A Marseille, l'argent de la rénovation urbaine "ne va pas tomber du ciel"

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le 16 Déc 2014
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A Marseille, l'argent de la rénovation urbaine "ne va pas tomber du ciel"
A Marseille, l'argent de la rénovation urbaine "ne va pas tomber du ciel"

A Marseille, l'argent de la rénovation urbaine "ne va pas tomber du ciel"

Ne l'appelez plus jamais PNRU 2. Avec la politique de la ville et la rénovation urbaine, la forêt de sigles est presque aussi dense que les quartiers en béton qu'elles doivent contribuer à améliorer. La deuxième vague de financement de la rénovation urbaine s'appelle désormais Nouveau programme de renouvellement urbain (NPRU).

Elle est dotée de cinq milliards d'euros au plan national pour 200 quartiers prioritaires, deux fois moins que son ancêtre portée sur les fonts baptismaux par Jean-Louis Borloo. La préfète déléguée pour l'égalité des chances, Marie Lajus fait les sous-titres : "Le conseil d'administration de l'agence nationale a déterminé une liste de quartiers prioritaires qui sont éligibles à des financements d'Etat pour des opérations de rénovation urbaine. Ce sont des quartiers qui présentent un bâti dégradé et des dysfonctionnements sociaux importants. Ces projets devront répondre à des critères précis pour pouvoir être financés."

La carte des neufs quartiers prioritaires marseillais.

De cette pluie d'euros sur le terrain du béton, Marseille conserve une bonne irrigation avec neuf quartiers ciblés comme priorité nationale. S'y ajoutent cinq autres cantonnés à un niveau de priorité régionale dont on a du mal à percevoir le contour, si ce n'est qu'il dépendra de financements inscrits dans le contrat de plan État/Région. "Je crois comprendre qu'il s'agit de priorité étalée dans le temps, tente Nicolas Binet, le directeur de Marseille Rénovation Urbaine. Il s'agit de lancer la rénovation d'Air-Bel, la Castellane et Frais-Vallon avant de se lancer à l'assaut de Campagne Lévêque."  Pour Marie Lajus, qui est aussi la déléguée de l'Anru, cette différence n'est pas une question de calendrier. "Certains de ces projets pourront être financés sans passer par l'agence nationale. D'autres ne sont pas inscrits dans la liste comme certains quartiers d'Aix ou d'Arles mais pourraient être éligibles".

Pour le reste les patatoïdes formulées par le projet sont bien plus larges que les 14 sites financés lors de la première vague de rénovation urbaine. En effet, pour ne prendre que les quartiers nouveaux, il y a quelques kilomètres – et même une station de métro – entre Frais-Vallon et la Rose, presque autant entre la Castellane et Saint-Antoine. "Tout doit avancer de concert. C'est la nouvelle philosophie de la politique de la ville et donc de la rénovation urbaine. D'ailleurs, ces périmètres correspondent à ceux des nouveaux quartiers prioritaires, précise Arlette Fructus, l'adjointe en charge de ces deux compétences. Il s'agit de construire un projet plus ambitieux où les politiques publiques avancent ensemble, avec les financements de la politique de la ville mais en allant également chercher les crédits de droit commun pour financer les transports, les projets économiques et les équipements publics. Cela ne veut pas dire qu'on va se lancer dans un chantier gigantesque de Castellane à Saint-Antoine."

La Castellane prioritaire

Le nom de La Castellane est avancé à dessein. En effet, cette place-forte du commerce illicite est citée depuis des années comme une priorité manquée de la rénovation urbaine. Après la visite du premier ministre, Jean-Marc Ayrault entre les tours il y a un an, l'ensemble des partenaires se sont réunis et ont mis sur pied un protocole de préfiguration qui doit être validé par l'agence nationale de rénovation urbaine dans les semaines qui viennent. Il anticipe notamment le désenclavement de la cité en y faisant passer une voie urbaine. Pour la Bricarde et Saint-Antoine, inscrits dans le même périmètre, l'intervention sur le bâti se fera au fur et à mesure de l'avancée du projet. Même chose pour la Cabucelle et les Crottes où la rénovation urbaine doit avancer de concert avec le périmètre d'Euroméditerranée 2.

Cette vision large a aussi pour ambition de ne pas se cantonner aux seules cités d'habitat social mais d'élargir le prisme aux morceaux de ville dans lesquels elles s'enchâssent. C'est ainsi que de nombreux quartiers déjà présents dans le plan Borloo sont de nouveau prioritaires dix ans après. Les Flamants sont associés à Saint-Barthélémy et à Font-Vert. Cela va permettre de finir le projet urbain en prévision de l'arrivée de la rocade L2 et d'intervenir sur la copropriété du Mail dont un seul bâtiment a été traité via un plan de sauvegarde.

Les copros privées dans le viseur

Sans qu'elles apparaissent clairement en tant que telles, les copropriétés dégradées marseillaises sont une priorité de ce programme. Sise derrière l'hôpital Nord, Kallisté continuera d'être rénovée tout comme Félix-Pyat (3e), Bel Horizon (2e), englobé dans un projet qui va de Saint-Mauront aux pentes Nord de la Porte d'Aix. De même,le parc Corot, situé à proximité de Saint-Paul (13e) fera sans doute l'objet d'un protocole spécifique. Oubliée de toutes les politiques publiques, la cité Maison-Blanche (14e) sera du lot par un raccordement à Cabucelle. 

Mais cette tombée d'argent n'est pas non plus assurée à la même hauteur que le programme précédent. "Certes, l'enveloppe nationale a diminué mais je pense que l'Etat va se mobiliser au moins à hauteur des 310 millions d'euros du premier programme", espère Arlette Fructus. Ce voeu n'est pas une certitude et les partenaires locaux devront se montrer inventifs pour mettre au point des conventions, site par site. "Cela ne va pas tomber du ciel, reconnaît Nicolas Binet. Ce n'est pas une dotation annuelle. Nous devrons construire des projets et les faire valider par l'agence nationale de rénovation urbaine d'ici 2020."

Des critères précis

Or, l'Etat formule des exigences précises pour corriger les erreurs du premier programme. Les projets devront être articulés entre eux et reliés avec projets à l'échelle de la ville voire de l'intercommunalité. "Les précédents projets étaient trop isolés", constate Marie Lajus. Ils devront également être porteurs de développement économique et donc être connectés aux politiques publiques locales en la matière. Enfin, les habitants devront être mieux associés aux projets concernant leur habitat, un grand manque de la première génération de projets de rénovation urbaine. Enfin, les enjeux sécuritaires et d'espaces publics seront plus regardés à Marseille qu'ailleurs.

Du côté des offices HLM, appelés à participer au financement, on goûte son plaisir avec prudence. Le président de l'association régionale des organismes HLM, Bernard Olliver, attend de voir la couleur du papier monnaie. "Je suis satisfait de la hauteur de sommes mais j'attends de voir l'articulation des financements. Cela a une vrai incidence sur l'économie des projets. Dans le premier programme, les bailleurs finançaient à hauteur de 60% sur leurs fonds propres. Là, cela pourrait passer à 75%. Avec quelles contreparties ?"

La dernière inconnue concerne le rôle de la métropole. En effet, ces opérations sont désormais réfléchies à la taille de l'agglomération. Leur financement devrait donc dépendre du rôle futur de la métropole. Et là, c'est déjà une autre histoire.

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Commentaires

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  1. Lucabella Lucabella

    Bernard OLLIVER, on parle bien du calamiteux ex président d’HMP dont la directrice Madame LHERNALT , de sinistre mémoire,avait en son temps concocté un projet ANRU pour la cité Frais vallon, pharaonique, sans en référer à personne ni associations de locataires , ni bien sur locataires;directrice qui partira l’heure de la retraite sonnant, avec un pactole de prés de 300 000euros…

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  2. Tresorier Tresorier

    Toujours les memes questions restees sans reponse :

    Combien d’argent public gaspille dans ces gouffres sans fond ???

    Pour quel resultat ?

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  3. piqueboufigue piqueboufigue

    bonjour,je me pose toujours la meme question et personne n ose repondre,.
    Qui degrade ces cités.
    Pourquoi c est toujours les meme qui paie.
    qUe fait on de l argent de la drogue qui coule a flot,on pourrez l utiliser pour renover et encore dans 5 ans tout est a refaire.bizarre.on se mort la queue .

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  4. Thierry5413 Thierry5413

    Et oui, il faut des projets portés par nos politiques qui ont bien raté la première phase ANRU et fonds européens. Pour comprendre comparez Le havre et Marseille. Mais ici l’important n’est pas de faire gagner Marseille mais de faire perdre son adversaire pour sauver un siège qui ne sert qu’à alimenter nos 4 piliers de la sagesse : népotisme, clientélisme, affairisme et banditisme.
    Quand à nos entreprises de BTP, les patrons pourront s’offrir le nouveau Q7 Audi tout en faisant travailler les professionnels de l’Union venant des pays en …ie comme la Moldavie.
    Allez tous mes voeux pour 2015 et espérons que nos élus réussiront à travailler ensemble et à monter des dossiers dignes de ce nom et du professionnalisme de leurs équipes.

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