Marsactu et Mediapart, douze ans d’enquêtes en commun

Marsactu et Mediapart, douze ans d’enquêtes en commun

C’est ici que tout a commencé. Autour de l’affaire Guérini, forcément. Fin 2010, Marsactu est un pure player d’information vieux de moins d’un an. Et Mediapart, deux années au compteur, a dans ses effectifs une journaliste, Louise Fessard, qui pose ses bagages à Marseille. Bien décidée à démêler les fils de cette affaire politico-judiciaire qui prend de l’ampleur à Marseille, elle se tourne vers Marsactu et Julien Vinzent, déjà en poste, pour l’aider dans cette tâche. Cela donne une première “note de veille”, qui inaugure, sans le savoir un très long compagnonnage entre les deux titres.

Au cours des mois qui suivent, la petite équipe grandissante de Marsactu découvre la force de travail impressionnante de la correspondante de Mediapart à Marseille. Tandis qu’elle creuse son propre sillon dans cette affaire, des collaborations voient le jour sur d’autres sujets. Les affaires de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône d’abord, puis l’enquête au très long cours d’une autre fédération départementale, celle des chasseurs. Une structure au budget conséquent et à la gestion opaque, où le président d’alors Jo Condé, s’illustre en abattant un héron cendré depuis la fenêtre de son bureau. Aujourd’hui encore, Marsactu chronique régulièrement les conséquences d’une crise interne qui dure depuis d’une décennie.

Dans les années suivantes, plusieurs gros dossiers seront à nouveau défrichés par les deux médias, comme la politique de vassalisation menée par – toujours lui – le président du département d’alors avec le milliard de l’aide aux communes. Sans parler des révélations fracassantes au sujet des diplômes bidons de Science po Aix, signées par Jean-Marie Leforestier et Louise Fessard en 2014.

En 2015, Marsactu change de forme, racheté par ses journalistes. L’équipe oriente sa ligne éditoriale davantage encore vers l’investigation, et bascule son modèle économique sur l’abonnement. Autant de bonnes raisons de renforcer nos liens avec Mediapart, qui a montré la voie dans ces domaines. Cela prend la forme d’une entrée au capital de Marsactu (aujourd’hui à hauteur de 11%), et surtout, de nouvelles co-éditions dans nos colonnes.

L’année 2018 en sera particulièrement riche avec la parution d’une enquête en plusieurs volets baptisée “autopsie d’un système municipal”, signée par Louise Fessard et Benoît Gilles, qui y décortiquent les rouages de la mairie de Marseille époque Gaudin. À cette occasion, nos deux titres révèlent comment le directeur général des services a pu profiter à son domicile d’une femme de ménage agent municipal durant quasiment 20 ans.

Cette année-là, nos rédactions testent aussi un nouveau format de reportage à quatre mains. Alors que l’arrivée du macronisme rebat les cartes au niveau national, des journalistes de Mediapart viennent à Marseille documenter avec ceux de Marsactu les évolutions de la scène politique locale. C’est aussi l’époque où Jean-Luc Mélenchon devient député de Marseille, une bonne raison pour interroger le modèle de militantisme qu’il tente d’insuffler à la ville avec les Insoumis du cru. Avant, quelques années plus tard, d’en tirer un bilan pour le moins contrasté.

Toujours en 2018, Mediapart sera aussi de la partie quand il s’agira de plonger dans le grand inventaire du patrimoine municipal abandonné, dans le cadre du consortium La grande vacance, formé aussi avec nos confrères de La Marseillaise et du Ravi.

Ces dernières années, le partenariat s’est renforcé en prenant la forme d’échanges d’articles réguliers. Ainsi, quasiment toutes les semaines, des articles de Marsactu se retrouvent à la une de Mediapart. Une marque de confiance qui nous honore, mais n’empêche pas que parfois, certains sujets fassent l’objet d’articles distincts signés par chacune de nos rédactions, avec nos propres angles, nos propres prismes. Le compagnonnage n’exclut pas l’indépendance… Valeur centrale de ce chemin partagé depuis plus d’une décennie déjà.

Le programme de cette journée

Cette journée spéciale des 15 ans de Mediapart, en partenariat avec Marsactu démarre à 14 heures à la Friche. Au programme notamment :
– 15 h 15 : “Ecologie, informer pour résister au désastre”. Avec Mickaël Correia, journaliste au pôle écologie de Mediapart et Violette Artaud, journaliste à Marsactu
– 16 h : “Logement : ne pas laisser de côté les classes populaires”. Avec Lucie Delaporte, journaliste au pôle société de Mediapart et Julien Vinzent, journaliste à Marsactu
– 16 h 45 : “L’information indépendante à Marseille”. Avec Lisa Castelly, Jean-Marie Leforestier, journalistes à Marsactu, Géraldine Delacroix, journaliste au pôle international de Mediapart et Jean-Baptiste Mouttet, co-fondateur de Mediavivant.