Courrier International dessine une Marseille à double face

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le 2 Nov 2011
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Courrier International dessine une Marseille à double face
Courrier International dessine une Marseille à double face

Courrier International dessine une Marseille à double face

C’est en train de devenir, et on ne va pas s’en plaindre, leur petit marronnier de l’automne : comme l’année dernière à la même période, Courrier International sort (ce jeudi) un numéro spécial Marseille vue par la presse étrangère. Avec en prime un débat organisé à l’Alcazar avec le directeur de la rédaction Philippe Thureau-Dangin, qui a accepté de répondre à nos questions :

On vous le disait, on ne va pas se plaindre de ces numéros spéciaux réguliers car, au-delà d’un possible bon filon commercial pour l’hebdo, cela montre que la ville intéresse, intrigue. Et cela permet de voir poser un regard neuf et extérieur sur celle-ci, de savoir quels points saillants on retient, vu de l’étranger. De repérer aussi ceux qui reviennent régulièrement

Cuisine et couleur locale

Comme l’année dernière, on retrouve ainsi la gastronomie, même si le petit article (comme si on n’avait pas voulu en faire trop, sans toutefois pouvoir l’éviter) est consacré à la cuite et recuite bouillabaisse. Décevant, après le tour d’horizon livré par le New York Times l’année dernière, qui ne boudait pas Peron et Chez Etienne mais passait aussi par le Café populaire, le Café des épices ou encore le Débouche sur le peu couru boulevard National.

Après la cuisine, vient dans les deux numéros un autre trait de la « culture » ou le « patrimoine » local – preuve de sa vitalité et son originalité : en 2010 les cagoles, cette « antithèse de la Parisienne chic en petite robe noire » à propos desquelles le Guardian se demandait si « elle était l’avenir de l’élégance française », c’est en 2011 « l’esprit du Corbu » qui occupe les colonnes du journal néerlandais NRC Handelsblad.

Marseille contre Marseille

Mais, comme le sous-entend d’ailleurs le titre du débat (Heurs et malheurs), l’immanquable d’un dossier sur Marseille reste le schéma à double face : la brillante lorsque, déjà célébrée en laboratoire de l’intégration elle se rêve en capitale européenne de la culture ; la sombre lorsqu’elle colle à sa mauvaise réputation de magouilles et de violence. En 2010, c’était le constat (complet car n’oubliant pas d’étudier la situation économique et sociale) du Guardian que Jacky le Mat avait cédé la place à « une nouvelle génération » qui oscille entre braquage, trafics de drogue et agressions. Mais aussi le « pari audacieux sur la renaissance de la deuxième ville de France » fait par Hammerson avec le centre commercial des Terrasses du port, estimait le Wall Street Journal.

Jeudi, c’est la scène culturelle « sans le sou, mais pleine d’idées » que vous découvrirez sous la plume du New York Times. Celui-ci évoque La Fabrique, Marseille Expos et Art-o-Rama, mais on pense aussi à des idées comme la Trocade du Off de 2013, où le gratuit et la surprise de l’échange vient compenser le budget qu’on n’a pas. Mais côté sombre, impossible d’échapper – n’en déplaise au maire qui aimerait bien que les journalistes en restent à la première partie – à deux papiers très durs sur l’affaire Guérini et l’insécurité.

La part du récit

Ce regard de loin permet aussi de dépister les discours ambiants. Qui relèvent aussi en partie du mythe, du récit que s’est forgé et que forge la ville depuis quinze ans. Pour Der Spiegel, Marseille est désormais une « ville tendance où il fait bon vivre » : « les prix de l’immobilier sont montés en flèche et la rue de la République, qui mène au Vieux-Port, n’est plus un repaire de dealers de drogue mais un boulevard surmonté de superbes façades haussmanniennes ».

Chouette. Sauf que la métamorphose ne s’est pas faite sans casse sociale et de l’aveu même du président de la communauté urbaine les revenus des Marseillais ne suivent pas les prix de l’immobilier. On retrouve aussi à ce chapitre comme booster du « Marseille Accélère » l’arrivée du TGV (Der Spiegel) et l’opération d’aménagement Euroméditerranée (Wall Street Journal en 2010). Marseille accélère certes, mais Marsactu tente de le raconter tous les jours, les inerties sont encore légion et certains restent au bord du chemin.

Au creuset du Vélodrome

Autre gimmick des articles sur Marseille : « Alors qu’à l’automne 2005 les banlieues brûlaient autour de Paris, de Lyon et d’autres grandes villes, le calme régnait à Marseille », raconte Der Spiegel. Qui cite indirectement Jean-Claude Gaudin expliquant qu’« il a toujours été fier de voir les différentes communautés religieuses de sa ville cohabiter, ainsi qu’il les y incite depuis les années 1990. » Vient ensuite une présentation de Marseille Espérance, pour finir au Vélodrome « où tout le monde côtoie tout le monde sans se préoccuper d’origine ou de religion » et enfin par le parcours exemple d’ascension et porteur d’espoir de Zidane, de la Castellane au Real Madrid.

Des éléments que l’on retrouvait déjà peu ou prou l’année dernière dans Trouw. Même si les Hollandais s’attachaient tout au long de l’article à nuancer ces immanquables du discours sur le creuset d’intégration. Dont on sait que, même si le Vélodrome ou Marseille Espérance ont leur utilité, cachent parfois sous les grands chantiers et l’apparente coexistence entre origines et religions les fractures sociales qui parcourent la ville.

« Les musulmans ségrégés sont d’abord des pauvres ségrégés », résumait récemment le sociologue Vincent Geisser dans une interview à Marsactu, après la virulente attaque de La Provence face à sa remise en cause du « mythe d’une Marseille fraternelle ». Et ces derniers mois, c’est dans la bouche d’éminent politiques, haut fonctionnaires ou universitaires qu’on a entendu des constats acerbes des inégalités en matière de revenus, de logement, d’emploi, de transports

Un lien A suivre également cette semaine, la série de France Info spécial Marseille qui tente, après un premier épisode sur la « mauvaise ré
putation » de positiver

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Commentaires

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  1. céhère céhère

    Ces numéros sont en général une accumulation de poncifs et d’enfonçages de portes ouvertes. Je vois que ça semble être le cas ici aussi, même si on atteint peut-être pas les sommets des news magazines français comme le point ou l’express.
    En général j’évite donc.
    Et Courrier International aussi, car comme chacun le sait la France est un pays cryptocommuniste avec la presse qui va avec, c’est dire la tonalité des articles sélectionnés ailleurs que l’on retrouve dans Courrier International, pas ultralibéral mais presque.

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  2. tousobomet tousobomet

    oui Marseille double face, les quartiers ou gaudin met l’argent le 8éme, le 9éme, le 12éme, une partie du 11éme, la rue Paradis, Perier, Euromed etc…, une partie du 7éme, et les quartiers complétement abandonné, mais ou on paye quand même les taxes et impôts locaux.
    Taxe des ordures ménagères la plus chère de France, impôts locaux les plus élevés de France, et malgré ça la ville la plus pourrie et sale de France. Cherchez l’erreur, peut être dans les poches pas très propres de nos élus de tous bords.

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