Mes châteaux d’If: Barbie dans les Herbes sèches.

Billet de blog
le 12 Août 2023
4
Mes châteaux d’If: Barbie dans les Herbes sèches.
Mes châteaux d’If: Barbie dans les Herbes sèches.

Mes châteaux d’If: Barbie dans les Herbes sèches.

J’étais encore à passer la serpillière (ou la pièce selon l’éminent bazarettologue Panta à qui je recommande plutôt de venir boire un casa à la Plaine plutôt que de m’infliger des remarques ancillaires) je reprends donc, je passais la pièce, qué je suis tombé sur une algarade endiablée sur France Inter à propos du film Barbie. A renverser mon seau. Depuis Metoo, je me décharge de ma toxicité masculine en imitant ma mère, femme de ménage de profession. Aussi pour éviter les représailles. Je n’arrive toujours pas à me défaire de mon hétérosexualité, passive certes, mais tellement stéréotypée. Comme je suis né chez LESPOVRES, on pensait pas trop à ça quand j’étais gamin. Ma sœur jouait à Barbie, moi aussi vu qu’il pleuvait souvent. Elle était du genre à la repeindre et à la massacrer. Elle voit évidement un psy aujourd’hui pour ça. Moi je pense que comme un petit mâle en devenir, je devais juste jouer aux petits soldats en sautant sur Kolwezi ou dans la Manche. Les deux n’étant pas très éloignés géographiquement dans ma tête d’enfant.

 

Au fond, je vais vous dire, je m’en foutais. Ce qui m’intéressait c’était juste de devenir… champion du monde ! Champion du monde ça voulait dire échapper à l’ennui de l’école, comme dans les Herbes séches, ce film turc interminable qui cartonne chez les retraités de l’éduc nat. «  Ah ca me rappelle l’Aubrac ou j’avais été mutée en 65 ! »

Champion du monde, c’était à l’opposé de la vie de Barbie ou Ken. Un rôle assigné, quel que ce soir le genre. Les deux ont des vies profondément réglées, ennuyeuses mais rassurantes. Chaque jour, c’est l’accomplissement d’un rituel de bonheur ou chaque chose est à sa place, chaque personne là où elle doit être. Pour un enfant, c’est d’ailleurs sécurisant. Quand un enfant s’empare de Barbie, à moins que Klaus… ne s’empare d’un enfant, il peut la coiffer, la cajoler, lui parler surtout, et puis la punir. Bref se projeter dans la poupée. Ça fait du bien quand vos parents s’engueulent et vous envoient vous coucher sans manger de “délicieux” poireaux dégueulasses.

 

Donc quand la créatrice de Barbie invente la poupée, elle y met inconsciemment un pouvoir fétichiste dont vont s’emparer des milliers d’enfants, plutôt des filles. La poupée c’est un autre soi qu’on peut détruire, aimer, déformer. Pensez au vaudou. Sinon c’est lui qui va penser à vous.

 

Le film de Greta Gerwig est une heureuse surprise. D’abord parce que c’est ma fille de quinze ans qui insiste pour m’y emmener alors que je tente de la détourner avec une double glace au caramel Haribo saveur OGM, et en tentant un faible : « T’as vu qu’il y a Mission impossible à 14H? Avec Tom Cruisssse »

Puis, parce que tout bonnement j’ai été scotché par la finesse du propos sur les rôles qu’on endosse dans le monde. Barbie éprouve un sentiment fondamental, celui de la mort et se pose enfin des questions sur le sens de la vie. Elle part en quête de ces pensées insensées.

Ayant vu avec un plaisir recommencé Pierrette Dupoyet à Avignon dans Sarah Bernhardt cette année, on est emporté par le courage des femmes qui ont su mener leur barque entre indépendance, talent et plaisir. Sarah Bernhardt jouait des rôles d’hommes aussi bien sur scène que dans la vie finalement. Pierrette Dupoyet, actrice hors pair l’incarne dans cet amour du théâtre, autrement dit du jeu.

 

Ken, le plagiste sans emploi, n’y parvient pas. Barbie choque car elle bouleverse son monde. Elle devient étrangère à Barbie Land en étant le produit d’une pensée complexe, celle d’une employée de Mattel, aux prises avec sa fille, jeune ado rebelle. Comme celle de Machos Alfa sur Netflix. Barbie va devenir le média de leur réconciliation dans le mouvement, dans l’action.

 

On ne peut oublier le regard porté par la caméra : Nous sommes devenus cette petite fille qui joue à Barbie, nous sommes redevenus enfants en restant à notre place quand nous voyons les mouvements des personnages de Barbie Land. Nous retrouvons notre capacité à imaginer l’impossible. Nous sommes le jouet de notre imagination et à l’intérieur du jouet qui pense.

 

Une spectatrice riait beaucoup et à raison, pendant le film. Moi aussi, m’a t on dit. Nous rions parce que les codes sont chamboulés dans un humour intelligent. Alors, est ce que le film est féministe? Avec le tampon officiel. Certainement si le féminisme porte la liberté des femmes dans leur corps, dans leurs volonté de mouvement, de penser, d ‘exercer leur sexualité librement, de devenir chef d’État ou d’être la sorcière ou tante hurluberlue qui vit dans une galerie psychédélique. Barbie montre qu’être un femme c’est être toutes les femmes, et différentes les unes des autres. Le film montre la patriarcat comme une armure mal foutue et qui n’est portée que par quelques cons. Les pauvres. Le problème c’est qu’ils dirigent le monde et qu’ils aiment le détruire en envoyant les autres dans leurs guerres de marionnettes.

 

Barbie est un film situationniste, allez j’ose le dire, même si Debord, avait cru en finir avec le cinéma. Parce qu’il interroge en l’intégrant le spectacle et le groupe Mattel qui va pouvoir se refaire une santé en critiquant sa propre créature. C’est la force géniale du capitalisme de tout récupérer. Résultat: le féminisme à l’ancienne se retrouve en accord avec le Koweit. Pas mal comme bordel.

 

Dans le film Les Herbes sèches qui montre le désarroi d’un enseignant dans la campagne Turque enneigée, le réalisateur a l’audace incroyable de nous infliger des discussions politiques interminables autour d’une bouteille de vin. Gonflé pour une conversation entre deux enseignants, qui finiront au plumard. Surtout il nous montre le décor du film au moment du possible dénouement. Chacun se fera une idée de cette sortie du cadre. Alors on se dit, quel est le sujet du film? L’ennui, la permanence du monde, la vie que l’on a qu’une fois, la question du harcèlement et de l’amour? Et si c’était la parole ? Seulement la question de la parole. Plusieurs films cohabitent dans ce film turc. Je dois avouer que ma scène préférée est celle de l’engueulade des trois hommes autour d’un whisky. L’image est magnifique, surtout si vous avez déjà eu des lumières comme ça autour de vous et puis la sincérité de la parole. Et puis le mensonge dans cette parole. Et puis ce flingue qui sort comme dans un bon film de gangster. La vie est un jeu. Les uns jouent avec des poupées, les autres avec des flingues. Si tout ça pouvait rester un jeu.

 

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Christophe Goby Christophe Goby

    BARBIE DANS LES HERBES SECHES. Mon avis sur les films. Et toc.

    Signaler
  2. Panta Panta

    Christophe, on dit “passer la pièce”, à Marseille. Sinon, j’ai pas tout compris.

    Signaler
  3. Christophe Goby Christophe Goby

    Cher Panta, demandez a votre fille ses lumières sur le sujet. Je vais tenter d éclairer sous ses cils masqués le propos de la pellicule.

    Signaler
  4. Patafanari Patafanari

    Et prochainement sur vos écrans, la suite des aventures de Barbie:
    « Barbie en Afghanistan « (cours métrage (1min 28sec.)

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire