Deux frères

Billet de blog
le 22 Mar 2021
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Deux frères
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Deux frères

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Cette semaine, l’ouverture du premier procès Guérini.

Le tribunal correctionnel de Marseille examine cette semaine les faits reprochés à Jean-Noël Guérini, sénateur (depuis 1998), ancien président du Conseil général des Bouches-du-Rhône (1998-2015), ancien maire du Panier 2e secteur de Marseille (1983-1989, puis 1995-2001) et boss des socialistes du département au début du millénaire. Poursuivi pour prise illégale d’intérêts après 12 ans d’une enquête aux multiples ramifications tendant à prouver l’existence d’un « système Guérini », il est finalement délesté des charges les plus infamantes – et menaçantes sur le plan judiciaire – notamment celle d’association de malfaiteurs.

La période jugée est de l’histoire ancienne : celle de la Première cohabitation métropolitaine (2008-2014) lorsqu’Eugène Caselli l’emporte dans la confusion – déjà – pour présider la Communauté urbaine. Eugène Caselli tellement oublié qu’on n’arrive pas à le joindre pour qu’il vienne témoigner afin de lui demander s’il était bien cette marionnette brushée entre les mains des frères.

Au premier jour, il est question des deux frères, de leurs trajectoires parallèles qui se croisent pourtant quand les ressources de l’un servent la position de l’autre ou qu’il faut faire fructifier les affaires privées de l’un (Alexandre) plutôt que l’intérêt public censé être défendu par l’autre (Jean-Noël).

Au second jour, la lumière jetée par le procès sur cette confusion n’est belle ni pour les prévenus, ni pour l’institution qu’aucun d’entre eux n’était pourtant chargé de gérer. Celle des rapports de force, virils souvent, des intimidations, vulgaires toujours. Celle de la colonisation de la communauté urbaine par M. Frère à travers son secteur de la propreté si lucratif pour l’entrepreneur, rentable pour le candidat, sensible pour l’élu et précieux pour l’historien.

Au troisième jour, la déposition de l’épouse et belle-soeur déroule une autre histoire, où il est question du secrétariat particulier de Gaston Defferre, de fonctions dirigeantes aux rôles incertains, où on devine l’instrumentalisation sans pouvoir conclure à la manipulation.

Au quatrième jour, c’est enfin au tour de Jean-Noël Guérini. Prenant la barre pour la tribune de l’orateur et les juges pour son public, le public pour ses électeurs, le vieux sénateur oublie qu’il a perdu ses talents oratoires et n’a plus d’électeurs. Tout à sa sempiternelle définition du clientélisme qu’il confond – encore – avec cette « fonction d’élu » : « tendre la main au peuple de Marseille ». Le procès Guérini n’est pas encore celui du clientélisme, il est assurément celui du mélange des genres et de la confusion.

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