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L’élection à la présidence de la métropole finalement annulée

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le 7 Nov 2015
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Photo Esther Griffe
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La prudence l’a finalement emporté. L’élection du président de la métropole prévue lundi est finalement reportée en attendant que l’incertitude juridique se clarifie. Vendredi, le tribunal administratif de Marseille avait annulé deux arrêtés fixant la composition du conseil métropolitain. Cette victoire de la mairie d’Éguilles était susceptible de fragiliser l’élection du président de ce même conseil, mais Jean-Claude Gaudin, le grand favori n’entendait pas y renoncer. Dans l’après-midi, la préfecture des Bouches-du-Rhône a même annoncé son intention de contester la décision du tribunal.

Selon La Provence, le candidat favori s’est depuis entretenu avec la ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu. “Craignant que la séance de lundi et l’élection du président soit annulée, suite à un simple recours qui n’aurait pas manqué d’être déposé, Jean-Claude Gaudin préfère ne plus convoquer et laisser le gouvernement reprendre l’affaire en main”, écrit le quotidien régional. Dans les faits, c’est à la présidente de la communauté d’agglomération du pays d’Aubagne et de l’Étoile Sylvia Barthélémy, à l’initiative de la convocation, qu’il revient de l’annuler. C’est ce qu’elle a fait, nous a confirmé son entourage.

Actualisation le 8 novembre : La maire d’Aix-en-Provence Maryse Joissains, qui doit présider la séance, veut la maintenir. “Je considère que nous n’avons pas à être traités de cette manière désinvolte et, puisque la réunion a été prévue, il m’appartient d’ouvrir la séance, de la clôturer après avoir constaté les procédures judiciaires en cours”, indique-t-elle dans un communiqué. De même, le maire de Martigues Gaby Charroux, qui est candidat à la présidence, annonce son intention de se rendre au Pharo.

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Nous republions ici notre article du vendredi 6 novembre.

Éguilles, Gardanne, Pertuis, Cabriès… Ce matin, la salle d’audience du tribunal administratif de Marseille avait une tonalité très métropolitaine. Par des moyens différents, ces quatre communes du pays d’Aix tentaient d’empêcher la tenue de l’élection du président de la métropole, prévue lundi.

La décision sur le recours d’Éguilles est tombée la première. Son angle d’attaque est à la fois simple et surprenant. Selon l’ordonnance du tribunal administratif que nous nous sommes procurés, Éguilles affirmait qu’”aucune disposition législative ou réglementaire” ne donnait pouvoir aux préfets de fixer la composition du conseil de la métropole. Or, elle s’estime mal lotie par la répartition des sièges, passant d’1 sur 92 à 1 sur 240… Elle demande donc au tribunal de transmettre au conseil d’État une question prioritaire de constitutionnalité sur ce sujet.

Dans le cadre de cette procédure d’urgence, et vu le “doute sérieux” soulevé par ce point, le tribunal a jugé bon de suspendre les arrêtés. Il faudra vraisemblablement plusieurs mois au conseil d’État pour se prononcer. Mais, dans l’intervalle, l’effet voulu est atteint : il semble impossible d’organiser une élection dans ces conditions.

La ville de Marseille veut maintenir

Pas si vite, a réagi dans la soirée la ville de Marseille. En effet, dans un autre recours simultané, la mairie de Cabriès contestait la convocation du conseil métropolitain par Sylvia Barthélémy, présidente de la communauté d’agglomération du pays d’Aubagne et de l’Étoile. Comme celle-ci n’a pas été annulée par le tribunal administratif, “la séance se tiendra donc”, affirme la Ville de Marseille dans un communiqué.

D’un raid concerté du pays d’Aix contre l’élection, l’affaire tourne à la bagarre juridique. “La qualité des conseillers métropolitains résultant de l’élection au sein des conseils municipaux des 92 communes n’est pas contestée, souligne Gilbert Sindres, avocat de Sylvia Barthélémy et conseil habituel de la ville de Marseille. Ce sont eux qui ont été régulièrement convoqués pour l’élection de ce lundi. Le premier acte de la métropole peut donc se tenir.” En clair, les conseillers métropolitains tirent leur qualité des 92 délibérations des conseils municipaux du territoire de la métropole, qui n’ont pas été annulées. Quand bien même l’arrêté du préfet sur laquelle elles se basaient est suspendu, ces délibérations tiendraient encore.

Maire de Cabriès et conseiller d’État, Hervé Fabre-Aubrespy est sceptique et se prépare à un nouvel assaut judiciaire. “Vous ne pouvez pas réunir un conseil qui est suspendu ! Immédiatement on va attaquer l’élection du président. On fera un référé et ses fonctions seront suspendues. À la place du préfet, je prendrais l’attache du national avant de laisser faire une chose pareille…” Il a été entendu. En soirée, la seule communication de la préfecture tenait en cette simple phrase : “Le préfet en a informé le Gouvernement”. Samedi après-midi, la préfecture annonçait : “Après analyse de cette ordonnance, le Gouvernement a décidé de se pourvoir en cassation auprès du Conseil d’Etat”.

Pas de “blanc-seing” à Gaudin

Après la tentative de création d’une métropole du pays d’Aix, le procédé peut sembler tortueux pour retarder la mise en place de l’institution. Et très loin des défis qui se posent au territoire… “À ces arguments juridiques s’ajoutent des arguments politiques, précise Hervé Fabre-Aubrespy. Il n’est pas possible de donner un blanc-seing à Jean-Claude Gaudin en n’élisant ni bureau ni présidents de conseils de territoire. Je trouve choquant que l’on puisse dire que l’institution peut fonctionner simplement parce qu’elle a élu son président.”

C’est justement sur ce plan que s’appuyait son recours. Sur un plan plus politicien, ce calendrier très étiré avec des vice-présidents et des présidents de conseils de territoire élus en janvier est tout à l’avantage de Jean-Claude Gaudin. Cela lui évite de choisir dès à présent l’équipe qui l’entourera. “Si on fait le compte de toutes les vice-présidences qu’il aurait promis si on croit tout ce qu’on entend, on doit en être à plus de quarante !”, rigole un élu marseillais. Les membres de sa majorité municipale, les représentants des maires, l’opposition : tous peuvent prétendre à une des vingt vice-présidences. Or, choisir, c’est mécontenter.

Julien Vinzent (avec JML)

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Commentaires

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  1. Titi du 1-3 Titi du 1-3

    Elle est bien la photo, c’est moi ou Jean Claude se deferrise ?

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  2. LaPlaine _ LaPlaine _

    Une pétaudière en perspective? Et pendant ce temps on en perd …(du temps). Ce qui devrait être un outil avec fonction première de favoriser la vie future des habitants, se transforme en pugilat politique stérile. Avons-nous la classe politique la plus bête du pays? Ou sont les intérêts communs supérieurs? Comment se débarrasser de ces barbons?

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    “… puisque la réunion a été prévue, il m’appartient d’ouvrir la séance, de la clôturer après avoir constaté les procédures judiciaires en cours.”

    Où il se confirme que certain-e-s élu-e-s se complaisent dans le théâtre plutôt que de traiter les problèmes de fond.

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  4. JL41 JL41

    C’est sûr, Electeur du 8è et Laplaine, Les choses deviennent carrément pagnolesques. Cela vaut peut-être le coup pour ce qui nous concerne, d’aller au-delà de ce simple constat et d’expliquer comme je l’ai fait, à quoi tient la réussite aixoise que la maire d’Aix s’attribue un peu facilement. Il y a sans doute des vérités qui dérangent, puisque la Provence, après l’avoir mis en ligne ce matin, a censuré le commentaire ci-dessous :

    « Nous sommes quand même des nains, il n’y a qu’ici qu’on peut voir ça !
    « Voilà qui nous donne peut-être le temps de débattre, ou au minimum d’avoir une vue plus exacte des composantes de la future métropole : http://marsactu.fr/une-autoroute-pour-la-metropole-gaudin/#comment-36031
    « Les politiques victorieuses ou vertueuses d’Aix-en-Provence, d’Aubagne ou de Martigues, doivent quand même beaucoup aux transferts d’entreprises de Marseille et aux recettes fiscales de ces communes, parfois complétées par le recours à l’endettement. Une grande ville comme Marseille est difficile à cerner, bien qu’on y lise pas mal de résultats positifs, comme la création d’emplois. Qui a davantage alimenté le solde migratoire de la ville qu’apporté des emplois aux Marseillais, où la formation nécessiterait davantage d’efforts.
    « Nous parviennent de Martigues les échos du petit livre blanc de Gaby Charroux, où certaines propositions alternatives sont crédibles. Comme sur le sujet controversé de l’eau (faut-il en confier la gestion au privé ou gérer cela en régie, comme certaines villes l’ont fait avec succès). Comme sur les services publics à conserver en régie également, mais avec un contrôle des utilisateurs. Un circuit court qualité/prix qui mérite attention. »

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  5. leravidemilo leravidemilo

    Oui, IMMANQUABLE ! : 1 On fait convoquer par la princesse d’aubagne, S. Barthélémy, la première séance, brisant ainsi un tacite accord entre les présidents des autres EPCI. 2 On déclare que le roi s’appellera Gaudin 1er. 3 On fait savoir que l’intendant est déjà nommé, qu’il s’appelle Gondard, qu’il sera DGS, qu’il l’était déjà à Marseille ,tiens donc! (Mais on attendra que les vice rois soient proclamés avant que d’officialiser la chose, restons polis.). 4 On fait fuiter une maxime bien sentie, de la part d’un membre du premier cercle /proche entourage et ce à l’intention des ceusses qui expriment quelque étonnement : “quand on choisit Gaudin, on choisit ses hommes et sa méthode.” ( voila qui est bien envoyé et largement susceptible de rassurer celles et ceux qui subodorent et dénoncent, depuis un an ou deux, une mise en coupe réglée de leurs territoires/EPCI/communes.) 5 On multiplie les promesses sur les vice présidences à droite (surtout) et à gauche, et en priorité dans le marigot defferriste où les deux se mélangent aisément; On laisse flotter l’agenda pour la suite, faisant bien comprendre que pour ce qui est des délégations, vice présidences et autres babioles, rien ne presse et que tout cela pourrait bien attendre janvier, après les élections régionales, la trêve des confiseurs pour s’en remettre et peut être les inondations suivantes… 6 Le citoyen quidam, mais également le Maire et/ou président d’EPCI se dit in peto qu’il va attendre voir ce qu’il en est des nominations du grand chambellan et du bouffon ….. 6 Et donc Patatrac/Pataques les recours pleuvent comme à gravelotte au tribunal administratif, les juges en jugent, et on doit consulter par prudence Débranchue et Valls, les grands alchimistes de la soupe, puis, par “précaution” contrainte et forcée, on arrête tout et on se demande bien quand pourra t elle se tenir finalement cette si urgente INSTALLATION !!! (ce sont les lapins qui seront étonnés… et sans doute également Valls et Débranchue qui trop ignorent cette belle culture provençale et n’auraient pas du s’exonérer d’un bon stage d’immersion!). Bon, on arrête tout et on recommence. Un constat : la métropole est bel et bien susceptible de créer quelques emplois…au tribunal administratif. Une recommandation pour la suite : Mieux ajuster la comm et, afin d’éviter tout malentendu, et notamment bien préciser qu’en fait, on avait commencé en nommant le bouffon!

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