Jean-Claude Gaudin fait entrer le conseil métropolitain en fusion

Actualité
le 16 Fév 2018
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Le président de la métropole a suscité un long débat lors du conseil après sa prise de position en faveur d'une fusion de l'institution avec le conseil départemental et d'un changement du mode de scrutin. Si pour l'heure le gouvernement n'a pas détaillé ses intentions, Jean-Claude Gaudin abat ses cartes et invite les maires à s'en emparer.

Jean-Claude Gaudin fait entrer le conseil métropolitain en fusion
Jean-Claude Gaudin fait entrer le conseil métropolitain en fusion

Jean-Claude Gaudin fait entrer le conseil métropolitain en fusion

Jean-Claude Gaudin aurait simplement “répondu à une question d’un journaliste”, lors du déjeuner de préparation du conseil métropolitain, mardi. Ce jeudi, dans l’hémicycle, le président d’Aix-Marseille Provence a fait mine “d’avoir parlé plus librement que d’habitude” en évoquant la fusion de sa jeune institution et du conseil départemental. Et pas pour s’y opposer, comme il l’avait fait à de multiples reprises lorsque le sujet était porté par des députés socialistes, dont Patrick Mennucci. Mais pour l’épouser, comme une perspective “logique et inéluctable”, la détermination du président de la République étant entendue.

Lors des deux courtes heures de cette séance plénière sans grandes décisions, la question a monopolisé le débat. “Organisez un référendum”, a harangué le sénateur FN Stéphane Ravier à destination des maires, tandis que Jean-David Ciot (PS) refaisait le match de la répartition des compétences avec les communes. “Je suis contre la fusion à la hussarde”, a cru bon devoir rappeler Martine Vassal, sans préciser sous quelles conditions l’idée pouvait être satisfaisante.

Ce qui ne peut être évité…

“Que se passe-t-il, pour que tout se précipite ? Ce n’est quand même pas la rencontre d’un soir de quelques députés avec le Président de la République qui nous vaut ce déferlement d’opportunisme politique ?”, s’est interrogé le communiste Marc Poggiale. Fin janvier, les échos d’une réunion organisée à l’Élysée avaient prêté à Emmanuel Macron la volonté de fusionner cinq conseils départementaux avec leur métropole centre (Marseille, Nantes, Nice, Lille et Strasbourg).

Dans sa longue intervention, Jean-Claude Gaudin a répondu par la veine légaliste qui l’animerait et la volonté “d’anticiper” :

Ce que je dis à mes amis maires, c’est “faisons attention”. À partir du moment où le président explique vouloir fusionner cinq départements, il est de notre devoir, et en particulier à la présidente du département Martine Vassal, de regarder ce que l’on peut faire, pour le cas où nous serions mis dans l’obligation de le faire par un vote de l’Assemblée nationale. Le député de Châteaurenard Bernard Reynès le disait lui-même : on se battra, mais forcément à un moment donné il y aura la valeur du vote de l’Assemblée nationale.

C’est cette même attitude qu’il avait observée lors de la création de la métropole quand, après avoir dénoncé un gouvernement qui allait “trop vite, trop loin, trop fort”, Jean-Claude Gaudin s’était ravisé pour en devenir l’un des artisans à l’œuvre afin de mieux la modeler.

Maryse Joissains en sourdine

La maire d’Aix-en-Provence Maryse Joissains, qui a elle choisi de rester “en guerre” contre la métropole, est restée étonnamment silencieuse dans ce nouveau débat qui s’ouvre. Tout comme son premier adjoint Gérard Bramoullé, pourtant venu avec un gilet pare-balles et un mégaphone, comptant faire résonner son éviction de la gouvernance lors de la précédente séance.

Et, de fait, si les critiques contre la lourdeur et les difficultés financières d’Aix-Marseille Provence n’ont pas faibli, certains maires ont commencé à tourner leurs regards vers les évolutions en marche. Parmi les sujets sur la table, outre le sort des 29 communes du département qui ne sont pour l’heure pas intégrées dans la métropole, celle du mode de scrutin est particulièrement surveillée.

Tous ces députés hors sol de la majorité, que veulent-ils ? Ils veulent vos places chers collègues !”, a attisé Jean-Claude Gaudin. Pas dans les 118 conseils municipaux des Bouches-du-Rhône, ce qui paraît une tâche ardue pour la toute nouvelle République en marche. Mais l’hémicycle de la métropole pourrait être une cible intéressante, d’autant plus que l’institution concentre désormais de nombreux pouvoirs.

L’élection métropolitaine selon Gaudin

Dans cette optique, une élection métropolitaine sur une liste dédiée, là où les conseillers métropolitains sont aujourd’hui issus des conseils municipaux, viendrait fragiliser les ancrages locaux. Le président de la métropole, si prompt à prévenir ses collègues maires qu’“avec ce suffrage universel direct, ce sont les forces politiques qui reprendront leurs droits”, garde pourtant la même position d’accompagnement que pour la fusion : “Il y aura le suffrage universel direct ! Sous quelle forme, je n’en sais rien, le gouvernement non plus ! Mais on y travaille dans les ministères et Monsieur le préfet consulte…”

Difficile de démêler dans son discours le murmure de ces réflexions, auxquelles s’ajoutent de supposées informations “d’en haut” et ses propres pistes. En aparté avec plusieurs médias dont Marsactu, il a en tout cas décrit le scénario “mixte” qui a sa préférence : “Les cantons seraient maintenus et les conseillers départementaux élus en binôme incarneraient la proximité. Les autres conseillers métropolitains seraient élus au suffrage direct.”

La machine politique Jean-Claude Gaudin tourne à plein, mais le passage de témoin à Martine Vassal est dans le même temps acté. “C’est elle qui a l’avenir, ce n’est plus moi, si c’est cela aussi que l’on veut me faire dire (…) C’est elle qui prendra la tête de cela depuis le conseil départemental”, a-t-il lancé. Le mouvement semble déjà lancé. Mardi, le maire de Mimet (SE) Georges Cristiani et celui de Trets, Jean-Claude Féraud (DVD) annonçaient en effet la création d’un nouveau mouvement “Maires de Provence”, censé “peser dans la prochaine institution en présentant des listes sous [cette] étiquette”. Mais avec une affiliation claire : le soutien à une majorité menée par Martine Vassal.

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Julien Vinzent
Journaliste.

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Commentaires

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  1. Dark Vador Dark Vador

    Dans cette affaire, Gaudin préfère prendre les devants : “le mystère nous dépasse, faisons mine de l’organiser”… Et la vérité nue sort du puit : « Tous ces députés hors sol de la majorité, que veulent-ils ? Ils veulent vos places chers collègues ! »…

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  2. reuze reuze

    On a trop souvent accusé Jean-Claude Gaudin de conservatisme alors qu’il est en réalité d’une ambition folle pour Aix-Marseille Provence.
    Il transpose à l’échelle métropolitaine la future organisation du Parlement national, avec une Assemblée mêlant scrutin majoritaire et proportionnel, et un Sénat représentant les communes qu’est la fameuse Conférence Métropolitaine des Maires (de Provence…), qui tempérera utilement les folles ardeurs réformistes de la future Assemblée.

    Stop au Jean-Claude Gaudin bashingueuh!

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  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Si je comprends bien, le principal enjeu de la métropole, ce sont les “places” de ces messieurs-dames les élus actuels. OK. Pour un Serrus qui (qu’importe son étiquette politique) essaie de faire le mieux possible son boulot, combien ne sont dans cette assemblée que pour défendre des intérêts communaux ?

    Quel dommage que Gaudin ne soit pas aussi excellent en matière d’écoles, de transports collectifs ou de piscines qu’en politique politicienne vide de sens !

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  4. LaPlaine _ LaPlaine _

    On peut dire que pour le coup Gaudin fait preuve de réalisme “et en même temps” d’intelligence, où encore est-il frappé intérieurement de macronisme rampant? Cette fusion me semble idéale pour flinguer quelques cohortes de parasites et barons locaux qui vivent encore dans les années 90. Il est clair que Macron est à nouveau aux manettes du chamboule-tout (ainsi que pour les élections européennes). L’injection massive de perturbateurs endocriniens va finir par avoir raison des cellules défaillantes. Macron a clairement tablé sur les métropoles (qui représentent le “futur électoral”) où le manque d’ancrage territorial de ses troupes est plus aisé à contourner, si en plus il peut faire du petit bois de l’armada de roitelets du siècle passé, c’est coup double.

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  5. Alceste. Alceste.

    Si Gaudin était un visionnaire ou un homme d’Etat cela se saurait et Marseille ne serait pas dans cet état.
    Par contre il faut lui reconnaître un certain génie de boutiquier, ce qui explique sans doute que Marseille en soit réduite à une épicerie où élus et copains d’élus viennent se servir abondamment. Et , malheureusement les rayons de la dite épicerie n’étant pas extensibles seuls certains sont servis.

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