LETTRE OUVERTE AU MAIRE DE MARSEILLE (ou POOL PARTY PAR UN CACTUS)
LETTRE OUVERTE AU MAIRE DE MARSEILLE
By The CeM (& Finance Consult)
ou POOL PARTY PAR UN🌵
(* un membre de notre collectif ayant Ă©tĂ© insultĂ© et menacĂ©, nous remplaçons le nom de l’Ă©lu par un 🌵)
Monsieur le maire, nous demandons des piscines pour que le droit des enfants de tous les quartiers d’apprendre à nager et de bénéficier d’équipements sportifs soit enfin respecté à Marseille. Au lieu de cela, et contrairement à vos engagements de campagne, nous nous retrouvons avec le projet de construction de deux centres aqualudiques pour la bagatelle de près de 80M€ avec un montage pire que les PPP (Partenariat Public Privé) que vous avez tant combattus pour les écoles publiques de Marseille.
Nous le savons et nous le vivons au quotidien, il y a un retard énorme de notre Ville en matière d’accès aux piscines (seulement 14 piscines pour toute la ville, un ratio au m2 par habitant 6 fois inférieur au reste du pays), mais pour le rattraper, c’est d’une stratégie efficace dont nous avons besoin afin de créer un maillage en équipements de proximité, et non des cadeaux au secteur privé.
L’investissement annoncé pour les deux équipements prévus est de 74,3 millions d’euros HT (42,7 millions pour le site de Luminy et 31,6 millions pour celui du Nord), ce qui est bien au-delà de tous les coûts constatés en France pour la construction de piscines (entre 7 et 20 millions d’euros HT en fonction du niveau d’équipement, de la taille du bassin ou de la prise en compte des impératifs liés à l’organisation de compétitions). Des solutions pragmatiques, durables et raisonnables existent pourtant, telles que le modèle de piscine essentielle proposé par le champion Alain Bernard à moins de 5M€ d’investissement et au coût de fonctionnement modeste.
La ville a choisi Finance Consult comme AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage), Finance Consult fera ce qu’il sait faire le mieux : démolir le service public pour servir les intérêts privés, le tout payé par des fonds publics. Nous connaissons bien Finance Consult, nous les avons affrontés ensemble dans le combat contre les PPP des écoles et vous et nous savons pertinemment que le modèle de piscine essentielle n’est pas dans le logiciel de Finance Consult.
Il devient alors évident que le financement des coût faramineux d’investissements pour les sites du Nord et de Luminy reposent sur les activités complémentaires à la nage que vous prévoyez : des infrastructures sportives privatives et payantes, des équipements de luxe type spas, de la restauration, des lieux de séminaires et de convention pour les entreprises voire de l’hôtellerie 4 étoiles… autant d’activités qui ne relèvent en rien d’un service public et qui seront réservées à une clientèle au pouvoir d’achat élevé.
Nous avons entendu les arguments consistant à expliquer que ce modèle serait le seul pour permettre la réalisation de piscine avant la fin du mandat, même si le rapport de l’AMO indique d’ores et déjà que ce calendrier est impossible….
Si l’urgence était telle, pourquoi n’avoir rien fait depuis 3 ans ? Pourquoi ne pas avoir réalisé les 2 piscines, en maîtrise d’ouvrage publique, afin d’éviter une telle précipitation et le recours à des modèles aberrants ?
Afin de réduire les temps de construction, permettre une réalisation d’équipements dans des brefs délais, il semble indéniable que des équipements de taille plus petite, mieux répartis sur la ville, nécessitant moins d’études et moins d’espaces sont une réponse adaptée.
A noter que des piscines, tout comme d’autres Ă©quipements publics (tels que bibliothèques, Ă©quipements sportifs, centres de soins,…) sont totalement mutualisables avec le Plan de rĂ©novation et construction des Ă©coles gĂ©rĂ© par la SociĂ©tĂ© Publique des Écoles de Marseille (SPEM).
Devons-nous également nous étendre sur la suppression à venir des terrains de rugby et de tennis utilisés actuellement par des associations et écoles, pour la réalisation du projet du centre aqualudique Nord ?
Par ailleurs, nous laissons le groupe “Ecologiste et pluriel-s” dénoncer l’aberration écologique que représente de tels centres aqualudiques. Nous n’imaginons même pas qu’une entreprise en 2023 organise un séminaire dans un centre aqualudique à Marseille, ne serait-ce que dans le respect de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE)… Aberrant.
Malgré tout, vous décidez de construire des centres aqualudiques dont le modèle financier repose sur des activités payantes en lieu et place de piscines municipales accessibles à tous. Finance Consult sort alors le grand jeu et imagine le nombre d’entrées aux espaces fitness, aux espaces détentes, il imagine que les deux stades soccer seront utilisés sur toute l’année, Finance Consult imagine et personne ne l’empêche.
C’est beau , cela en serait presque rentable ! Finance Consult arrive même à démontrer dans son étude que la construction d’une petite piscine dans les 2ème et 3ème arrondissements aura une rentabilité moindre que le centre aqualudique prévu sur Luminy. Par ailleurs, une piscine municipale doit-elle être construite dans le but d’être rentable ?
Ils sont forts Finance Consult et consorts. Vous oubliez une chose M. Le Maire, le principe d’incertitudes sur les hypothèses d’usage de la piscine du 2/3 et sur celles du centre aqualudique de Luminy ne sont pas tout à fait les mêmes. Autant nous sommes en capacité d’apprécier le nombre d’entrées d’une petite piscine, autant évaluer les usages des services premium du centre aqualudique de Luminy relève de l’art divinatoire..
De fait, nous nous interrogeons sur la pertinence qui consiste à faire porter à la collectivité (et donc à nos impôts !) des investissements qui permettront de créer des activités à but commercial et dont le privé pourra bénéficier en cas de plus-value mais dont les déficits devront être assumés par la collectivité en cas de pertes.
Et l’impact peut être énorme.
Nous prenons l’exemple de la seule autre SEMOP pour centre aqualudique, celle de la piscine du Pic Saint-Loup, gĂ©rĂ©e par la sociĂ©tĂ© Vert Marine. Le gestionnaire Vert Marine visait 350 000 entrĂ©es, l’AMO avait Ă©tĂ© plus modeste avec 160 000 entrĂ©es, la rĂ©alitĂ© en 2019 Ă©tait de 130 000 entrĂ©es … La Cour RĂ©gionale des Comptes (CRC) prĂ©cise dans son rapport sur le sujet : “le modèle de financement des investissements rapproche ce montage contractuel d’un marchĂ© de partenariat sans en prĂ©senter les principaux atouts”… voilà … la CRC ajoute : “MalgrĂ© la prĂ©sidence de la SEMOP et la dĂ©tention d’une minoritĂ© de blocage au sein de celle-ci, la chambre relève que pour disposer d’un rĂ©el pouvoir de contrĂ´le sur le dĂ©lĂ©gataire, il conviendrait que la commune renforce rapidement ses capacitĂ©s de suivi de l’exĂ©cution de ce contrat.”. La dĂ©tĂ©rioration du rĂ©sultat a abouti Ă une rĂ©duction des espaces et activitĂ©s, tout particulièrement ceux des associations, jugĂ©s moins rentables…
Comment comprendre que vous sabordiez le service public pour vous lancer dans une activité commerciale au bénéfice d’entreprises privées ? Nous nous étonnons de votre choix de recourir à un montage public-privé que vous avez tant dénoncé quand vous étiez dans l’opposition, notamment quand la majorité précédente l’envisageait pour les écoles de Marseille.
Avec les deux complexes projetés, vous dévoyez le sens de votre mandat. Vous vous apprêtez à créer deux éléphants blancs, structures énergivores, dispendieuses en argent public, gourmandes en eau et qui vont contraindre les générations à venir à payer des charges annuelles monstrueuses…
Vous vous apprĂŞtez Ă recrĂ©er une absurditĂ© financière et technique semblable Ă la fantaisie de votre prĂ©dĂ©cesseur avec la crĂ©ation du POMGE (Palais Omnisport Marseille Grand Est, la patinoire …) qui pèse chaque annĂ©e sur les dĂ©penses de notre ville.
Nous ne comprenons donc pas votre choix et craignons qu’il ne soit pas guidé par l’intérêt général ni par la volonté de donner accès aux activités aquatiques à tous·tes les Marseillais·es …
Nous voulons des piscines, vous construisez des centres aqualudiques.
Nous voulons un service public, vous choisissez un service payant qui rapporte… mais à qui ?
Il est encore temps d’agir autrement en remettant en perspective les engagements du Printemps Marseillais avec la réalité de votre action.
Mercredi 5 juillet, le CeM, Collectif des Ă©coles de MarseilleÂ
(CeM : prononcez seum)
Commentaires
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alors B Payan, on combat les PPP pour faire des SEMOP quand on est aux manettes ?
Où est la cohérence ?
Franchement, je prĂ©fĂ©rerais que la mairie emprunte 70 M€ pour crĂ©er 10 piscines plutĂ´t que construire des centre aqualudiques qui ne sont que des gadgets. Qui va aller faire un spa ou des massages Ă Luminy ? Il y a le club de tennis juste Ă cĂ´tĂ©… Ne parlons mĂŞme pas de la piscine nord. Les tarifs seront bien sĂ»r prohibitifs.
Luminy a besoin d’un bassin de nage pour les Ă©tudiants (fac de sports sans piscine…) et les habitants du coin, pas d’un aquacity.
Quand on voit que les piscines privĂ©es fermaient leurs portes lorsque l’Ă©nergie Ă©tait trop chère, que croyez-vous que ces entreprises privĂ©es feront ?
Ou alors il faudra que les habitants épongent leurs pertes.
Quelle honte !
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Parfait. Merci pour cette position très claire et très argumentée.
Notre ville a suffisamment souffert de la passion de la nullicipalitĂ© prĂ©cĂ©dente pour les Ă©lĂ©phants blancs et les opĂ©rations de prestige coĂ»teuses, au dĂ©triment des Ă©quipements utiles aux habitants, pour qu’on n’attende pas la mĂŞme chose de la majoritĂ© municipale actuelle.
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