Derrière les flonflons de la première pierre, de gros cailloux dans la pelouse du Vélodrome

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le 9 Juin 2011
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Derrière les flonflons de la première pierre, de gros cailloux dans la pelouse du Vélodrome
Derrière les flonflons de la première pierre, de gros cailloux dans la pelouse du Vélodrome

Derrière les flonflons de la première pierre, de gros cailloux dans la pelouse du Vélodrome

A part de grosses inconnues que nous avions déjà largement développées – le futur loyer que l’OM paiera à la Ville pour l’occupation du stade, et donc la redevance que devra verser cette dernière au groupement Arema qui va rénover le Vélodrome et le gérer pendant 35 ans, la répartition de l’organisation des événements… – tout semblait avoir été dit sur ce chantier à 267 millions d’euros. La pose de la première pierre ce jeudi a d’ailleurs surtout été l’occasion d’un concert d’autosatisfaction des porteurs de truelles.

Et, de fait, malgré un planning serré (les travaux ont d’ailleurs commencé sans que les recours soient tous purgés, on croise les doigts), Marseille sera dans les temps pour accueillir l’Euro 2016, comme l’a souligné le maire Jean-Claude Gaudin (UMP), le PDG de Bouygues prenant le micro à sa suite pour l’en assurer. Pas de contestation possible non plus : le club et la ville, qui en reste théoriquement propriétaire puisqu’elle le récupérera au bout des 35 ans du partenariat public-privé (PPP), disposeront d’une belle enceinte qui « répondra pleinement aux critères les plus exigeants de l’UEFA », a rappelé Eugène Caselli, président socialiste de Marseille Provence Métropole (MPM).

Comme prévu aussi, le conseil régional a fait entendre sa petite musique. A l’intérieur en insistant par la voix de Patrick Mennucci, sur l’importance de financer, à côté du mastodonte, des équipements de proximité, et notamment des piscines, via le contrat de développement signé par le président Michel Vauzelle avec Jean-Claude Gaudin. Et à l’extérieur via le boycott affiché Jean-Marc Coppola, vice-président de la Région qui a décliné l’invitation (au passage l’autre absent, Jean-Noël Guérini, qui a demandé à ses proches de boycotter également la cérémonie, était peut-être plutôt davantage préoccupé par la terrible Une du Point, contre laquelle il vient de porter plainte, que par une histoire de cartons d’invitation…) :

Compétitivité de l’OM

Finalement, c’est de Chantal Jouanno, ministre des Sports, qu’est venu un discours qui n’avait pas été clairement exprimé jusqu’à présent. Pour elle, les millions dépensés dans l’Hexagone, et notamment à Marseille, permettront à la France de « revenir dans la course » face aux stades anglais et espagnols, et partant aux clubs tricolores d’« accroître leur compétitivité ».

Avec des recettes de billetteries plus importantes (15 à 25 millions d’euros de plus par an que les 24 actuels pour l’OM) et une diversification accrue (restauration, musée etc.) alors qu’ils dépendent trop selon elle des droits télé, Chantal Jouanno espère mettre fin à la suprématie « des Espagnols » – le Barça vient de remporter une nouvelle Ligue des Champions. Si c’est pour que l’OM gagne une nouvelle coupe aux grandes oreilles alors, que peut-on ajouter ?

Trois inconnues de taille

Encore beaucoup. Car ces derniers mois, et aujourd’hui encore, les signes de la complexité et surtout l’incertitude du montage financier se multiplient. Un : comme l’a clairement expliqué Chantal Jouanno, l’Etat n’apportera, comme partout ailleurs, que 10%, soit un peu moins de 28 millions d’euros. Si la mairie de Marseille veut 30, pour avoir « autant que Martine Aubry à Lille » comme le répète à l’envi Jean-Claude Gaudin, il faudra passer par le Parlement a repris de volée Chantal Jouanno. Traduction : bon courage.

Deux : l’OM, qui avait déjà une propriétaire avide de cash rapport au méga-groupe qu’elle gère, a désormais un président au bord du départ, des pertes de 15 millions d’euros, et on a eu la confirmation qu’elle ne serait pas dans la société de projet chargée de gérer le stade. Traduction : bon courage pour négocier le loyer.

Trois, et c’est sans doute le plus inquiétant, on comprend désormais que les fameux « droits à bâtir » (100 000 m2 de terrains de la Ville autour du stade censés apporter 30 millions d’euros au pot, un montant qui au passage viendra largement de la mairie, qui détient 44% des parts de la Sogima, le principal opérateur de ce programme immobilier) ne sont absolument pas garantis.

En effet, les quelques dizaines de permis qui seront nécessaires pour construire sur ces terrains autour du vélodrome, les futurs logements, les hotels ou les centres commerciaux peuvent toujours subir les foudres de recours en tous genres. Face à l’éventualité d’une impossibilité de réaliser les belles maquettes prévues, et le parcours risque de ne pas être un long Huveaune tranquille, l’Arema et les investisseurs n’ont pas voulut faire un chéque de 30 millions en blanc. Ce serait donc encore la mairie, donc le contribuable marseillais qui épongerait via un crédit juridiquement complexe dit « de standby », au cas où la totalité des permis de construire ne pourraient être délivrés. 

Avec métro, tunnel et BHNS, ça passe « sans aucun problème »

Ca paraît presque annexe à côté, mais un autre sujet qui pourrait bien revenir régulièrement sur la pelouse d’ici – et après – 2014 : les transports. Déjà identifié par les riverains et certains élus marseillais, notamment communistes, la problématique fait partie des « points sensibles » soulevés en novembre par l’Autorité environnementale (empêcheuse d’enfumer en rond qui dépend du ministère du Développement durable) dans un avis. Elle évoque « l’aggravation potentielle des difficultés de circulation découlant, d’une part de l’augmentation globale de la capacité du stade et d’autre part, de l’augmentation très importante du nombre de places prévues pour les personnalités dans le stade Vélodrome (VIP en bon franglais, ndlr) eu égard à l’augmentation beaucoup plus faible des stationnements qui leur seront affectés »

Interrogé, Eugène Caselli estime qu’entre le métro, le futur tunnel Prado Sud « qui amènera
les voitures de façon fluides »
et la future ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) Castellane-Luminy, il y a « largement de quoi desservir le stade sans aucun problème ». Admettons pour le tunnel Prado Sud, admettons aussi que cela vaut pour les occupants des 500 logements, des bureaux, des 130 chambres de l’hôtel et les 10 millions de visiteurs du centre commercial qui doivent pousser autour, reste que le BHNS ne sera a priori en service que plusieurs années après l’inauguration du stade en 2014…

« Cette affirmation reste à démontrer »

En tout cas, l’Autorité environnementale, à qui les mesures évoquées qui s’appuient « essentiellement sur un développement de la mobilité transports en commun et modes doux » (packs billet + ticket de transport, parc relais…) apparaissent « pertinentes », note que « la création de parkings de grande taille n’est pas forcément cohérente avec la politique de maîtrise du stationnement nécessaire pour accompagner une mobilité plus durable » et que « les prévisions d’utilisation du futur bus à haut niveau de service Castellane/Luminy sont déjà importantes » (sous entendu, pas sûr qu’il puisse supporter facilement une charge supplémentaire).

Et on vous laisse savourer cette phrase typique des rapports officiels mais lourde de sens : « concernant l’incidence sur les trafics supportés actuellement par le boulevard Michelet (augmentation estimée à 12% hors manifestations dans le stade), le dossier affirme que l’impact est « peu sensible » : cette affirmation reste à démontrer ». Conclusion : oui, on reparlera du Vél.

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Commentaires

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  1. céhère céhère

    Dassier qui posait la première des travaux du stade pierre ce matin a été viré cet après-midi.

    Grandeur et décadence…

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  2. céhère céhère

    la première pierre des travaux du stade ce matin

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  3. oblomov oblomov

    “…l’Etat n’apportera, comme partout ailleurs, que 10%, soit un peu moins de 28 millions d’euros.”
    Pourquoi l’état (c’est à dire nous) doit-il subventionner un stade de foot ?
    En plus Gaudin trouve le moyen de chouiner !

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  4. ribellu ribellu

    ….On parle de droits à bâtir, de permis de construire….Or il me semble me rappeler, j’étais jeune à l’époque, que dans les années 80 les environs de l’Huveaune avaient été quelque peu inondés….Il me semble aussi me rappeler qu’il avait été dit un peu plus récemment qu’on ne délivrerait plus de permis de construire dans les zones inondables…..Donc contribuables marseillais préparons nous encore une fois à financer le stade!!!!!!!!

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  5. Carla2marseille Carla2marseille

    Bravo pour la qualite de votre article. En vous lisant, on se demande pourquoi caselli, Mennucci et les autres viennent faire la claque a Gaudin sur un projet aussi mal foutu. Ce sont encore les contribuables Marseillais qui vont financer tout ce bordel. Apres la patinoire qui sert a rien et qui est un vrai scandale quand on sait qu elle a coute plus de 50 millions d euros, on a le sentiment que l’extension du stade n est qu un pretexte pour realiser un vaste programme immobilier. Si caselli veut en plus nous faire croire qu il va regler la circulation avec un tunnel a peage et des bus supplementaires, il nous prend vraiment pour des anes. La circulation est de pire en pire, on ne peut plus bouger dans cette ville. Quand je pense qu on a paye une fortune pour faire le nouveau tunnel de la Joliette et que c est 100 fois pire qu avant, on peut etre inquiet avec le tunnel du Prado! J espere au moins que ce ne sont pas les memes entreprises qui font les travaux sinon ils doivent bien rigoler sur notre compte!

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  6. toine toine

    Comme à chaque fois à Marseille, les choses se font à l’envers et en dépit du bon sens.

    On promet de merveileuses choses mais elles ne se font rarement ou lorsqu’elles se font c’est avec une décennie de retard que les livraisons fleurissent et une addition salée pour le contribuable marseillais (les fameux PPP).

    Enfin, tabler sur 2017 pour construire une ligne BHNS (= réserver une voie pour un bus qui roule à l’hydrogéne), c’est ce payer de la tête des marseillais!!! Un tel niveau d’amateurisme et d’incompétence, ce n’est pas même plus inquiétant, c’est catastrophique!

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  7. Casanovette Casanovette

    C’est vraiment mettre le chiotte à la turc avant les bœufs !!!

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  8. Alain Le Lougarou Alain Le Lougarou

    Tout est dit dans votre excellent reportage.Une nouvelle fois JC.GAUDIN s’est lancé dans une opération aventureuse qu’il ne maîtrise pas et il a offert sur un plateau des terrains à ses amis promoteurs immobiliers.Brader le patrimoine communal est une habitude pour cette municipalité UMP.Quand M.GAUDIN va-t-il prendre conscience qu’il ne fait qu’aggraver l’endettement de la ville?lIl faut ainsi informer les contribuables du gouffre financier de la patinoire.
    Merci à Marsactu d’avoir le ourage de dire la vérité.

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  9. Budinson Budinson

    Laisser des articles datant de plus d’un an, c’est un peu moyen…

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