Même remis à plat, le terrain de motocross de Saint-Menet divise la majorité

Actualité
le 26 Oct 2023
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C'est une sorte de lieu maudit. Le terrain de motocross de Saint-Menet (11e), à l'abandon depuis plusieurs années, devait voir son avenir relancé lors du dernier conseil municipal. C'était sans compter l'élue à l'environnement, qui a d'autres projets pour ce lieu qui embarrasse la mairie depuis des années.

(Photo d
(Photo d'illustration : Niklas Garnholz)

(Photo d'illustration : Niklas Garnholz)

Le nouveau projet devait être présenté en conseil municipal vendredi 20 octobre. Le rapport était prêt, à sa place dans l’ordre du jour. Mais l’avenir du terrain de motocross de Saint-Menet, coincé entre l’usine Arkema, l’aire d’accueil des gens du voyage et l’autoroute A50, n’a pas été mentionné ce jour-là. Fermé en 2020 par les services de l’État quelque temps après son ouverture, le lieu situé en bord d’Huveaune a déjà fait couler pas mal d’encre dans les colonnes Marsactu. Le vote du conseil devait mettre fin à une saga de plusieurs années. “Finalement, le rapport a été retiré le matin même du conseil”, explique Sébastien Jibrayel, l’adjoint au maire chargé des sports, qui y avait pourtant apposé sa signature. Cette fois-ci, c’est au sein même de la majorité marseillaise que ce terrain de motocross fait des remous.

“Le groupe écologiste nous a posé des questions sur les enjeux avec l’Huveaune, nous n’avions pas le temps d’y répondre et avons décidé de retirer le rapport pour approfondir et refaire des études”, poursuit l’adjoint aux sports. Déjà voté en conseil d’arrondissements, le revirement de dernière minute agace dans l’opposition. Il faut dire que la mairie divers-droite des 11e et 12e arrondissements défend ce projet depuis de nombreuses années. “Une dizaine d’années, précise Sylvain Souvestre, maire des 11/12. À cet endroit, rien d’autre n’est possible, nous avons tout étudié. Le nouveau projet a été voté à l’unanimité en mairie de secteur. Et là, parce que le groupe écologiste fait pression, il n’est plus à l’ordre du jour ? Je suis allé voir les écolos, ils n’étaient pas au courant. En fait, c’est Christine Juste qui a menacé de quitter le groupe si le rapport était maintenu.”

Madame Juste ne connait pas le dossier. La préfecture a donné son accord lors d’une réunion en 2020.

Sylvain Souvestre, maire des 11/12

Contactée, l’adjointe EE-LV à l’environnement, rattachée au groupe Printemps marseillais, confirme être à l’origine du retrait du rapport. Elle justifie sans soucis son opposition : “Certaines personnes n’ont pas bien estimé les caractéristiques de ce lieu. Le rapport est passé sous mes radars, mea culpa. On a réfléchi à une utilité à ce terrain compliqué. Le préfet a refusé une piste cyclable, il n’acceptera pas un terrain de motocross.” “Madame Juste ne connait pas le dossier. La préfecture a donné son accord lors d’une réunion en 2020”, défend de son côté le maire de secteur. Pour mieux comprendre l’engambi sur ce dossier, un coup d’œil dans le rétro est nécessaire.

Solution miracle

Il y a un peu moins de dix ans, cette parcelle municipale accueillait deux terrains de football. Mais le stade du Mouton, comme on l’appelait alors, a été occupé à plusieurs reprises par des grands groupes caravanes de gens du voyage, à l’étroit sur l’aire toute proche – la seule dans la deuxième ville de France et qui ne comprend que 24 emplacements. D’après la mairie de secteur, les occupations ont fini par rendre inutilisables les terrains. Dans le même temps, de nombreux dépôts sauvages, notamment issus du BTP, se sont accumulés autour et sur le stade. “Chaque année, cela nous coutait entre 300 000 et 350 000 euros pour nettoyer”, assure Sylvain Souvestre, proche de la sénatrice LR Valérie Boyer, ancienne maire de secteur. À l’époque, cette dernière voit dans la proposition d’installation d’un terrain de motocross la solution miracle.

Le terrain en 2019. (Photo : VA)

Mais la préfecture n’apprécie guère la façon dont sont menés les travaux. Après plusieurs rappels à l’ordre et quelques mois seulement après son ouverture, les services de l’État décident de faire fermer le lieu. Nous sommes en 2020. La raison ? Les mesures compensatoires à l’apport de terre sur cette zone inondable ne sont pas respectées.

Cette fois-ci, ça ne concerne plus les gros engins qu’il pouvait y avoir avant, et on a ajouté une approche sécurité routière.

Sébastien Jibrayel, adjoint aux sports

En arrivant à la mairie centrale en 2020, l’équipe de gauche s’est ensuite montrée très réticente sur l’éventualité d’une réouverture du terrain de motocross. Depuis, elle a lancé un appel d’offre mais l’annonce d’un nouveau repreneur se faisait attendre. “Cette fois-ci, ça ne concerne plus les gros engins qu’il pouvait y avoir avant, et on a ajouté une approche sécurité routière. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé avant, mais nous, nous avons fait du mieux que nous pouvons”, tente de défendre Sébastien Jibrayel. “Moi, je n’ai rien à voir avec ce qui s’est passé avant, appuie Boris Bretez, qui doit porter le nouveau projet sélectionné par la mairie. Depuis 2020, nous avons fait des évaluations, modifié le fonctionnement pour répondre aux attentes de la mairie. L’idée, c’est de faire rouler des enfants, avec une formule tout compris, ouvert à tous et avec une approche éducative et de sensibilisation.”

Le terrain lui, n’a plus de bosses, évacuant ainsi les problèmes d’apport de terre en zone inondable. Mais l’élu aux sports ne compte pas pour autant défendre son bout de gras plus avant. “Si l’on considère que ce n’est pas assez approfondi, nous allons refaire des études. Moi mon objectif, c’est que ce terrain soit utilisé, qu’il ne soit plus squatté, si Christine Juste a un meilleur projet, allons-y. Nos visions ne s’opposent pas.”

Piste cyclable, zone humide ou voie verte

Justement, cette dernière a plein d’idées. “Mon projet est d’en faire un plaidoyer pour une voie verte, on peut imaginer une piste cyclable. Un projet de renaturation, pour que, pourquoi pas, l’Huveaune retrouve son niveau historique, que cela devienne une zone humide”, énumère l’élue à l’environnement qui envisage donc de récupérer le dossier dans sa délégation et de demander des financements lors de la prochaine réunion du syndicat mixte de l’Huveaune.

De quoi hérisser le poil du maire de secteur qui lui a écrit ce mardi un courrier salé que Marsactu a pu consulter. “Ce choix n’avait pas été fait par idéologie “mécanique”, mais il a été réalisé de manière pratique et réaliste. Il est impossible d’envisager quoi que ce soit d’autre à cet endroit et ce n’est pas faute d’avoir essayé, écrit l’élu d’opposition. Votre attitude revient à faire passer l’ensemble des services passés et actuels de la Ville et de la préfecture mais aussi nous-même ainsi que vos propres élus de la majorité pour des personnes irresponsables, incompétentes.” Christine Juste, elle, n’en démord pas. “Une réunion sur les projets zone d’expansion de crue est prévue prochainement avec le syndicat de l’Huveaune, les choses pourraient aller plus vite que prévu”, indique-t-elle à Marsactu. Elles pourraient aussi, vu la malédiction qui semble frapper l’endroit, ne jamais passer la seconde.

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Commentaires

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  1. Patafanari Patafanari

    Refaire une zone humide, des marais, les moustiques, le palud. S’il s’agit de faire fuir les gitans, les écolo se montrent plus féroces que la droite avec son terrain de motocross.

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      Le paludisme au moins. Il ne vous reste plus qu’à évoquer le choléra et la variole.

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    • RML RML

      Ah bon ? En quoi c’est plus féroce ??
      Vous préférez l huveaune asséchée ?

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    • julijo julijo

      psst ! pour le palu c’est l’ hydro chloroquine…..voir avec raoult, il est à la retraite !

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  2. BRASILIA8 BRASILIA8

    La zone humide risque de se transformer rapidement en zone de dépôt sauvage

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  3. Mathilde C. Mathilde C.

    Benoît et ses copains avaient beaucoup plus d’idées lorsqu’ils étaient dans l’opposition…

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    • Tyresias Tyresias

      😂

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  4. RML RML

    On peut rien faire d autre qu un terrain de motocross…
    Curieux que l article ne rappelle pas les nuisances sonores que subissaient les riverains

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  5. Alceste. Alceste.

    Franchement ils n’ont que cela à foutre à la mairie.
    Remarquez il faut bien s’occuper. Les transports c’est pas eux,les écoles encore moins, la propreté pas plus,le logement pas concernés, le tourisme ils n’arrivent pas à limiter la location d’apparts c,’est un souk pas possible, la santé sous tutelle, la gestion municipale c’est FO,l’économie c’est Muselier, le Port encore moins et la culture est invisible comme l’homme du même nom.
    Alors oui,il faut trouver quelques os à ronger comme ce terrain de moto cross ou la Buzine qui a fait Pssshit ou l’embauche de trois chevaux pour la police municipale ( la carte FO est-elle aussi obligatoire pour les chevaux).Cela permettra de faire une inauguration avec pose plaque.Faut bien s’occuper.

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      Alceste, ne soyez pas en plein délire hallucinatoire et rendrez à Cesar Payan ce qui est à César Payan : au moins sur les écoles ça avance

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  6. Alceste. Alceste.

    Ruedelapaixmarcepaul, votre “au moins ” concernant les écoles est encore plus vache que mes moqueries. Sachant que la société publique locale en charge des écoles marseillaises, c’est l’Etat par les financements et les garanties financières apportées . Son DG appartient à la maitrise d’ouvrage publique , et en plus un “cousin” de Monsieur Brun , un lyonnais , la honte ( non ,là je délire).
    Alors oui, votre Benoit a obtenu un hochet en guise de présidence. Il fera des discours, cela l’occupera.

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  7. Thierry A Thierry A

    “les occupations ont fini par rendre inutilisables les terrains”.
    Les occupations ou les décharges sauvages du BTP? Parce que s’il s’agit des gens du voyage, je doute que ce soit plus compliqué à nettoyer qu’après le passage de voyous du BTP.

    J’attends des précisions. Merci.

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  8. BernardMounier BernardMounier

    Bravo Christine Juste. Soutien. Ses projets correspondent à la renaturation nécessaire de l’Huveaune dans cette période ouverte de bouleversement climatique.

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