Quand l'art s'immisce dans l'entreprise

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le 24 Fév 2012
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Quand l'art s'immisce dans l'entreprise
Quand l'art s'immisce dans l'entreprise

Quand l'art s'immisce dans l'entreprise

C’est à s’en frotter les yeux deux fois avant d’y croire… Mais non, vous ne rêvez pas, c’est bien un atelier d’artiste qui est installé en plein centre des locaux de l’entreprise marseillaise Vacances bleues, entre la salle à manger et les bureaux des employés. Passez la porte, et voilà que s’impose en face de vous un dessin aux traits minutieux de près de deux mètres de haut. Sur votre gauche, trois étagères sur lesquelles s’entasse une multitude de bibelots : un tube de biafine, une poupée russe, une paire de tongues, un masque vénitien, un carnet de voyage… Leur lien ? Ils appartiennent tous aux employés de l’entreprise, qui les ont amenés à Karine Rougier afin qu’elle les compile dans une œuvre originale, un « paysage onirique où se retrouvent les éléments de chaque salarié ».

Repenser le rapport art/entreprise

La jeune femme n’est en effet là « que » pour ce grand dessin qui trône au fond de la salle. Depuis trois mois, elle a quitté son atelier pour s’installer à temps plein au cœur du siège de Vacances bleues, qui oeuvre depuis plus de vingt ans déjà pour l'art contemporain. Une initiative impulsée à la fois par l'entreprise marseillaise, Mécènes du Sud et Marseille-Provence 2013 dans le cadre des ateliers de l’EuroMéditerannée, l’un des projets phares du programme de la capitale de la culture 2013.

Le but : intégrer un travail de création artistique dans des lieux qui ne sont pas dédiés à l’art – structures privées ou publiques – pour faire évoluer le regard de chacun sur la culture. Un projet dans lequel Vacances bleues, qui fait d’ailleurs partie des entreprises fondatrices de l’association Mécènes du Sud, pionnière dans cette refondation de la relation entre l’art et l’entreprise, s’est engagée sans hésitation, comme nous l’a expliqué Hélène Arnaud-Rouèche, présidente de la fondation de l’entreprise :

 

 

Une expérience réussie

Une aventure collective qui semble réussie. « Une véritable osmose entre l’artiste et l’entreprise » … Une fois, deux fois, trois fois : Hélène Arnaud-Rouèche est plus que comblée par l’expérience. Et l’artiste, bien que moins démonstrative, également : « C’était très enrichissant. Je n’ai jamais eu autant de retours. Parfois, cinq ou six personnes dans la journée ». Car les salariés se sont pris au jeu, et la magie a fini par opérer : « Je ne reproduis pas exactement l’objet. Alors les gens venaient pour voir si j’avais dessiné le leur… Où, de quelle manière ».

Et de jolies histoires parfois de naître, comme cette femme qui a donné à l’artiste une photo de ses vacances avec son neveu… en s'empressant d’appeler son collègue quand elle s’est reconnue adossée avec l’enfant au château qu’il avait fait naître quelques jours auparavant sur le papier : « on est à côté ! ». « Des liens se créent entre les salariés par leur objet sur le dessin » explique Karine Rougier. Et d’un coup de crayon, entre les salariés et l’artiste… Avec, au final, la naissance d’une œuvre originale :

 

 

Créativité et ouverture d'esprit

« C’est un gros progrès culturel dans nos esprits » confirme Hélène Arnaud-Rouèche. Et si ce type d’expérience permet aux salariés de découvrir la manière de travailler d’un artiste (quand ce n’est pas découvrir qu’il travaille !), elle peut également avoir d’autres vertus plus insoupçonnées : « C’est un appel d’air dans l’entreprise, qui renvoie chaque individu de la mécanique de l’entreprise à la possibilité de créer. Cela permet de s’interroger sur sa propre capacité à innover et à créer » explique Corinne Brenet, présidente de Mécènes du Sud.

« Aujourd’hui, je suis convaincue que voir la créativité entrer dans la maison est très important pour l’ouverture d’esprit des salariés » ajoute Hélène Arnaud-Rouèche. D’ailleurs, au-delà du siège marseillais, l’expérience a aussi fonctionné dans les établissements de la chaîne hôtelière, avec notamment un blog qui permettait à chacun des employés de suivre l’avancée du dessin. « Je ne regrette qu’une chose, conclut la présidente de la fondation, c’est qu’elle s’en aille »

La résidence de Karine Rougier arrive en effet bientôt à son terme. Mais elle ne marque pas pour autant la fin de la collaboration entre l’artiste et l’entreprise, qui l’accueillera notamment pour le printemps de l’art contemporain du 17 au 20 mai prochain. Quant à l’œuvre, elle sera achetée par Vacances bleues avant d’être exposée dans le cadre de Marseille-Provence 2013. Pour le moment, elle appartient toujours à l’artiste.

 

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