Le terrain de moto-cross de Saint-Menet de nouveau embourbé

Actualité
le 19 Oct 2020
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Homologué il y a moins d'un an, le terrain de moto-cross de Saint-Menet, cher à l'ancienne municipalité, n'a plus le soutien de la nouvelle équipe et la structure va devoir revoir sa copie. La mairie souhaite ralentir l'activité, voire la réorienter, afin d'en réduire les nuisances pour le voisinage.

Terrain de motocross, Pictr73/ Flickr - (image d
Terrain de motocross, Pictr73/ Flickr - (image d'illustration)

Terrain de motocross, Pictr73/ Flickr - (image d'illustration)

Le terrain de moto-cross de Saint-Menet a de sérieux bâtons dans les roues. Solution miracle pour les uns et enfer pour les autres, avant de voir le jour à l’été 2019, le projet a longtemps fait débat. Et voilà qu’il continue à faire parler de lui, alors que son homologation est en cours de renouvellement pour des raisons d’aménagement. La nouvelle municipalité, propriétaire du terrain, vient en effet d’écrire aux services de la préfecture pour leur demander de revoir les conditions d’utilisation du site. Voire, d’en repenser l’activité. Une prise de position qui pose clairement la question du redémarrage de ce circuit.

“Ce moto-cross provoque des nuisances sonores et de la pollution contre lesquelles les riverains se sont plaints à plusieurs reprises, écrit Yannick Ohanessian, adjoint au maire chargé de la tranquillité publique à la secrétaire générale de la préfecture. Avec mon collègue Sébastien Jibrayel [adjoint aux sports, ndlr] nous souhaitons pouvoir travailler à des propositions de réorientation du site.” Dans cette lettre, l’élu ne manque pas de citer ses idées pour le lieu, qu’il envisage plutôt comme un terrain de VTT ou de “moto électrique”. L’ancienne équipe municipale, qui tenait à ce projet, a signé en 2019 une convention avec la société Moto Sud Organisation pour qu’elle gère le terrain. Mais si aucune “alternative compatible avec une vie paisible pour les riverains” n’est trouvé “je dénoncerai cette convention”, promet dans un courrier Michèle Rubirola elle-même.

“Un ouf de soulagement”

Dans les faits, le renouvellement – ou pas – de cette convention n’intervient pas avant juin prochain. Et d’ici là, la Ville envisage de poursuivre les discussions avec la société gestionnaire. Mais elle pose des conditions bien précises dans le cadre de la demande de renouvellement d’homologation sur laquelle elle est décisionnaire au même titre que l’État. “Les horaires doivent être réduits et l’usage strictement interdit le week-end”, écrit ainsi Yannick Ohanessian à la préfecture. Contactée, cette dernière confirme que des discussions sont en cours. “La mairie de Marseille a fait savoir au préfet qu’elle souhaitait que les conditions d’utilisation du circuit soient revues avant de donner un avis définitif sur le dossier. Le gestionnaire en a été informé et des démarches doivent être entreprises à cet effet avec la mairie”, nous écrivent ses services. Pour les voisins du terrain, la nouvelle est accueillie comme l’espoir d’un quotidien apaisé.

“Il y a eu un “ouf” de soulagement” parmi les riverains, confirme Nicolas Bazzucci, conseiller municipal de La Penne-sur-Huveaune, commune qui jouxte le terrain. Voilà plusieurs années que cet élu de l’opposition de La Penne mène le combat contre l’ouverture du moto-cross de Saint-Menet. “Certaines personnes doivent choisir de ne vivre que dans une pièce pour s’isoler du bruit.“, insiste-t-il.

Après un recours gracieux déposé en septembre, ce dernier et son collectif “La Penne, mon pays” ont décidé d’en référer à la mairie centrale marseillaise, avec qui ils entretiennent donc déjà de bons rapports. “Leur programme est contradictoire avec ce projet de terrain de moto-cross, c’était notre dernier levier”, complète celui qui bénéficie désormais d’un appui de taille. Le gérant du terrain de moto-cross n’a pas répondu à nos sollicitations.

“Nous nous sommes battus pour ce projet”

Du côté de la mairie de secteur des 11e et 12e arrondissements restée à droite après les élections municipales, on a un avis bien tranché sur la question. “Nous nous sommes battus pour ce projet qu’a défendu Valérie Boyer quand elle était maire de secteur, rage Sylvain Souvestre, délégué LR aux sports dans le 11/12. Ils ne connaissent pas l’historique de ce terrain. Il nous faisait perdre des centaines de milliers d’euros parce que des gens du voyage venaient sur ce qui était avant un terrain de foot”. Situé à proximité immédiate de l’unique aire d’accueil des gens du voyage de Marseille, le terrain a en effet été squatté par de grands groupes de caravanes, notamment en raison du fait que la ville ne possède pas d’équipement adapté pour le recevoir. Et l’ancien adjoint au maire LR de rembobiner sur 15 ans de multiples incidents dont “les décharges sauvages et les problématiques d’insécurité”.

Coincé entre la voie ferrée, l’autoroute et une usine classée Seveso, mais également en bordure d’Huveaune sur une parcelle classée Natura 2000, pas moyen de “poser une brique” sur ce terrain, ajoute encore Sylvain Souvestre. Le terrain de moto-cross, “offre sportive unique”, était donc pour lui la seule solution.

Les problèmes de nuisances sonores et de pollution ? “Nous avons fait faire une étude qui démontre que nous sommes en dessous du seuil audible, rassure l’élu délégué aux sports qui précise que la voie ferrée et l’autoroute mitoyennes créent déjà un brouhaha ambiant. Et il n’y a pas eu un seul dépôt de plainte.” Enfin, il assure que la mairie de secteur est favorable à l’extension de la propulsion électrique des deux roues – ce qui est déjà le cas le week-end – et que les gérants du site sont prêts à réduire les horaires. “Cela a été apprécié par les responsables à la préfecture”, conclut Sylvain Souvestre. Des gages de confiance qui n’ont pourtant pas toujours été de mise sur cette parcelle.

Peu de temps après la première homologation du terrain, les services de l’État ont pris un arrêté de mise en demeure à l’encontre d’ETC aménagement, la société qui a aménagé le terrain. Celle-ci n’avait tout simplement pas prévu de mesures de compensation suffisantes face au risque de crue de l’Huveaune. En d’autres termes, elle avait importé trop de terre pour ses obstacles sans en enlever suffisamment ailleurs. “Depuis juillet, ils ne sont plus homologués, ils doivent faire des travaux, et maintenant s’ajoute à ça la question des nuisances”, résume Nicolas Bazzuchi qui voit là “une bonne chose même si cela n’ira peut-être pas jusqu’à l’arrêt total de l’activité”.

Une éventualité que Sylvain Souvestre “n’espère pas”. “Ils en font une problématique politique parce que le Printemps marseillais a fait une alliance avec les écologistes et que dès qu’il y a de la moto au milieu ça leur pose problème”, analyse l’élu LR. Pour l’heure, le dossier d’homologation est toujours à l’étude dans les servies de la préfecture. Terrain de VTT ou terrain de moto-cross, avec moteur électrique ou thermique, à Saint-Menet, c’est un terrain d’entente qu’il va falloir trouver.

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Commentaires

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  1. Haçaira Haçaira

    Et des jardins partagés ? Je ne connais pas le lieu c’est juste une idée en l’aIr

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  2. BRASILIA8 BRASILIA8

    la moto électrique moins polluante ! à part le bruit je ne vois pas la différence
    ah oui la production d’électricité nucléaire se fait loin de nous, la gestion des déchets n’est pas un problème autrement dit la pollution n’est pas ressentie à Marseille donc elle n’existe pas

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  3. Richard Mouren Richard Mouren

    Je constate avec tristesse que sur cette question de bien-vivre des habitants, un élu local ne puisse s’empêcher de lancer des piques partisanes en mettant en avant des arguments hors de propos du type de l’historique néfaste du lieu ou “Ils (les riverains) en font une problématique politique….. dès qu’il y a de la moto au milieu, ça leur pose problème.” Le mépris des phrases telles que “nous sommes en dessous du seuil audible” ” Il n’y a pas eu un seul dépôt de plainte.” la voie ferrée et l’autoroute créent un brouhaha ambiant démontre encore un fois que ces élus “de terrain”, Boyer et Souvestre, n’habitent pas dans ce quartier bien bruyant. Il n’y a pas de circuit de BMX (ou Bicross) à Marseille. De tels circuits tournent à plein régime dans bon nombre de municipalités autour de Marseille (par exemple à Fuveau). Le moto-cross serait-il la seule solution sportive ou la seule solution qui ait été présentée “clés en mains” à ces élus qui n’ont pas le temps d’étudier la question, tout occupés qu’ils sont de leur communication et de leur réélection?

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      visiblement le problème c’est le bruit puisque c’est l’adjoint à la tranquillité publique qui intervient
      l’élu intervient à la demande de riverains il n’a pas de proposition
      son problème c’est le bruit pas le devenir du terrain il doit bien y avoir dans l’armée du Mexique des 30 adjoints quelqu’un ou quelqu’une qui doit avoir la compétence pour réfléchir à l’avenir mais qui ?

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  4. gastor13 gastor13

    @Brasilia8 Leur souci ce n’est pas de trouver des solutions, c’est d’interdire. N’oublions pas qu’il s’agit d’écologistes, donc ils ne connaissent que l’interdiction. Mais ils ajoutent toujours “il doit y avoir d’autres solutions” sans jamais en apporter une. Faudra s’y faire !

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      c’est vrai qu’un terrain de motocross c’est une urgence pour le sport à Marseille

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    • Richard Mouren Richard Mouren

      Gastor 13 Une solution alternative serait un circuit de vélo-cross (aussi appelé BMX ou Bicross).

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  5. JmarsC JmarsC

    Un grand merci a Mr Ravier qui a tant eouvré, pour cette magnifique aménagement culturel. Messieurs j’espere vous croiser dans notre beau quartier du 11&12 pour vous en toucher deux mots.
    Entre Lui et Valerie on cumule pas mal d’idée pourri dans le 12eme

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  6. barbapapa barbapapa

    Il y a quand même une bonne dose de perversion que de vouloir rouler moteurs trépidants hurlants dans des odeurs de carburant brûlé. Les motocross électriques sont aussi performantes si ne c’est plus, mais les motards c’est une drôle d’espèce. Un peu comme les gros beaufs richards bedonnants sur leurs Harley à faire péter les tympans et à réveiller les nourrissons du quartier sur leurs machines à rouler tout droit…

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    • Patriarche Patriarche

      “sur leurs machines à rouler tout droit…”
      Merci pour ce bon mot il a éclairé ma journée (qui était assez morne je l’admets mais bon….)

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    • LN LN

      J’ai appris il y a peu, grâce à qqs membres de cette caste de la confrérie de Harley que ca n’était pas du tout du bruit mais du son que faisaient ces motos (attention faut pas déconner avec ça…) Et à Saint Menet, ils le qualifieraient comment le son des pétrolettes ?

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    • BRASILIA8 BRASILIA8

      excellente définition à retenir

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    • PromeneurIndigné PromeneurIndigné

      C’est tout un art de décaler les sons !

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  7. PromeneurIndigné PromeneurIndigné

    C’est tout un art de décaler les sons !

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    • jacques jacques

      un terrain de moto-cross dans une zone Natura 2000: y’a quelque chose qui m’échappe?

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    • jacques jacques

      très bonne contrepeterie!

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