Marseille sur « le marché des métropoles »*
Photo : VA
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Cette semaine, le salon des professionnels de l’immobilier et la promotion de Marseille.
Le Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM) tenait salon cette semaine. Réduit à un format minimal l’an dernier, Covid oblige, il a retrouvé ses affluences du monde d’avant avec 20 000 participants. Créé il y a trente ans, il réunit au palais des Festivals à Cannes, collectivités locales d’un côté et de l’autre, industrie de la promotion immobilière (promoteurs et agents immobiliers, juristes, consultants et représentants de fonds d’investissement). L’enjeu est de vendre et d’acheter des morceaux de ville ainsi convertie en « actif immobilier ». Les politiques publiques d’attractivité se traduisent ici par un impératif de séduction des investisseurs. Le MIPIM incarnant en chair et en os la construction d’une ville conforme aux attentes du marché.
Devenu rendez-vous incontournable des élus et des professionnels de l’urbain, y compris pour les personnels politiques les plus critiques à l’encontre de la financiarisation de la ville, le MIPIM consolide la vision de la production urbaine comme « placement financier » à l’abri de tout débat démocratique et des radars médiatiques plutôt discrets sur l’événement.
Et Marseille dans tout ça ? Ici comme ailleurs, c’est d’un point de vue institutionnel, plutôt la Métropole – sous pavillon « One Provence » comme une copie méridionale d’Only Lyon – que la municipalité qui assure le service avant-vente. Elle y déploie les outils ordinaires du marketing territorial autour des anciens mots d’ordre de l’attractivité et des nouveaux, de l’hospitalité et de la durabilité. Le directeur général d’Euroméditerranée y a ainsi conclu un partenariat avec ONU-Habitat visant à la promotion du « développement de villes durables ». Signe que cet objectif est devenu un « standard investisseur ».
Récompensé d’un MIPIM award en 2015 dans la catégorie « Best Urban Regeneration Project », Euroméditerranée est un actif sûr de la promotion de la ville, mais il n’est plus le seul. Le territoire mise aussi sur l’aéronautique à travers les projets Henri-Fabre et Jean Sarrail ; la santé avec Marseille Immunopole ; l’écologie à travers PIICTO dans sa variante industrielle et les Calanques dans sa variante naturelle ; sans oublier ITER. « Métropole nature » et durable, d’accord, mais sans négliger pour autant les fondamentaux : la livraison de burlingues. On annonce ainsi de nouvelles « années record » avec 55 000 m2 de bureaux construits d’ici la fin de 2023. « Euroméditerranée accélère » titre la presse spécialisée, comme dans les ouvrages d’urbanisme de la fin des années 2000. Tout change, rien ne change et patin et couffin.
* Le titre ainsi que les informations sur le MIPIM présentes dans le billet sont une référence au passionnant ouvrage du chercheur Antoine Guironnet sur la question : « Au marché des métropoles » aux éditions Les Étaques. Voir son entretien à Médiacitiés.
Photo : Benoît Gilles (@marsactu)
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