REPENSER LA VILLE

Billet de blog
le 4 Oct 2020
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Photo : Emilio Guzman
Photo : Emilio Guzman

Photo : Emilio Guzman

Alors que Marseille et sa nouvelle municipalité sortent de l’été, il est temps d’envisager les logiques qui sont de nature à orienter la politique municipale engagée par les nouveaux élus de la ville, pour qui il s’agit de la première véritable rentrée politique.

 

Qu’est-ce que repenser la ville ?

Ne nous trompons pas : si les élections municipales ont porté une nouvelle municipalité au pouvoir sur la ville, il ne s’agit pas seulement d’un changement d’équipe, il ne s’agit pas non plus seulement, même si c’est important, de confier les pouvoirs sur la ville à une municipalité de gauche, ainsi en rupture avec la municipalité de droite qui gouvernait Marseille depuis 1995. En effet, il s’agit d’une véritable rupture avec les cultures politiques qui ont orienté les municipalités marseillaises depuis la Libération. Nous sommes à un moment où il faut repenser la ville, c’est-à-dire imaginer un nouvel espace urbain, nous sommes à un moment où la municipalité doit se donner une nouvelle culture politique et une nouvelle culture de la ville et orienter ses choix et ses projets dans cette nouvelle politique, en rupture avec ce que nous avons connu à Marseille jusqu’à présent.

 

Un urbanisme en rupture avec les urbanismes précédents

Trois ruptures doivent marquer cet urbanisme nouveau que la municipalité doit mettre en œuvre. La première consiste à mettre fin à la division entre le centre de la ville et les quartiers périphériques. Par rapport à d’autres grandes villes, en France et dans d’autres pays, Marseille présente une particularité qui la distingue : la périphérie est dans l’espace de la ville, ce qu’ailleurs on appelle des banlieues se situe dans le territoire de la ville. C’est ce qui explique qu’il est sans doute plus difficile, à Marseille, de mettre fin à la rupture entre le centre et les périphéries. Mais c’est pourtant la première exigence à laquelle doit répondre la politique engagée par la municipalité conduite par Michèle Rubirola. La seconde rupture qu’il faut engager avec les politiques qui ont façonné le paysage de Marseille depuis sans doute une centaine d’années consiste à intégrer le patrimoine architectural de la ville dans le paysage urbain contemporain. Sas doute peut-on dire, à ce propos, qu’il s’agit de mettre fin à une seconde rupture – entre le passé et le présent. La municipalité doit mettre fin à la différence entre le passé et le présent à la fois en mettant une œuvre une politique efficace de réhabilitation du patrimoine architectural, une politique plus équitable de conservation du bâti ancien de la ville et une politique plus soucieuse de l’insertion de l’architecture nouvelle dans tous les quartiers de la ville et ne pas la limiter à la périphérie. Enfin, un troisième rupture doit être mise en œuvre : celle de l’inégalité. Les inégalités économiques et sociales ont atteint, à Marseille, une ampleur telle que l’on peut véritablement parler de l’existence de deux villes, à Marseille, la Marseille des riches et celles des classes populaires, qui se manifeste notamment par la ségrégation dont sont victimes les quartiers Nord. Cette troisième rupture doit se manifester par la mise en œuvre d’un urbanisme fondé sur l’égalité et sur la solidarité.

 

Un nouveau discours pour la politique de la ville

Enfin, repenser la ville consiste, pour la municipalité, à avoir un nouveau discours du pouvoir urbain. La politique de la ville doit s’inscrire dans un discours différent. D’abord, ce discours doit s’adresser à tous les habitants de la ville et ne pas être réservé à une élite, à un milieu clos des cercles du pouvoir. Pour cela, la municipalité doit engager une politique de communication et d’information soucieuse, comme les autres aspects de la politique de la ville, de l’égalité. Par ailleurs, ce nouveau discours municipal doit être engagé plus résolument dans l’espace et dans le temps du débat. Pour cela, il faut que ce discours soit plus aisément intelligible par l’ensemble des habitants de la ville et doit être accessible, à la fois dans le temps, par une meilleure fréquence de sa publication, et dans l’espace par une meilleure diffusion dans tous les quartiers. Pour cela, les mairies de secteur devraient être mieux associées à la mairie centrale. Enfin, le discours de la politique de la ville doit être en rupture avec ceux qui l’ont précédé en s’engageant dans l’ensemble des médias diffusés dans la ville. La municipalité doit ainsi engager en permanence un véritable dialogue avec les acteurs de l’information, afin qu’il puisse s’engager dans la suite avec l’ensemble des habitants de la ville. Le discours de la municipalité doit pleinement s’inscrire dans l’espace public. Repenser la ville signifie aussi repenser l’engagement de ses habitants dans l’échange avec les pouvoirs.

Commentaires

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  1. Jacques89 Jacques89

    Si la nouvelle municipalité voulait vraiment marquer un décalage avec la précédente, elle commencerait par réfléchir aux modalités de consultation des habitants sur les projets qu’elle envisage de mettre en œuvre et ce, avant même de les inscrire dans un plan d’aménagement. Partir du « bas » quitte à imposer aux concepteurs de discuter avec les habitants pour définir les besoins semble peut-être compliqué mais c’est la seule façon de démocratiser la décision. Si la loi définit des schémas de consultation sur des projets déjà ficelés, pour l’heure, elle n’impose rien sur des objectifs qui n’existent pas. C’est aux habitants de cibler les besoins.

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