Christiane Taubira se répète sur les Baumettes

Christiane Taubira se répète sur les Baumettes

La tension est palpable du côté des gardes du corps de Christiane Taubira, en déplacement à Marseille. La visite est désorganisée, condensée sur un après-midi. Elle débute par un passage au foyer d'action éducative pour mineurs des Chutes Lavie, où une soixantaine de jeunes sont actuellement placés sous contrôle judiciaire. Pendant que derrière la porte close du centre la ministre rencontre ses responsables, à l'extérieur Ahmed Boukabous, secrétaire général CGT-PJJ en profite pour lâcher aux journalistes qu""il y a 4 fois plus d'incarcération de jeunes dans la région que dans le reste de la France. Pourtant aucune étude scientifique n'a démontré que la délinquance était plus forte ici." 

Une heure plus tard, dans la cour d'entrée des Baumettes, sous les huées des détenus ponctuées par le crépitement des appareils, la garde des Sceaux présente ses voeux avant de se rendre dans la salle de conférence de la prison afin de discourir sur les grands axes de sa politique pénitentiaire. En résumé, Christiane Taubira entend développer les alternatives à l'incarcération et notamment promouvoir les aménagements de peines. Des références, de Georges Arnaud alias Henri Girard et sa réflexion sur les courtes peines dans Prisons 53 à Robert Badinter, la Guyanaise en fait usage avec éloquence.

Rien de neuf pour Marseille

En revanche, rien de nouveau sous la lumière artificielle des Baumettes, "exposées à une attention particulière suite au rapport Delarue" dont la ministre rappelle toutefois en préambule qu'"il est bon le grand public ait connaissance de la réalité des conditions pénitentiaires, surtout lorsqu'il s'agit d'un établissement de grande vétusté et d'indignité." Interviewé sur France Info, le secrétaire du syndicat FO pénitentiaire Christophe Marquez fait d'ailleurs part de sa "désillusion" face au discours pourtant tant attendu de la garde de Sceaux, notamment sur les Baumettes. Le projet de restructuration de l'ensemble du bâtiment des Baumettes engagé en juin 2012 et qui devrait s'achever en 2017, annoncé en réponse au rapport Delarue est rappelé, sans nouveauté. "Il y a nécessité de procéder à des travaux d'urgence. Il faut répondre dans l'immédiateté de l'urgence mais on ne fait pas de politique dans la réaction" modère la ministre. "Les prisons de la République doivent ressembler à la République, c'est-à-dire respecter la dignité des personnes détenues et celles qui y travaillent."

Toutefois la ministre de la justice précise que la construction dans l'urgence de nouveaux bâtiments en réponse à la surpopulation carcérale ne constitue pas toujours une solution satisfaisante. "Depuis quelques années il n'y a pas de réflexion sur l'architecture carcérale des établissements. On a parfois moins d'impression de froideur dans des établissements plus vieux que dans certains bâtiments neufs. Certains détenus préfèrent rester dans des établissements plus vétustes que dans de tels établissements". Si la déshumanisation des nouveaux centres pénitentiaires constitue une problématique indiscutable, il y a fort à parier que lors de la visite des Baumettes prévue ce soir, la ministre ne devrait pas en disserter avec les détenus des cellules insalubres.