Cohn-Bendit à Marseille : coopérative politique et retrait anti-FN

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le 19 Mai 2011
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Cohn-Bendit à Marseille : coopérative politique et retrait anti-FN
Cohn-Bendit à Marseille : coopérative politique et retrait anti-FN

Cohn-Bendit à Marseille : coopérative politique et retrait anti-FN

En attendant la venue à Marseille vendredi prochain de Nicolas Hulot, candidat aux primaires d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), c’est vers une autre élection que sont invités à se tourner les militants marseillais : le premier congrès du parti depuis la fusion des Verts et d’Europe Ecologie en novembre. Mardi prochain, Cécile Duflot, secrétaire nationale et issue du premier rassemblera ses partisans. Ce jeudi, c’est l’un des inspirateurs du second, Daniel Cohn-Bendit, engagé dans un « tour de France », qui avait invité ses supporters au Roucas Blanc.

« Ce n’est pas une lutte entre Cécile Duflot et moi », a-t-il assuré d’emblée devant les militants et la presse. Mais c’est au minimum une campagne : sept motions sont concurrentes en vue du congrès fin mai et début juin. Celle qu’il défend – Construire l’écologie pour toutes et tous – est « celle qui ouvre au lieu de refermer la politique sur les professionnels. Traditionnellement, l’espace politique est un repoussoir pour le commun des mortels. Les gens viennent 6 mois et repartent car c’est des réunions et des batailles pour les postes », résume Anne-Laure Faugère, militante marseillaise.

Une coopérative pour les allergiques aux partis

Concrètement, outre le vote électronique et les adhésions à tarif variable, pour éviter une « sélection sociale », Dany le Vert – à qui certains reprochent de ne plus être assez rouge – a défendu l’idée d’une « coopérative totalement autonome d’EELV, qui ne doit pas embrigader ou être une courroie de transmission. On a aujourd’hui 2000 coopérateurs : c’est ridicule, mais cela fait 40 000 euros, qui sont dans le budget d’EELV alors qu’ils appartiennent à la coopérative ». Autant de critiques indirectes à la mainmise des Verts et à leur fonctionnement « bureaucratique »

Des idées partagées par la présidente du groupe écologiste au conseil municipal de Marseille Michèle Poncet-Ramade, « après avoir fait l’expérience de gens qui sont venus pour une cause et qui sont partis parce que tout ce qui est organisationnel les agace. Ils s’intéressent au parc Longchamp ou aux calanques, et c’est très intéressant d’avoir notamment des scientifiques, mais ils ne sont pas prêts à prendre tout le « paquet ». C’est génial de la part de Dany d’avoir compris que les partis dans leur forme actuelle sont finis ».

« On a à Aubagne un militant qui veut exclusivement se consacrer aux transports, c’est le profil type du coopérateur. Tout comme celui qui se bat sur les gaz de schistes et va à tous les colloques et sera très pointu sur le sujet. Mais sans pour autant avoir envie de coller des affiches la nuit », confirme Jacques Charton, conseiller municipal à Roquevaire. Récupération de la société civile ou affaiblissement de la politique, dirons certains. Ou qu’il reste à régir concrètement les relations entre les deux entités que l’on veut autonomes…

Risque de 21 avril : « la question de maintenir la candidature se posera »

Et les présidentielles ? « Si au début de l’année prochaine le PS, Sarkozy et Le Pen se retrouvent dans un mouchoir de poche, la question se posera de maintenir la candidature », lance Cohn-Bendit. Une sortie qui a plu à Jacques Charton : « c’est de l’oxygène. Il dit des choses que personne d’autre en politique ne dit clairement, même s’ils le pensent parfois ». Un franc-parler que l’ancien soixante-huitard a de nouveau sorti lorsqu’on lui a demandé dans quelle mesure Hulot ou Joly devraient s’inspirer des motions sorties en tête du congrès et du programme : ce n’est « pas la Bible » nous assure le député européen qui, à élection personnelle associe campagne personnelle :

Reste que, question programme, et le leader écologiste le reconnaît PS n’est pas toujours très écolo-compatible. Militant niçois, au sortir d’un discours sur la finitude des ressources, les tensions sur le pétrole, les marchés alimentaires, l’agriculture, Eric Belistan s’interroge : « est-ce que le PS a compris cette autre vision des choses ? Des militants peut-être, mais l’élite ? C’est un parti avec des élus tête de gondole, avec qui on est obligés de négocier ».

Un question qui semble travailler la base : dans la foulée d’un militant du PS13 qui nous confiait mardi lors du débat sur le projet du socialiste pencher pour « une base programmatique (…) constituée à 80% de nos idées et que nous prenons 20% des leurs », un de ses homologues écologistes a interpellé Daniel Cohn-Bendit sur la nécessité « compte-tenu du bipartisme en France » d’être prêts à se mettre d’accord pour « ne pas rester que des rêveurs ». Réponse : « j’ai fait une proposition (en janvier 2010 : soutien au candidat PS contre 50 députés, ndlr), elle a été majoritairement refusée. Dont acte, on ne va pas revenir en arrière, il y aura des primaires. »

Objectif : entre 20 et 60 députés

En revanche, on l’aura compris, c’est aux législatives que les négociations se feront, même si là encore Dany s’amuse : « on est tous d’accord, c’est d’abord le programme, mais bon hein ensuite il y a les places… » Toujours est-il qu’il trouve aujourd’hui que « d’avoir Nicolas Hulot à 11% dans le dernier sondage sert à démontrer au PS que si l’accord pour les législatives n’est pas à notre satisfaction… » Objectif arrêté pour les négociations, qui seront closes en octobre : « entre 20 et 60 députés », nous confie Michèle-Poncet-Ramade.

Ce qui voudrait dire qu’à Marseille, socialistes et écolos, qui se tiraient dans les pattes aux cantonales, se retireraient mutuellement et appelleraient à voter l’un pour l’autre ? « Le problème n’est pas réglé mais je pense qu’il se règlera. Avec notre moyenne de 10% aux cantonales cela paraît difficile au PS d’avoir une attitude dédaigneuse », commente Jacques Charton, qui a fait 8% à La Pomme.

Et un éventuel accord national comprendra des désistements, mais pour les autres, ce
sera la bataille, glisse Michèle Poncet-Ramade. Comme « toutes les circonscriptions nouvelles ou restructurées, qui n’ont pas de légitimité, de sortant, sont ouvertes », note Jacques Charton, Marseille pourrait nous réserver quelques duels…

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