“L’écologie n’est pas une mode et ne le sera jamais”

Billet de blog
par Le Sonar
le 17 Oct 2019
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Carl Pfanner est salarié de l’association Heko Farm en tant que coordinateur technique et maraîchage du “Talus” à Marseille. Cette ferme urbaine, lancée depuis septembre 2018, met en place une forme d’agriculture écologique et sociale au coeur de la ville. Fort de cette expérience, il livre son point de vue sur l’agriculture urbaine et l’écologie.

“L’écologie n’est pas une mode et ne le sera jamais”
“L’écologie n’est pas une mode et ne le sera jamais”

“L’écologie n’est pas une mode et ne le sera jamais”

Carl Pfanner, co-fondateur du Talus, sur une ancienne friche, reconvertie en espaces cultivés. Photo : Emma Alonso 

Qu’est-ce que l’agriculture urbaine ? 

L’agriculture urbaine ne permet pas une grande productivité. L’idée ce n’est pas de nourrir la ville mais de produire de la bonne nourriture, plus que bio, locale, de manière respectueuse sans tracteur, chimie ou engrais. C’est aussi un cadre d’expérimentation et de reconnexion avec les éléments que l’on a plus l’habitude de voir en ville. Beaucoup d’urbains n’ont jamais vu pousser de légumes. On essaie de réparer les fractures entre les foyers de productions ruraux et les foyers de consommateurs urbains. 

Peut-on parler d’un seul modèle d’agriculture urbaine ? 

Il est compliqué de parler d’une agriculture urbaine de manière générale si vous regardez la diversité de projets. (…) Il y en a beaucoup à Marseille, comme Terre de Mars : 6 paysagistes bac+7 qui décident de se lancer dans le maraîchage. Il y a Le paysan urbain qui fait de la micro-pousse sous serre, Les champignons de Marseille qui fait de la pousse de champignonnières dans une cave, mais aussi des projets à petites échelles avec plein de jardins partagés. On a tous une nature très différente de par les choix que l’on fait. Le foncier détermine beaucoup de choses, tout comme le fond économique, les ressources, la taille de l’équipe, le nombre d’adhérents, le curseur placé entre militantisme et gestion…

La pollution est-elle un problème pour cultiver en ville? 

Aujourd’hui la plupart des campagnes sont plus polluées que les villes, avec des matières chimiques extrêmement présentes : les cours d’eau sont très pollués, les terres sont mortes. La seule chose à laquelle il faut faire attention c’est  la pollution des sols aux métaux lourds et aux hydrocarbures. Ce sont des matériaux inertes que les plantes absorbent et qui sont dangereux pour la santé des hommes et des animaux. Il y a des analyses de sol pour ça, que le Talus a faites. 

Quel lien entre agriculture urbaine, écologie et politique ? 

Ce qu’on appelle la croissance verte, c’est-à-dire continuer à consommer et à faire croître le PIB de manière écologique, c’est un mensonge éhonté. Lorsque j’ai réalisé cela, j’ai voulu passer à un projet d’écologie locale avec une politique de terrain. “Politique” dans le sens où les citoyens s’approprient une action. On souhaitait vraiment faire quelque chose qui soit proche des gens, proche de la nature, proche du quotidien. On explore beaucoup les low tech, face à la high tech qui utilise beaucoup les technologies comme solutions aux problèmes. Au contraire la low tech les résout de manière simple, durable, avec des moyens réparables, abordables, compréhensibles par tout un chacun et totalement recyclables, dans un cercle vertueux.

Sentez-vous une sensibilisation croissante des Marseillais sur ces questions d’agriculture urbaine et d’écologie ? 

Bien sûr, les gens commencent à s’intéresser petit à petit à l’environnement, à ce qu’ils mangent…etc. C’est une vague de fond qui est graduelle. L’écologie n’est pas une mode et ne le sera jamais. C’est un mouvement qui va croître à jamais, proportionnellement à la gravité de notre situation. Du coup les gens s’y intéressent de plus en plus parce qu’ils vont chercher des réponses à des questions qui sont existentielles. L’agriculture urbaine a le potentiel de lier tout ça dans les villes. (…) C’est par l’adhésion des gens que les choses bougent.

Propos recueillis par Emma Alonso et Marie Allenou

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