Manuel Valls à Marseille : veni, vidi, reveniam

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le 22 Mai 2012
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Manuel Valls à Marseille : veni, vidi, reveniam
Manuel Valls à Marseille : veni, vidi, reveniam

Manuel Valls à Marseille : veni, vidi, reveniam

La Laguna sombre s'engouffre sur le bas de la Canebière, snobant le récent sens interdit. Et hop un policier l'arrête et sort son beau carnet de contravention. Moment de gène dans la voiture. Manuel Valls est à l'arrière. Petit sourire du policier et on laisse passer le véhicule du député-maire d'Evry. Son spin-doctor est embarrassé "on n'aime pas ça, on doit faire gaffe à ce genre de chose, ça peut faire un mauvais buzz, et Manuel n'y est pour rien, c'est le chauffeur qui a fait du zéle". Ca s'est passé le 30 mars dernier, lors de la tournée marseillaise de Manuel Valls, alors directeur de la communication du candidat François Hollande. Valls est revenu à Marseille, moins d'une semaine après avoir été nommé place Beauvau, et aujourd'hui en tant que Ministre de l'Intérieur. Et en bon communiquant, il a fait cette fois très attention de ne pas prendre les sens interdits.

Ceux qui m'aiment prendront le train 

Pas de motards, pas de gyrophares et de 2 tons, qui transformaient Marseille en San Theodoros – dans la fameuse scène de Tintin et les Picaros où le capitaine Haddock va acheter un paquet de tabac dans une rue "sécurisée"- à chaque descente de ses prédécesseurs. Pas de Falcon non plus, Valls a pris le TGV. Et c'est donc hier matin que le nouveau premier flic de France est descendu du TGV 6109 arrivée 13H25. Et pile à l'heure, Manuel n'a pas eu à récupérer son "enveloppe SNCF régularité". Sur le quai ils étaient nombreux à l'attendre. Journalistes, préfets en grande tenue et en gants beurre-frais, et élus socialistes locaux en tenue républicaine. Pour être les premiers sur la photo. Et à ce petit jeu, c'est toujours Patrick Mennucci qui gagne. Avoir été body-guard de Ségolène en 2007 et posséder un physique de 3ème ligne, ça aide. Eugène Caselli peut aller se rhabiller. C'est donc un Valls très entouré qui avait mis un imper très "inspecteur gadget" forcément de circonstance. "Vous venez prendre la température ?" l'interroge, finaud, un journaliste "euh la température on la prend plutôt sur la tête comme vous pouvez le constater" lui répond le pince-sans-rire Valls. Allez en voiture Simone : 

 

 

 

Manuel va prendre le thé chez Jean-Claude

Et là aussi, à l'inverse de ses prédécesseurs, Manuel Valls ne s'est pas fait une traversée de Noailles, mais a préféré une visite à huis clos, à l'Evéché siège de la maison poulaga marseillaise. Puis, toujours sans les motards et en s'arrêtant aux feux rouges, la petite troupe s'est rendue devant le Lycée Saint-Exupéry, dans le 15ème, là où les Kala ont récemment joué leur sinistre requiem. Après un petit photo call avec quelques djeun's, et pas que des blankos et des whitos, en présence de ses camarades socialistes, les frères/soeurs ennemis des QN, Samia Ghali et Henri Jibrayel, Manuel Valls est allé rendre une visite de courtoisie républicaine au sénateur-maire de Marseille. Une réunion qui s'est très bien passée entre les deux hommes, le rusé Gaudin qui a connu de nombreux ministres de l'intérieur, dont plusieurs socialistes, sait toujours y faire dans ce genre de situation. Tout en retenue, profil bas, un peu de cirage sur les Church de Monsieur le Ministre "jeune, brillant, distingué"  mais-pas-trop, et hop le tour est joué. Gaudin qui arrivera même à ce que Valls lui dresse quelques lauriers "en matière de sécurité Marseille va depuis quelques temps dans le bon sens", que Gaudin, on peut lui faire confiance, saura utiliser à bon escient lors des prochains conseils municipaux. C'est un métier : 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Garder Gardère mais remplacer Parant ? 

Après cette visite de courtoisie Valls est allé faire un tour à la Préfecture rencontrer les différents patrons locaux de la gendarmerie et de la police, pendant que son sherpa était de son côté en réunion avec les syndicats, histoire de tester quelques idées sur la future organisation policière marseillaise. Comme il l'a annoncé à Gaudin, si pour l'instant le nouveau ministre de l'intérieur va maintenir le dispositif mis en place récemment par Claude Guéant, il préparerait pour bientôt quelques annonces plus substantielles.

Selon nos informations, Valls chercherait à monter pour Marseille une structure spécialisée de police judiciaire, associant juges et policiers, sur le modèle des JIRS, et dont l'objectif serait d'enquêter très en amont sur les filières des trafics de drogues et d'armes. Ce dispositif original, doit être mis en place avec la Garde des Sceaux Christiane Taubira, et ne pourrait donc vraisemblablement être annoncé qu'en septembre. Raison pour laquelle Valls n'a rien voulu dire sur les 300 policiers supplémentaires pourtant promis pendant la campagne, en attendant de savoir dans quels services et pour quelles missions il souhaiterait les affecter.

Aux dernières rumeurs, le préfet de police Alain Gardère serait maintenu à son poste, là aussi pour trancher avec le turn-over des prédécesseurs de Valls place Beauvau, qui changeaient (presque) de préfet à chaque rafale de kalachnikov, mais aussi parce que Gardère malgré son sarkozysme affiché et un relationnel compliqué, notamment avec la presse, est considéré comme un bon professionnel. Il est d'ailleurs soutenu par les élus locaux, y compris de gauche. En revanche c'est le préfet de région Hugues Parant qui pourrait faire les frais du futur mercato. Compte tenu des lourds sujets sociaux-éconiomiques (SNCM, Fralib…) qui s'annoncent, le nouveau pouvoir chercherait à s'appuyer sur un représentant de l'Etat  au profil différent que le préfet actuel, pas vraiment un spécialiste de ces domaines. Un Christian Frémont de "gauche", en référence à l'ancien préfet de région qui avait notamment géré la privatisation de la SNCM. La rumeur fait circuler le nom de Bernard Boucault, aujourd'hui directeur de l'ENA et proche de Jean-Marc Ayrault, qu'il a connu quand il était préfet de la région Pays de Loire. Mais on l'avait donné également directeur de cabinet du Premier Ministre, à tort. Rien n'est fait, on devrait en savoir plus dans les prochains jours.

"Il est hors de question que je croise Guérini"

En attendant, Manuel Valls a terminé sa journée marseillaise par un dîner au Crif ( conseil représentatif des institutions juives de France) où en tant que Ministre de l'Intérieur – il est aussi ministre des cultes – il était la guest star de la soirée. A la table d'honneur Valls était entouré du banc et de l'arrière-banc de la politique marseillaise, de gauche comme de droite, y compris de sa collègue au gouvernement la Ministre Marie-Arlette Carlotti et son concurrent Renaud Muselier. Mac qui était déjà sur la photo avec Valls le jour même dans le Monde, une très belle photo mais mal légendée, le quotidien l'ayant confondue avec Sylvia Pinel, Ministre déléguée au tourisme. Mais c'est déjà pas mal, après avoir en plus fait à deux reprises cette semaine la une de Libération.

Seul son ami Jean-Noël Guérini n'était pas là, dont la présence avait pourtant été annoncée, y compris par lui-même via son compte twitter. "Il est hors de question que je croise le Président du Conseil Général" aurait demandé dans l'après-midi Valls à son staff . Et malgré les rétro-pédalages du paquebot bleu qui n'ont trompé personne " la table était trop grande, JNG mal placé, c'est lui qui a refusé de venir…" , le scud du nouveau Ministre de l'intérieur a été sans appel. Le député-maire d'Evry, qui avec JNG et Gérard Collomb avait pourtant crée en 2007 le courant "la ligne claire" au sein du PS. Et cette fois le message a été on ne peut plus clair.    

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Commentaires

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  1. Jean Jean

    Terrible pour l’institution Conseil Général 13 ! “Hors de question de croiser Guérini !” et le Président de la République qui dit que JN Guérini n’est plus au Parti Socialiste ! et Libération Marseille qui relate qu’Alexandre Guérini a charcuté la section PS et insulté en public la maintenant ministre Marie-Arlette Carlotti…
    Allo les Conseillers Généraux PS, Front de gauche, et aussi UMP, un peu de courage !

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  2. genisse ambouilhir genisse ambouilhir

    Mais pourquoi il ne part pas ? Je n’avais rien contre lui, mais ce n’est plus possible / M. Guérini, s’il vous plait, partez, vous nous faites honte maintenant.

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  3. AdrienMars AdrienMars

    Franchement c’est du grand foutage de gueule !
    Ah, qu’il est beau ce M. le mnistre de l’Intérieur Manuel Valls qui nous joue les grandes leçons de communication politique en refusant d’apparaitre aux côtés de M. le Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini….

    En attendant, c’est le même qui venait aux assises fédérales du PS, qui signait les motions, qui se tapait sur le ventre avec le camarade Jean-Nono, à la belle époque !

    Ce genre de loyauté qui varie au gré du vent et de la météo n’est pas belle à voir. Quel beau comportement de refuser de croiser son ancien copain !

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  4. fanaco fanaco

    En fin de compte Alexandre Guerini est au CG ce que Anigo est à l’OM , non?

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  5. Anonyme Anonyme

    Il ne suffit pas de valser. Allez dansez maintenant

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  6. chris chris

    Nous sommes désormais en 2012. A partir du moment où un élu local est devenu à tort ou à raison le symbole des dérives de notre système politique, il est un peu normal qu’un resonsable de premier plan refuse de s’afficher avec lui, pas seulement pour préserver son image publique mais peut-être parce que les faits supposés et l’attitude de l’élu s’accrochant à son mandat, fragilisant par là même l’institution, heurte profondément les valeurs du ministre.

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  7. Ricou 24. Ricou 24.

    Faux Jean,Alexandre n a pas croisé qui que se soit.

    Ricou 24.

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  8. vérité 13 vérité 13

    vous avez lu La Provence? il y a un article très intéressant qui pose de vraies questions sur les déchets de la CUM ! un marché de 20 millions qui ne trouve pas preneur faute de concurrents! En pleine crise économique, surprenant non? En réalité, si le contenu de l’article est exact, on comprend mieux pourquoi les entreprises n’ont pas répondu: c’est tout simplement parce que les documents qui devaient être remis à la CUM pour leur permettre de connaitre l’état des centres de transfert ne l’on pas été alors même que cela était une obligation contenue dans le cahier des charges. Incroyable non! La question est pourquoi la CUM n’a pas réclamé ce document visiblement obligatoire? Le Président de la Commission des marchés, visiblement embarrassé, aurait mieux fait de réclamer ces documents en temps et en heure plutôt que de rejeter la faute sur les entreprises qui n’ont pas répondues. Tout cela est au minimum pas très sérieux. Qui va gérer les centres de transferts pendant que le marché est relancé? Est ce que les marchés des entreprises en place vont être prolongés? J’espère que La Provence ou d’autres journaux nous donneront la suite de cette histoire.

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  9. Alain Persia Alain Persia

    De toute évidence A.GARDERE est ubn préfet courageux qui a fait beaucoup depuis plusieurs mois.
    la seule faute qu’il a faite c’est de déjeuner à la vue de tous avec une candidate UMP de la 3ième circonscription alors qu’elle est en campagne électorale.
    J’espère que le devoir de neutralité l’emportera sur l’amitié sarkosyste
    Quant au préfet de Région , il a fait un bon travail depuis sa nomination , il n’a jamais été aidé par les institutions locales notamment le Conseil Réginal qui s’est montré bien absent lors des conflits sociaux.
    M.VAUZELLE et son équipe devraient aller se former auprès de S.ROYAL.

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  10. Gérard Gérard

    Mince ! En observateur militant PS, je me souviens que manuel Valls, par ailleurs un être courageux dans ses convictions, quelque-fois difficilement tenables devant les auditoires socialistes, notamment à Marseille, était souvent invité par Guérini pour promouvoir son ascension.

    La motion “La ligne claire” du Congrès de Reims, avec le maire de Lyon, Gérard Collomb, le président de la Communauté urbaine de Bordeaux, Vincent Feltesse, le Breton le Drian et ensuite Ségolène Royal et bien d’autres…

    L’affront du dîner du Crif est rude et démontre qu’en politique, comme dans la vie, l’amitié et la reconnaissance ne sont que peu de choses. Je le regrette. La présomption d’innocence est laminée pour assurer sa stature.

    En militant, je n’oublie pas. Dire “camarade” avait du sens, ça n’en n’a plus… Dommage.

    Si JN Guérini est coupable d’avoir aidé son frère (si j’ai bien compris, c’est tout ce qu’on lui reproche, aucun détournement d’argent personnel n’est en cause), alors qu’il soit confondu et jugé.

    Mais ça n’est pas le cas pour l’heure, alors je ne comprends pas l’attitude de notre jeune ministre dans un dossier en instance.

    Au contraire, le courage d’un ministre aurait été de dire qu’elle était la force de la loi, ni plus, ni moins. Mais bon…

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  11. Anonyme Anonyme

    En complément : la mise en examen (terme juridique remplaçant inculpation depuis 1993) est une compétence exclusive du juge d’instruction. Elle vise la personne contre laquelle il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu’elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission d’une infraction

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  12. Anonyme Anonyme

    Mr Guérini, il est temps de partir, vous nous faites honte pour notre ville de Marseille. Et quand aurons nous les 300 policiers promis lors de la campagne ? Il ne semble que ça ne soit plus d’actualité ? La gauche caviar aurait elle fait des promesses qu’elle ne pourra pas tenir ?

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  13. druide67 druide67

    Pourquoi n’a t’il pas rendu visite aux sapeurs pompiers?
    Peut être ne voulait il pas croiser le patron des pompiers des Bouches du Rhône renvoyé en correctionnelle pour harcélement et accessoirement en trés bonne relation avec JNG.

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