Pénurie de masques chirugicaux, la métropole est priée de partager ses stocks

Actualité
le 19 Mar 2020
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Alors que la région s'apprête à affronter une "vague" épidémique en fin de semaine, les masques de protection font toujours défaut aux personnels soignants. Dans l'attente d'une livraison massive venue de Chine, la métropole, qui a réalisé des stocks pour ses personnels, doit donc les partager avec les services de la Ville et même ceux de l'État.

Un passant équipé de masque, rue de Rome. Photo : Lisa Castelly
Un passant équipé de masque, rue de Rome. Photo : Lisa Castelly

Un passant équipé de masque, rue de Rome. Photo : Lisa Castelly

“C’est pas vrai ! Ça fait la troisième pharmacie et c’est à chaque fois pareil”. Les deux jeunes filles aux visages nus sortent d’une officine de la rue Davso (1er arrondissement) qui, comme beaucoup d’autres, signalent à l’entrée qu’elle ne vend plus “ni masque, ni liquide hydro-alcoolique”. D’autres pharmacies précisent même que ces deux produits sont “réservés en priorité aux personnels soignants”. En attendant le million de masques que la Chine a promis à la France, chaque région s’organise et tente de pallier la grave carence de ces produits.

Chroniqueur à Marsactu et photographe de rue, Yves Vernin est également médecin généraliste dans une petite commune de la Côte bleue et il décrit avec précision la pénurie. “Pour l’heure, on nous a donné une boîte de 50 masques par médecins dans le cabinet où je travaille. Mais ça va très vite : si j’accueille une personne qui a des symptômes grippaux, je lui met un masque avec le mien, ça fait deux. Mais si je reçois des postillons, j’en change aussitôt. Avec une boîte, je ne tiens pas une semaine”.

Tutoriel pour faire ses masques soi-même

L’agence régionale de santé lui a promis un réapprovisionnement d’ici la fin de semaine puisque les médecins de ville sont en première ligne dans l’accueil des patients potentiellement atteints et le seront certainement encore longtemps. Mais Yves Vernin sait très bien que le stock ne suffira pas à faire face à la vague annoncée. “Ma compagne a trouvé un modèle de masques en tissu dont le patron a été mis en ligne par un CHU de Bretagne. Elle en a cousu plusieurs. Cela va me permettre de pallier le manque de masques jetables et en plus je suis trendy !”

Dans les entreprises comme dans la population générale, c’est la même course au masque qui donne lieu à de multiples formes d’improvisation dans le mode de couverture des muqueuses bucco-nasales : masques de peintre, de chantier, foulards écharpes… Mais cette pénurie inquiète toutes les institutions qui cherchent à mobiliser des stocks rapidement utilisables.

“L’agence régionale de santé a effectivement réalisé ces derniers jours un inventaire complet des stocks disponibles pour les masques neufs et les masques dits FFP2 [de protection respiratoire individuelle, ndlr], indique-t-on au service presse de l’ARS. Cela a permis de constituer un stock de 150 000 masques FFP2 périmés. Ils ont été testés et sont utilisables. Ils seront déployés dans les prochains jours dans les pharmacies à destination des personnels soignants. Ils seront ensuite complétés par des masques neufs provenant du stock d’État comme annoncé par le gouvernement”.

Plusieurs dizaines de milliers de masques stockés par la métropole

Ce dimanche, une réunion d’urgence en préfecture a ainsi tourné à l’échange aigre-doux entre services de l’État et ceux de la métropole. En cause, l’important stock de masques constitué par la collectivité depuis plusieurs semaines pour permettre à ses personnels de faire face aux services de première nécessité comme le ramassage des ordures ménagères. Ce lundi, le représentant FO du personnel, Patrick Rué, nous confirmait avoir demandé à ce que les personnels de collecte soient rapidement équipés en masques et gel hydro-alcoolique. Une demande rapidement satisfaite et conforme au niveau B du plan de continuité d’activité, actif depuis ce même jour.

L’annonce d’un stock de plusieurs de dizaines de milliers de masques à Marseille en pleine pénurie nationale a provoqué quelques remous au sein du personnel d’État. Lequel peine à réunir le stock nécessaire à l’équipement prioritaire des soignants comme le précise ce document de préparation à la phase épidémique Covid 19 :

Les masques chirurgicaux visent à assurer la protection de l’environnement du porteur afin d’éviter les projections ou sécrétions respiratoires des voies aériennes du porteur – soignant ou patient. Le port des masques chirurgicaux est réservé aux personnes malades, aux professionnels de santé recevant des malades, aux personnes chargées du secours à victimes et des transports sanitaires.

Du coup, la métropole a dû se montrer partageuse avec les masques qu’elle a en sa possession : certains datent des stocks constitués au temps de l’alerte H1N1. D’autres sont neufs et acquis récemment.

Pénurie dans les services municipaux

Du côté de la Ville, en revanche, la pénurie se fait sentir, y compris dans des services aussi sensibles que le Samu social ou même le bataillon des marins-pompiers. Selon des sources internes, les stocks de masques et de liquide hydro-alcoolique constitués au temps de la grippe H1N1 ont été détruits du fait de leur péremption. Ce sont ainsi deux millions de masques longtemps stockés dans les entrepôts municipaux qui ont fini par être détruits du fait de la péremption des élastiques…

La Ville se trouverait ainsi démunie de tout équipement pour les personnels en première ligne : agents du service funéraire, du Samu social, de la sécurité bâtimentaire, voire même du bataillon des marins-pompiers.

Selon nos informations, 10 000 masques du stock métropolitain seraient ainsi venus consolider les services de la Ville et ceux du bataillon des marins-pompiers. 20 000 masques auraient également transité vers l’agence régionale de santé pour compléter le stock déjà constitué.

Quant à la métropole elle-même, avec près de 50 000 masques encore en stock, elle a de quoi tenir jusqu’à la mi-avril. D’ici là, le colis chinois devrait être arrivé à bon port.

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Commentaires

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  1. Dominique Maccari Dominique Maccari

    Étonnant de constater encore une fois, alors que nos délégués CGT travaillent d’arrache pied toutes les nuits dans les services de collecte en collaboration d’ailleurs avec les délégués FO de la collecte, que notre Secrétaire CHSCT cgt aussi est sur le front de la lutte contre ce virus en collaboration directe avec la direction générale de la métropole depuis le début de l’épidémie en France,

    que votre article ne site que Monsieur Rué, de surcroît agent de la ville et non de la métropole ! Sachez également qu’à ce jour nous nous battons auprès de la direction pour que les locaux communs de ses agents soient nettoyés, cela fait deux nuits que le ménage n’est pas fait et plusieurs jours que les bennes ne bénéficient plus du lavage quotidien!!!
    Dans cette période nous ne sommes pas dans une bataille syndicale, mais je ne pouvais, encore une fois laisser passer une information qui laisserait à penser que seul Fo serait présent dans cette dure période. NON, nous sommes tous mobilisés pour contrer ce virus, aider et soutenir les agents qui œuvrent tous les jours et toutes les nuits pour ramasser vos ordures et qui, OUI, prennent des risques pour eux mais aussi pour leur famille !

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  2. reuze reuze

    Sauf erreur de ma part, ce sont des masques FFP2 (Filtering Face Pieces) et non SSP2.

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  3. Pussaloreille Pussaloreille

    Merci pour ces deux articles factuels, édifiants comme toujours et très bienvenus pour équilibrer les innombrables rumeurs. Dans les conditions où vous travaillez, on apprécie !

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  4. corsaire vert corsaire vert

    Je cite 20 mn du 18/3:
    “La France a envoyé le mois dernier 17 tonnes de matériel médical à Wuhan, la ville chinoise où le virus est apparu en décembre. La cargaison comprenait notamment des combinaisons de protection, des masques, des gants et des produits désinfectants, selon le ministère français des Affaires étrangères.”
    Qui s’étonne encore de notre incapacité , nous , pays riche et dit “civilisé” à assurer la protection de nos concitoyens ?
    Par bêtise et fatuité nos gouvernants pensaient que seule la Chine serait concernée par le virus alors que des médecins alertaient déjà sur une pandémie mondiale .

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    • julijo julijo

      combien de tonnes de projectiles, pour LBD, et grenades lacrymo…les fdo, eux, n’ont jamais manqué de rien…on l’a vu dans les manifs : jamais à cours !!…..les stocks étaient là.
      mais ça n’a sûrement rien à voir !!!

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  5. LaFronde LaFronde

    encore une fois la désorganisation des services de l’état sont à l’œuvre malgré le courage des soignants et tous les acteurs de cette épidémie.
    La confusion règne …
    On fera les comptes à la fin.

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