Métropole : Christophe Castaner ouvre la voie à de nouvelles règles de scrutin pour 2020

Actualité
le 23 Jan 2018
6

S'il est encore loin d'une candidature à la mairie de Marseille, Christophe Castaner n'en est pas moins très au fait des questions locales. Interrogé par Marsactu, le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement envisage une réforme des élections pour la deuxième ville de France.

Christophe Castaner, le 19 janvier à la permanence de la députée Alexandra Louis.
Christophe Castaner, le 19 janvier à la permanence de la députée Alexandra Louis.

Christophe Castaner, le 19 janvier à la permanence de la députée Alexandra Louis.

Surtout, ne pas faire taire le bruit qui fait parler de soi. Surtout, ne pas trop s’avancer pour éviter les mauvais coups. Christophe Castaner, le délégué général de La République en marche (LREM) et secrétaire d’État aux relations avec le Parlement, joue avec la rumeur qui le propulse tête de liste aux municipales à Marseille sans jamais y répondre frontalement.

Alors qu’il se déplaçait vendredi à Marseille pour inaugurer la permanence parlementaire de la députée LREM Alexandra Louis, il a en revanche bien voulu répondre à quelques questions de Marsactu sur le mode de scrutin des élections locales de 2020. La question agite le microcosme politique en cette période de vœux puisque la modification du code électoral ne pourra pas intervenir trop près de la date du scrutin.

Pour Christophe Castaner, une modification des règles du jeu est tout à fait possible. “Le débat sera sûrement ouvert s’il y a un véhicule législatif sur le Grand Paris”, explique-t-il. Le sujet du mille-feuilles administratif d’Île-de-France est en effet déjà sur la table et Emmanuel Macron vient de recevoir un rapport sur le sujet début janvier. À la faveur d’une redéfinitions des nouveaux échelons – le rapport préconise la suppression du grand Paris – Marseille pourrait donc voir sa carte électorale redéfinie.

Vers une liste unique pour élire le président de la métropole

La priorité ne serait alors pas municipale mais métropolitaine. “Si l’on veut que la métropole remplace le département, comme dans toutes les grandes métropoles, il faudra qu’elle soit efficace”, juge Christophe Castaner. Est-ce qu’Aix-Marseille Provence l’est ? “Je vous laisse juge sur celle de Marseille”, lâchait-il dans un grand sourire très évocateur alors que la métropole est toujours en proie à des luttes intestines.

Ces propos viennent appuyer ceux du député de la 10e circonscription (Gardanne-Allauch) François-Michel Lambert (LREM) : “Il y aura fusion et changement du mode de scrutin, c’est dans l’ordre des choses”, nous expliquait-il le 12 janvier. La piste prioritaire ? Une élection avec des listes intercommunales pourrait voir le jour. Elle remplacerait alors le système actuel qui est peu lisible : dans chaque ville, certains candidats sont fléchés pour être élus à la fois aux échelons municipal et métropolitain.

Ce type d’élection modifierait grandement la donne. Il ferait entrer la politique des partis au sein d’une instance qui a été pensée par son président pour dépasser les clivages idéologiques. Elle obligerait les forces en présence à construire un minimum de programme commun là où la métropole actuelle est marquée par les luttes entre élus Les Républicains. En regard, elle diminuerait la possibilité des 92 maires de peser sur le jeu métropolitain.

Des visées électoralistes ?

Pour le président de la métropole et maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, qui s’est exprimé sur le sujet lors de ses vœux à la presse ce lundi, ce choix n’est pas exempt d’arrières-pensées électorales : “Vous croyez qu’ils vont vouloir reproduire la métropole telle qu’elle est aujourd’hui, alors qu’ils n’y sont pas ? Alors que leurs amis n’y sont pas ? Alors qu’ils ne connaissent rien de ce qui s’y fait ? Ils vont vouloir venir et pour venir, ils vont essayer de changer la loi électorale.”

LREM ne compte aujourd’hui dans ses rangs qu’une poignée de maires comme Jean-Pierre Serrus à La Roque-d’Anthéron ou quelques orphelins du guérinisme comme Jean-Louis Canal à Rousset. Son ancrage local est encore à créer. Malgré cet apparent bon coup qu’un remaniement du mode de scrutin pourrait constituer, Christophe Castaner nie tout calcul politique : “Ça, on s’en fout. Les municipales 2014 ont montré que la dimension nationale est très forte désormais. L’ancrage compte toujours mais moins qu’avant.”

La fin du cumul maire-président de métropole ?

Dans l’entourage du maire de Marseille, on constate l’ampleur de la tâche à venir : “Le Conseil constitutionnel a donné des critères clairs. Dans un établissement intercommunal, toutes les communes doivent être représentées et cela doit respecter le poids démographique. Faire un scrutin de liste, cela ne pourra pas remplir ces critères et il faudra donc faire de la métropole une collectivité à part entière.” En clair, avec ce scrutin, la métropole cesserait d’être un établissement intercommunal où les élus représentent leur commune pour devenir une collectivité en partie décorrélée de l’échelon communal.

Cette hypothèse pourrait conduire à une métropole à la lyonnaise dite “à statut particulier” puisqu’elle coiffe compétences intercommunales et départementales. Elle signifierait, comme l’a affirmé le Conseil constitutionnel, une impossibilité de cumuler un poste de maire et un autre de président de la métropole. “De toute façon, s’il y a un scrutin sur une liste unique, cela sera très politisé, beaucoup plus qu’avec le fléchage. Et je ne vois pas comment quelqu’un pourrait mener les deux combats de front”, note un proche de Martine Vassal, actuelle présidente du département et candidate déclarée à la tête de la métropole en 2020. Mais gouverner la métropole sans détenir la ville centre constituerait assurément un saut dans l’inconnu.

Cet article vous est offert par Marsactu

À vous de nous aider !

Vous seul garantissez notre indépendance

JE FAIS UN DON

Si vous avez déjà un compte, identifiez-vous.

Jean-Marie Leforestier
Journaliste | jm.leforestier@marsactu.fr

Articles liés

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. reuze reuze

    Il est hors de question que Jean-Claude Gaudin laisse la métropole, chef d’oeuvre patrimonial de la politique locale du XXe siècle, subir le même sort qu’une vulgaire carrière antique.
    Bon courage aux CRS pour déloger les élus de tous territoires qui viendront s’enchaîner aux grilles du Pharo pour défendre ce patrimoine qui fait notre fierté à tous.

    Signaler
  2. petitvelo petitvelo

    Budget Marseille: environ 1,5 Milliard
    Budget AMP: environ 1,8 milliard
    Budget CD13: environ 2,6 milliard

    De quoi ouvrir l’apétit de quelques uns. Et s’il faut n’être dirigeant officiel que d’une seule boutique, on peut toujours l’être de façon officieuse (1er adjoint, ou 1er VP) d’une autre …

    Signaler
  3. François Costé François Costé

    Pourquoi un maire non président de la métropole ou un président non maire de Marseille serait un saut dans l’inconnu ? Les périodes de cohabitation et les périodes où à Lyon, les président du grand Lyon n’étaient pas maire de Lyon n’ont pas été catastrophiques…

    Cela permettrait une bonne fois pour toutes d’annihiler le pouvoir de ces chéfaillons qui se croient compétents en matière de déplacements, ordures ménagères, et culture parce qu’ils sont maires…

    Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      J’approuve. Cela fait belle lurette qu’à Strasbourg, ville dont la gestion n’a pas mauvaise réputation, le président de la communauté urbaine devenue eurométropole et le maire de la ville-centre ne sont pas les mêmes personnes. Certes, le président de la métropole est en général un adjoint du maire de Strasbourg.

      Dans le cas de la métropole polycentrique d’Aix-Marseille, il faudra tout de même éviter d’installer à sa tête une sorte de Guérini décidé à mettre Marseille au régime sec, comme elle l’a été par Jean-Nono après qu’il ait perdu les élections municipales de 2008.

      Signaler
  4. Alceste. Alceste.

    Toutes ces observations découlent du bon sens., mais nous avons à faire à des “chefaillons” qui se prennent non pas pour Jupiter mais plutôt pour des Cronos ,dans l’espoir de tout dévorer.
    Et en plus et malheureusement, leurs passés farouchement Gaudiniste ne plaident pas en leurs faveurs ainsi que le niveau dont ils sont dotés . Ah la belle école !
    Le vivier des postulants au poste n’étant garni exclusivement que de favouilles et d’arapèdes du pouvoir , cela ne présage rien de bon pour cette nouvelle entité.

    Signaler
  5. LaPlaine _ LaPlaine _

    Nonobstant le fait d’avoir beaucoup trempé dans le marigot politique local, c’est surtout le niveau moyen de ces individus qui est inquiétant pour l’avenir.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire