D'un Vieux-Port à l'autre, la lutte du PS 13 à La Rochelle

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le 27 Août 2012
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D'un Vieux-Port à l'autre, la lutte du PS 13 à La Rochelle
D'un Vieux-Port à l'autre, la lutte du PS 13 à La Rochelle

D'un Vieux-Port à l'autre, la lutte du PS 13 à La Rochelle

Un congrès, quel congrès ? Aux universités d'été de La Rochelle ce week-end, le PS désormais au pouvoir n'a pas connu l'habituels ballet des personnalités, si ce n'est des ministres en exercice assurant le service après vote de l'action du gouvernement. Et ce alors que la succession de Martine Aubry à la tête du parti se jouera au congrès d'octobre. La raison est simple : les militants n'auront pas vraiment le choix du futur premier secrétaire, dont le nom sera celui inscrit en tête de la future motion Aubry-Ayrault, derrière laquelle tout le monde est prié de se mettre en rang. Point.

Une situation atypique dénoncée dans un atelier bondé de militants par un Patrick Mennucci réclamant de revenir aux statuts d'Epinay (1971 !), avant de s'écharper sur l'histoire du PS avec le secrétaire national à la… rénovation. Et qui contraste avec la bataille qui s'amorce pour le congrès fédéral des Bouches-du-Rhône. Où traditionnellement la question est réglée – justement – à la Aubry-Ayrault, par des votes plébiscites ne faisant que confirmer un candidat quasi-unique (93,75% pour Jean-Noël Guérini en 2010, 84,72% pour Jean-David Ciot en 2011).

Pends ton patron

À La Rochelle, tous les socialistes locaux, qui ont partagé un plateau de fruits de mer Chez André, la table favorite de Hollande, s'accordaient pour se féliciter de la multiplicité des candidatures. À commencer par l'actuel premier secrétaire, Jean-David Ciot, qui bien que plutôt discret aux universités est celui qui a lancé le sujet dans le rassemblement rochelais, dès le jour de son ouverture vendredi, en officialisant sa candidature dans La Provence. "C'est un bon signe, celui que le travail de démocratie dans la fédération a abouti", glisse-t-il. "Je souhaite plusieurs candidatures de façon à ce que les militants puissent choisir, surtout dans la période actuelle où un besoin de changement s'exprime", approuve Eugène Caselli, qui a occupé le poste jusqu'en 2010 (et a peut-être profité de son séjour pour voir à quoi ressemblait un Vieux-Port semi-piéton).

Objectif : "tourner la page du patron, celui qui met tout en coupe réglée", lançait Marie-Arlette Carlotti, sur France 3 en duplex de La Rochelle, ajoutant penser – on s'en serait douté – "à Jean-Noël Guérini". D'une fédération encore il y a peu ordre de marche derrière le patron du département et ex-candidat à la mairie de Marseille, on est effectivement passé à une situation davantage multipolaire.

Les enfants de Jean-Noël

Dans la foulée du rapport de la commission Richard sur le fonctionnement de la fédé d'abord, qui a abouti à la mise en place d'une "collégialité" censée incarner une gouvernance plurielle. "Le fait d'avoir des nouveaux parlementaires reconfigure la fédération, ajoute Frédéric Leveillé, premier fédéral de l'Orne qui connaît bien le PS13 pour avoir été membre de cette commission. Le poids de Jean-David Ciot n'est pas le même qu'il y a 6 mois, pareil pour Patrick Mennucci." Jean-Noël Guérini voit ses anciens proches prendre du galon.

De Jean-Noël Guérini, Patrick Mennucci était le directeur de campagne en 2008, il est aujourd'hui à l'Assemblée. Marie-Arlette Carlotti, sa porte-parole pour ces élections municipales, est aujourd'hui ministre. Et à La Rochelle, outre ses collaborateurs de cabinet, elle était entourée des jeunes socialistes locaux désormais à fond derrière "Mac". Eugène Caselli lui doit son élection à la tête de la fédération puis de la communauté urbaine de Marseille, il s'est clairement émancipé au coeur de l'affaire Guérini qui a éclaboussé son institution. Dernier des "enfants de Jean-Noël" à avoir vraiment émergé hors de son ombre avec sa victoire face à la maire d'Aix Maryse Joissains, Jean-David Ciot était membre de son cabinet au CG13.

Canicave, pape de transition ?

Mais aucun des autres, qui mettent notamment en avant l'exigence du rapport Richard d'un premier fédéral non cumulard, ne souhaite se lancer face à lui. "Il faut vraiment remettre à flot ce parti, y consacrer 24 heures sur 24 dans les Bouches-du-Rhône. [Jean-David Ciot] ne pourra pas le faire, moi non plus d'ailleurs. Il faut quelqu'un de différent de nous et on trouvera", lançait sur France 3 Marie-Arlette Carlotti. Le profil ? Un socialiste ne cumulant pas, n'étant pas susceptible d'être vu comme affidé à l'un ou l'autre, et si possible connaissant les arcanes du parti. "On trouvera", ou plutôt on a déjà trouvé depuis plusieurs semaine, en la personne de Joël Canicave, élu nulle part, ancien mandataire de François Hollande – soutenu par le trio Carlotti/Mennucci/Caselli aux primaires – et ancien trésorier de la fédération.

Bref, un potentiel "pape de transition", à même de ménager les susceptibilités dans l'optique des municipales de 2014. Derrière lui : Carlotti, Caselli, Mennucci, Vauzelle et plus largement "tous ceux qui ont signé la contribution [Le devoir de changer] dont c'était l'esprit de soutenir Joël Canicave", glisse la ministre qui en était la première signataire. Samedi, en officialisant sa candidature dans La Provence, Canicave a marqué d'emblée son thème principal dans cette campagne interne : Jean-David Ciot est "le candidat de Jean-Noël Guérini". Ce à quoi l'intéressé répondait par avance dans la veille dans le quotidien régional : "J'ai coupé mes liens et j'ai mon indépendance", assurait-il (La Provence avait écrit "j'ai ma dépendance", mais il nous indique avoir demandé un rectificatif). Comme l'exprime Frédéric Leveillé, "être président de conseil général, ça compte, mais être député aussi…"

Et la liste des signataires de la contribution Ciot, "La rénovation en marche", où figurent nombre des soutiens restants du président du CG13 ? JNG "n'en est pas signataire, répond "JDC". Et tous ces conseillers généraux, maires, élus, ne signent pas parce qu'ils sont « guérinistes », d'ailleurs certains comme [le maire de Fos-sur-Mer] René Raimondi ne sont pas connus pour en être très proches. Ce qu'ils disent, c'est « Jean-David Ciot a mis la rénovation en place, on ne veut pas rentrer dans la tambouille marseillaise »".

Cliquer sur 2 pour passer à la page suivante et savoir ce que Ciot pense de Canicave….

Voilà, affirme celui qui se dit "tenace", la ligne : "finir le travail de rénovation dans le rassemblement, car l'objectif n'est pas la victoire d'un camp contre un autre mais de passer dans un système plus démocratique. On a connu le système Defferre, le système Pezet, le système Bernardi, le système Guérini… Et qui est le prochain ? Il faut en finir avec ça."

Mais Joël Canicave est lui-même soutenu par une bonne part des personnalités locales sans être soupçonnable d'être en capacité de "les mettre en coupe réglée", pour reprendre l'expression de Marie-Arlette Carlotti… "C'est l'ancien trésorier de la fédération du temps de François Bernardini et il y a quelques modes de fonctionnement sur lesquels il faudra qu'il s'explique, répond-il, lançant là son principal angle d'attaque : son élection à la tête de la fédération préparerait un retour du maire d'Istres, exclu du PS depuis sa condamnation dans une affaire de subventions et surtout une candidature dissidente aux municipales de 2001.

"Ridicule", balaye Canicave, pour qui "remettre Bernardini dans le circuit aujourd'hui fait un peu passé. C'est une manière de cacher la poussière sous le tapis…" Mais, interrogé sur sa position vis-à-vis de sa réintégration, il ouvre la porte tout en renvoyant au bureau national, qui a le dernier mot dans ces cas-là : "C'est clairement un homme de gauche et je suis pour le rassemblement, mais c'est au national de décider." La rénovation avec Bernardini, ça aurait quand même de l'allure…

Cuisine interne

En parlant de rénovation, le problème pour Canicave est qu'elle n'est justement encore qu'"en marche", d'après le titre de la contribution Ciot. Réponse de ce dernier : "Les sections, qui constituent 90% du travail du rapport, sont divisées, les listes électorales sont en cours d'établissement". Un peu court, juge son adversaire : "Même si des choses sont dans les tuyaux, on est hors délais et il y a des points sur lesquels nous ne sommes pas d'accord", résume-t-il, indiquant qu'une lettre a été envoyée à Martine Aubry "pour faire le point sur le (non)-avancement de l'application du rapport Richard". Une stagnation qui doit aussi largement à la volonté de ne pas ouvrir de brèches supplémentaires au sein du front socialiste avant les élections.

Reste que le premier secrétaire nous a livré, pour la première fois, des dates précises : ouverture des candidatures pour les secrétaires de section du 1er au 12 septembre, avant un vote le 27 septembre, soit en amont du congrès. Un exercice où tous affirment d'ailleurs souhaiter, à l'image de celle pour le poste de premier secrétaire, un maximum de multiplicité des candidatures, alors qu'"on a rarement connu des votes avec plusieurs candidats, précise Benoît Payan, secrétaire fédéral. Mais c'est fini ça."

Avec potentiellement des conséquences importantes, par exemple à Allauch dont la section notoirement hypertrophiée sera découpée en trois : si le premier secrétaire est élu par l'ensemble des militants, les autres instances fédérales le sont par les délégués désignés au sein des sections. Problème : normalement, la répartition se fait suivant les motions et leur poids. Là, il n'y en a qu'une. "Combien pour les Aubrystes, combien pour les Hollandais, les Moscovicistes, etc.", c'est la méthode nationale décryptée par  Joël Canicave. Localement, il faudra faire de même avec les soutiens de grands élus comme Michel Vauzelle, curieusement invisible à La Rochelle, les néo-députés Burroni, Maggi ou le sénateur Povinelli et ses centaines de cartes allaudiennes. Ça promet… "Tout ce qui est cuisine, les Marseillais s'en foutent. Le seul enjeu est de montrer qu'on a tourné la page", nous lâchait Marie-Arlette Carlotti à La Rochelle, justifiant ainsi sa volonté de prendre de la hauteur et ne pas rentrer dans ces enjeux. Il faudra pourtant en passer par là…

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Commentaires

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  1. druide67 druide67

    Qu’il fassent comme ils veulent mais qu’ils le fassent vite, il faut en finir avec le systéme guérini, mais à condition de ne pas mettre en place le systéme de quelqu’un d’autres.
    Démocratie, transparence, honnêteté, justice, c’est tout ce qu’on demande.

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  2. Chris Chris

    De la “démocratie” ?
    Sous le régime de la Vème ripoublique ?
    VOUS ETES SERIEUX ???
    (…)”(93,75% pour Jean-Noël Guérini en 2010, 84,72% pour Jean-David Ciot en 2011″(…)

    Existe-t-il encore UNE SEULE ripoublique bananière dans le monde qui ose se targuer de tels scores lors d’une élection, quelle qu’elle soit ?
    Je ne sais pas ce qui est le plus OBSCÈNE : ces chiffres en eux-mêmes, où les potentats qui s’en revendiquent sans que personne ne bronche.
    Les français sont des veaux.

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  3. vérité 13 vérité 13

    Trés intéressant, cet article. Mais entre les héritiers, il existe au moins une différence qui n’échappe à personne: la légitimité du suffrage universel . Ciot a gagné sa légitimité en battant Joissains. Carlotti la sienne en battant Muselier. Mennucci a gagné le 1/7 et a été élu député. Qu’on les aime ou pas, leur victoire leur donne une certaine indépendance. Le seul qui n’ait pas la légitimité du suffrage universel, c’est Caselli puisque c’est Guérini qui lui a donné la fédération et la CUM comme vous le dites justement dans votre article. Et je pense qu’en therme d’indépendance, ça change tout!

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  4. Le sorcier belge Le sorcier belge

    Tout a fait d’accord avec vérité 13

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  5. Laurent Laurent

    Parler d’un “système Pezet” au milieu de la succession des systèmes Deferre, Bernardini ou Guérini est une escroquerie intellectuelle. Pezet est bien le seul à avoir tenté de réformer les choses, et il a justement été écarté parce qu’il avait commencé à mettre en oeuvre à l’époque certains changements comme la division des trop grosses sections du département.
    Les obligés et profiteurs du “système” n’ont cure de savoir qui est à leur tête, mais à la condition expresse qu’il respecte le fonctionnement du système.

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