J'ai testé la galerie d'art où l'on coupe les cheveux

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le 22 Avr 2014
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J'ai testé la galerie d'art où l'on coupe les cheveux
J'ai testé la galerie d'art où l'on coupe les cheveux

J'ai testé la galerie d'art où l'on coupe les cheveux

Le cheveu déjà court, j'entre néanmoins dans un salon de coiffure du quartier de la Plaine. Je viens m'y faire raccourcir les pointes histoire de découvrir le lieu. Dans la salle principale, il n’y a qu’un fauteuil placé devant un miroir entouré d'une multitude de bateaux et d’avions imaginaires, fragiles et poétiques comme des rêves d’enfant. Je reste en arrêt devant ce spectacle. "Bonjour !". Eve Renoult me tire de ma rêverie. Les présentations faites, elle m'invite à prendre place au poste shampooing. Confortablement assis, l'eau coule dans le bac, le micro tourne. Après 12 ans passés à travailler dans un salon de coiffure classique, elle "[était] fatiguée par l'environnement et le rythme de travail". Elle a donc ralenti son activité pour se "retrouver". L'idée de mêler l'art à son métier a alors germé. Aidée par son compagnon Balthazar Daninos, créateur de dispositifs scéniques et bricolés, elle a ouvert l'Autoportrait il y a un an et demi. Les mains dans la mousse, elle raconte son histoire.

FauteuilShampooingAutoportrait

Comme certains vont au musée prendre un café, l'Autoportrait est ce genre de lieu hors du temps qui se laisse investir suivant l'humeur : en curieux, en famille, en amateur d’art, pour dire bonjour… ou pour se faire couper les cheveux. Tandis que les ciseaux volent au dessus de ma tête, la coiffeuse joue les médiatrices. Elle me fait découvrir l'exposition qu'elle a mise en place avec Pierre Boucharlat. A chaque fois, il s'agit pour elle de dresser le portrait d'un artiste, en prenant le temps de discuter avec lui et de choisir les oeuvres qui seront montrées au public.

L'atmosphère est légère, comme ses "véhicules imaginaires", faits de brindilles et de papier, suspendus dans les airs. Eve Renoult attire justement mon attention sur un aéroplane dont la structure de bambou et la voilure en papier évoque le "Faucheur de marguerites", surnom des premiers avions qui tutoyaient les champs plutôt que les nuages. Je n'observe même plus mon reflet dans le miroir. En revanche, il me permet de contempler les oeuvres qui ne sont pas dans mon champ de vision. L'intérêt de marier art et coiffure m'apparaît soudain clairement : dans le salon d'Eve Renoult, on parle d'art "comme on parle de la pluie et du beau temps", d'une façon ouverte et naturelle. Et les premiers curieux ne sont pas forcément les bobos auxquels on pense d'abord.

salon d'art

Alors que le sèche-cheveux anime les mobiles alentour, mon expérience s’achève. Enchanté de ma rencontre avec Eve Renoult et Pierre Boucharlat, je me permets une dernière question. "Sachant que tous les deux à trois mois, le salon d’Art présente un nouvel artiste, est-il possible que les clients changent en fonction des oeuvres exposées ? " "Oui", me confirme Eve Renoult, "Le 'Crash' de Pierre Boucharlat que l'on peut observer à travers la vitrine, a, par exemple, un grand succès auprès des enfants". Attirés par l'avion bleu, le nez planté dans le sol, ils s'arrêtent et conduisent leurs parents à s'intéresser à la boutique. Vont-ils oser entrer?

CrashAvionAutoportrait

Exposition : Véhicules Imaginaires, jusqu'au 10 mai à l'Autoportrait, 66 rue des trois frères Barthélémy, 13006 Marseille

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Commentaires

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  1. indignezvous13 indignezvous13

    génial !

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  2. Tes plus belles fans Tes plus belles fans

    Bravo Thomas ! C’est toi le meilleur

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  3. JL41 JL41

    Alors que je lisais cet article à une cliente potentielle, toujours à se désoler que même les « coiffeurs-visagistes » ont du mal à travailler en fonction du visage, se contentant le plus souvent de « poser » sur la tête du client une coiffure type, elle me répondit : « ouais, il faut voir aussi ce qu’ils feraient avec mes cheveux ».

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