoisse naissante pour notre fille, de la voir dans la cour de récré, coupée de la majorité de ses copains de l’année dernière, entourée de pré-ados…”

Une angoisse redoublée à la découverte du lieu où les 30 minots vont poser leurs cartables, jusque là utilisé comme salle des profs. Le matériel scolaire a été entreposé à la va-vite sans que les affaires des maîtres n’aient été bougées. Les bureaux empilés tutoient donc la machine à café. Face à cette découverte, la classe a pour le moment été rapatriée vers la bibliothèque de l’école, en attendant que le tri soit fait.

Changement de pied

“Qu’est-ce qui va se passer pour les activités péri-scolaires ?, s’interroge une mère. Ils vont rester avec les grands ou être acheminés jusqu’à la rue de l’Olivier ?” Sans parler du travail partenarial que la professeure souhaitait créer avec ses collègues de même niveau…

Mais ce qui agace le plus les parents est que ce revirement de dernière minute est l’inverse de ce qui a été décidé “à l’unanimité” lors du conseil d’école de juin. L’ensemble des instances de l’école avait estimé préférable de conserver cette classe sur le même site, en investissant une salle jusque-là consacrée aux activités physiques d’intérieur, dite salle de danse. Mais à quelques heures de la rentrée, la Ville a estimé que cela n’était pas possible.

Décision d’autorité

“J’ai pris cette décision d’autorité, tranche Danièle Casanova. J’ai visité la salle de danse et elle ne me paraît pas du tout adaptée. Elle est trop petite pour accueillir 30 élèves, ne comporte qu’une fenêtre et un grand miroir qui peut se briser au moindre coup de cartable.” Elle a donc demandé à ses services de déménager le matériel de classe, le 30 août au soir.

Comme souvent dans cet arrondissement, les parents d’élèves se sont aussitôt mobilisés et le téléphone du maire de secteur, Bruno Gilles (LR), s’est mis à sonner. Ils se sont même invités à la visite d’une école privée toute proche pour interpeller le maire de Marseille en direct. Les édiles se sont donc engagés à régler le problème. “L’ancienne salle des maîtres sera prête à l’usage dès lundi”, assure Danièle Casanova. En revanche, elle exclut tout rapatriement sur le site de l’Olivier. “L’inspectrice de secteur est très à cheval sur les cycles et souhaitait que les CP restent avec les CP. J’estime pour ma part que la salle de la rue Gillibert est plus adaptée et j’ai le soutien de l’inspecteur d’académie sur ce point.”

Pression continue

Du côté de la direction départementale des services de l’éducation nationale, on se dit “confiant” : “La Mairie de Marseille s’est saisie aussitôt de cette alerte et compte apporter tous éléments de solution dans les plus courts délais”. Pour l’heure, un rapatriement sur le site de l’Olivier n’est toutefois pas envisagé “à moins de revoir complètement l’organisation des classes de cette école”, insiste l’élue.

Sur le terrain, les parents d’élèves et l’équipe enseignante se disent déterminés à maintenir la pression sur la Ville. “Je suis prêt à me passer d’internet pendant plusieurs mois pour que ma fille puisse apprendre à lire dans de bonnes conditions”, glisse même Jean-Baptiste Imbert.

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Commentaires

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  1. Blaah Blaah

    Ah, il me semble qu’il y a une minuscule erreur dans cette article. On y lit en effet que la décision aurait été prise sur une demande personnelle de l’adjointe la veille de la rentrée. C’est forcément une erreur, aucune collectivité territoriale ne fonctionne comme cela. Les élus travaillent à l’avance avec les services municipaux, qui ont – eux – une compétence professionnelle en la matière, et se concertent avec parents d’élèves et partenaires, de sorte que le compromis le plus acceptable est trouvé en temps et en heure. Aucun élu local digne de ce nom ne se vanterait de mêler la bêtise à l’arbitraire à moins d’un jour de la rentrée, comme semblent le laisser penser les déclarations de Mme Casanova. Mais celle-ci ont été mal retranscrites, à n’en pas douter.

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Ah ah ah ! Je m’apprêtais à faire un commentaire contenant les mots “irresponsabilité”, “absence d’anticipation”, “je-m’en-foutisme”, etc., – bref ! le vocabulaire qui qualifie habituellement la politique municipale en ce qui concerne les écoles et les écoliers. Mais je vais m’abstenir…

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  2. julijo julijo

    Ça pour une erreur !! c’en est une ! et Casanova : “même pas peur !” et “même pas honte !”

    Heureusement que Gilles et Gaudin visitaient une école privée tout à côté, sinon la question n’aurait pas pu être posée….
    Quant à une visite rue de l’Olivier, c’était le 30 Août…..

    Il se passe des trucs dans cette ville…ce serait quelqu’un d’autre qui m’en parlerait je dirais : il exagère…..comme c’est Marsactu j’ai tendance à vous croire, mais c’est énorme.

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  3. Laurent Malfettes_ Laurent Malfettes_

    L’explication donnée par Danièle Casanova, selon laquelle le déplacement des installations techniques pourrait priver d’internet les habitants du quartier, est risible. Mais elle l’a peut-être elle même gobée ?

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  4. VitroPhil VitroPhil

    Madame Casanova égale à elle même, il est clair que son incompétence et son inconscience la rende indispensable pour expliquer l’inexplicable.

    Maintenant d ‘ un point de vue scolaire, je ne vois rien de choquant à regrouper des CP CE1 avec des CE2 ,CM1 et CM2.. Cela s appelle une école élémentaire.

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    • Stéphanie Stéphanie

      Je ne pense pas que ce soit le fait que les CP-CE1 soit avec les CE2, CM1 et CM2 qui pose problème, c’est plutôt le fait que 12 CP et 15 CE1 sont avec 240 CE2, CM1 et CM2 et pas avec les 150 autres élèves de CP/CE1 de ce groupe scolaire. Ils n’accèdent donc pas au contenu pédagogique adapté à leur niveau scolaire mis en place à l’école de l’Olivier.

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  5. LaPlaine _ LaPlaine _

    J’ai noté le “j’ai pris cette décision d’autorité” de madame Casanova, comme quoi les élus de cette ville peuvent faire preuve d’autorité quelques fois…

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