Retour à Fontainieu dans les pas du "préfet des Roms"

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le 5 Sep 2013
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Retour à Fontainieu dans les pas du "préfet des Roms"
Retour à Fontainieu dans les pas du "préfet des Roms"

Retour à Fontainieu dans les pas du "préfet des Roms"

"Ah, on ne vous attendait pas". À l'ombre des platanes de Fontainieu, pas de forêt de caméras, micros, stylos – si ce n'est ceux de Marsactu – pour accueillir Alain Régnier. Le délégué interministériel à l'hébergement et l'accès au logement des personnes sans abri ou mal logées (Dihal) tenait au caractère technique de sa visite à Gardanne dans la matinée, puis à Marseille l'après-midi. Nul besoin de réveiller les tensions locales dans le 14e arrondissement autour de la semi-officialisation de l'occupation de l'ancien centre de vacances de Fontainieu. Surtout à l'approche des municipales…

Près du bâtiment où logent aujourd'hui 143 personnes à l'abri des expulsions, quelques chaises sont installées rapidement en cercle. Pendant près d'une heure, Le préfet échange avec les travailleurs sociaux de l'Addap, association coordinatrice du site, des fonctionnaires de la préfecture, des occupants. Ses quelques mots à notre destination, après avoir poliment refusé une interview, seront d'ailleurs pour rappeler son objectif premier : "lutter contre les stigmatisations".

Casser les blocages

Même tonalité à Gardanne un peu plus tôt dans la matinée, lors de sa visite aux familles installées sur l'ancien site minier du puits Z, en présence du maire et du député de la circonscription : "Les faire accepter est un enjeu démocratique majeur, si on ne veut pas revivre des dérives que notre pays a déjà connues", rapporte La Marseillaise. "Il y a des haines qui se développent", s'alarme en écho le député EELV François-Michel Lambert. Alain Régnier a rappelé que les Roms ne sont que 20 000 en France, contre 900 000 en Espagne, 600 000 en Italie. Pour lui, il faut s'inspirer de la manière dont on a réussi dans les années 70 à apaiser une France qui allait jusqu'à tuer des Arabes."

Cet attachement aux "représentations" pourrait surprendre quand, dans les camps ou sur les bouts de trottoir, l'urgence est là. Mais pour Alain Régnier, casser les blocages psychologiques des élus et riverains est une condition préalable à la mise en place de politiques d'accueil. D'où sa gêne face au surnom de "préfet des Roms" : "Ma mission ne vise pas une communauté de personnes mais porte sur le mal-logement, avec l’objectif d’éradiquer les bidonvilles", rappelait-il à Libération. C'est le sens de son objectif affiché à Gardanne : "Il ne doit plus y avoir de bidonvilles en France d'ici la fin du quinquennat""Il est convaincu qu'après les municipales, beaucoup d'élus répondront à cet enjeu. Je lui ai dit que d'ici là il y a l'hiver et que dès maintenant l'expérience de Gardanne pourrait être répliquée ailleurs", commente Lambert. Avec l'idée que c'est aussi les expériences réussies qui permettent de casser les représentations associées à ces populations.

"L'hiver arrive"

À Fontainieu, on pense aussi davantage aux prochains mois qu'à une possible décrispation, une fois les municipales passées. Apercevant la préfète déléguée pour l'égalité des chances Marie Lajus, Ghiocel qui loge sur place en profite pour glisser quelques doléances. Ce jeune homme vit depuis six ans en France et son bon niveau de français l'a institué en traducteur puis porte-parole informel du groupe. Sa principale revendication concerne le raccordement au réseau électrique, car l'essence pour les groupes électrogènes coûte cher et ils ont besoin d'eau chaude "car l'hiver arrive".

Depuis 3 mois, des sanitaires ont été installés par la mairie de Marseille face au bâtiment principal. L'absence de dégradation et les tours de ménage réguliers organisés sur un planning affiché sur l'algéco qui sert de local à l'Addap rassurent. "Apparemment ça se passe bien, on va faire le bilan", répond Marie Lajus. L'État n'intervient pas en tant que tel sur le site, mais s'assure des conditions de sécurité, après les craintes suscitées par des branchements hasardeux sur le site mis à disposition par la mairie de Gardanne. Pour l'électricité à Fontainieu, ce sera donc compliqué, explique-t-elle, vu les caractéristiques du bâtiment. Pour l'eau chaude, l'installation pourrait en revanche être autorisée.

Le départ de la délégation préfectorale est vite compensé par l'arrivée d'une voiture siglée aux couleurs d'une société de sécurité privée. Les vigiles sont venus repérer les lieux, avant d'entamer le lendemain des gardes de nuit. La question de la circulation apparaît en effet comme une des préoccupations cruciales pour l'Addap. "Ce n'est pas notre habitude en tant que travailleurs sociaux, mais on est obligés si on veut éviter de tout mettre en péril", justifie Stéphane François, directeur du pôle médiation et initiatives sociales et solidaires. Même si l'occupation pérenne de Fontainieu n'a jamais été l'idée, l'organisation s'étoffe donc. Un préfabriqué a été installé à l'entrée pour surveiller les allées et venues, des cartes de résidents ont été distribuées, les voitures doivent badger.

L'école pour les petits, la débrouille pour les autres

Heureux de la reconnaissance que témoigne la visite du préfet, les éducateurs retournent bien vite à leur sujet du moment : les inscriptions scolaires. Cet été, leurs piqûres de rappel ont eu peu d'effet. Difficile pour les familles de se projeter à plusieurs mois quand on vit au jour le jour. C'est le départ pour l'école de certains qui a suscité les demandes, surtout venant de leurs petits camarades. Le préfet Régnier, qui nous glissait avoir insisté sur la scolarisation parmi les droits et devoirs, n'a donc pas été entouré d'une ribambelle d'enfants lors de sa visiste. "On les a planqués", sourit une éducatrice. Plus sérieusement, la gratuité à la cantine souvent accordée par les services municipaux facilite l'organisation des parents, en plus d'apporter un repas complet. Une vingtaine, sur 57 mineurs, sont aujourd'hui scolarisés.

Mais pour les ados trop en retard pour débarquer au lycée et les adultes qui jouent aux cartes dans le bistrot improvisé qui s'est accolé au bâtiment, le quotidien est toujours celui de l'économie de la débrouille. À chaque visite de responsables, Ghiocel explique réitérer la même demande : "Un titre de séjour". Pour ce Roumain, comme pour les Bulgares, c'est un sésame indispensable – en plus d'une autorisation de travail – pour accéder à l'emploi. "On attend le 1er janvier", lance finalement le jeune homme, dépité par les barrières administratives pour obtenir ces documents. À la fin de l'année, les mesures transitoires qui restreignent l'accès au marché du travail des ressortissants de ces pays seront levées. Et avec elles une partie des clichés sur les Roms ?

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Commentaires

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  1. Mausner Mausner

    Le point de vue est faussé d’emblée: les roms sont là, donc on doit tout faire pour eux. Erreur: les roms sont là, certes, mais la volonté des Français est qu’ils n’y soient plus. Des trains, pas des “villages d’insertion”, pour lesquels on vole l’argent de nos plus défavorisés. Des trains pour leur pays d’origine et l’interdiction de revenir. Quand le comprendrez-vous?

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  2. PC PC

    Dans les années 70, on tuait des Arabes dans la rue!?
    En Espagne il y a 900 000 Roms, en Italie 600 000.
    C’est grave que des gens pareils à ce Regnier aient des responsabilités.

    C’est avec ce genre de balivernes qu’il compte régler la situation.

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  3. Anonyme Anonyme

    Ras-le-bol des commentaires xénophobes voire racistes à chaque article sur les Roms. Ce sont des citoyens européens, autant que les marseillais qui ont le droit d’aller s’installer dans n’importe quel pays.
    Il fut un temps où on faisait la chasse aux Italiens venus travailler en France, puis aux Algériens, maintenant c’est au tour des Roms avec toujours les mêmes relents nauséabonds.

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  4. Anonyme Anonyme

    Ras-le-bol des commentaires xénophobes voire racistes à chaque article sur les Roms. Ce sont des citoyens européens, autant que les marseillais qui ont le droit d’aller s’installer dans n’importe quel pays.
    Il fut un temps où on faisait la chasse aux Italiens venus travailler en France, puis aux Algériens, maintenant c’est au tour des Roms avec toujours les mêmes relents nauséabonds.

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  5. Mausner Mausner

    “Relents nauséabonds” Ah elle belle, la dialectique des nian_nian. Vous avez oublié “les heures sombres de l’histoire, “la bête immonde”, etc. Avec de tels arguments, on va loin. Moi je parle d’une pègre organisée, qui maille le territoire et sévit avec la complicité de collabos, d’une “communauté de plus qu’on veut imposer aux Français, qui n’en veulent pas. le “facisme” a aujourd’hui le visage d’Eva Joly, et rien ne me fera changer d’avis….

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  6. Mausner Mausner

    Vieux: facho. Quel raisonnement subtil. Parlant…
    Passons. Ce sont vos roms qui paieront les retraites, peut-être?

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  7. Anonyme Anonyme

    Bonjour Mr Jean Paul KOPP
    Suis totalement en accord avec vous et je connais aussi ces vérités que vous avez affirmées
    N’insistez pas auprès de l’autre interlocuteur , y a plus sourd que celui qui ne veut pas entendre
    Quant au comptage effarant des anti xxx ou anti blancs : y a pas photo et vous êtes dans le vrai Mr Kopp sans parler du massacre du 17 octobre 1961 mais cela n’a pas existé non plus bien sûr ..
    Je pense que ce combat stérile par posts interposés veut vous faire sortir de vos gonds pour mieux faire valoir le départ de tous ces Roms si dérangeants car si vous avez tort pour ces massacres de Maghrébins vous auriez donc tort aussi pour les Roms
    Déstabilisation gratuite , on vous a vu et entendu à la Tv et ailleurs et vous êtes fort crédible Laissez tomber Merci de Vous
    Continuez votre SI belle route Monsieur Kopp

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