"Il n'y a qu'en France que les taxis ont réussi" à tuer la concurrence

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le 28 Fév 2011
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Fini de rigoler, ils jouent leur « survie », à en croire Charles Gilardenghi, président de l’Union syndicale des petits propriétaires de taxis des Bouches-du-Rhône (Tupp). Interrogé par La Provence, « Lolo » s’en prend à ces « taxis déguisés qui nous prennent du chiffre d’affaires », à savoir l’autopartage, « les voitures clandestines, les véhicules de transport low-cost – qui ont fait leur apparition à Avignon – ou bien, encore, les taxis motos ».

Avignon où Lolo et ses collègues comptent bien mettre la pression sur Easy Take, qui depuis un peu plus d’un an propose un service de transport sur réservation préalable. Et qui, après avoir gagné en première instance, devra se défendre en appel le 15 mars de l’accusation de concurrence déloyale des taxis. Selon le Dauphine Libéré, entre 300 et 700 artisans devraient bloquer la ville. Et à Nîmes et Montpellier, où la société s’est étendue récemment, les chauffeurs sont « dans un climat de tension extrême », assure au Midi Libre André Garcia, le président héraultais de la Fédération des artisans du taxi.

Dans quel contexte s’inscrit cette bataille, quelle est la situation dans d’autres pays, quel est l’avenir des taxis ? Richard Darbéra, chargé de recherches au CNRS et auteur d’un livre sur la question nous éclaire.

Marsactu : l’idée Easy Take est-elle nouvelle ?

Richard Darbéra : il existait depuis longtemps dans le monde entier ce qu’on appelle des petites remises. Mais sous Louis XIV, il fallait aller jusqu’à la voiture dans une remise. Elles se sont surtout développées dans les années 60, quand le téléphone s’est généralisé tout à coup. Partout les taxis ont réagi pour essayer de l’empêcher, mais il n’y a qu’en France qu’ils ont vraiment réussi. A New York, les taxis gardent le monopole des clients qui les hèlent dans la rue et laissent le téléphone aux petites remises. A Londres, les taxis ont la rue mais sont en concurrence sur les courses par téléphone. Mais en France, le ministère de l’Intérieur a tué les petites remises, qui ont pratiquement disparu. Même si Attali et d’autres ont voulu les ressusciter…

Dans ce cas comment Easy Take peut-elle fonctionner ?

Richard Darbéra : en 2009, le ministère de l’Economie a profité d’un texte sur le tourisme pour créer une nouvelle catégorie, le véhicule de tourisme avec chauffeur. Les grandes remises, qui étaient des voitures luxueuses et très chères, sont ainsi élargies à ce qui correspond aux petites remises.

La situation pourrait donc évoluer désormais. Avec quelles conséquences ?

Si on regarde ce qui se passe dans d’autres pays, l’usage global – taxi et petites remises – est beaucoup plus développé. Les Londoniens et les New Yorkais font 3 à 4 fois plus de voyages par habitant que les Parisiens. Tout simplement car du fait de la concurrence les prix sont plus bas. A Londres, les taxis noirs sont très chers et sont utilisés par les touristes, tandis que les Londoniens montent plutôt dans les minicabs. Et si l’on regarde par couches sociales, les pauvres utilisent ce mode de transport, contrairement à Paris. L’autre avantage, c’est que cela crée de l’emploi dans les quartiers pauvres, où beaucoup de petites entreprises se développent.

Mais les taxis, qui doivent acheter une licence plus de 100 000 euros, ne sont-ils pas menacés ?

Je pense qu’avec le développement de la concurrence le prix des licences va baisser car les gens seront moins prêts à mettre une fortune pour devenir taxi et c’est un drame pour ceux qui ont récemment acheté une licence…Cela dit, les taxis ne vont pas disparaître car ils disposent d’avantages compétitifs. Tout d’abord ils sont les seuls à avoir le marché de la rue et des stations. Et quand les taxis arrivent à se mettre d’accord pour avoir un vrai central professionnel, ils ont l’avantage du nombre : dans le cas d’une commande instantanée, Easy Take ne pourra pas m’envoyer quelqu’un contrairement à 1000 taxis localisés par GPS. Et ce avec une course d’approche plus courte.

Un lien Après les Vélocab, les taxis veulent freiner l’autopartage, sur Marsactu

Un lien Commission municipale noyautée et bakchich dans les hôtels : il y a quelque chose de pourri au royaume des taxis marseillais, sur Marsactu

Un lien La problématique des taxis et les différences entre Paris, Londres et New York développées Richard Dabéra, ou pour aller plus loin son livre Où vont les taxis ?

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Commentaires

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  1. Charline Charline

    Le monopole de TUPP sur tous les taxis marseillais, quoiqu’on en dise est la cause de leur perte…
    La CGT est en train de tuer le port. Et les taxis, le tourisme. Personne n’a oublie le reportage de M6… Malheureusement, la réalité fait mal… Beaucoup trop d’entre eux ont oublie qu’ils se sont engages, avec l’achat de leur licence, a délivrer un service… Et quel service!!! Ça ne peut plus fonctionner… A quand un vrai service a la new yorkaise messieurs???? Alors, au boulot! Et avec le sourire aux lèvres sil vous plait!

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  2. Casanovette Casanovette

    Non, ils n’ont pas tout tué ! Il y a des Pousse-Pousse à Marseille … et pour longtemps !!! 🙂

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  3. gérard gérard

    Totalement d’accord avec toi Charline, Incroyable ! Marsactu ne dis rien ! Il paraît qu’ils sont bon pour dire les dysfonctionnements.

    A en croire Charles Gilardenghi, président de l’Union syndicale des petits propriétaires de taxis des Bouches-du-Rhône (Tupp) a beaucoup de pouvoir.

    On croit rêver, pourquoi Marsactu a-t-il oublié de dire qu’il faut une carte de L’UMP pour avoir une carte de taxi ? Mais pourquoi ce blog qui veut dire la réalité ne décrit cette chose incroyable : le patron de la plus grande entreprise des taxis marseillais est, AUSSI, Chargé de mission du Maire de Marseille ?

    Pourquoi vos liens ne disent pas la vérité pour les concitoyens : Tous l’ont fait…

    Incroyable ! Marsactu ne dis rien ! Ce blog écrit :”Fini de rigoler, ils jouent leur « survie », à en croire Charles Gilardenghi, président de l’Union syndicale des petits propriétaires de taxis des Bouches-du-Rhône (Tupp). Ici tout est résumé sur le système, à vous de vous faire votre opinion..

    http://www.lepost.fr/article/2011/02/09/2400357_ump-13-le-choix-du-clientelisme-2eme-partie.html

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  4. gérard gérard

    vous connaissez une ville dans le monde où le premier syndical depuis 30 ans, président du syndicat des taxis, président du quasi monopole des taxis, est membre du cabinet d’un maire ? On appelle ça comment avant que je dégaine, horrifié !

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  5. gérard gérard

    je reste stupéfait aussi que tous les marseillais sachant le système pourri des taxis, La Provence a mieux fait que vous, pourquoi ? Ce papier est très sobre… Moi, j’y reviendrais bien volontiers ! La Mairie des 1/7 aurait des intérêts dans l’affaire ? Puisque vous travaillez pour lui, plus rien ne m’étonne…

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  6. gérard gérard

    mince, mais en arrivant de Paris par tgv, on me dit que c’est normal d’être pris à deux ou trois dans le même taxis.. C’est toujours 30 euros en fin de course, pour une course à 6 ou 7 euros ! les taxis marseillais sont les plus chers du mode, une mafia UMP Insupportable ! Ca suffit ! Jean-Claude réveilles-toi !

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  7. Cyranno Cyranno

    La qualité de la station de taxis á la gare St. Charles á Marseille donne une idée précise de l’idée que la SNCF se fait de l’accueil des touristes
    Le comportement désinvolte des chauffeurs de taxis avec les clients, le refus des courses dont la destination ne leur convient pas, donnent de leur côté une idée précise de l’incompatibilité entre la notion de service et celle de corporatisme.

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  8. Philippe Philippe

    En même temps, plutôt que de miser sur une rente de situation, comme beaucoup de commerçants locaux, nos taxis feraient mieux d’apprendre les basiques de leur métier : service, respect du client, clarté dans la tarification et disponibilité. Vous remarquerez que je ne parle même pas de dire deux mots en anglais ou d’accepter les règlements par CB.

    Du coup et au stade où nous en sommes, nous autres utilisateurs potentiels attendons avec impatience que cette génération de mauvais commerçants disparaissent.

    Sic transit gloria mundi.

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  9. geneker geneker

    Où trouver un taxi qui vous oblige à monter avec un autre client ? (qui se trouve être un de ses potes) qui vous fait faire un détour ? qui vous dépose au coin de la rue et s’en va sans rendre la monnaie (30 € non rendu sur 50 € !) ? à Marseille et nulle part ailleurs…

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  10. lematt lematt

    les taxis marseillais sont (pour la plupart… il y a évidemment des exceptions) de TRES MAUVAIS commerçants.
    les tarifs sont incroyablement élevés pour le service rendu, et le comportement de beaucoup de chauffeurs marseillais est digne de véritables voyous.

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  11. Taliesine Taliesine

    Le droit semble etranger à nos amis pourvoyeurs de touristes et de gens préssés… Allez Jean Claude, tape un peu du point sur la table !!!!

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  12. Alain Alain

    Salut , les bobos parisiens moi j aimerais être solidaire des taxis car j en prends depuis 12 ans et je paie toujours le même tarif 7 euro du rond point a la rue de Rome il faut arrêter de généraliser les taxis car ce sont des gens qui travaille entre 12 et 14 h par jour pour un smic améliore , ne tuons pas ce qui reste de Marseille , amis bobo vous êtes toujours a temps de rentrer chez vous ! Bon courage aux taxis dans leurs combats contre la concurrence déloyale !! Alain

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  13. Anonyme Anonyme

    Il y a les pousse-pousses à Paris et aussi à Pékin ! –‘

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