La métropole et l'espace de la ville

À PROPOS DU PLAN LOCAL D’URBANISME MÉTROPOLITAIN

Billet de blog
le 8 Juil 2018
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Comme l’a expliqué B. Gilles dans « Marsactu » le 25 juillet, le Conseil municipal de ce jour-là a acté la métropolisation du P.L.U., le Plan local d’urbanisme. Il s’agit d’une évolution importante dont il convient d’approcher toutes les significations. Mais sans doute peut-on aussi profiter de cette mutation pour s’interroger une fois de plus sur l’urbanisme marseillais et sur ses aberrations.

Un P.L.U. métropolitain

Le Plan local d’urbanisme est un élément majeur de la politique engagée par les villes dans le domaine de leur urbanisme et de leur aménagement : il ne s’agit pas d’un simple ensemble de projets ni d’un simple ensemble de décisions, mais il s’agit d’une planification, c’est-à-dire d’un engagement pluriannuel dans le domaine de l’urbanisme. Dans le même temps, il s’agit d’une sorte de projection de la politique de la ville vers le futur, d’un ensemble de choix qui ne portent pas seulement sur le présent, mais qui construisent une forme d’imaginaire politique de la ville pour les années à venir. Il s’agit, en quelque sorte, finalement, d’une sorte d’utopie, mais d’une utopie actée, budgétée et, ainsi, rendue non seulement possible, mais, d’une certaine manière, contraignante : le P.L.U. lie la collectivité locale qui se l’est donné. C’est pourquoi il est important que les acteurs qui ont le pouvoir de le choisir, de le décider, pour, plus trad., le mettre en œuvre, s’inscrivent dans un espace urbain aux dimensions métropolitaines, car ce n’est plus la ville qui est l’espace politique de l’urbanisme, mais c’est bien la métropole. L’intercommunalité n’est pas autre chose que la reconnaissance de ce changement de dimension de ce que l’on appelle, par ailleurs, la politique de la ville : en métropolisant le P.L.U., la loi prend, en quelque sorte, acte de cette transformation des dimensions de la ville et des pouvoirs urbains.

 

L’inscription dans le P.L.U. des différences entre les villes de la métropole

Le maintien du P.L.U. aux dimensions de la ville, dans cette sorte de méconnaissance de la métropolisation de l’espace urbain, aurait signifié la méconnaissance des différences sociales, économiques, culturelles, qui situent les unes par rapport aux autres les villes qui font partie de la métropole. De la même manière, une telle méconnaissance des véritables dimensions du fait urbain aurait signifié le refus de toute solidarité intercommunale. Or le P.L.U. doit être aussi l’expression d’une telle solidarité dans la prévision et dans la planification, c’est-à-dire dans cette décision qui engage l’espace urbain pour plusieurs années et qui construit une vision de la métropole dans le futur. La métropolisation du P.L.U. permet, dans ces conditions, d’engager dans les formes de la prévision les impératifs de la solidarité intercommunale : c’est que, si l’on est passé de la ville à la métropole, c’est bien pour que la politique de la ville inscrive dans les décisions, dans les choix, dans les prévisions qui engagent l’urbanisme ce changement de dimension du fait urbain. Cela est particulièrement vrai dans le cas de Marseille, car on s’est trop longtemps imaginé que la banlieue faisait partie de la ville et que, par conséquent, l’intercommunalité y avait moins de signification qu’ailleurs. La métropolisation du P.L.U. signifie, en réalité, la fin de cette sorte d’illusion.

 

Les pouvoirs de la métropole et l’urbanisme

C’est bien sur la question des pouvoirs qu’achoppent, aujourd’hui, les problèmes des villes et, au-delà, des métropoles. Un plan local d’urbanisme n’est pas seulement un plan de développement et d’aménagement qui engage le devenir de la ville et de la métropole pour les années à venir : il s’agit surtout d’une des formes de l’exercice des pouvoirs. En effet, un P.L.U., ce sont des priorités et des rejets, ce sont des choix qui favorisent des quartiers ou des villes au détriment d’autres moins favorisées, ou dont le développement paraît moins urgent. Dans ces conditions, la métropolisation du P.L.U. va transférer à la métropole les pouvoirs de choisir et de hiérarchiser les choix, de définir des priorités, et, au contraire, de décider que certains aménagements sont moins urgents. C’est bien là que le P.L.U. est un pouvoir. Devenant métropolitain, on peut dire qu’il change aussi les dimensions des pouvoirs en changeant l’étendue des territoires sur lesquels ils s’exercent. C’est bien le sens qu’il faut donner à la métropolisation des P.L.U. Mais, dans le même temps, c’est une occasion de plus de regretter que la démocratie ne suive pas : les pouvoirs des métropoles sont désormais trop étendus pour que les acteurs qui les exercent ne soient pas, aux aussi, choisis démocratiquement, c’est-à-dire élus dans le cadre des métropoles. 

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