A l'heure des comptes avec Hersant, Tapie a les boules mais ne dit rien

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le 15 Nov 2013
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A l'heure des comptes avec Hersant, Tapie a les boules mais ne dit rien
A l'heure des comptes avec Hersant, Tapie a les boules mais ne dit rien

A l'heure des comptes avec Hersant, Tapie a les boules mais ne dit rien

Quand on a été vendeur un jour, on le reste toujours. Bernard Tapie est pleinement à son aise dans les travées du salon de l'auto Marseille Provence, organisé par le quotidien régional du 15 au 19 novembre au parc Chanot. Après tout, il s'agit là d'un exemple parfait de l'orientation évènementielle vers laquelle il souhaite diriger le quotidien régional quand il en sera clairement le propriétaire. Pour l'heure, le divorce entre le Groupe Hersant Médias et Bernard Tapie annoncé cet été est encore suspendu aux conclusions d'une mission de conciliation menée en grand secret.

Elle devait justement rendre son verdict, le 15 novembre mais toute annonce est ajournée. Les deux anciens partenaires ont jusqu'à fin mars pour aboutir à un accord sur le partage du groupe : les seules hypothèses connues sont le retour de Nice Matin dans le giron exclusif de GHM tandis que Bernard Tapie prendrait ses aises en solitaire à la tête de La Provence. Quant à Corse Matin, son destin est encore suspendu à l'issue des négociations.

Visiblement, l'homme pressé n'a pas la tête à ces histoires de gros sous. De stand en stand, il flatte le cul d'une berline en vantant les mérites des marques allemandes. "Des comme ça, j'en ai trois chez moi", dit-il en pointant du doigt un 4X4 version luxe. D'ailleurs, à l'entendre il a possédé un exemplaire de chaque véhicule de luxe du salon, en passant par Porsche et Jaguar. "En tout, j'en ai eu 60", se vante-t-il devant un concessionnaire qui se souvient de lui en avoir vendu une. Piloté par le patron d'Eurosud, il virevolte d'un stand à l'autre, le visage avenant.

Au détour d'un pare-choc, on lui demande tout de même s'il a des nouvelles de la mission de conciliation qui devait déboucher ce jour même. "Elle se poursuit", répond-il, lapidaire. Du côté de l'avenue Salengro, on évoque pourtant une réunion en cours au tribunal de commerce de Paris. On sollicite alors le directeur général du groupe, Marc Auburtin qui suit de loin le boss qui scintille dans les flashes. "Nous n'avons aucune information si ce n'est que la mission continue, plutôt dans le secret", répond le souriant DG qui n'a pas entendu parler d'une réunion à Paris. Elle avait pourtant été annoncée aux représentants des salariés lors du dernier comité d'entreprise.

"C'est les piles…"

La députée européenne et conseillère municipale, Dominique Vlasto, peine à suivre le rythme imposé par l'ancien parlementaire. "Bernard Tapie a toujours une longue d'avance", souffle-t-elle impressionnée. "C'est les piles…", glisse amusé un représentant du salon qui se souvient de la pub Wonder. Heureusement pour elle, le marathon automobile se termine au stand champagne pour les discours de rigueur. "Cela fait 12 ans que vous êtes privés de salon de l'automobile", commence-t-il en vantant le nouveau rôle joué par son journal "au service de la vitalité économique". D'ailleurs il imagine des évènements sur tous les thèmes "social, économique, sportif et culturel". "Car notre métier, ce n'est pas le savoir faire mais le faire savoir. Cela me change parce que pendant longtemps mon métier, cela a été de faire les deux".

Il se tourne ensuite vers Marc Auburtin et Olivier Mazerolle pour se féliciter des premiers changements : "Les gens apprécient la nouvelle manière de faire la maquette". Pour le web, il se félicite d'un record en septembre. "Deux millions de visiteurs uniques", précise Marc Auburtin, qui ne mentionne pas le fait que toute une partie du site a basculé en payant dans la foulée. Il annonce également une "chaîne de télé" pour bientôt et se fécilite encore de la confusion entre le titre de son journal et la région qu'il affectionne. "Le nom français qui est le mieux connu à l'étranger, c'est Paris et c'est normal. La Provence arrive en troisième. Vous imaginez le capital que ça représente?", conclut-il.

La journée de la voiture

Toutes ces nouveautés ont fait basculer Dominique Vlasto dans un espace-temps indéterminé, plutôt proche des années 1970. "Aujourd'hui, c'est le jour de la voiture à Marseille,​ s'emballe-t-elle. Tandis que je représente le maire pour ce salon de l'auto, ce dernier inaugure un tunnel. Car nous ne voulons pas d'une ville sans voiture. Il faut un mixage avec les transports en commun, car la voiture, cela fait rêver. Et dans la période difficile que nous traversons, nous avons besoin de rêver". Il y a effectivement de quoi rêver…

A la descente de la tribune, une petite fenêtre s'ouvre pour reparler à Tapie de l'avenir de La Provence mais un journaliste de La Marseillaise est plus rapide et entreprend de demander conseil à l'homme d'affaires. Il y a quelques mois, sur France Bleu Provence, ce dernier avait déjà montré son attachement au quotidien progressiste déclenchant l'ire des journalistes de son quotidien. Il réitère les flatteries en conseillant de "sortir de Marseille" (pourtant la Marseillaise a une zone de diffusion plus large que la Provence) et en lançant un hebdo à la place du quotidien. Un bon conseil à l'heure où le groupe La Provence a pour projet de mettre fin à l'aventure de Marseille l'Hebdo en le transformant en supplément du dimanche. Un pur instant vidéo du tycoon de la presse provençale.

 

 

 

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Commentaires

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  1. gm gm

    toujours aussi bouffon !!!

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  2. JL41 JL41

    Merci pour cet article plein d’humour, ce qui en facilite la lecture.

    Deux millions de visiteurs uniques au mois de septembre pour la Provence en ligne ? Alors que celle papier diffuse à 8 000 exemplaires à Marseille et que la Provence a presque disparu des références de Google ?? Je n’ai pas d’éléments de comparaison et je ne sais pas comment ce chiffre a été obtenu, durant une période où la consultation a été cafouilleuse et très ralentie par l’empilement des dispositifs destinés à nous faire sauter un maximum de pubs à la figure. Un tournant difficile pour un quotidien traditionnel, mais une bonne initiative lorsqu’on sait quelle est l’évolution générale de la presse. Les lecteurs basculent donc de l’édition papier vers les éditions web, des ordinateurs classiques aux tablettes. D’où une augmentation du nombre des visiteurs. Mon marchand de journaux maugrée parce qu’il a perdu 20% de ses ventes. Mais lorsqu’il me voit arriver le samedi, j’ai toujours droit au tri sélectif, « sans la fourrure » (les suppléments du WE), ce qui m’évite de le faire dans la poubelle que je croise sur mon chemin. J’achète aussi un quotidien national et le Ravi. Je ne veux pas perdre ce rituel « pluraliste » par un abonnement.

    Mais je n’aime plus la Provence, dont la qualité rédactionnelle s’est pourtant améliorée : sur la quarantaine de pages, je suis passé de 3 à 4 pages lues.
    Ce qui est devenu insupportable, c’est l’incompréhensible censure qui frappe ceux qui commentent les articles. Alors que les commentaires sont en général courts, parfois insultants ou racistes, nous sommes quelques uns à développer de mini-réflexions, qui enrichissent les articles et les lecteurs. Un commentaire raciste ou insultant n’est pas toujours censuré, mais les commentaires plus structurés sont impitoyablement traqués, hors toute considération de net étiquette, comme si le journal soufrait de ces quelques preuves d’intelligence parmi ses lecteurs. La ligne, le niveau d’approfondissement, ce qu’on dit ou ne dit pas, appartient au journaliste, sinon au journal. Cette censure apparaît aux commentateurs (on se connaît plus ou moins) comme des actes de sadisme, comme une vengeance longtemps contenue (depuis que Tapie et son équipe sont là, les choses ont bougé comme on dit). On a le sentiment d’être traité comme les soldats des tranchées de 14-18 dans leurs courriers. Le débat doit être consensuel et rester dans les pistes ouvertes par les journalistes. Ce n’est vraiment pas la « ligne » des nouveaux médias sur le web. Faut-il dire : « c’est la Provence », « c’est Marseille » ?

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  3. Electeur du 8e Electeur du 8e

    “… un espace-temps indéterminé, plutôt proche des années 1970.” Excellent ! Et tellement vrai : on s’était en effet bien aperçu de ce que la municipalité actuelle “ne [voulait] pas d’une ville sans voiture.” Vivement le XXIème siècle à Marseille aussi !

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  4. Jean Patrick Jean Patrick

    Ahahahaha j’ai bien ri merci !!! Sans déconner les annnées 80 reviennent !! Crise, FN, Natachate Polony, Tapie, Vlasto et les voitures, Gaudin encore et toujours, j’en passe et des meilleures, manque juste les béru … C’est signé, 80’s are back.

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  5. Jean Patrick Jean Patrick

    #GroundhogDay

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  6. zaqsa zaqsa

    TAPIE sous les sunligths….et GAUDIN dans le tunnel !!!! Vivement la sortie de tout ce bazar…

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  7. kerozene kerozene

    on ne pourra pas dire que Marsactu ne s’intéresse pas à la Provence !

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  8. Anti-propagande Anti-propagande

    Marseille l’Hebdo est le seul magasine qui valorise la vie culturelle ( sans pub ! ) . Si L’hebdo devient un supplément de la Provence le dimanche, cela va le tirer vers le bas ! Il va devenir un organe de promos ou les annonceurs auront tous les pouvoirs ….Adieu la diversité , bonjour le fric .

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  9. palinodie13 palinodie13

    Waoo ça c’est de la confraternité bien vécue de quelqu’un qui touche sa bille ça

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  10. Simon L Simon L

    L’apologie de la voiture et des gros 4×4 … Tapie est vraiment un gros ringard, on le savait mais là !!! Ce n’est même pas vers les années 70, il nous ramène dans les années 50, quand la voiture à papa faisait rêver … mais aujourd’hui
    Marseille vaut mieux que ça !

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  11. delia71 delia71

    Son fournisseur de boules c’est Sodexho je suppose…

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