Devant la presse, Jean-Claude Gaudin défend son bilan vu de loin

Actualité
le 21 Jan 2020
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Comme à l'accoutumée en ce début d'année, le maire prononçait ses vœux à la presse, les derniers de ses quatre mandats. Il y défend sur un mode mordant les réalisations de ces 25 ans de pouvoir, où il glisse quelques regrets.

Devant la presse, Jean-Claude Gaudin défend son bilan vu de loin
Devant la presse, Jean-Claude Gaudin défend son bilan vu de loin

Devant la presse, Jean-Claude Gaudin défend son bilan vu de loin

Comme chaque année, Jean-Claude Gaudin se fait attendre. Ces vœux à la presse sont les derniers, cela n’empêche pas le maire de faire s’étirer le quart d’heure marseillais. Il entre à grand pas balancés, dans cet auditorium du Pharo, choisi pour la vue qu’il offre sur ce Marseille transformée qu’il met au premier plan. Il prend place au premier rang, au côté de Franz-Olivier Giesbert, le directeur éditorial de La Provence et de son PDG. “On vous a préparé un petit film”, lance-t-il à la cantonade.

Comme à l’accoutumée, le film vante sur un rythme trépidant les réalisations du dernier mandat, et plus largement, la transformation de la ville que le maire est censé avoir initiée, de l’implantation d’Euroméditerranée au développement des croisières. Sous tous les angles, la carte postale vue de la fenêtre, entrecoupée de citations laudatives extraites de grands titres de la presse internationale. Ce bilan “vu de loin” est le leitmotiv martelé tout au long de cette cérémonie. Manière de souligner que le maire aux quatre mandats est mieux traité par les journalistes étrangers que par ceux qu’il côtoie au quotidien.

L’agacement par petites touches

Dans son discours, cet agacement est rendu par petites touches. “Ce n’est évidemment pas à vous que je vais rappeler la situation dans laquelle Marseille se débattait en 1995”, glisse-t-il pour mieux rappeler le bilan qu’il s’octroie en matière de réduction du chômage. “Je n’ai pas la prétention de prétendre que nous sommes les seules responsables”, souligne-t-il plus loin. “Puis-je rappeler qu’Euroméditerranée, qui n’était qu’une superbe idée à concrétiser, y est devenu le plus grand quartier d’affaires de l’Europe du sud ?”, interroge-t-il faussement.

“Certains d’entre vous ne se souviennent pas”, “Ce n’est pas par miracle que”, “dois-je encore évoquer…” Le discours tout entier est construit sur ces allusions à la presbytie de la presse locale. “La politique que nous avons conduite pour redresser Marseille et ses résultats, ce sont vos confrères de la presse internationale qui la voient et la décrivent le mieux”, affirme-t-il en opposition “aux caricatures, instrumentations et des stigmatisations dans laquelle on s’applique à nous aspirer en gardant le nez sur le guidon de l’actualité locale”.

Le maire veut défendre la carte postale que “certains se plaisent à décrire avec mépris sinon avec dégoût” pour que “Marseille poursuive sur ce chemin de l’avenir” et non pas celui de “l’assistanat demain, de la pauvreté pour tous ensuite et du déclin enfin”.

Aquarium, casino et téléphérique en mode regret

Quand on lui demande quels sont ses regrets à l’heure du bilan, il évoque d’abord l’état des écoles, aussitôt évacué pour revenir à sa carte postale : “Je regrette de ne pas avoir réussi à faire bouger le port”, notamment pour y implanter un aquarium et un casino. Il regrette aussi de ne pas avoir pu installer un téléphérique jusqu’à Notre-Dame-de-la-Garde “à cause d’un pylône un peu important”.

L’autre regret manifeste concerne l’actualité des municipales et, notamment, la division dans son propre camp entre Martine Vassal et Bruno Gilles. “J’essaie encore”, promet-il tout en soulignant les bons sondages de Martine Vassal : “elle monte et mon ami Bruno Gilles baisse”. Il revient sur la promesse faite à ce dernier d’une tête de liste aux sénatoriales, “ça ne l’intéresse plus. Les bras m’en tombent”. La candidate LR aurait fait d’autres promesses. Mais rien n’y fait, la division dure.

Lui, “fidèle à son parti”

À chaque fois, l’évocation de sa succession se mêle au retour sur son propre destin. Lui a toujours été “fidèle à son parti”. Il a su gagner son siège de sénateur, l’année où Robert Vigouroux a fait le grand chelem en 1989. Ce fut la seule élection où il a perdu dans son secteur du 6/8.

D’ailleurs, quand on lui demande comment il vit la candidature d’Yvon Berland, dans ce même secteur face à Martine Vassal, c’est une “provocation” à son encontre. “Cela ne me plaît pas qu’on vienne sur mes terres, assène-t-il. Cela ne facilite en rien un rapprochement”. Le fait qu’un conseiller d’Emmanuel Macron l’ait prévenu la veille n’atténue pas l’amertume : “l’Élysée se mêle de ça, ça me plaît !”

Le maire a beau faire ses 80 ans, il n’a pas perdu son mordant. On l’interroge sur la délégation au logement rendue par Arlette Fructus, la candidature de Caroline Pozmentier, son adjointe à la sécurité, sur la liste LREM, il répond avec un temps de retard pour fustiger “ces dames qui vont sur un canot de sauvetage parce qu’elles regrettent de ne pas être sur le vaisseau amiral”.

Lui n’a désigné personne, fait aucune promesse à aucun dauphin putatif, ni Renaud Muselier, ni Bruno Gilles contrairement à ce qu’avancent les intéressés. “Mon successeur ou ma successeuse, ce sont les Marseillaises et les Marseillais qui l’éliront”.

Le pire et “le plus beau jours de ma vie”

Il ne sera plus là pour le voir. En tout cas, plus au premier rang. Il va s’accorder du repos “après le stress de toujours craindre qu’il arrive quelque chose”. Stress encore plus présent après le drame de la rue d’Aubagne dont il rappelle les victimes et la hantise sans qu’on lui pose la question. Il y aura une plaque en marbre une fois connu le destin du trou et des immeubles qui l’entourent, promet-il.

Ces premiers mois de retraite seront consacrés aux derniers chapitres de ses mémoires qu’il espère voir publiées à l’automne. Sa vie parisienne, des assemblées à l’Élysée, y figureront en bonne place. Tout comme son entrée au conseil municipal en 1965, à 25 ans, face aux 63 élus de tous bords qui constituaient la majorité du maire illustre d’alors, Gaston Deferre. “C’est ça, le plus beau jour de ma vie. Tout le reste, je l’ai eu. Du coup, je suis un peu inquiet de ce qui vient ensuite. Il y aura sans doute un choc”. Le vide soudain.

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Commentaires

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  1. Happy Happy

    Le vide, il l incarne depuis un bon moment. Quand on entend que ses regrets sont un aquarium, un casino et un téléphérique pour aller à l’église…quel clown sinistre ! Malheureusement il faut nous préparer à ce que la postérité lui réserve une faveur à la chirac. La Provence de FOG doit déjà nous préparer l’album de souvenirs…

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Ce n’est plus le maire de Marseille, mais quasiment Marie-Antoinette avec sa célèbre formule (apocryphe) : “s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche”. Ici, c’est : “s’ils n’ont pas d’écoles en bon état, de piscines en nombre suffisant, de transports adaptés, qu’on leur propose un aquarium et un casino.”

    Hors sol jusqu’au bout, ses regrets comme les succès dont il se vante le montrent : l’opération Euroméditerranée, pilotée par l’Etat, et la baisse du chômage, sur laquelle une politique municipale n’a qu’une influence epsilonesque.

    On retiendra surtout de lui cette indifférence aux besoins des Marseillais et cette étrange propension à remplacer l’action par la com, et les investissements dans les équipements utiles au quotidien par des dépenses de prestige et d’image.

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  3. Richard Mouren Richard Mouren

    Catastrophe (annoncée) de la rue d’Aubagne, épilogue: “il y aura une plaque en marbre”……….. Les bras m’en tombent à moi aussi.

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  4. julijo julijo

    vide : absence de matière dans une zone définie
    C’est tout à fait ça, le vide.
    malheureusement Marseille en subit les conséquences, et la situation actuelle ne sera pas facile à surmonter.
    RIP gaudin. et qu’on se débrouille pour ne plus avoir affaire avec cette clique qui s’attend à reprendre les clés de la ville.

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  5. Zumbi Zumbi

    Son regret du casino surtout, et de l’aquarium : il n’a pas pu offrir les plus beaux endroits la ville à la mafia des jeux comme il l’a fait aux multinationales du bâtiment et des centres commerciaux.
    Car il est temps de rappeler qu’au-delà du Fort Saint- Jean les rêves gaudinesques ont surtout été de bâtir un casino et une marina de luxe (voir épisode Coupe de l’America). C’est pendant l’interruption de son règne qu’un “commando” du Ministère de la Culture (terme employé par un de ses acteurs) et une petite équipe autour de Vigouroux ont monte à tout vitesse (c’est possible avec une volonté politique et des services compétents) le projet Mucem-esplanade. Horreur, dédier cet espace à la Culture ; de l’architecture contemporaine autre que de tours d’affaires ; une ouverte sur la mer pour toute la population, SANS PAYER ! Et pour finir une vue sur la Major qu’on n’avait jamais eue, le cul-bénit en chef n’aurait jamais été capable de l’imaginer.

    Ben non, il regrette le casino. Peur de croiser en Enfer des parrains qui lui rappelleront les promesses non tenues ?

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  6. Pitxitxi Pitxitxi

    Ton exécrable, piques à tout-va, du téléphérique par-ci et du casino par-là, sans oublier les traditionnels “on a tout bien fait” ou encore “la presse est méchante avec nous” : pas de doute, si on avait organisé le Bingo Gaudin, c’était carton plein !

    Bon débarras, juste dommage que ce règne aura duré 25 années insupportables.

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