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Les cinémas Variétés et César de nouveau en difficulté

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le 14 Jan 2016
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Les employés des cinémas César et Variétés étaient en grève ce mercredi. En cause, un retard de paiement des salaires. Un très mauvais signe pour des établissements qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.

Les cinémas Variétés et César de nouveau en difficulté
Les cinémas Variétés et César de nouveau en difficulté

Les cinémas Variétés et César de nouveau en difficulté

Les jolies lettres lumineuses du César, sur la place Castellane, sont restées éteintes ce mercredi. S’il y avait bien quelqu’un derrière le guichet, c’était pour annoncer aux cinéphiles les plus coriaces qu’il faudrait attendre un autre soir pour se faire une toile. La raison de cette fermeture inopinée est pourtant indiquée sur la porte vitrée : “Cinéma en grève pour cause de non-paiement des salaires”. Les salaires n’ont pas été entièrement versés en ce 13 janvier. Et selon les salariés, c’est affaire courante.

Une grève avait déjà eu lieu en 2010 pour les mêmes raisons : des retards dans le paiement des salaires. Trois ans plus tard, le cinéma les Variétés, seul cinéma Art et Essai de Marseille, a perdu son label après plus de deux ans de suspension. En cause : la programmation, jugée pauvre et pas à la hauteur. Derrière, ce sont les choix du gérant, Galeshka Moravioff, qui étaient pointés par les professionnels du cinéma. L’un d’eux estimant à l’époque que ce dernier “gère un cinéma comme il vendrait des pizzas”. “Le problème, c’est lui”, tranche le représentant des quinze salariés. “La situation n’a pas évolué. Il vient très peu et nous n’avons aucune explication sur ces retards de paiement à répétition”. 

“Deux ans qu’on ne l’a pas vu”

Joint par téléphone à son bureau à Paris, Galeshka Moravioff, assure que le problème est conjoncturel. “La personne en charge du paiement des salaires a eu un grave problème de santé. Avec les vacances, nous avons eu quelques jours de retard mais les virements ont été faits”. Côté salariés, on assure que ce retard est récurrent et qu’un jugement aux prud’hommes sur le sujet, porté par trois d’entre eux, a tranché fin novembre en leur faveur. Le gérant confirme la procédure mais refuse de la commenter, estimant qu’il “s’agit du droit des salariés”. 

L’épisode est loin d’être de bonne augure pour les deux cinémas. Les Variétés, loué à la Ville, est toujours dans un piteux état. Celle-ci avait d’ailleurs fait état en 2013 de retards dans le versement des loyers. Pour justifier ces “difficultés de trésorerie”, Galeshka Moravioff, qui s’est séparé des cinémas qu’il gérait à Lyon, évoque un conflit avec le centre national de cinéma et de l’image animée. “Nous leur réclamons 3,5 millions d’euros de subventions qu’ils ne nous versent pas. Les cinémas fonctionnent très bien quand on a des films et ce n’est pas le cas pour le moment car nous n’avons pas l’argent nécessaire”. En 2013, il avait contesté la perte du label Art et Essai et des subventions qui lui sont attachées. Un retrait qu’il conteste toujours. En 2009, Lyon Capitale révélait l’existence d’une lettre de menace de Galeshka Moravioff, donnant quinze jours à la Ville et à la Région pour lui accorder une subvention de 200 000 euros sous peine de fermer le cinéma.

“Cela fait deux ans qu’on ne l’a pas vu, alerte une salariée. Il n’a jamais répondu à nos lettres. C’est un serpent qui se mord la queue, vu les dettes, les distributeurs ne veulent plus diffuser les films chez nous. Plus d’argent, plus de films. Plus de films, plus d’argent. Ces petites grèves embêtent plus les spectateurs que le gérant, admet-elle. Nous allons nous réunir la semaine prochaine avec le reste du personnel pour réfléchir à la suite”.

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Commentaires

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  1. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Il me semble que l’Alhambra à saint Henri est “art et essai”. Je vous le recommande, vue plongeante sur un très grand écran, tarifs attractifs.

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  2. LaPlaine _ LaPlaine _

    Chronique d’une mort annoncée pour ces établissements peu attractifs? Il y a un réel souci avec le 7ème art à Marseille, je crois savoir que la ville a un taux très faible d’équipements et d’offres versus le nombre d’habitants et qui plus est des salles en grande partie obsolètes (peu ou pas d’amphis). Le projet Besson va être le bienvenu pour les gros calibres cinématographiques (mais quid de la VOST?). Quant au projet Art Plexe sur le haut Canebière, soutenu par la mairie, espérons qu’il voie le jour, ce dernier permettrait de proposer de l’art et essai et de la VO même si compte tenu de son emplacement, sa rentabilité me semble également aléatoire (la “clientèle” étudiante ne reste pas sur place en dehors des cours par manque d’attrait du quartier). C’est tout le problème de cette ville qui en son centre historique n’a pas assez de dynamique et d’attrait car délaissée depuis trop longtemps par une municipalité tournée vers d’autres lieux ce qui est à mon sens un erreur.

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  3. mireille reymond mireille reymond

    J’adore le cinéma et je pense que c’est dans une salle qu’on doit voir des films !! mais à Marseille il est devenu impossible de le faire dans de bonnes conditions c’est à dire en VO et à l’heure qui nous convient !! j’ai connu un temps où la ville était équipée de plusieurs salles qui le permettaient ; maintenant il reste llAlhambra mais il est loin , le Chambord et le Pathé Madeleine qui essaient d avoir des programmations très éphémères !! bref le dois souvent renoncer

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    • LaPlaine _ LaPlaine _

      Ce qui est tout bonnement incroyable dans la “seconde” ville de France… Il y a un problème d’acculturation dans cette ville.

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  4. marseillais marseillais

    Problème d’acculturation, oui, dans notre ville. Amateur de cinéma, je me lamente de ce laisser aller qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui ne fait qu”empirer.
    Comment une ville de 850 000 habitants peut se passer de cinéma ?
    Il est vrai que le 7ème art est peu défendu par nos édiles politiques, de droite et de gauche. En fait, marseillais de toujours, je n’ai jamais aperçu l’un d’entre eux dans un cinéma.
    Ils ne peuvent défendre ce qu’ils ne connaissent pas. Il vaut mieux être vu dans une loge du stade vélodrome…
    Oui, l’Alhambra est une réussite et on rêverait d’autres Alhambras dans des quartiers de la ville, avec pédagogie auprès des scolaires, animation de quartier…
    Seul le projet complexe Canebière semble défendu, avant par Mennucci, aujourd’hui par Bernasconi, mais avec quelle lenteur, et si peu d’enthousiasme.
    A Marseille, il y a la place pour un cinéma populaire et de qualité. Mais la culture, après MP2013, a t’elle vraiment sa place dans la 2ème ville de France?

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  5. Lagachon Lagachon

    La ville serait bien inspirée de récupérer les Variétés pour le confier à des gens plus sérieux qui ne manquent pas. Les gestionnaires de l’Alhambra bien sûr, mais aussi la Friche qui fait ses preuves avec le Gyptis, l’équipe du Vidéodrome qui gère avec grand succès une petite salle sur le Cours Julien, et même le propriétaire du Prado et Chambord qui a montré qu’il était capable de proposer une offre en VO dans un beau cinéma avec le Chambord.
    Franchement, avec autant d’acteurs locaux compétents, on se demande pourquoi la Ville conserve ce M.Arnakoff, ou peut-être qu’on ne se demande pas…

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Tout à fait d’accord. Les difficultés des salles “gérées” par ce Monsieur Pizzaioloff ne sont pas récentes : Marsactu les évoquait déjà en 2013 (https://marsactu.fr/le-label-art-et-essai-des-varietes-menace/) ! Or cet individu n’est que locataire de la ville, du moins en ce qui concerne Les Variétés.

      On est surpris de l’inaction totale de la municipalité dans cette affaire (ou peut-être, comme vous le suggérez, ne doit-on pas être surpris ?). Une seule salle art et essai dans une ville de 850 000 habitants ! Mais on lit quand même sur le site de la ville que “Marseille aime le cinéma” !

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  6. LaPlaine _ LaPlaine _

    Il m’avait semblé avoir lu quelque part une étude (insee?) sur la culture où il ressortait que Marseille était très mal classée en termes de, places de cinémas, livres, presse, par habitant. Il faut bien appeler un chat un chat, il y a un souci sociologique à Marseille en termes culturels et pas seulement dû aux populations paupérisées comme on dit.

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  7. philippe philippe

    la ville de Marseille avec tous ses services de la culture , ses chargées de missions, je sais pas lesquelles d’ailleurs, s’en foutent de ce lieu la moitié du batiment est inexploité , a l’heure ou tous le monde cherche des lieux de co working, après avoir géré la galerie et le bar du cinema les Varietes (LA JETEE) pendant 2ans, nous avons quitté les lieux parce qu’aucune énergie , ni volontée, ni aide , ne venait de la ville, alors que nous payons tous les mois une mise a disposition du lieu a hauteur de 800€ par mois pour disposer de l’espace Bar galerie, chauffage (inexistant) nettoyage (pauvres filles ,elles avaient un balais pour les 2 cinémas ,et elles étaient payée au lance pierre ) le lieu est infesté par les rats, nous avons réussi a créer 2 emplois CAE , nous arrivions a voir plus de public que le cinema lui même, mais nous faisions trop de bruit , nous organisions trop d’ événements, nous devenions trop sociable pour les directrices du cinéma, la 2eme année nous avons commencer à nous casser la gueule financièrement, mais le cinéma c’etait encore pire que nous , tant que nous avons pu , en organisant des événements ,nous sommes arrivés a donner une images , plus glamour !!!!! ((((plus capitale européenne de la culture)) alors nous avons essayer au bout de deux ans, dossier en main , et non pas pour gratter de l’argent à la ville ou autres institutions , de rencontrer des acteurs municipaux soit disant susceptible de nous aider a re négocier notre mise a disposition pour pérenniser notre activité, bin en fait nous avons tout arrêter devant le laxisme et l’incompétence des soit distante personne…….
    LA JETEE 22/11/12> 10/07/2015

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    • linda linda

      j’ai du mal à croire ce que je lis… un commentaire serait si vain… juste envie de vomir! quand même je ne résiste pas :
      – “les cendrillons du ménage” -pas cher payées soit, mais pas pire qu’ailleurs- te remercient vivement pour le respect que tu leur a témoigné en leur laissant le cinéma dans un état déplorable avec ces fameuses soirées jusqu’à 2/3 h du mat (de 1 par mois, on est passé à quasi 2 par semaines, et la plupart du temps on apprenait l’info sur FB même à la direction!). De notre coté, on a pas cessé d’aller vous chercher pour vous immiscer dans nos programmations, ce qui n’a jamais fonctionné à l’inverse, j’imaginais -et j’en avais très envie-que l’histoire serait belle mais la situation s’est avérée très complexe pour nous (le quotidien était déjà assez éprouvant)
      – oui, on a aperçu quelques rats dans le hall (Variétés étant placé entre Noailles et Belsunce, il semblerait que le carrefour soit bien fréquenté) et ceux, malgré de multiples tentatives de dératisations… je défie quiconque…
      – oui, on a du dire stop quand le personnel se prenait les retours furieux des spectateurs qui entendaient la musique depuis la salle
      – et oui, en tant que direction, on est responsable de la sécurité du public, alors comment suivre 2 fois par semaine en plus de nos événements sur des soirées qui ne rapportent rien au cinéma et où on est pas payés pour rester bien que responsables du bordel!
      – oui, vous avez programmé des choses formidables et oui, nous aussi on propose de belles choses en face avec le putain de mérite de le faire avec 3 bouts de ficelles (comme tant d’autres) et avec zéro considération (même pas la tienne!).

      Et enfin, merci et bravo au Gyptis, aux Vidéodromes, au Polygone étoilé, à l’Alhambra, au Prado, au Chambord, au Pathé Madeleine, au Mazarin… qui assurent la relève là où on ne peut plus suivre… Souvenez-vous quand même que la comparaison n’est judicieuse que si elle prend en compte les ressources du cinéma (les entrées certes mais aussi les aides institutionnelles, et c’est valable pour les festivals, manifestations et autres lieux…).

      Merci encore pour tes mots cher Philippe, on apprend tous les jours…
      On s’était pourtant séparé d’un commun, intelligent et cordial accord…
      (Derrière Mr Galeshka Moravioff, il y a des personnes qui bossent et qui se battent tous les jours pour inventer juste demain)

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    • linda linda

      je te rejoins par contre à 100% sur l’immobilité absolu de la ville de Marseille !

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  8. aml aml

    et bien, au vu de cet article , des commentaires et de mes vécus de cinéphile, pas très “mobile” adepte d'”éducation populaire” je me dis:
    mais qu’attendons-nous , tous et toutes ensemble qui aimons le ciné, les rencontres autour d’un bar, de tables , les débats…pour nous mobiliser , permettre, enfin, à Marseille de redevenir – certes en bien des lieux, bien des formats de projection , choix de films et de rencontres la grande ville du cinéma( bvd Longchamp appelé bvd du cinéma pour producteurs, réalisateurs, directeurs de salles…X superbes salles des plus populaires…X films tournés en studios et dans décors rééls…, acteurs et actrices “internationaux” …d’ici!
    Alors, basta…Ne tombons pas dans les pièges des “requins” de la finance et de nos “gouvernances” qui comptent sur bien des logiques de survie , de concurrences pour investir dans des projets du type Besson/ Mairie du premier arrondissement , supprimer subventions diverses , mettre fin à notre “exception culturelle” et qui feront rendre l’âme à tous les cinés .
    aml 15/1/16

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  9. mireille reymond mireille reymond

    Tous ces rêglements de comptes ne résolvent pas des problèmes qui existent depuis les décennies!! les Marseillais cinéphiles ne vont plus au Cinéma ,
    Et Dieu sait que les DVD ne remplaceront jamais une projection en salle !!

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  10. Trésorier Trésorier

    Je m’étonne des étonnements que je lis dans vos prropos.

    Marseille paye dans ce domaine une faiblesse du taux de formation scolaire, du niveau de vie, de la d’étudiants (beaucoup sont a Aix) dans la population. Sans parler de gestions privées déficientes et d’une action publique inadaptée.

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  11. Astra Astra

    Il est clair que Marseille manque de cinémas et que les variétés et le césar n’ayant plus accès comme auparavant à tous films qu’ils pourraient présenter, se vident. Les distributeurs par la voie de leurs syndicats ont décidé pour la majorité d’entre eux de ne plus fournir en films ces salles car Monsieur Moravioff avaient chez eux des ardoises monstrueuses
    Il est important que les publics et les professionnels du cinéma de la ville se mobilisent autour du personnel qui fait un super boulot dans des conditions très difficiles (licenciements massifs depuis plusieurs années) pour faire tant bien que mal vivre ces lieux. La ville a un contrat avec Moravioff et depuis très longtemps et on ne peut pas virer si facilement que ça quelqu’un qui a un bail emphytéotique qui avait été octroyé avant l’arrivée de Monsieur Godin à la mairie… Le risque réel c’est que ça arrive enfin et que l’équipe actuelle soit “balayée” d’un revers de la main par les successeurs dont rien ne nous garantit pour le moment qu’ils feraient mieux qu’elle.
    Il faudrait que les directrices mobilisent l’ensemble des marseillais pour les soutenir et les aider à monter un projet bien ficelé pour rebooster les salles et avoir les coudées franches enfin. Elles en sont parfaitement capables me semble-il.

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  12. Laetitia Laracca Laetitia Laracca

    Tout ce qui a été commenté est réaliste, on ne peut en effet que constater le désastre, en tant qu’habitants et en tant qu’employés des cinémas. Pourtant une question me taraude : ne serait-il pas possible aux salariés de reprendre ces cinémas sous forme de scop ? Je pense qu’une telle situation ne pourrait que s’en trouver mieux gérée, et le public serait certainement solidaire…

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  13. linda linda

    Merci pour votre bonne lecture et votre soutien. Nous continuons à nous battre et n’hésiterons pas à informer le public, nos partenaires ainsi que les médias, si une mobilisation plus large devenait nécessaire.

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