La campagne des primaires s'invite chez les libraires

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le 11 Sep 2013
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La campagne des primaires s'invite chez les libraires
La campagne des primaires s'invite chez les libraires

La campagne des primaires s'invite chez les libraires

"Je n'en suis pas à mon premier livre", s'amuse Patrick Mennucci. Le candidat aux primaires socialistes en  vue des municipales 2014 avait déjà publié un récit de sa campagne avec Ségolène Royal, Ma candidate, co-écrit avec le journaliste de La Provence Frédéric Guilledoux. Il récidive aujourd'hui avec Nous, les Marseillais, sorte de récit, vécu de l'intérieur des joies et des vicissitudes de la vie politique locale. Celui-ci sort à un mois du premier tour des primaires socialistes et emboîte le pas à ses deux concurrentes Marie-Arlette Carlotti et Samia Ghali qui elles aussi ont garni la devanture de quelques librairies marseillaises avant l'été avec respectivement Marseille, ma capitale et La Marseillaise.

À les croire, tous avaient l'idée de prendre la plume depuis un long moment et, dans une joyeuse coïncidence, leur irrépressible envie littéraire s'est épanouie à l'approche des élections. La ministre et candidate Carlotti a été la première à s'afficher en librairie avec "un livre profession de foi" comme elle le définit. Il était surtout l'occasion pour elle d'annoncer officiellement sa candidature à la mairie de Marseille. "Le livre, c'est quelque chose qu'elle avait en tête depuis longtemps, assure-t-on aujourd'hui  dans son entourage. Cela s'inscrit dans la stratégie d'annonce globale d'une candidature. Il fallait montrer son vécu de Marseille".

Publiée comme sa camarade et concurrente par le Cherche-midi, l'ouvrage de Samia Ghali  n'a pas été accueillie dans la collection, "politique"  mais "témoignage". Dans son entourage, on affirme, sans que nous ayons pu pour l'heure le vérifier auprès de l'éditeur, que la sénatrice et maire des 15 et 16e arrondissements a été sollicitée pour  cet écrit. "Raconter son histoire permet de la faire connaître, de montrer pourquoi cette personne est tant révoltée", veut croire un proche de la candidate.

Locomotive médiatique

Ses livres servent surtout de locomotives médiatiques à leurs auteurs. La candidature de Marie-Arlette Carlotti annoncée le jour de la sortie du livre a un peu atténué cet effet. Patrick Mennucci quant à lui détaille, agenda en main, les rendez-vous de cette semaine : "Soir 3, Wendy Bouchard sur Europe 1, Michel Field, les Grandes gueules de RMC, Audrey Crespo-Mara sur LCI Radio Orient, plusieurs France bleu plus Ardisson, Zemmour et Naulleau la semaine prochaine… Oui, c'est plus chargé que d'habitude". Il l'admet aisément : "Parfois, on ne m'interroge pas du tout sur le livre". Mais, sa sortie contre "le crampon FO" déjà largement relayée lors de son meeting de lancement de campagne n'a connu un véritable écho national qu'avec cette sortie littéraire, à l'occasion notamment d'un échange avec le secrétaire général du syndicat Jean-Claude Mailly sur France Inter.

Le but de ce type d'aventure littéraire est de présenter la meilleure facette du candidat, ce qui se réalise généralement avec une petite aide extérieure. Le député et maire des 1er et 7e arrondissements ne cache pas avoir travaillé avec Michel Martin-Rolland, journaliste et écrivain qui connaît bien la ville pour avoir été le directeur régional de l'AFP à Marseille. S'il reconnaît ne pas toujours avoir tenu la plume, Patrick Mennucci maîtrise bien la stratégie. Lui qui sait sa personnalité clivante la résume ainsi : "Il faut que la personnalité s'efface devant l'intérêt de la ville". Chez Samia Ghali, c'est évidemment tout l'inverse : "Elle joue avec les médias de son image caricaturale. Son parcours est vendeur pour eux mais c'est aussi, et c'est ce qui nous intéresse, bon pour le public. Elle est un bon exemple. Elle montre qu'on peut venir d'un milieu pas vraiment favorisé et s'en sortir", argumente un proche.

Dans la foulée, face aux audiences télés et radios, aux articles Internet, les ventes importent peu. "On n'est pas là pour en vendre des mille et des cents", lâche-t-on dans le camp Carlotti. "Sur les livres politiques, tout dépend de la personnalité mais ça ne fait pas partie des ouvrages qui se vendent le mieux", approuve Nicolas Mougin d'Edistat, qui recense chaque semaine les ventes de livre. Les deux livres sont parus dans son classement, basé sur un panel de magasins français Il affiche 294 exemplaires vendus pour Carlotti et 374 pour Ghali. Des chiffres qu'il convient de prendre avec des pincettes. Le panel peut passer à côté des engouements locaux autour d'un ouvrage. Ainsi, Samia Ghali revendique "3000 ventes et un retirage de 2000 exemplaires" pour La Marseiillaise.

Un genre de moins en moins vendeur

Le patron de la librairie Maupetit aux Réformés, Damien Bouticourt confirme l'importance de l'ancrage local. "Cela marche surtout s'ils sont de quartiers proches. On a eu plus de succès avec Marie-Arlette Carlotti qu'avec Samia Ghali par exemple, témoigne-t-il. Ça devrait se vérifier avec Patrick Mennucci dont la mairie est juste en face de la librairie." Dans la foulée, il limite toutefois la portée de ses ouvrages : "C'est un peu l'incontournable pour les politiques. Avec le temps, il y a une lassitude tellement ces livres se sont multipliés. À l'époque, par exemple, les livres de Robert Vigouroux marchaient mieux", ajoute-t-il pointant notamment "l'abondance d'informations" permise par les télés d'info continue. Du coup, les éditeurs ne se bousculent pas forcément au portillon. Ainsi Patrick Mennucci a-t-il essuyé un refus d'Albin Michel (qui avait édité Ma candidate) avant de trouver refuge chez Flammarion (Pygmalion).

C'est peut-être ce constat de désamour pour le genre qui a poussé Eugène Caselli, Christophe Masse ou Henri Jibrayel à retenir leur plume. Interrogé en marge de la présentation de programme hier, Christophe Masse faisait tout de même cette confidence : "Figurez-vous que j'ai commencé un livre il y a six ans. Cela devait raconter l'histoire de Jean Masse, mon grand-père. Et puis, au fur et à mesure, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas le faire sans parler de mon père [ndlr, Marius Masse]. Et si je parlais de mon père, il fallait que je parle de moi, etc. Je me suis arrêté. Peut-être que je le terminerai après les primaires, qui sait. Il ne faut pas tirer toutes les cartouches tout de suite".  Selon son entourage, Marie-Arlette Carlotti aurait, elle, encore un ouvrage en préparation. Ce second livre "n'aura rien à voir avec le premier". On ne peut pas faire sa profession de foi deux fois.

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Commentaires

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  1. Electeur du 8e Electeur du 8e

    Tout cela est certainement sympathique, mais à part la “meilleure facette” d’un(e) candidat(e) ou le parcours des un(e)s et des autres, c’est surtout leur projet pour Marseille qu’on aimerait connaître.

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  2. lilian lilian

    impossible pour Jibrayel, sa capacité d’écriture est nulle mdrrr

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  3. Patrick Mennucci Patrick Mennucci

    Mon programme est public depuis le 28 juin vous le trouverez sur patrickmennucci.fr bien a vous

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  4. Anonyme Anonyme

    Impossible egalement pour PM ce sont deux journalistes qui l’ont fait !

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  5. Anonyme Anonyme

    Je trouve plutôt sympa que les politiques mouillent leur chemise. En Particulier Patrick Mennucci il est partout, on ne pourra pas dire qu’il se la joue tranquille il doit être épuisé. Pas comme d’autre candidat qui sont sur un train de sénateur. les électeurs ne sont pas dupes, il est rare qu’un candidat actif devienne un élu passif.
    Profitons de le vague Mennucci, c’est un garçon sérieux et je pense que n’aurons pas affaire à un ingrat. Notre ville en a grandement besoin.

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  6. Ericmazargues Ericmazargues

    La réponse de Jean-Claude Mailly à Patrick Cohen sur France Inter au sujet de FO à Marseille était désolante.
    Si on comprend bien, Paris couvre sans états d’âme le paternalisme et le clientélisme à Marseille, et les dysfonctionnements graves qui en découlent.
    Au moins, la sortie du livre de M. Mennucci aura servi à le mettre en évidence. Les électeurs savent ce qui leur reste à faire.

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  7. MO MO

    A VOIR ET REVOIR LE FILM” LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE”

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  8. beboumax beboumax

    Mr Mennucci et Mme Carlotti doivent beaucoup a Guerini mais il ne s’en souviennent plus. Les Marseillais s’en souviendront en mars 2014 !.

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  9. Electeur du 8e Electeur du 8e

    @”Électeur du 8 eme”. Bonjour. Tant que vous vous obstinerez à dupliquer mon pseudo au lieu d’en choisir un autre,je demanderai à Marsactu la suppression de vos commentaires -> Signaler un abus.

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  10. Julijo Julijo

    Electeur du 8e, Bonjour !!
    Je suis de votre avis, ressasser encore et encore les méfaits des Guérini-s n’avance en rien la situation marseillaise.
    Effectivement, La sortie “au grand jour” de toutes ses affaires, et même si on se dit que si le citoyen lambda n’était pas prévenu, beaucoup d’élus au CG et ailleurs savaient largement (pour en bénéficier) de quoi il retournait, n’autorise pas vraiment à juger l’ensemble des élus à l’aune d’un Guérini ou d’une Andrieux.
    Ce sont les adeptes du lave plus blanc que blanc qui jettent aujourd’hui l’opprobre général sur la classe politique.
    Moi aussi toutes ces “querelles” m’amusent un peu et m’agacent beaucoup. Il est réconfortant qu’arrivent enfin les programmes des différents candidats

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  11. JSM for ever JSM for ever

    ce qu’il y a de sûr entre tous ces candidats, un point commun certain, c’est qu’aucun d’eux n’a écrit son livre. Ils en sont incapables. Comme pour le reste d’ailleurs, des incapables, sauf à servir les leurs…

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  12. SABBAN-CONTRUCCI SABBAN-CONTRUCCI

    Cette élection est pliée.
    Les candidats de gauche ne sont pas au niveau. La plupart a dépassé 60 ans et n’a jamais eu d’ambition pour la ville. Chacun, chef d’un territoire gérant les succès électoraux sur les défaites de la droite pendant 10 ans. Ils sont comptables de l’état de cette ville, de leurs politiques au Conseil Général ou Régional : le vivre « à la marseillaise » est fait de compromis avec les mafias sur les marchés publics ou la drogue, l’OM, d’arrosage d’argent publics aux communautés. Ils se sont goinfrés, et font miroiter des lendemains qui chantent aux militants pour ne pas se priver des bataillons qui vont tracter pour eux.
    L’arrière ban socialiste est inexistant : tout un aéropage de militants peu diplômés, pour ne pas faire trop d’ombre, dans une logique de socialisme alimentaire : arrosés d’emplois publics et de subventions. Fermez le ban. La droite a su développer des « jeunes talents : Vassal, Caradec, Moraine, Réault, Boyer ; elle a occupé le terrain, elle a le vent en poupe, puisque nous allons vers un vote sanction
    Vous imaginez que les marseillais vont confier aux « bébés Guérini » les clés de la ville ?
    Gaudin et Ravier se marrent

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  13. SARAZIN13 SARAZIN13

    bravo Monsieur Mennucci, en vous attaquant aux institutions Marseillaises tel que le syndicat FO DES territoriaux vous risquez d’avoir 6000 voix contre vous lors des primaires socialistes ouvertes à tous les electeurs votant sur la ville Phocéenne.

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